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Les redistributions professionnelles sous l'emprise des mouvements longs de prix
Published online by Cambridge University Press: 17 August 2016
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Le mouvement continuel de redistribution des forces productives présente certains traits particuliers dans les phases alternées du mouvement long. Notre étude vise à mesurer l'existence et l'intensité de la redistribution professionnelle qui s'opère dans le Kondratieff, entre les deux pôles que constituent, d'une part, le travail dépendant et, d'autre part, le travail indépendant.
L'analyse des redistributions professionnelles, en termes de comportement de l'entreprise, explique le processus de refoulement et d'aspiration des effectifs dépendants. Mais la théorie n'a pas expliqué le comportement quantitatif des effectifs indépendants.
- Type
- Research Article
- Information
- Recherches Économiques de Louvain/ Louvain Economic Review , Volume 25 , Issue 2 , March 1959 , pp. 123 - 153
- Copyright
- Copyright © Université catholique de Louvain, Institut de recherches économiques et sociales 1959
References
Le sens et la portée exacts de notre étude sont empruntés aux Mouvements économiques généraux de Dupriez, L. H., Louvain, 1951, tome II, pp. 106 et sv. Comme telle, notre étude s’intègre dans l’ensemble des études visant à mettre en lumière les aspects réels du mouvement long.Google Scholar
L’analyse statistique de la répartition de la population active à travers les phases successives de développement de notre économie, fut entamée peu avant la guerre de 1940 par M. Albert Van Houtte. Ce travail n’ayant pu être poursuivi, il fallut le reprendre. Nous adressons nos remerciements à M. Van Houtte pour l’utilisation de ses documents.
(1) Cfr Dupriez, L. H., Des mouvements économiques généraux, tome II, pp. 100 et sv.;Google Scholar Wittmann, I., L’industrie sidérurgique en France de 1830 à 1913, Mémoire, 1945;Google Scholar Cfr également les séries établies par Fabricant, S., Labour Savings in American Industry 1899-1939, New-York, National Bureau of Economie Research, 1945; ainsi que Woytinsky, W. S., Trois causes de chômage, Genève, B.I.T., 1935.Google Scholar
(2) Fisher, A., The Clash of Progress and Security, Londres, 1935;Google Scholar Schumpeter, J., The Theory of Economic Development, Cambridge, 1936;Google Scholar Sauvy, A., Migrations et formation professionnelle comme conditions et conséquences du progrès, in Economie Progress, Louvain, 1955,Google Scholar et Progrès technique et répartition professionnelle de la population, Population, 1949, (2 articles).
(3) Cela ne signifie aucunement que la répartition professionnelle serait une «mesure» du développement économique. Il n’existe aucune relation rigide entre le développement et la répartition professionnelle; d’autant plus que nous ne disposons pas de critères de répartition satisfaisants. Cfr les critiques de Bauer, P.T et Yamey, B.S. (Economie Journal, déc. 1951 et mars 1954), Google Scholar surtout en rapport avec la situation des pays sous-développés.
(4) Il est évident que l’offre des facteurs de production influence très fortement la structure de la production. Nous estimons cependant que ce facteur évolue imperceptiblement et que son action ne se fait guère sentir comme élément actif par rapport à l’évolution progressive de la structure de la production sous l’action combinée du progrès technique et de la demande.
(5) Nous ne pouvons admettre ce principe qu’à titre d’approximation : il est, en effet, difficile de présenter le comportement de l’entreprise dans la vie économique réelle, comme dominé par un constant effort d’application du principe de la productivité marginale. Mais dans le temps opératoire considéré, nous pouvons admettre la validité du principe.
