Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Le Centre de Recherches Historiques de la VIe Section de l'École Pratique des Hautes Études a entrepris une enquête d'anthropologie culturelle historique de la France. Elle démarre pour le XIXe siècle à partir des archives militaires. Elle vise à déceler aussi loin que possible dans le passé les traits et les ensembles dont le jeu adapté et contrasté a formé la trame de la personnalité historique de la France (définir et délimiter géographiquement et chronologiquement par exemple une France du Midi et une France du Nord, ou plusieurs, etc.. ; les fonder pour les expliquer sur autre chose que l'action superficielle des forces et des conjonctures politiques). Mais, en cherchant à s'enfoncer dans les profondeurs historiques, cette enquête se heurte à d'évidentes difficultés.
page 336 note 1. Cf. l'embarras (Avertissement, p. X) où se sont trouvés de ce fait les auteurs de la récente et utile Bibliographie d'Histoire des Villes de France, préparée par Ph. Dollingeb et Ph. Wolff, avec la collaboration de S. Guenée, Commission Internationale pour l'Histoire des Villes, Paris, 1967.
page 336 note 2. Cf. Recueils de la Société Jean Bodin. la Ville.T. VI-VII, Bruxelles, 1954-5.
page 337 note 1. Ainsi, autour de 1300, dans la province dominicaine de Provence, les interventions conjuguées de puissants laïcs (le roi de Majorque, le roi de Sicile - comte de Provence, des nobles) et de la papauté ont amené la fondation de couvents de Prêcheur en des lieux dont le caractère urbain est douteux (Collioure, 1290 ; Puigcerda, 1291) ou improbable (Saint-Maximin, 1295 ; Genolhac, 1300 ; Buis-les-Baronnies, 1294-1310) Cf. Bernard Gui, De fundatione et prioribus conventuum provinciarum Tolosanae et Provinciae O.P., éd. P. A. Amargier. Rome, 1961, pp. 271-4, 275-7, 278-9, 282-3.
page 338 note 1. Mais il ne faut pas négliger une préhistoire du mouvement religieux lié à l'essor urbain : le mouvement canonial des XIe et xiie siècles sur lequel le chanoine J. Chattilon et Dom J. Becqcet ont attiré notre attention. Ce dernier parle, pour la période 1050-1150, « des quantités de petites collégiales fondées en symbiose avec un noyau pré-urbain ».
page 339 note 1. Fueruntque ibifratres usque ad tempus d. Arnaldi Beralli qui, ex affectione speciali motus quam habebat ad ordinem ipsos videns extra muros civitatis solitarios commorantes, nom tune temporis pauce domus extra muros habebantur, ipsos fratres arbitrons ibi indecenter commorari, rogavit eos ut ad locum honestiorem et ville mugis proximum se tnutarent…(Bernard Gui, op. cit., p. 76.)
page 340 note 1. Rappelons que pour qu'il y ait couvent chez les dominicains et chez les frères qui adoptent pour l'essentiel leurs constitutions comme les Sachets, il faut un minimum de douze frères. D'après Bernard Gui, op. cit., au moment de la positio et receptio convenius, le nombre des communautés dominicaines de la France méridionale n'excédait guère ce chiffre.
page 340 note 2. Pour tout ce qui concerne la cartographie ecclésiastique on se reportera aux travaux du P. F. de Dainville.
page 341 note 1. Nous notons les remarques convergentes du P. P. Stainier, O.P. (« Être Mendiant a voulu dire en fait être dans la situation canonique des Mendiants, c'est-à-dire entre autres, jouir des « privilèges des Mendiants »… Pour notre propos, ce n'est pas le caractère de Mendiant, plus juridique que directement sociologique qui importe, ce serait plutôt le fait de se consacrer principalement et structurellement… à l'action pastorale auprès des populations ; c'est-à-dire que tous les ordres fondés après 1200 et ne se destinant pas à une activité précise et exclusive (malades, captifs) seraient à considérer. Le principe d'enquête serait donc plus simplement : l'implantation des « ordres nouveaux des xine-xve siècles, dits communément Mendiants ») et de Dom J. Becquet (” Je pense qu'il faut retenir, comme Mendiants urbains, les ordres d'hommes qui unissent la prédication à une certaine mendicité »). Dom Becquet ajoute ceci, capital pour notre propos : « L'extension de ce type de vie religieuse n'a pu être possible que par suite de l'existence de villes. Les Grandmontains ou le Val des Écoliers sont plus ou moins mendiants, et ils entretiennent volontiers leurs « fidèles » au sortir de l'office sous l'auvent (in porticu, dans les celles grandmontaines). Mais le milieu rural où ils sont installés rend la mendicité infructueuse et les ramène au type de propriété des ordres anciens ». Liaisons essentielles à préciser : ordre mendiant, économie monétaire, structures urbaines.
