Published online by Cambridge University Press: 07 March 2019
Les réflexions qui suivent résultent de deux types d'interrogations. Tout d'abord, problème familier aux ethnomusicologues, comment faut-il et comment peut-on utiliser les propos de l'autochtone parlant de musique lorsqu'on se propose de faire l'analyse d'un corpus? Et par analyse, nous n'entendons pas un vague discours impressionniste sur la musique, mais, comme nous y reviendrons à la fin, à la fois l'utilisation de traits définissant les unités découpées selon des méthodes rigoureuses et reproductibles, et l'établissement de règles qui en décrivent le fonctionnement. Dans le même esprit, quel statut devons-nous accorder, dans la musique occidentale, aux propos du compositeur, de l'interprète ou de l'auditeur lorsque le musicologue se propose de rendre compte du processus créateur, de la conception d'une interprétation ou de la perception d'une oeuvre?1 A notre sens, il n'y a aucune raison d'opérer ici, quant au status du discours sur la musique, une distinction entre musique de tradition orale et musique “savante”, même si nos réflexions à propos de ce problème dans la musique occidentale ont été inspirées par l'expérience des ethnomusicologues (Merriam, Blacking, Zemp, Feld). En d'autres termes, que se passe-t-il lorsqu'on s'avise de considérer les propos de Wagner ou de Boulez comme ceux d'un Inuk ou d'un Pygmée?