Plus de la moitié des jeunes de 17 ans en France déclaraient avoir bu au moins 5 verres en une occasion au cours du mois écoulé en 2011. Les étudiants s’engagent plus facilement dans des modes de consommation d’alcool à risque comme le binge drinking, que les jeunes du même âge non étudiants. Ce mode de consommation s’installe dans les habitudes des nouvelles générations d’étudiants (Spilka, 2012). Si de nombreuses données sont disponibles sur les conséquences aiguës de ces alcoolisations (hépatites aiguës, grossesses non désirées, violences, accidents de la route…), un intérêt croissant se porte sur les conséquences à moyen et long terme sur la qualité de vie, comme sur le fonctionnement neural et neurocognitif de ces pratiques. Ainsi, l’exploration de la qualité de vie liée à l’alcool permet de mieux comprendre le basculement d’une pratique sociétalement valorisée à un état pathologique. En complément, alors qu’il a été montré que le cerveau adolescent paraît particulièrement vulnérable à la toxicité de l’alcool , la pratique du binge drinking a été impliquée dans des altérations cognitives, notamment au niveau du contrôle inhibiteur préfrontal. La mise en évidence de ces altérations pourraient ouvrir une nouvelle voie thérapeutique. Des perspectives récentes proposent de confronter les altérations neurobiologiques aux difficultés émotionnelles retrouvées elles aussi dans le trouble d’usage d’alcool . Ces lectures complémentaires du phénomène de binge drinking permettent ainsi d’appréhender de façon innovante la transition d’un comportement socialement intégré vers le trouble d’usage d’alcool, en identifiant des mécanismes physiopathologiques communs et des sous-groupes plus à risque.