(6) Hansen, A. H., Economie Stabilization in an Unbalanced World, New-York, 1932, Chap. X;Google Scholar Lederer, E., Technischer Fortschritt und Arbeit-losigkeit, Tubingen, 1931.Google Scholar
(7) « En effet, l’économie de pouvoir d'achat procurée aux consommateurs par la baisse des prix doit être dépensée pour la satisfaction plus complète d’autres besoins ou pour la satisfaction de nouveaux besoins éveillés par de nouveaux moyens de production. Dans les deux cas elle représente une demande additionnelle de travail… Là encore, le bénéfice supplémentaire que les progrès techniques peuvent procurer aux producteurs doit être utilisé par ces derniers d’une manière ou d’une autre. Ajoutés aux économies des consommateurs, ces bénéfices supplémentaires doivent forcément représenter un pouvoir d’achat égal à la somme des salaires dont ont été privés les ouvriers congédiés. Ce pouvoir d’achat sera donc appliqué à l’emploi des ouvriers libérés par les progrès techniques. » Bouniatian, M., Dépression, progrès technique et dévaluation, Paris, 1935, pp. 51–52.Google Scholar
(8) Sauvy, A. insiste sur ces rigidités croissantes dans le système économique : salaires minima, subventions à la production. (Développement économique et répartition professionnelle de la population, Revue d’économie politique, mai-juin, 1956).Google Scholar
(9) Cfr les écrits de Clark, C., Fisher, A. G. B., Fourastie, J., Sauvy, A.. Dans l'Economie Journal : Bauer, P. T. et Yamey, B. S. (déc. 1951 et mars 1954), Fisher, A. (déc. 1952) et Triantis, (sept. 1953); De même Okyar, O., Économie appliquée, 1956.Google Scholar
(10) Il faut également inclure dans le travail dépendant : les gens de maison, les travailleurs à domicile et les apprentis (ces derniers ne sont pas véritablement liés par un « louage de service »).
(11) En gros : transport, commerce, finance, administration, services personnels.
(12) La vérification inductive concerne les industries de base. Leurs effectifs sont importants et qui plus est, recensés annuellement dans de nombreux cas.
(13) Depuis le début du XIXe siècle la population active belge n’a cessé de croître en termes absolus. Par rapport à la population totale, elle diminue depuis environ 1870 et surtout depuis le début du siècle (aux Etats-Unis depuis environ 1910).
(14) Cette considération nous a amenés dans certains cas à calculer les effectifs professionnels en % de la population. Il apparaît évidemment que ce calcul (seul possible dans bien des cas) n’atteint pas entièrement le résultat visé. Si la population peut être considérée comme une approximation de la population dite active (14 à 65 ans) compte tenu de l’effet de vieillissement de la population, l’évolution de la population active effective n’est pas proportionnelle à l’évolution de la population totale.
(15) On dispose des pourcentages de chômeurs parmi les membres des syndicats anglais depuis 1831 (Cfr Woytinsky, W. S., Trois causes de chômage, Genève, 1935 Google Scholar et Mac Gregor, D. H., Entreprise and the Trades Cycles, in Economie Essays in Honour of G. Cassel, Oxford, 1933.Google Scholar Seule la période de 1830 à 1849 manifeste une très nette tendance de longue durée à l’accroissement. Les vitesses annuelles des tendances arithmétiques, pour les périodes correspondant aux mouvements de longue durée, sont : 1831–1849 : 7,2 % l’an; 1850–1872 : —2,5 % l’an; 1873-1895 : 2,7 % l’an et 1895-1915 : — 0,5 % l’an.
(16) On touche ici au caractère artificiel de toute vue qui mesure le degré d’emploi de l’économie au volume du chômage. Le seul rapport du nombre des chômeurs au volume des effectifs dépendants ne peut être significatif, si on ne tient pas compte des variations de ce dernier volume. Car si le volume des effectifs dépendants a diminué, on réalise combien doit être affecté le volume des effectifs non dépendants, et partant leurs rémunérations.
(17) Les statistiques disponibles ne permettent pas de saisir l’entité « population active » avec la précision voulue. Il s’agit des personnes exerçant une activité professionnelle ainsi que le volume du chômage. A l’exclusion donc des personnes qui ne travaillent, ni ne cherchent du travail.
(18) Cette sensibilité d’absorption se trouvera nécessairement affectée par les tendances actuelles du mouvement des Classes Moyennes. Cette tendance vise en effet à institutionaliser et à réglementer l’accès à la profession. Toute condition légale requise pour l’exercice de la profession, par exemple en matière de qualification professionnelle, diminue la sensibilité d’absorption. Les obligations administratives imposées et sanctionnées par la loi du 3 juillet 1956 sur le registre de commerce, constituent également une manifestation de cette tendance.
(19) Wibail, A., L’évolution économique de l’industrie charbonnière depuis 1831, Bulletin de l’Institut des Sciences Economiques, nov. 1934.Google Scholar
(20) Dans un grand nombre de secteurs, le mouvement long de baisse qui commence en 1873, se poursuit jusqu’en 1895’1896. Les secteurs qui se sont relevés en 1886 connaissent d’ailleurs un certain fléchissement de leur activité entre 1890 et 1893.
