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Le dépôt en foire au début de l’époque moderne: Transfert de crédit et financement du commerce

Published online by Cambridge University Press:  20 February 2018

Nadia Matringe*
Affiliation:
London School of Economics

Résumé

À partir des archives privées d'une banque marchande de premier plan au xvie siècle (la maison Salviati de Lyon), cet article apporte un éclairage sur un important instrument de financement du commerce au début de l’époque moderne : le dépôt en foire. Si l'histoire financière a souvent fait du dépôt bancaire et des activités des banques d'affaires des sujets d’étude distincts, cet article démontre qu'un type spécifique de dépôt bancaire a émergé au xvie siècle sur les places de foire, en lien étroit avec les activités de banque d'affaires et le commerce international. Il apparaît que le dépôt en foire, tel que révélé par l'analyse des livres de la maison Salviati, est tout à la fois un instrument de compensation et un instrument de crédit, et qu'il participe largement au financement des grands échanges commerciaux européens. Le crédit, issu principalement du commerce international et de la banque, s'y trouvait ainsi immédiatement réinjecté. Les investissements étaient stimulés par les nombreux avantages qu'offraient les foires de Lyon, notamment la licéité du prêt avec intérêt, les options d'investissement et les possibilités d'achats et de transferts rapides. Les prêts aux hommes d'affaires locaux et étrangers stimulaient le commerce des marchandises et, surtout, le change, en conférant à Lyon une position unique dans le système du commerce et des changes en Europe. Cette forme de dépôt bancaire était étroitement liée au développement des banques d'affaires qui travaillaient principalement sur commission et en tiraient des bénéfices substantiels, sans pour autant se spécialiser dans le dépôt ni même devenir des banques de dépôt.

Abstract

Based on the private records of a prominent sixteenth-century merchant bank (Salviati of Lyon), this article focuses on an important instrument of trade finance in the early modern period: the fair deposit. While the financial history of deposit banking has often been separated from that of merchant banking, this article demonstrates that during the sixteenth century a specific type of deposit banking emerged at fairs, intrinsically connected to merchant banking and international trade. As revealed by analysis of the Salviati archives, the fair deposit appears to have been an instrument of both clearing and credit, sustaining the financing of large-scale European trade. Credit mostly derived from international trade and banking, where it was reinjected almost immediately. Investments were stimulated by the numerous advantages offered by the fairs held at Lyon: licit lending at interest, a choice of investments, and the possibility of making purchases and rapid transfers. Loans to local and foreign businessmen nourished the trade of commodities and, above all, the exchange business, conferring on Lyon a crucial position in the European trade and exchange system. This form of deposit banking was closely related to the development of merchant banks that worked mostly on commission, drawing substantial profits from it without becoming specialists or even deposit banks.

Type
Histoire du commerce (XVIe-XIXe siècle)
Copyright
Copyright © Éditions de l'EHESS 

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References

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2 Craig Muldrew, « Interpreting the Market: The Ethics of Credit and Community Relations in Early Modern England », Social History, 18-2, 1993, p. 163-183 ; John F. Padgett et Paul D. McLean, « Organizational Invention and Elite Transformation: The Birth of Partnership Systems in Renaissance Florence », American Journal of Sociology, 111-5, 2006, p. 1463-1568 ; Ron Harris, « The Institutional Dynamics of Early Modern Eurasian Trade: The Commenda and the Corporation », Journal of Economic Behavior and Organization, 71-3, 2009, p. 606-622.

3 Mauricio Drelichman et Hans-Joachim Voth, Lending to the Borrower from Hell: Debt, Taxes, and Default in the Age of Philip II, Princeton, Princeton University Press, 2014 ; Philip T. Hoffman, Gilles Postel-Vinay et Jean-Laurent Rosenthal, Des marchés sans prix. Une économie politique du crédit à Paris, 1660-1870, Paris, Éd. de l'Ehess, [2000] 2001 ; Oscar Gelderblom et Joost Jonker, « Completing a Financial Revolution: The Finance of the Dutch East India Trade and the Rise of the Amsterdam Capital Market, 1595-1612 », The Journal of Economic History, 64-3, 2004, p. 641-672.

4 Raymond de Roover, L’évolution de la lettre de change, xvie-xviiie siècle, Paris, Armand Colin, 1953 ; Giulio Mandich, Le pacte de ricorsa et le marché italien des changes au xviie siècle, trad. par F. Bédarida, Paris, Armand Colin, 1953.

5 Sur l'importance économique de Lyon au xvie siècle, voir Richard Ehrenberg, Das Zeitalter der Fugger, Geldkapital und Creditverkehr im 16. Jahrhundert, Iéna, G. Fischer, 1896, p. 69-107 ; Marc Brésard, Les foires de Lyon aux xve et xvie siècles, Paris, A. Picard, 1914 ; Henri Lapeyre, Une famille de marchands, les Ruiz. Contribution à l’étude du commerce entre la France et l'Espagne au temps de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1955, p. 124-125 et 439-476 ; José-Gentil Da Silva, Banque et crédit en Italie au xviie siècle, vol. 1, Les foires de change et la dépréciation monétaire, Paris, Klincksieck, 1969, p. 465-528 ; Richard Gascon, Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. Lyon et ses marchands (environs de 1520-environs de 1580), Paris, Mouton, 1971 ; Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, xve-xviiie siècle, vol. 3, Le temps du monde, Paris, Armand Colin, 1979, p. 124 ; Marie-Thérèse Boyer-Xambeu, Ghislain Deleplace et Lucien Gillard, Monnaie privée et pouvoir des princes. L’économie des relations monétaires à la Renaissance, Paris, Éd. du Cnrs/Presses de la Fnsp, 1986, p. 145-155 ; Richard A. Goldthwaite, The Economy of Renaissance Florence, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2009, p. 163-167, 224-225 et 258-262.

