L’objectif général de cette recherche a consisté à apprécier le degré de concordance entre un système de classification imposé (le DSM III) et un système de classification naturel ou intuitif. Pour ce faire, on a mis en correspondance des observations en langage naturel (diagnostic en clair) fournies par 158 psychiatres différents sur 999 malades psychiatriques avec les diagnostics établis selon les critères du DSM III. Dans cet échantillon, 823 malades ont relevé d'un traitement antidépresseur; ils ont été répartis en 7 groupes de dépression (majeure simple isolée, mélancolique, bipolaire, atypique, atypique avec symptômes obsessionnels, avec alcoolisme, avec symptômes obsessionnels et alcoolisme) et un groupe répondant au diagnostic de schizophrénie. Les observations en langage naturel ont été traitées de façon entièrement automatique par le programme SPAD. Ont été analysées successivement la fréquence de certains mots clés, les formes graphiques (lexicales) caractéristiques et les phrases modales prononcées par les psychiatres à propos de chaque groupe de malades. Ces données ont été synthétisées dans l'analyse factorielle lexicale qui fournit une représentation simultanée des formes graphiques et des groupes diagnostiques. Les résultats font apparaître une concordance satisfaisante entre les diagnostics du DSM III et les observations en langage naturel à l'exception cependant de la dépression majeure et de la mélancolie qui se trouvent quasiment confondues dans les descriptions. Ces résultats ont été discutés en termes d'interactions entre systèmes diagnostiques imposés et systèmes diagnostiques spontanés.