(21) Le calcul de tendances exponentielles donne pour m en % par an : 1835-1849 : 3,7%, 1851-1873 : 4,4%, 1873–1887 : —0,2%, 1888-1914 : 2,4%.
(22) Industries extractives et métallurgiques (Mining and Metal),
(23) Le calcul de tendances exponentielles donne pour m en % par an : 1861–1875 : 4,0%, 1875–1887 ; 1,3%, 1887–1917 : 3,2%.
(24) Le calcul de tendances exponentielles donne pour m en % par an : 1860-1874 : 5,7 %, 1875-1897 : — 0,6 %, 1897-1919:1,7 %, 1920-1934 : — 3,7 %.
(25) Stockmans, A., Les évolutions longues de l’industrie sidérurgique ouest européenne, Mémoire, Louvain, 1954. Les données relatives à l’Allemagne sont interrompues de 1937 à 1949 (graphique III).Google Scholar
(26) Wibail, A., L’évolution économique de la sidérurgie belge de 1830 à 1913, Bulletin de l’Inst. des Se. Ec., nov. 1933.Google Scholar
(27) En réduisant la sensibilité d’absorption de la profession, la législation empêche l’évolution des effectifs d’être naturelle et le secteur d’être caractéristique.
(28) Ceci est important si on songe à l’amplitude des fluctuations que révèlent les données annuelles, là où elles sont disponibles. Pour s’en rendre compte il suffit de comparer l’image de l’évolution des effectifs, fondée sur des données annuelles, avec celle que l’on obtient en ne tenant compte que des données correspondant aux dates des recensements décennaux.
(29) La loi du 12 mars 1818 charge les commissions provinciales de délivrer des diplômes de droguistes, sages-femmes et pharmaciens. Un A. R. de 1884 a fixé le programme des examens à subir.
La profession de droguiste s’est fortement transformée : la consommation de drogues simples naturelles a fort diminué, tandis que le commerce des produits chimiques destinés aux arts, à l’industrie et aux usages domestiques a pris un développement considérable. Aussi, par A. R. de 1885 les commissions provinciales ne reçoivent plus d’inscription au stage de droguiste. Et la profession subsiste comme profession libre.
(30) L’inclusion des infirmières dans les statistiques explique le mouvement structurel ascendant depuis 1920.
(31) L’extension de la carburation faisait qu’une plus grande partie de l’alcool était livré à la dénaturation.
(32) A propos de nos recensements généraux, il faut noter ce qui suit : Il n’y a pas eu de recensement entre 1866 et 1880 (de plus 1866 a été fort peu soigné). Cela signifie non seulement que l’intervalle est fort long, mais surtout que nous n’avons pas de recensement aux environs des années 1872–1873 qui marquent un des points d’inflexion les plus nets du mouvement long.
Les données du recensement de 1920 sont encore très largement influencées par la récente perturbation extra-économique.
(33) Pour la plupart des rubriques, il n’a pas été possible de remonter jusqu’au premier recensement. Les données sont calculées en % de la population dite active (14 à 65 ans) à la date du recensement, graphiques VI et VII.
(34) Faute de statistiques professionnelles convenablement établies, il n’a pas été possible de tenir compte des données antérieures à 1896. Jusqu'en 1891 on a considéré qu’il était surtout intéressant de connaître les moyens d’existence de la population : sont classées par profession toutes les personnes qui en dépendent. Par contre à partir de 1896, une même personne a orienté l’exécution des recensements pendant près d’un demi-siècle.
Les recensements sont basés sur l’activité collective (sauf 1911 et 1946). Depuis 1896 les individus momentanément sans emploi sont classés dans la population active, d’après leur dernière occupation. (Il y a donc lieu de soustraire pour chaque rubrique ce volume de chômage). Les données sont calculées en % de la population active effective. Ce calcul est nécessaire en raison des modifications territoriales intervenues au cours de la période couverte. La correction à apporter compte tenu de la spécialisation de certaines régions n’affecte que l’industrie.
(35) Nous employons le système de numération des rubriques utilisé dans le recensement de 1896 et repris grosso modo par la suite. Le sigle (B. ) indique la rubrique correspondante en Belgique.
(36) Sauvy parle d’une disparité entre l’évolution de la production par habitant et l’évolution des effectifs tertiaires, Population, mars, 1949.
(37) Ceci est purement constatif et inductif. Sur le plan normatif c’est un euphémisme. Le mouvement long provoque par des mouvements d’ampleur exagérée ce que la mobilité professionnelle devrait réaliser, idéalement parlant.