6 Pour une démonstration de la position privilégiée des Salviati dans le secteur de la banque d'affaires au xvie siècle, voir Nadia Matringe, La banque en Renaissance. Les Salviati et la place de Lyon au milieu du xvie siècle, Rennes, Pur, 2016, p. 28 et 95.

7 Les livres de comptes des banques italiennes de Lyon, aussi bien ceux des Dei et des Gondi que ceux des Salviati eux-mêmes, qui datent du début du xvie siècle, ne semblent pas contenir de comptes de dépôt : Archivio di Stato di Firenze (ci-après ASF), Gondi, f. 7, 8 et 9 ; Strozziane Sacrati, f. 554, 556 et 557, pour les livres des Dei, qui n'ont pas été exploités. Selon Sergio Tognetti, I Gondi di Lione. Una banca d'affari fiorentina nella Francia del primo Cinquecento, Florence, L. S. Olschki, 2013, p. 34, les Gondi de Lyon étaient impliqués dans l'activité de dépôt, mais les détails afférents se trouvaient dans des archives auxiliaires qui n'ont pas été conservées. Les comptes de dépôt apparaissent dans les archives des banques Martelli et Capponi de Lyon dans la seconde moitié du xvie siècle. La banque de Luigi di Cosimo Martelli était toutefois bien plus petite que celle des Salviati, et ses comptes de dépôt bien plus modestes (ASF, Strozziane, V, 1508, f. 41, 52, 58, 68 et 76). La banque Capponi était d'une taille similaire à celle des Salviati, mais ses livres de foire, dans lesquels se trouvaient les comptes de dépôt, n'ont pas été préservés (Bibliothèque nationale de Florence, Libri commerciali Capponi, 29, f. 531).

8 Richard Ehrenberg, Le siècle des Fugger, Paris, Sevpen, [1922] 1955, p. 213 ; H. Lapeyre, Une famille de marchands, les Ruiz. . ., op. cit., p. 319 ; R. Gascon, Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. . ., op. cit., p. 261.

9 Abbott Payson Usher, The Early History of Deposit Banking in Mediterranean Europe, Cambridge, Harvard University Press, 1943, p. 15 ; Raymond de Roover, « Le contrat de change depuis la fin du treizième siècle jusqu'au début du dix-septième », Revue belge de philologie et d'histoire, 25-1, 1946, p. 111-128, ici p. 114 ; H. Lapeyre, Une famille de marchands, les Ruiz. . ., op. cit., p. 253 ; Reinhold C. Mueller, Money and Banking in Medieval and Renaissance Venice, vol. 2, The Venetian Money Market: Banks, Panics, and the Public Debt, 1200-1500, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1997, p. 3-32 ; James M. Murray, Bruges: Cradle of Capitalism, 1280-1390, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, p. 154 ; R. A. Goldthwaite, The Economy of Renaissance Florence, op. cit., p. 412.

10 Frederic C. Lane, « Venetian Bankers, 1496-1533: A Study in the Early Stages of Deposit Banking », Journal of Political Economy, 45-2, 1937, p. 187-206, ici p. 187 ; Raymond de Roover, « Money, Banking, and Credit in Medieval Bruges », The Journal of Economic History, s. 1, 2, 1942, p. 52-65, ici p. 64 ; J. M. Murray, Bruges. . ., op. cit., p. 161.

11 Gino Luzzatto, « Les banques publiques de Venise (siècles xvi-xviii) », in J. G. van Dillen, History of the Principal Public Banks: Accompanied by Extensive Bibliographies of the History of Banking and Credit in Eleven European Countries, Londres, Frank Cass, [1934] 1964 ; A. P. Usher, The Early History of Deposit Banking. . ., op. cit. ; Carlo Di Somma, « L'attività bancaria della confraternità dello Spirito Santo delle origini alla crisi monetaria del 1622 », et Luigi De Rosa, « Banco di Napoli. Cenni storici », in Archivi storici delle aziende di credito, Rome, Associazione bancaria italiana, 1956, vol. 1, respectivement p. 205-236 et 449-483 ; Giuseppe Felloni, « I primi banchi pubblici della Casa di San Giorgio (1408-45) », in Banchi pubblici, banchi privati e monti di pietà nell'Europa pre-industriale : amministrazione, tecniche operative e ruoli economici, Gênes, Società ligure di storia patria, 1991, p. 225-246.

12 F. C. Lane, « Venetian Bankers. . . », art. cit. ; Richard A. Goldthwaite, « Local Banking in Renaissance Florence », The Journal of European Economic History, 14-1, 1985, p. 5-55 ; P. T. Hoffman, G. Postel-Vinay et J.-L. Rosenthal, Des marchés sans prix. . ., op. cit. ; Peter Temin et Hans-Joachim Voth, Prometheus Shackled: Goldsmith Banks and England's Financial Revolution after 1700, New York, Oxford University Press, 2013.

13 Raymond de Roover, « Anvers comme marché monétaire au xvie siècle », Revue belge de philologie et d'histoire, 31-4, 1953, p. 1003-1047, ici p. 1013 ; A. Goldthwaite, « Local Banking in Renaissance Florence », art. cit., p. 6.

14 Charles P. Kindleberger, The Formation of Financial Centers: A Study in Comparative Economic History, Princeton, Princeton University, 1974 ; Howard Curtis Reed, The Preeminence of International Financial Centers, New York, Praeger, 1981 ; Geoffrey Jones, « International Financial Centres in Asia, the Middle East and Australia: A Historical Perspective », in Y. Cassis (dir.), Finance and Financiers in European History, 1880-1960, Cambridge/Paris, Cambridge University Press/Éd. de la Msh, 1992 ; Youssef Cassis, Les capitales du capital. Histoire des places financières internationales, 1780-2005, Genève, Pictet, 2005.

