La décision médicale partagée (DMP) s’impose depuis environ dix ans dans les publications en santé mentale. Si ce concept est présenté comme un impératif éthique aux États-Unis par certains praticiens pionniers des pratiques orientés vers le rétablissement, sa mise en œuvre continue néanmoins à susciter nombre d’interrogations. La DMP constitue en effet un bouleversement de la relation médecin–malade, dans la mesure où elle donne une place équivalente aux informations apportées par le patient et à celles apportées par le médecin. Ceci est d’autant plus fort en psychiatrie, où les pathologies traitées sont traditionnellement associées à une altération de la capacité de jugement. Sa mise en place impose donc une révision de la position du praticien et une prise de distance par rapport à son propre savoir. Une revue de la littérature à propos de la décision médicale partagée en santé mentale permet de cerner l’ensemble des questions posées par l’émergence de ce concept. Deux types de méthodologies sont utilisées, qualitatives et quantitatives. Les principaux champs d’études abordés sont :
– l’efficacité de la DMP en termes d’observance ;
– les facteurs influençant son usage ;
– son intérêt pour le patient et le médecin ;
– la mise en œuvre concrète ;
– l’élaboration des outils d’aide à la décision.
L’ensemble de ces études révèlent la différence de perception entre médecin et malade en termes de perception de l’élaboration des décisions, et également le souhait, pour beaucoup de patients d’être impliqués dans les décisions les concernant. Toutefois, ce souhait est inégalement réparti, et un certain nombre de patient ne souhaite pas être associé aux décisions prises. Savoir s’adresser à chacun en fonction de son souhait constitue ainsi une étape incontournable de la mise en place de la décision médicale partagée, et savoir quoi faire des patients ne souhaitant pas une participation active constitue ainsi l’un des enjeux de sa mise en place.