Depuis une quinzaine d’années le développement des
pêcheries artisanales des pays insulaires est basé sur la pêche des
grands pélagiques à partir de l’introduction d’une innovation
majeure, à savoir l’immersion de dispositifs de concentration de poissons
(DCP ancrés). Face à cet engouement récent et aux résultats
très mitigés, voire aux échecs, souvent observés,
l’article propose une démarche méthodologique
d’élaboration d’un cadre d’évaluation permettant un
classement de la diversité et complexité des transformations induites par
l’introduction des DCP et une estimation de la durabilité de leur
intégration. La notion de durabilité intègre ici des objectifs à
la fois écologiques quant à la conservation de la ressource et
socioéconomiques en termes de maîtrise et d’acceptation d’une
innovation devant favoriser l’évolution du système. Cette analyse
est effectuée en croisant plusieurs points de vue disciplinaires –
biologique, géographique, économique et sociologique – et en
comparant différentes expériences relevant de contextes et de
communautés de pêcheurs variés. Le cadre d’évaluation se
compose d’une série de 21 indicateurs de nature biologique, technique,
économique et sociale. Une illustration est proposée à partir de trois
exemples représentatifs de la diversité des situations : La
Réunion, les Comores et l’archipel du Vanuatu. Sur la base d’une
évaluation aux dires d’experts, chacun de ces critères fait
l’objet d’une notation selon une échelle de 0 à 5 en fonction
du caractère inexistant, incertain, notable ou pérenne des effets
observés. Enfin dans un souci de d’opérationnalité et
d’aide à la décision, une présentation graphique de
synthèse est élaborée pour faciliter les comparaisons et identifier
les points critiques.