15 Peter Spufford, « From Antwerp to London: The Decline of Financial Centres in Europe », De Economist, 154-2, 2006, p. 143-175 ; Goetz von Peter, « International Banking Centres: A Network Perspective », BIS Quarterly Review, 4, 2007, p. 33-45 ; Michele Fratianni, « The Evolutionary Chain of International Financial Centers », in P. Alessandrini, M. Fratianni et A. Zazzaro (dir.), The Changing Geography of Banking and Finance, Dordrecht, Springer, 2009, p. 251-276.

16 R. Gascon, Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. . ., op. cit., p. 338.

17 N. Matringe, La banque en Renaissance. . ., op. cit.

18 M.-T. Boyer-Xambeu, G. Deleplace et L. Gillard, Monnaie privée et pouvoir des princes. . ., op. cit.

19 N. Matringe, La banque en Renaissance. . ., op. cit., chap. 6.

20 D'après les archives des Salviati, il existe au moins cent banques d'affaires en activité à Lyon au xvie siècle. Seules quelques-unes ont laissé des archives et, parmi elles, celles des Salviati constituent la série la plus complète. En ce qui concerne les archives notariales et judiciaires relatives à cette période, elles sont au mieux fragmentaires et ne fournissent que des informations éparses au sujet de l'activité des différents acteurs du marché financier. Toutefois, il apparaît que tous les acteurs impliqués dans le secteur bancaire sur le marché de Lyon ne pouvaient faire d'affaires en dehors du cadre de la réglementation de la foire. Tous prêtaient donc d'une foire sur l'autre à un taux qui ne pouvait excéder le taux officiel de 15 % et qui était certainement très proche du taux fixé par les hommes d'affaires italiens lors des paiements.

21 À savoir, « l'ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d'un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d'interconnaissance et d'inter-reconnaissance » : Pierre Bourdieu, « Le capital social. Notes provisoires », Actes de la recherche en sciences sociales, 31, 1980, p. 2-3, ici p. 2.

22 Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, [1949] 1966, vol. 2, p. 225.

23 M.-T. Boyer-Xambeu, G. Deleplace et L. Gillard, Monnaie privée et pouvoir des princes. . ., op. cit., p. 275. Cette monnaie de compte, créée en 1533 par les marchands florentins de Lyon, est définie par un montant constant de cents (sous tournois) inaltéré par les manipulations monétaires de la monnaie effective, l’écu au soleil. Ses subdivisions sont la livre de marc et le sou de marc (1 marc = 20 livres = 240 sous). Dans cet article, toutes les valeurs monétaires sont exprimées en écus de marc, y compris celles mentionnées en écus au soleil dans les livres des Salviati, qui ont été converties au moyen du taux utilisé dans leurs livres et ceux d'autres banques florentines et génoises à partir des années 1540 (103 écus et 9 sous de marc par écu au soleil). Les écus au soleil pesaient 3,399 grammes d'or : Giuseppe Felloni, « Un système monétaire atypique : la monnaie de marc dans les foires de change génoises, xvie-xviiie siècles », in J. Day (dir.), Études d'histoire monétaire, xiie-xixe siècles, Lille, Presses universitaires de Lille, 1984, p. 249-260, ici p. 252. Par conséquent, le poids en or des écus de marc était de 3,5 g.

24 Pise, Archivio Salviati (ci-après AS), compagnie lyonnaise, comptes de dépôt : I, 561 (1544-1547) : f. 10, 33, 67, 103-104, 154-155, 197, 223-224, 259, 288, 290, 317-319, 337, 351-352, 367-368 et 372 ; I, 573 (1547-1549) : f. 95, 105-106, 133-135, 155-157, 187-189, 205, 214, 218-219, 241-243, 260, 272, 274-275 et 304-307.

25 Soit 2 028 366 écus : Roger Doucet, « Le Grand Parti de Lyon au xvie siècle (1re partie) », Revue historique, 171, 1933, p. 473-513, ici p. 492-493. Le Grand Parti est un emprunt lancé par Henri II en 1555 sur la place financière de Lyon afin de consolider la dette gouvernementale et de lever de nouveaux fonds dans le contexte des dépenses accrues causées par les guerres d'Italie

26 Après le traité de Crépy-en-Laonnois en 1544, François Ier continua à emprunter des sommes colossales au titre du budget extraordinaire, afin de priver le marché européen de capitaux et d'empêcher Charles Quint de financer sa guerre contre la ligue de Smalkalde : Jean Bodin, Les six livres de la République, Paris, J. du Puys, 1577, p. 681 ; R. Doucet, « Le Grand Parti de Lyon. . . », art. cit., p. 481 ; Philippe Hamon, L'argent du roi. Les finances sous François Ier, Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 1994, p. 170. Le budget extraordinaire s’éleva à 1 773 445 livres tournois entre 1544 et 1549 : P. Hamon, L'argent du roi. . ., op. cit., p. 44.

27 Selon P. Hamon, L'argent du roi. . ., op. cit., p. 12, le « poids de la cour » peut être estimé à environ deux millions de livres tournois en 1546. En 1545 et en 1546, le coût « des pensions et des crues » versées par le roi aux courtisans a atteint 1 168 024 livres tournois. Convertis en écus de marc, ces montants représentent une dépense de 530 920 écus sur deux ans.

28 En 1545, les prêts de cette institution atteignent 425 826 lires (Carol B. Menning, Charity and State in Late Renaissance Italy: The Monte di Pietà of Florence, Ithaca, Cornell University Press, 1993, p. 290), soit, selon les équivalences fournies par C. Menning (p. 308), 60 832 florins ou 56 773 scudi florentins, ou encore 57 773 scudi di marco. Le cours du change utilisé ici est celui courant Lyon-Florence à la foire de Pâques 1545, tel que mentionné dans une lettre adressée par les Salviati aux d'Adda de Valence (AS, I, 565, f. 56). En 1548, les prêts accordés par le mont-de-piété s’élèvent à 73 867 florins, soit 68 938 scudi ou 70 152 écus de marc (une conversion effectuée sur la base du cours du change courant de la foire d'août 1548, selon une lettre des Salviati aux Foresi et Minorbetti de Palerme, AS, I, 579, f. 66).