page 341 note 2. Dom Becquet nous rappelle que les Guillelmites ont suivi la règle bénédictine dès Grégoire IX et ne se sont rattachés aux Ermites de saint Augustin que de 1256 à 1266 (cf. K. ELM, Beitrdge Zur Geschickte des Wilhelmitenordens, Cologne 1962). Ainsi ont-ils pu échapper à la suppression des petits ordres mendiants édictée par le second concile de Lyon (1274).
page 341 note 3. Cf. Emeky, R., « The second Council of Lyon and the Mendicant Orders », Catholic Historical Review , XXXIX, 257–271.Google Scholar On trouve par exemple l'énumération suivante dans la Chronique de Sainte Catherine de Rouen (Recueil des Historiens des Gaules et de la France, XXIII, 406) : « In eodem concilio interdicti sunt diversi ordines qui tune erant, ordo scilicet Poenitentiae Jesu Christi, Ordo Matris Jesu Christi, ordo Martyrum, ordo Apostolorum, ordo Evangelistarum, ordo Sanctae Crucis, ordo Crucifixorum et alii novelli ordines, qui de novo adesse coeperant, nec habebant institutionem a sanctis. »
page 342 note 1. Cf. Emery, R. W., « The Friars of the Sack », Spéculum , XVIII, 1943, 323–334.CrossRefGoogle Scholar Id., « A note on the Friars of the Sack », ibid., XXXV, 1960, 591-5 ; Giacomozzi, G. M., L'Ordine délia Penitenza di Gesù Cristo(Institutum Historicum Fratrum Servorum Sanctae Mariae. Scrinium Historiale. T. II). Rome, 1962 Google Scholar (c. r. de G. Meersseman in Revue d'Histoire Ecclésiastique, 1963, 610-612). A. H. Thomas, De oudste Constituties Van de Dominicanen.Bibliothèque de la Revue d'Histoire Ecclésisatique, fasc. 42. Louvain, 1965, pp. 102-9. P. A. Amargier, « Les frères de la Pénitence de Jésus- Christ ou du Sac », Provence Historique, 1965, 158-167.
page 342 note 2. Cf. Pontenay de Fontette, N., Les religieuses à l'âge classique du droit canon. Recherches sur les structures juridiques des branches féminines des ordres. Paris, 1967.Google Scholar Ch. V. Les dominicaines. VI. Les clarisses. Les avis sont partagés sur l'intérêt d'englober ou non dans l'enquête les couvents de femmes. N. Coulet (cf. Lettre infra)l'estime utile, le chanoine E. Delaruelle et Dom J. Becquet (” J'excluerai les couvents de femmes, car elles ne prêchent pas, et non parce qu'elles sont cloîtrées ») y sont hostiles.
page 343 note 1. Sur l'installation, à la périphérie d'une ville, des dominicains dans une zone de marais asséchés et de communaux aliénés, et des franciscains dans un faubourg «industriel », cf. le cas italien de Trévise (G. Biscako, « I primordi dell'Ordine Francescano in Treviso », Archivio Veneto, 5 a Ser.I, 1927, 112-144).
page 343 note 2. Sur les « circuits réservés » par lesquels les papes, d'Alexandre IV à Benoit XI, de 1256 à 1309, assurèrent aux couvents mendiants une zone de rayonnement à l'intérieur des villes, cf. G. Le Bras, Institutions ecclésiastiques de la Chrétienté Médiévale.Lre partie, vol. II , Paris, 1964, pp. 507-8. Les distances entre couvents étant définies en canneset la canne variant de ville à ville, Clément IV, dans une bulle du 20 novembre 1265, fut amené à définir uniformément la canne (…et quamlibet cannarum ipsarum octo palmorum longitudinem continere, non obstantibus varia locorum consuetudine…, in Sbaralea, Bullarium Franciscanum, III, p. 60). Exemple concret du rôle des ordres mendiants dans l'organisation de l'espace urbain.
