Retracer l’histoire sociale de 1954 n’est certes pas chose aisée. Non pas qu’il ne se serait rien passé dans le domaine des relations sociales; au cours de ces douze mois, le monde du travail a connu plus d’une période de tension. Mais ces périodes ont le plus souvent coïncidé avec des temps d’effervescence politique. Il importe, à l’observateur des transformations sociales, de ne pas empiéter sur la tâche du chroniqueur politique, et de dégager de l’ensemble des événements ce qui intéresse les travailleurs et les chefs d’entreprise en tant que tels.

L’année 1954 est la première à s’être écoulée entièrement sous le régime de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier. A cette occasion, il est utile de rappeler les différentes phases de sa création. Le marché commun a été ouvert le 10 février 1953 pour le charbon, la mitraille et le minerai, et le 1er mai de la même année pour l’acier. Le marché commun des aciers spéciaux n’est entré en vigueur que le 1er août 1954. Ce dernier représente pour l’ensemble des six pays environ trois millions de tonnes annuelles, la participation de la Belgique étant très faible dans ce total.

En 1954, les deux faits dominant la situation sidérurgique sont : la reprise de la production et une transformation dans l’orientation des marchés.

Les lois sociales et les dispositions concernant la sécurité sociale intéressent de nombreux citoyens. En présence de la multiplicité des dispositions légales et des nombreuses modifications qui y ont été apportées, l'on peut se demander si les principaux intéressés connaissent suffisamment la législation édictée en leur faveur, s'ils se rendent compte des avantages qu'elle leur assure et s'ils sont pratiquement en mesure de remplir les formalités nécessaires pour en jouir. Le but des enquêtes entreprises sous les auspices de l'Institut de Recherches économiques et sociales fut d'élucider cette question, en décelant les degrés d'ignorance totale ou partielle.

Voilà quelques quinze ans, les pionniers de la sociologie religieuse dans les milieux catholiques commençaient les analyses du comportement religieux. Depuis ce départ, encore bien récent pour une discipline de l'intelligence humaine, une œuvre importante a déjà été réalisée. De nombreux éléments ont contribué au développement des recherches dans le domaine religieux. Il ne nous appartient pas de les détailler ici. Nous voudrions plutôt essayer de dégager quelques tendances qui se font jour dans les travaux et esquisser ainsi quelques prévisions pour l'avenir.

C’est la première fois que le Bulletin de l’I. R. E. S. consacre aux fabrications métalliques un chapitre de son analyse annuelle de l’économie belge. Aussi, paraît-il opportun de commencer par une courte présentation de ce secteur complexe.

Comme le nom l’indique, les fabrications métalliques groupent toutes les industries qui utilisent le métal comme principale matière première. Ce fait ne peut évidemment rendre très homogène un secteur qui va de la fabrication des épingles à celle des navires de haute mer, mais l’utilisation d’un même groupe de matières, les métaux ferreux et non ferreux, pose d’abord quelques problèmes communs d’approvisionnement et surtout rend analogues jusqu’à un certain point les problèmes techniques de fabrication.

Mise à part l’amplitude de la fluctuation des stocks, et l’accroissement des exportations, aucun autre fait vraiment saillant ne permet de caractériser la situation de l’industrie charbonnière belge en 1954. La menace de fermeture de deux entreprises boraines au début de l’année ne constitue que la manifestation localisée des difficultés bien connues rencontrées dans l’exploitation du bassin du Sud. On ne peut espérer que des changements profonds se produisent en l’espace d’un an dans une industrie aussi rigide, mais on doit s’attendre à voir se dessiner de façon plus nette la réorganisation qui s’impose dans cette industrie, étant donné son intégration proche dans le marché commun. Certains progrès ont été réalisés dans ce sens. Des mesures ont été décidées, les unes précises, les autres d’un caractère assez général, mais dont l’ensemble laisse peut-être entrevoir les grandes lignes d’une solution s’appliquant à l’ensemble du Bassin du Sud. Non seulement plusieurs sièges seront progressivement fermés dans un délai de trois ans et demi, mais l’aide financière accordée à d’autres ne sera maintenue que si les résultats atteignent les niveaux requis. Des mesures analogues seraient envisagées pour les mines qui rencontreraient des difficultés du fait de la dégressivité des subsides de péréquation. La Haute Autorité de son côté a apporté sa contribution en marquant son accord de principe sur une aide financière destinée à faciliter la réadaptation de la main-d’œuvre. Sans vouloir minimiser la complexité de la situation de certains charbonnages belges ni la portée des mesures prises, il faut toutefois souhaiter que les prochaines étapes soient précisées aussi rapidement que possible. Le problème présente en effet une certaine urgence; si l’on ne met pas à profit la période transitoire, on s’achemine à l’expiration de celle-ci vers le retour à un système de subsides difficilement justifiable sur les plans économique et social.

La situation de l’industrie textile belge en 1954 se caractérise comme d’ailleurs celle des autres industries textiles européennes, par la conjugaison d’une reprise accentuée en termes quantitatifs et d’une inertie désespérante des prix. Au total, on peut faire état d’un certain soulagement dans la situation financière des entreprises, qui ont trouvé dans l’augmentation du rythme d’activité un allégement des prix de revient qui a compensé la lourdeur des prix de vente. Mais pour d’assez nombreuses entreprises, ce facteur fut insuffisant pour redresser des situations gravement compromises les années antérieures, et leurs difficultés s’enveniment en se prolongeant.

Cet élément explique que le climat psychologique de l’industrie textile belge soit redevenu actuellement aussi mauvais qu’avant la guerre, l’euphorie de l’immédiat après-guerre étant définitivement oubliée : la seule trace qui en reste est un matériel modernisé, rationalisé et hautement productif, acquis au moyen de profits réalisés dans ce temps.