29 Le montant total des rentes sur l'Hôtel de ville s'élève à 643 000 livres tournois entre 1547 et 1549, à savoir environ 292 300 écus de marc : Bernard Schnapper, Les rentes au xvie siècle. Histoire d'un instrument de crédit, Paris, Sevpen, 1957, p. 173.

30 Registres Entrate e Uscite : AS, I, 564, f. 9-10, 18-19, 27, 40, 48-49 et 52-53 ; I, 575, f. 9-10, 21-22 et 29.

31 R. de Roover, « Money, Banking, and Credit in Medieval Bruges », art. cit., p. 60 ; R. A. Goldthwaite, « Local Banking in Renaissance Florence », art. cit., p. 37-38 ; R. C. Mueller, Money and Banking in Medieval and Renaissance Venice, op. cit., vol. 2, p. 17, 48 et 152.

32 Robert-Henri Bautier, « The Fairs of Champagne », in R. Cameron (dir.), Essays in French Economic History, Homewood, The American Economic Association, 1970, p. 42-63, ici p. 58 ; Gérard Sivéry, L’économie du royaume de France au siècle de Saint Louis, vers 1180-vers 1315, Lille, Presses universitaires de Lille, 1984, p. 225 ; M.-T. Boyer-Xambeu, G. Deleplace et L. Gillard, Monnaie privée et pouvoir des princes. . ., op. cit., p. 143.

33 Jean Charles de Sismondi, Histoire des Français, Paris, Treuttel et Würtz, 1826, t. 9, p. 282 ; Félix Bourquelot, Études sur les foires de Champagne, sur la nature, l’étendue et les règles du commerce qui s'y faisait aux xiie, xiiie et xive siècles, Paris, Imprimerie impériale, 1865, p. 123.

34 Louis Bulteau, Le faux dépôt ou réfutation de quelques erreurs populaires touchant l'usure, Lyon, J. Certes, 1674, p. 63-64 ; H. Lapeyre, Une famille de marchands, les Ruiz. . ., op. cit., p. 313 ; Franck C. Spooner, L’économie mondiale et les frappes monétaires en France, 1493-1680, trad. par C. Macmillan, Paris, Armand Colin, [1953] 1956, p. 63 et 300 ; Hermann Van der Wee, The Growth of the Antwerp Market and the European Economy (Fourteenth-Sixteenth Centuries), vol. 2, Interpretation, La Hague, Nijhoff, 1963, p. 353 ; José-Gentil Da Silva, Banque et crédit en Italie au xviie siècle, op. cit., vol. 1, p. 35, 36, 557, 576 et 603.

35 Raymond de Roover, Money, Banking and Credit in Mediaeval Bruges: Italian Merchant-Bankers, Lombards and Money Changers: A Study in the Origins of Banking, Cambridge, The Mediaeval Academy of America, 1948, p. 295-297 ; Federigo Melis, Documenti per la storia economica dei secoli xiii-xvi, Florence, L. S. Olschki, 1972, p. 87 ; Frederic C. Lane et Reinhold C. Mueller, Money and Banking in Medieval and Renaissance Venice, vol. 1, Coins and Moneys of Account, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1985, p. 80-81 ; R. A. Goldthwaite, « Local Banking in Renaissance Florence », art. cit., p. 27 et 35 ; Id., The Economy of Renaissance Florence, op. cit., p. 436 et 446 ; R. C. Mueller, Money and Banking in Medieval and Renaissance Venice, op. cit., vol. 2, p. 10-11 ; J. M. Murray, Bruges. . ., op. cit., p. 161, 174, 213 et 287.

36 Lucien Gillard, « Y a-t-il un étalon or à la Renaissance ? », in A. Tournon et G.-A. Pérouse (dir.), Or, monnaie, échange dans la culture de la Renaissance, Saint-Étienne, Publications de l'université de Saint-Étienne, 1994, p. 59-69, ici p. 67. On trouve également plusieurs exemples dans les livres des Salviati, notamment la liste des cours du change copiée dans les ricordi en 1550 et 1551, où les taux de dépôt apparaissent systématiquement à la fin (AS, I, 566, f. 49-50).

37 Sur le calendrier des foires de Lyon, voir R. Gascon, Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. . ., op. cit., p. 242-248.

38 Les Paretes d'Avignon, par exemple, laissèrent des capitaux chez les Salviati de 1508 jusqu'aux années 1550. Leurs actifs étaient placés alternativement sur les marchés du dépôt et du change de Lyon, et parfois dans les emprunts royaux : AS, I, 437, f. 59, 148 et 209 ; I, 443, f. 54, 60, 171, 251, 310 et 468 ; I, 450, f. 101, 104, 146, 191, 194 et 239 ; I, 455, f. 86, 87, 139, 149, 187, 190 et 251 ; I, 456, f. 164, 228 et 291-292 ; I, 463, f. 96, 157-158, 208 et 280 ; I, 468, f. 93, 159, 176, 214, 217, 288, 353, 423, 473, 558, 565, 688 et 735 ; I, 476, f. 108-109, 111, 147, 157, 168, 218-219, 240, 252, 270, 294, 328, 332-333, 362, 419, 441, 490, 522, 525, 568. . .

39 Sur les activités de change au début de l’époque moderne et leur contexte culturel, voir R. de Roover, L’évolution de la lettre de change. . ., op. cit.

