Published online by Cambridge University Press: 07 March 2019
Je ne suis pas chrétien, pas juif, pas rnazdéen, pas musulman
Mon lieu est le nulle part, mon signe est le non-signe …
Je ne suis pas occidental et pas oriental, je ne suis ni de la terre ni de la mer
Ni du royaume d'Irak, ni de la terre du Khorâsân.
(Ghazal de Mowlânâ Rumi chante par les soufis Cheshti du Baloutchistan)
Dans l'ancienne culture islamique, la musique comme toutes les grandes traditions était liée à un regard métaphysique sur le monde. Cela est évident dans les représentations théoriques (figures circulaires, correspondances avec les niveaux et les domaines du réel, lois des proportions), aussi bien que dans la littérature soufie sur la musique (samâ'). La science musicale était le fruit d'une transmission initiatique remontant d'abord aux maîtres, et au-delà, aux grands théoriciens (Safîuddîn, Fârâbî), puis aux sages philosophes (Pythagore, Platon), aux prophètes (Moïse), enfin aux anges (mythe de la création d'Adam) et au Verbe divin (mythe du alast). Comme la religion, elle avait ses Textes, ses herméneutes inspirés, ses écoles. La tradition par ailleurs avait une vocation éthique et une fonction édificatrice.
Une version moins développée de cet article a été publiée dans L'Aquarium, (Bulletin de liaison et d'information du Centre de Recherches Administrative et Politique, Université Rennes I. Institut d'Etudes Politique de Rennes), 1993, n° 11/12, (:127-135).