JOURNAL ETRANGER, NO. 10 (NOVEMBER 1777), 148–55.

Spectacles de Londres

… Mais, pour la musique, l'article essentiel de la musique! il faudra que l'Opera de Paris baisse pavillon devant l'Opera de Londres, malgré ses Gretry, ses Gluck, ses Piccini même, qui assurement, est un bien grand homme, mais qui avec son génie, ne poura jamais faire chanter de la musique Italienne à des macheoires qui n'ont jamais que crié de la musique françoise. Nous avons les oreilles, nous pouvons même dire l'ame tout fraichement affectés des chefs d'oeuvres que nous avons eû le plaisir d'entendre hier & aujourd'hui, aux répétitions de l'Opera serieux de Creso du Sieur Sacchini & de celui des deux Contessi, opera Bouffon dont presque tous les airs & surtout les prèmiéres finales des trois actes sont du Sieur Paesiello. Il nous seroit bien difficile de rendre compte de celle qui nous a donné plus de plaisir. Ces deux musiques sont si analogues à leurs sujets, l'une est si majestueuse, si tendre, si brillante, l'autre, si gaïe, si aimable, si variée, si plaisante même, enfin elles sont toutes deux si bien ce qu'elles doivent être, qu'il faut nécessairement partager la couronne qu'on voudroit accorder à toutes le deux.