40 Balthazard Marie Émérigon, Traité des assurances et des contrats à la grosse, conféré et mis en rapport avec le nouveau code de commerce et la jurisprudence, suivi d'un vocabulaire des termes de marine et des noms de chaque partie d'un navire, éd. par P.-S. Boulay-Paty, Rennes, Molliex, [1782] 1827, en particulier vol. 2, chap. 3 « Du change maritime ».

41 Afin de prêter et d'emprunter des capitaux sur le marché, la maison mère florentine de la banque Salviati effectue des opérations de change et de rechange (parfois par le biais de la ricorsa) entre Florence et Lyon. À Florence, ces transactions sont enregistrées dans les « comptes de dépôt » des clients. Voir, par exemple, le compte de dépôt de Francesco Franchini, un commerçant de Prato, dont le capital est investi sur les changes entre Lyon et Florence par les Salviati pendant sept années consécutives (AS, I, 820, f. 215 ; I, 830, f. 119 et 338 ; I, 840, f. 131 et 331 ; I, 848, f. 156 et 369 ; I, 859, f. 138). Sur la technique de la ricorsa, voir G. Mandich, Le pacte de ricorsa. . ., op. cit. L'auteur affirme qu'il s'agissait d'une pratique spécifique aux Génois des foires de Besançon, alors qu'il semble qu'elle était déjà répandue à Lyon dans la première moitié du xvie siècle.

42 Voir les comptes de Pierre Marchand et Guillaume Cottereau : AS, I, 560, f. 136, 176, 230, 274, 366 et 420.

43 Voir les notes d'Ottomar Zollikofer, un marchand suisse de Saint-Gall, cautionné par Antoine Singisen, un autre marchand suisse de Soleure : AS, I, 560, f. 187.

44 La clause ducroire ne doit pas être confondue avec l'acceptation. En effet, les lettres que les marchands banquiers garantissaient par le biais d'une telle clause ne leur étaient jamais présentées et n’étaient jamais tirées sur eux, mais elles étaient achetées ou vendues pour le compte de leurs correspondants. Par exemple, les Salviati pouvaient acheter une lettre de change à Medina del Campo pour le compte des Affaitadi. Si celle-ci n’était pas honorée quand elle arrivait à échéance, en raison de l'insolvabilité du tiré, les Salviati, ayant signé une clause ducroire, dédommageraient les Affaitadi – que le tireur de la lettre contestée les rembourse ou pas. Aucune signature sur la lettre n’était nécessaire.

45 Cette institution foraine était contrôlée par les marchands italiens ; tout marchand qui ne se présentait pas aux paiements était déclaré banqueroutier et exclu des foires, tandis que ceux qui ne pouvaient régler leurs dettes étaient sévèrement punis et encourraient la torture : M. Brésard, Les foires de Lyon. . ., op. cit., p. 294-322 ; Nicole Gonthier, Délinquance, justice et société dans le Lyonnais médiéval, de la fin du xiiie siècle au début du xvie siècle, Paris, Éd. Arguments, 1993.

46 R. de Roover, L’évolution de la lettre de change. . ., op. cit., p. 115-118 ; Hermann Van der Wee, « Anvers et les innovations de la technique financière aux xvie et xviie siècles », Annales ESC, 22-5, 1967, p. 1067-1089 ; Hermann Van der Wee, « Monetary, Credit and Banking Systems », in E. E. Rich et C. Wilson (dir.), The Cambridge Economic History of Europe, vol. 5, The Economic Organization of Early Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1977, p. 290-392.

47 Federigo Melis, « Una girata cambiaria del 1410 nell'Archivio Datini di Prato », Economia e storia, 5, 1958, p. 412-421 ; Henri Lapeyre, « Las orígenes del endoso de letras de cambio en España », Moneda y crédito, 52, 1955, p. 3-19.

48 Voir les transferts d'obligation ordonnés par la maison Bini et Strozzi de Lyon chez le notaire Pierre Dorlin en octobre 1545 (AS, I, 563, f. 19).

49 Pietro Ajello, I depositi, le fedi di credito e le polizze dei Banchi di Napoli, Naples, Filangieri, 1882, vol. 7, p. 641-665 et 713-755.

50 Voir l'escompte de treize cedole e dette appartenant aux Olivieri de Naples (une coïncidence ?) et acheté par le marchand français Jean Camus le 28 février 1547, dans les ricordanze, AS, I, 577, f. 6.

51 Notons que près de 2 % des acteurs n'ont pas été identifiés en raison de l'usage fréquent de conti aparte, au moyen desquels le titulaire du compte agit au nom d'une personne dont l'identité est dissimulée derrière des initiales, réelles ou fictives (par exemple, « Averardo Salviati aparte A. C. » désigne une activité entreprise par Averardo Salviati au nom de « A. C. », qui pourrait être Antonio Capponi ou Gherardo Martellini). Le gouverneur de la banque Salviati de Lyon, Leonardo Spina, a utilisé par exemple ce type de compte pour déposer plusieurs milliers d’écus de marc dans la banque. Si les documents annexes (notamment les ricordanze) ont contribué à identifier les prêteurs anonymes les plus importants, un grand nombre d'autres plus modestes restent inconnus.

52 Pour en savoir plus sur les liens entre les Salviati et le monde de la politique, voir N. Matringe, La banque en Renaissance. . ., op. cit., chap. 5.

53 Sur cette femme influente et son existence marquée par l'exil et l'insécurité, voir Cecil Roth, Donã Gracia of the House of Nasi, Philadelphie, Jewish Publication Society of America, [1948] 1992.

54 Certains des dépôts des Mendes étaient enregistrés dans des comptes intitulés « Averardo Salviati aparte † » et « Rede di Pandolfo della Casa aparte D » (AS, I, 577, f. 15 ; I, 565, f. 74 et 157).