page 343 note 3. Ici, comme pour tous les textes latins du Moyen Age, jon se méfiera d'une interprétation réaliste du vocabulaire en tenant compte notamment du poids de l'autorité littérale évangélique. Quand, par exemple, les biographes de saint François disent « circuibat civitates et castella», ils ne décrivent pas le milieu réel de la prédication du saint en Italie, ils appliquent à saint François le modèle christologique (Et circuibat Jésus omnes civitates et castella, Mat. 9, 35), mais cet emploi de termes bibliques doit avoir un certain rapport avec la réalité contemporaine. Sur locus, locaet de façon générale l'implantation des Franciscains, intéressantes remarques de Esser, K., Anfànge und urprûngliche Zeilsetzungen des Ordens der Minderbriider, Leiden, 1966 Google Scholar ; Das « Sesshaftwerden » der Briider, pp. 168 sqq., mais le problème du cadre urbain n'y est qu'effleuré.
page 344 note 1. Cf. sur les agglomérations provençales du type urbain au Moyen Age les judicieuses indications de G. Duby, « Recherches récentes sur la vie rurale en Provence au xive siècle », Provence Historique, 1965, 97-111.
page 344 note 2. Cf. notamment Douais, C., Acta capitulorum provincialium O.F.P. Toulouse, 1894, pp. L–LII.Google Scholar Chapotin, M. D., Histoire des Dominicains de la Province de France, Rouen, 1898, pp. 378–386 Google Scholar. Meersseman, G., « Les débuts de l'ordre des Frères Prêcheurs dans le comté de Flandre (1224-1280) », Archivum Fratrum Praedicatorum XXVII, 1947, 5–40.Google Scholar
page 344 note 3. Outre les textes cités ou imprimés, par exemple dans les travaux indiqués à la note précédente, on doit trouver des documents inédits sur ces conflits et les règlements territoriaux auxquels ils donnèrent lieu. Par exemple Emery cite dans son catalogue, p. 5, n. 8, un acte des Archives départementales de l'Aude (H. 265) fixant les limites entre les couvents dominicains de Carcassonne et de Limoux en 1328. Le P. A. Amabgier nous signale une pièce intéressante de 1258 ayant trait à une querelle entre couvents dominicains de Narbonne, Béziers, Castre et Carcassonne au sujet des frontières de leurs prédications (N.N., fonds Doat, n° 58, ff. 35-37).
page 345 note 1. Il faudra étendre à ce propos l'enquête aux Tiers Ordres et aux confréries noyautées par les Mendiants. Cf. G. Meersseman, « Études sur les anciennes confréries dominicaines », Archivum Fratrum Praedicatorum, 1950-51-52-53, et le cadre magistral tracé par G. Le Bras, « Les confréries chrétiennes », Revue de l'Histoire du Droit Français et Étranger, 1940-41, repris dans Études de Sociologie Religieuse, 1956, t. II , ch. II : de la sociologie rurale à la sociologie certaine.
page 345 note 2. Pour prendre deux exemples géographiquement extrêmes on dispose pour la Grande-Bretagne des catalogues de Knowles, D. et Neviixe Hadcock, R., Médiéval Religious Houses : England and Wales. Londres, 1953 Google Scholar et de Easson, D.B., Médiéval Religious Houses : Scotland, Londres, 1957 Google Scholar, et pour la Pologne de l'intéressant ouvrage de Kloczowski, J., Dominikanie Polscy na Slasku w XIII-XIV oeieku, Lublin, 1956 Google Scholar (Les Dominicains polonais en Silésie aux xiiie - xive siècle) et « Les ordres mendiants en Pologne à la fin du Moyen Age », Acta Poloniae Historica, XV, 1967.
page 351 note 1. Il faut bien sûr rapprocher cela du concile de Lyon, de la suppression des Sachets, des remarques de P. Amargier dans son article de Provence Historique.Mais comme une preuve de la résistance de ces établissements puisque nous sommes ici à la fin du siècle.
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