Les auteurs présentent une synthèse des études publiees sur l’effet thérapeutique des inhibiteurs calciques, en particulier du vérapamil, dans les troubles dysthymiques. L’ensemble des observations rapportées regroupe un total de 109 patients présentant un état maniaque ou hypomaniaque d’intensité modérée, d’apparition spontanée ou induite par les antidépresseurs, traités sur des durées s’échelonnant entre 14 jours et 18 mois. Ces études objectivent une action prophylactique du vérapamil au moins égale à celle du lithium et une action curative antimaniaque plus rapide qu’avec le lithium. Le vérapamil est souvent efficace chez les patients résistants au lithium et a l’avantage de ne pas nécessiter de surveillance régulière des taux plasmatiques. Il s'avère régulièrement inefficace chez les patients qui sont à la fois résistants au lithium et à la carbamazépine. C’est dans le traitement et la prévention des virages maniaques induits par les antidépresseurs que l’action du vérapamil est la plus manifeste. L'action antimaniaque d’autres inhibiteurs calciques (diltiazem, groupe des dihydropyridines) a été beaucoup moins étudiée. Il ressort que les inhibiteurs calciques peuvent constituer une alternative intéressante aux autres régulateurs thymiques dans le traitement des troubles de l’humeur ; toutefois, la toxicité cardio-vasculaire et neurologique de leur association au lithium ou aux bêta-bloquants mérite d’être mieux appréciée. L’intérêt de telles substances dans le traitement des troubles dépressifs est très discutable, la prise d’inhibiteurs calciques ayant même été incriminée dans l’apparition d’une dépression chez des patients normothymiques. Quelques-unes des propriétés et des interactions entre calcium, lithium, neuromédiateurs et inhibiteurs calciques sont évoquées.