55 Sur ces hommes d'affaires, voir James W. Nelson Novoa, « Documents Regarding the Settlement of Portuguese New Christians in Tuscany (Part 2) », Hispania Judaica Bulletin, 6, 2008, p. 163-172, ici p. 166-167. Les ricordanze nous apprennent que les transactions enregistrées dans les comptes intitulés « N°B » étaient effectuées au nom des Enriques et Nuñes d'Anvers (AS, I, 577, f. 17).

56 Sur l'absence supposée de banquiers italiens dans la capitale du xive au xviie siècle, voir Raymond de Roover, « Le marché monétaire à Paris du règne de Philippe le Bel au début du xve siècle », Comptes rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 112-4, 1968, p. 548-558 ; Jean Favier, « Une ville entre deux vocations : la place d'affaires de Paris au xve siècle », Annales ESC, 28-5, 1973, p. 1245-1279, en particulier p. 1248-1250.

57 Jean-François Dubost, La France italienne, xvie-xviie siècle, Paris, Aubier, 1997.

58 Les nations étaient des associations politiques, économiques, juridiques et religieuses qui protégeaient les droits et fixaient les devoirs de l'ensemble des citoyens originaires d'une même cité-État : R. Gascon, Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. . ., op. cit., p. 358-362.

59 En 1544, Scarfi obtient le monopole de la distribution d'alun dans l'ensemble du royaume, à l'image du monopole obtenu par les Salviati à Anvers. Dans les années 1560, il est maître des ports et défend la ville d'Avignon contre les assauts des protestants : Bazin de Bezons, Pièces fugitives pour servir à l'histoire de France, avec des notes historiques et géographiques, Paris, H. D. Chaubert, 1759, vol. 1, p. 21 et 245.

60 N. Matringe, La banque en Renaissance. . ., op. cit.

61 Pierre Hurtubise, Une famille-témoin, les Salviati, Vatican, Biblioteca apostalica vaticana, 1985, p. 137-156.

62 Melissa Meriam Bullard, « Mercatores Florentini Romanam Curiam sequentes in the Early Sixteenth Century », The Journal of Medieval and Renaissance Studies, 6, 1976, p. 51-71.

63 En effet, si la plupart de leurs dépôts sont gérés via le compte « Della Casa aparte D » (nom fictif utilisé par les Mendes, AS, I, 577, f. 15), y compris lorsque les della Casa semblent agir en leur nom propre, le solde de leur compte de dépôt est transféré à Gugliemo Fernandez, l'un des agents des Mendes à Venise (AS, I, 567, f. 323). En fait, les marranes (nouveaux chrétiens) portugais ont de l'influence à Rome, où ils envoient fréquemment des délégués porteurs de sommes importantes afin d'obtenir des restrictions sur les activités du Saint-Office (C. Roth, Donã Gracia of the House of Nasi, op. cit., p. 135). Un membre de la famille Mendes, Fernando, est même établi dans la Ville Éternelle avec le statut de « dottore » – probablement un juriste, puisqu'il occupe un poste de juge à la Rota de Florence quelques années plus tard (James W. Nelson Novoa, « Documents Regarding the Settlement of Portuguese New Christians in Tuscany », Hispania Judaica Bulletin, 5, 2007, p. 261-270, ici p. 266-267).

64 Francesco Guidi Bruscoli, Papal Banking in Renaissance Rome: Benvenuto Olivieri and Paul III, 1534-1549, trad. par N. Hargreaves, Aldershot, Ashgate, [2000] 2007 : Mariotto Guiducci (p. 121), Bartolomeo Bettini (p. 127) et Luigi del Riccio (p. 60, 89 et 116).

65 AS, I, 570, f. 122 et 219.

66 AS, I, 559, f. 259.

67 AS, I, 572, f. 407 et 472 ; I, 573, f. 205.

68 F. Guidi Bruscoli, Papal Banking in Renaissance Rome. . ., op. cit., p. 81.

69 Jean Delumeau, Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du xvie siècle, Paris, De Boccard, 1959, vol. 2, p. 783-791.

70 R. Gascon, Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. . ., op. cit.

71 Ibid.

72 Sur Bonin, voir Claude Longeon, Une province française à la Renaissance. La vie intellectuelle en Forez au xvie siècle, Saint-Étienne, Centre d’études foréziennes, 1975, p. 164. Sur les Gimbre, voir les archives municipales de Lyon, CC 0133 et 0136-4 : description des registres de « Taxes perçues au nom du Roi ».

73 AS, I, 560, f. 25, 78, 95, 147, 197, 250, 315, 365 et 420.

74 Propriétaire de plusieurs seigneuries, il occupe également le premier office municipal tout en poursuivant ses affaires comme membre actif des compagnies du corail : Paul Masson, Les compagnies du corail. Étude historique sur le commerce de Marseille au xvie siècle et les origines de la colonisation française en Algérie-Tunisie, Paris, Fontemoing, 1908, p. 24-27, 40, 69, 145, 229, 241, 244 et 254.

75 AS, I, 559, f. 44, 115, 170 et 288.

76 R. Gascon, Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. . ., op. cit., p. 203, 232-236, 240 et 273 ; M.-T. Boyer-Xambeu, G. Deleplace et L. Gillard, Monnaie privée et pouvoir des princes. . ., op. cit., p. 49-63.

77 R. Ehrenberg, Das Zeitalter der Fugger. . ., op. cit. ; Jakob Strieder, Jacob Fugger der Reiche, Leipzig, Quelle und Meyer, 1926 ; Peter Kalus, Die Fugger in der Slowakei, Augsbourg, B. Wissner, 1999.

78 Ramón Carande, Carlos V y sus banqueros, vol. 3, Los caminos del oro y de la plata (deuda exterior y tesoros ultramarinos), Madrid, Sociedad de estudios y publicaciones, 1967, p. 256-309.

