Une des problématiques majeures auxquelles sont confrontés les professionnels œuvrant dans les champs de la santé mentale concerne le sort que fait la société aux malades psychiques. Il résulte de la réticence dont fait preuve le corps social à leur égard, une succession d’obstacles qui se dressent dans leur vie quotidienne. L’impact de la stigmatisation et de la discrimination sur leur état de santé et les soins a été particulièrement signalé par l’organisation mondiale de la santé dans ses rapports 2001 et 2005 (« lutter collectivement contre la stigmatisation, la discrimination et les inégalités »). Les nombreuses études menées, ces dernières décennies, ont abouti à des résultats homogènes avec tendance à l’exclusion et au rejet des malades en lien avec des préjugés concernant la peur de la violence et de la dangerosité. Dans ce contexte, la lutte contre la discrimination des malades psychiques constitue un point stratégique essentiel. Au fil du temps les grands principes sur lesquels doivent s’appuyer les programmes de lutte contre la stigmatisation ont été précisés. Les stratégies de lutte contre la stigmatisation font appel à trois grands types de communication. On distingue les campagnes de protestation, les actions de sensibilisation et d’éducation à la santé, les campagnes de contact. L’étude International Study of Discrimination and Stigma Outcome (INDIGO) met en évidence qu’au-delà de la stigmatisation vécue, éprouvée par le patient, il existe une forme de stigmatisation anticipée, évitée qui relève de l’auto-stigmatisation (stigmatisation internalisée) et qui amène les malades à se limiter dans des domaines importants pour eux-mêmes. La prise en compte de cette forme d’auto-discrimination apparaît essentielle dans la mesure où la restauration de l’estime de soi et de la confiance en soi devient un préalable incontournable à tout programme de réhabilitation psychosociale.