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Le Poète-Musicien Et La Création Poético-Musicale Au Moyen Orient

Published online by Cambridge University Press:  14 February 2019

Amnon Shiloah*
Affiliation:
Hebrew University, Jerusalem
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La création poético-musicale populaire au Proche et Moyen-Orient est sans doute intimement liée à ces individus exceptionnels qu'il convient d'appeler poètes-musiciens grâce à leur double talent. Le poètemusicien joue le rôle de divertisseur public, d'artiste créateur, de conservateur des traditions de son milieu et de commentateur des événements courants. I] est appelé sa ‘er-poète, qawwāl- celui qui dit, ou faiseur de paroles, hādī faiseur de hidā’ (genre poético-musical). D'autres titres indiquent certaines spécialisations, ou une fonction particulière tels que: zaydıyy, ou ‘antarīyy- expert dans les chants épiques relatant respectivement les actes héroïques d'Abu Zayd al-Hilali et de ‘Antar ibn Saddād, ou bien munsid- expert dans les hymnes religieux, ou naddāb-expert dans les chants funèbres. Le terme mugannī- chanteur ou musicien- qui est fréquemment employé dans la musique savante, figure rarement dans le contexte de la création populaire et comporte alors une connotation péjorative. Par conséquent le composant musical qui forme une partie intégrale et indissociable dans la création populaire, n'est nullement exprimé dans la terminologie appropriée. C'est ainsi par exemple que l'on emploie le verbe dire quand il s'agit de chanter, et le terme lahga-dialect, façon de parler particulière-pour indiquer des particularités mélodiques et stylistiques d'une localité, d'une région, ou d'un groupement ethnique donné. Cette prédominance de la parole et de ses caractèristiques accusée dans la terminologie, pourrait indiquer en quelque sorte l'assignation d'un rôle secondaire à l'élément musical dans le procédé de la création poético-musicale qui nous intéresse. Il se peut qu'il s'agisse ici d'une conception semblable à celle de la cantillation où l'objet immédiat de l'élément musical est de donner plus de portée à la parole. En outre, par rapport au grand nombre de vers et de formules de facture et de contenu divers que le poète est appelé à mémoriser, ou “inventer,” le nombre des mélodies usitées est infiniment limité. Le plus souvent l'”invention” mélodique se borne apparemment à la simple adaptation des mélodies préexistantes aux nouveaux textes. Mais nous verrons par la suite comment tout de měme le talent du poète-musicien est mis en valeur; toujours est-il que l'invention poétique a le dessus et bénéficie d'une nette prééminence. Cette invention est basée sur la technique formulaire orale qui est universelle et se retrouve partout où il y a une littérature orale.

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Articles
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References

Notes

1. D'après certains historiens arabes, le hidā (chant de chameliers) aurait été le premier genre inventé avant l'avènement de l'Islam.Google Scholar

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4. Sibawayhi était le surnom d'abu Bishr Amr b. ‘Uthman b. Qanbar, élève de l'éminent grammairien, musicien et premier théoricien de la métrique arabe al-Halil (m. 791).Google Scholar

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8. Ibid, p. 137138.Google Scholar

9. Parmi les nombreux ouvrages consacrés à l'étude séparée de la poésie nous mentionnons: G. H. Dalmann, Palaïstinischer Diwan (Leipzig, 1901); St. H. Stephan, “Modern Palestinian Parallels to the Song of Songs,” Journal of the Palestinian Oriental Society, I-II (1920-21), pp. 202–79; R. B.Serjeant, Prose and Poetry from Hadramawt, (London, 1951), chap. III. Simon Jargy, La Poésie populaire traditionnelle chantée au Proche Orient arabe, (Paris, 1970), vol. I.Google Scholar

10. Pour une description des genres mentionnés ici et plus bas voir: Amnon Shiloah, “A Group of Arabic Wedding Songs from the Village of Deyr al-Asad,” Studies of the Folklore Research Center 4, (Jerusalem 1975), p. 269298.Google Scholar

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