Les populations du cercle de Natitingou sont sans doute, au Dahomey, celles qui ont été le moins profondément affectées par l'influence européenne. Au moins l'apparance extérieure de leur vie a-t-elle fort peu changé. On les presente comme un cas extrême de résistance aux influences étrangères, et c'est en partie exact. Leurs contacts avec les cultures africaines voisines ont été assez réduits dans la période historique récente, et il n'en est pas autrement, jusqu'ici, avec la culture européenne. Mais alors que nul peuple voisin n'avait réussi à s'installer chez eux pour tenter de leur imposer une administration centralisée, les Européens l'ont fait. Ils demeurent, en tant que groupes, réticents devant ces formes nouvelles. Mais les individus ont vite recouru à l'administration et à la justice nouvelles lorsque leurs solutions semblaient permettre, dans tels cas particuliers, de faire échec à l'ordre ancien qui allait à l'encontre de leurs intérêts. Ainsi se sont produitès les premières failles dans la structure traditionnelle. Elles se sont étendues de proche en proche et l'action des conceptions et des solutions nouvelles, par leur seule présence virtuelle, a déjà été grande. Dans le domaine du mariage, en particulier, on peut en constater les effets étendus. C'est l'étude du problème du consentement, familial et individuel, au mariage, qui sera abordée ici dans un de ces groupes, habitant les environs de Natitingou. On verra que l'équilibre très délicat des institutions anciennes pouvait être aisément bouleversé, et l'a été déjà.
Les formes mêmes du mariage et les règles de l'attribution des enfants seront seulement décrites dans la mesure où leur connaissance est nécessaire à notre propos.