La pleine conscience (PC), telle que décrite par J. Kabat-Zinn, est « un état de conscience qui résulte du fait de porter son attention, intentionnellement, au moment présent, sans jugement, sur l’expérience qui se déploie instant après instant ». Une telle attitude s’obtient par un entraînement constant. Les processus actifs de la PC sont tels que cette approche peut avoir de nombreuses indications en psychopathologie. Les exercices de la PC agissent sur les processus attentionnels, cognitifs, métacognitifs, émotionnels et comportementaux. Que ce soit dans les troubles de l’humeur, les troubles anxieux, les troubles du comportement alimentaire ou les troubles de la personnalité, ces mêmes processus sont dysfonctionnels et caractérisés par un style attentionnel inflexible, une hyper-réactivité cognitive, un déficit métacognitif, un répertoire de réponses comportementales pauvre et un évitement expérientiel du ressenti des émotions.
Avec les exercices de PC comme le scan corporel, la méditation assise centrée sur la respiration, le corps, le son, les pensées, et les mouvements en pleine conscience, les patients apprennent à désengager leur attention des sensations physiques, à étendre le champ de leur attention à leur environnement et surtout à ne pas suivre leurs pensées. Un exercice nommé « les pensées ne sont pas des faits » leur permet de prendre conscience qu’elles interprètent le monde à travers le prisme de l’état émotionnel dans lequel elles se trouvent. Cette première phase leur permet d’observer sans jugement leurs pensées et leurs sensations corporelles avec recul sans amplifier l’intensité de l’émotion. La seconde phase pendant laquelle ils pratiquent la méditation assise avec exposition aux émotions consiste à les inviter à explorer les composantes corporelles de ce qu’elles ressentent plutôt que de ruminer ou d’interpréter celles-ci et de juste les ressentir sans chercher à les modifier. Cette attitude d’acceptation permet l’exposition aux émotions avec prévention de la réponse, de réguler leurs émotions et d’augmenter le répertoire de réponses comportementales, aussi bien dans les troubles de l’humeur, anxieux, obsessionnels-compulsifs, alimentaires ou de la personnalité.