Entre le milieu des années 1970 et le milieu des années 1980, il est apparu un certain nombre de publications qui critiquait les premières ethnographies de maladies et de misfortunes d'avoir attacher trop d'importance a la causalité supematurelle et d'avoir négligé la causalité naturelle et le comportement médical pratique. En effet, à la suite de la première critique de Field par Warren (1974), il y eut ce qui équivalait presque à une croisade visant à prouver que les africains reconnaissaient traditionnellement un domaine médical séparé, dans lequel ils interprètaient les maladies surtout ' en termes empiriques et pratiques plutôt qu'en termes sociaux et moraux.
Cet article critique les efforts qui ont été fait pour jeter une lumière nouvelle sur les étiologies africaines. Poursuivant la discussion de la distinction entre les étiologies naturalistes et personnalistes, autour de laquelle toute la question pivote, cet article examine les critiques qui reprochent aux ethnographes d'avoir attacher trop d'importance à la causalite supematurelle dans les étiologies africaines; qui revendiquent que tandis que ces étiologies sont perçues de façon plus générale elles peuvent en fait être vues comme étant en grande partie naturalistes; et qui revendiquent que l'une des raisons pour cette tendance est que les ethnographies précédentes, en particulier celle d'Evans-Pritchard, Witchcraft, Oracles and Magic, n'ont pas été interpretées correctment. Une discussion de la description de l'étiologie des Zande par Evans-Pritchard lui-même, nous amène à la conclusion que les réinterprétations récentes de l'étiologie des Zande sont erronées. Ceci soulève la question: pourquoi ce désir soudain de délinéer des systèmes médicaux discrets? et pourquoi attacher tant d'importance à la causalité naturelle et l'activité pratique?
Faisant suite à une discussion au sujet de l'étiologie des Wimbum et le concept de médecine, basé sur des recherches dans les Grassfields au Cameroun, l'auteur arguments que l'insistance sur la causalité naturaliste et l'activité pratique dans la définition des systèmes médicaux africains ne les font pas s'élargir davantage comme les protagonistes le prétendent, mais les font au contraire se rétrécir davantage, et que les grandes descriptions des systèmes médicaux ne sont pas des représentations plus exactes de la manière dont les africains interprètent et affrontent la maladie, mais des constructions déterminees de manière biomédicale, imposées à la culture africaine à travers l'ethnographie médicale. Cet article se termine par un argument en faveur de la dissolution du concept, “systemes ethnomédicaux”.