79 Le secteur bancaire à Avignon était déjà dominé par les Catalans au xve siècle : Léon Honoré Labande, Avignon au xve siècle. Légation de Charles de Bourbon et du cardinal Julien de La Rovère, Monaco/Paris, Impr. de Monaco/A. Picard, 1920.

80 Également appelé Bartomeu de Parets. Voir Jürgen Sarnowsky, Macht und Herrschaft im Johanniterorden des 15. Jahrhunderts. Verfassung und Verwaltung der Johanniter auf Rhodos (1421-1522), Münster, Lit, 2001, p. 357, 453, 491-492, 508-510, 569-571 et 579 ; Pierre Bonneaud, « La crise financière des Hospitaliers de Rhodes au quinzième siècle (1426-1480) », Anuario de estudio medievales, 42-2, 2012, p. 520-522. Avignon était à l’époque une plaque tournante du trésor de l'ordre des Hospitaliers.

81 Raymond de Roover, « The Medici Bank: Organization and Management », The Journal of Economic History, 6-1, 1946, p. 24-52, ici p. 54.

82 Sergio Tognetti, Un'industria di lusso al servizio del grande commercio. Il mercato dei drappi serici e della seta nella Firenze del Quattrocento, Florence, L. S. Olschki, 2002, p. 155-159 ; R. Gascon, Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. . ., op. cit., p. 331-333.

83 Voir par exemple les comptes des Rospigliosi : AS, I, 559, f. 168 et 234 ; I, 567, f. 106 et 183 ; I, 572, f. 147 et 323 ; I, 580, f. 10 et 227.

84 AS, I, 567, f. 128 ; I, 572, f. 30 et 302.

85 AS, I, 567, f. 33.

86 AS, I, 572, f. 88 et 187.

87 Émile Coornaert, Les Français et le commerce international à Anvers, fin du xve-xvie siècle, Paris, M. Rivière, 1961, vol. 1, p. 237 (n. 2) et 352 ; vol. 2, p. 73 (n. 1) et 238.

88 L'autofinancement est entendu dans un sens macro : le négoce international faisait circuler la plus grande partie des fonds dont les hommes d'affaires avaient besoin.

89 R. Gascon, Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. . ., op. cit., p. 340.

90 À la foire d'août 1546, les Centurioni et Lomellino de Lyon remboursèrent 3 065 écus empruntés lors de la foire précédente par un transfert de dettes sur le drapier Claude Gelat et le forgeron Jacques Brunicart de Lyon : AS, I, 560, f. 225.

91 En lui-même, ce droit n’était pas très important. De ce fait, il n'y avait qu'une différence mineure entre le taux d'intérêt sur les rentes (environ 10 % à l’époque) et le taux des dépôts en foire.

92 Voir, par exemple, le compte du notaire Jean Fosson de Lyon, qui paya une commission sur son dépôt : AS, I, 580, f. 7.

93 (2 259 966 + 1 995 241) × (0,6 + 1,9)/1 000.

94 Voir les comptes de capital des associés, Averardo Salviati et les deux gouverneurs, dans le grand livre : AS, I, 561, f. 23.

95 N. Matringe, La banque en Renaissance. . ., op. cit., p. 109.

96 Oscar Gelderblom, Joost Jonker et Clemens Kool, « Direct Finance in the Dutch Golden Age », The Economic History Review, 69-4, 2016, p. 1178-1198.

97 AS, I, 579, f. 173, lettre de Giovan Battista Rustici, Paris, mai 1549.

98 En théorie, les banques auraient pu se dissimuler mutuellement leur situation financière même si elles avaient occupé le même bâtiment. Cependant, dans le contexte d'une culture marchande fondée sur le crédit et la réputation, qui promouvait l'autorégulation et la surveillance étroite des autres partenaires, il était très rare que les banquiers réussissent à masquer longtemps leurs difficultés, même aux yeux de leurs correspondants situés à l’étranger. Sur la circulation de l'information et les mécanismes de prévention du risque au début de l’époque moderne, voir Larry Neal et Steven Quinn, « Markets and Institutions in the Rise of London as a Financial Center in the Seventeenth Century », in S. L. Engerman et al. (dir.), Finance, Intermediaries, and Economic Development, Cambridge, Cambridge University Press, 2003 ; Daniel Jürgen Velinov, « Risk-Management, Credit and the Working of Merchants’ Networks in Early Modern Banking », in K. Schönhärl (dir.), Decision Taking, Confidence and Risk Management in Banks from Early Modernity to the 20th Century, Londres, Palgrave Macmillan, 2017.

99 Les Salviati reconnaissent ouvertement leur politique en la matière dans une lettre adressée à Paretes en janvier 1548 : AS, I, 579, f. 129.

100 François Guichardin, Scritti autobiografici e rari, éd. par R. Palmarocchi, Bari, Laterza, 1936, p. 58.

101 AS, I, 579, f. 31, lettre de novembre 1547 aux Del Rio et Paredes de Burgos.

102 AS, I, 579, f. 95, lettre de novembre 1548 aux Delbene de Paris, qui les avaient informés que l'un de leurs déposants, un ecclésiastique, menaçait de leur intenter un procès.

103 Au cours de l'hiver 1544, Averardo demanda l'aide du duc de Florence, Cosme Ier, et de son ami Pedro Cassador, trésorier de Catalogne, lorsque des amiraux espagnols saisirent un navire chargé d'une cargaison d’épices lui appartenant. Les juges de la Rota de Barcelone donnèrent finalement raison aux Salviati contre leurs propres compatriotes (AS, I, 565, f. 41 et 53). En 1546, des marchands français de la côte atlantique, vexés de voir une partie des épices portugaises détournées par les Italiens de Lyon, cherchèrent à obtenir une décision du roi pour restreindre l'entrée des épices dans le royaume à Amiens et à Rouen. « Par l'entremise d'amis », les Salviati réussirent à éviter une telle mesure (AS, I, 565, f. 65).

104 C'est-à-dire une abondance d'argent sur le marché. Voir Bernardo Davanzati, Lezione delle monete [1588] e Notizia de'cambj [1582], éd. par S. Ricossa, Turin, Fògola, 1988, p. 71.

105 Compte de dépôt, AS, I, 561, f. 372 ; lettre correspondante des Paretes à Mendes, respectivement, AS, I, 565, f. 168 et 171.

106 AS, I, 565, f. 149, lettre de novembre 1546 à Paretes.

107 Promulgué à l'origine dans le contexte des foires de Champagne, cet ordre fut inclus en 1420 dans les privilèges des foires de Lyon : Guillaume Barbier, Privileges des foires de Lyon, octroyez par les roys tres-chrestiens, aux marchands françois et estrangers y negocians sous lesdits priuileges, ou residens en ladite ville, Lyon, G. Barbier, [1649] 1759, p. 10.

108 AS, I, 561, f. 10 et 33.

109 AS, I, 561, f. 10.

110 AS, I, 561, f. 104.

111 AS, I, 561, f. 223.

112 En règle générale, les Salviati demandaient à leurs clients s'ils souhaitaient investir sur le marché du dépôt ou sur celui du change (voir la lettre à Scarfi de Rouen, AS, I, 565, f. 144). Lorsqu'ils éprouvaient des difficultés à investir les fonds de leurs clients sur le marché des dépôts, ils demandaient leur permission avant de les placer sur celui du change (AS, I, 565, f. 78, 128 et 149), mais ils devaient respecter le choix de leurs clients, même s'ils le désapprouvaient. En juin 1545, ils placèrent 30 000 écus dans les finances royales au nom de Beatriz Mendes, alors même qu'ils considéraient qu'il s'agissait d'un « caprice » de sa part (AS, I, 565, f. 84).

113 Le fait que les banques de foire n'investissent dans les finances royales que les fonds des clients leur ayant donné l'instruction explicite de le faire montre que le marché des emprunts royaux dispose de ses propres investisseurs et ne doit donc pas être perçu comme une extension du marché des dépôts, comme cela a souvent été le cas (Roger Doucet, La banque Capponi à Lyon en 1556, Lyon, Imprimerie nouvelle lyonnaise, 1939, p. 13 ; R. Gascon, Grand commerce et vie urbaine au xvie siècle. . ., op. cit., p. 252-254). La distinction entre les deux est aussi clairement illustrée par le mode de cotation des changes à Lyon, où les taux des dépôts et ceux des emprunts royaux étaient présentés séparemment, voir, par exemple, la liste des cours du change à la foire des Rois de 1556 (Lyon, archives départementales du Rhône, Notaires, Pierre Dorlin, 4497, f. 399).

114 S. L. Engerman et al. (dir.), Finance, Intermediaries, and Economic Development, op. cit., p. 2.

115 N. Matringe, La banque en Renaissance. . ., op. cit., p. 270-299.

116 Youssef Cassis et Philip L. Cottrell, Private Banking in Europe: Rise, Retreat, and Resurgence, Oxford, Oxford University Press, 2015, p. 8, 10 et 40.

117 Alfred E. Bland, Philip A. Brown et Richard H. Tawney, English Economic History: Select Documents, Londres, G. Bell, 1914, p. 420-424.

118 Søren Mentz, The English Gentleman Merchant at Work: Madras and the City of London 1660-1740, Copenhague, Museum Tusculanum Press, 2005, p. 113 ; Daniel Jürgen Velinov, « Le marché des changes anversois, de l'espace régional aux flux européens. Les affaires du banquier Jean-Baptiste de La Bistrate (1654-1674) », thèse de doctorat, Paris 1/Freie Universität Berlin, 2012, p. 233-236 ; N. Matringe, La banque en Renaissance. . ., op. cit., p. 162 et 247-248 ; F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme. . ., op. cit., vol. 2, p. 127.

119 Veronica Aoki Santarosa, « Pre-Banking Financial Intermediation: Evidence from a Brokerage Law Reform in Eighteenth Century Marseille », Working Paper, 2013, http://eh.net/eha/wp-content/uploads/2013/11/Santarosa_0.pdf.

120 F. C. Lane, « Venetian Bankers. . . », art. cit., p. 187 ; A. P. Usher, The Early History of Deposit Banking. . ., op. cit., p. 8 ; R. A. Goldthwaite, The Economy of Renaissance Florence, op. cit., p. 229-230 ; H. Van der Wee, The Growth of the Antwerp Market. . ., op. cit., p. 1082 ; H. Van der Wee, « Monetary, Credit and Banking Systems », art. cit.

121 A. P. Usher, The Early History of Deposit Banking. . ., op. cit., p. 4 et 183-188 ; Larry Neal, « How It All Began: The Monetary and Financial Architecture of Europe during the First Global Capital Markets, 1648-1815 », Financial History Review, 7-2, 2000, p. 117-140, ici p. 121 ; Lucien Gillard, La banque d'Amsterdam et le florin européen au temps de la République néerlandaise, 1610-1820, Paris, Éd. de l'Ehess, 2004, p. 241, 249 et 261 ; Charles Kahn, Stephen Quinn et William Roberds, « Central Banks and Payment Systems: The Evolving Trade-off between Cost and Risk », in M. D. Bordo et al., Central Banks at a Crossroads: What Can We Learn from History ?, Cambridge, Cambridge University Press, 2016, p. 563-609.

122 D. J. Velinov, « Le marché des changes anversois. . . », op. cit., p. 103-111 ; Jeroen Puttevils, « Tweaking Financial Instruments: Bills Obligatory in Sixteenth-Century Antwerp », Financial History Review, 22-3, 2015, p. 337-361.