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Les mouvements longs de l'industrie du plomb dans l'ouest européen
Published online by Cambridge University Press: 17 August 2016
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L'objet de cette étude est d'esquisser l'évolution de l'industrie métallurgique du plomb dans les principaux pays producteurs de l'ouest européen, de vérifier dans quelle mesure les tendances de longue période, appelées mouvements longs, au sens de la théorie économique, se retrouvent dans l'industrie du plomb, comme dans tant d'autres secteurs de l'économie, et de présenter certaines explications de ces mouvements et de ces transformations.
- Type
- Research Article
- Information
- Recherches Économiques de Louvain/ Louvain Economic Review , Volume 25 , Issue 6 , September 1959 , pp. 533 - 579
- Copyright
- Copyright © Université catholique de Louvain, Institut de recherches économiques et sociales 1959
References
(1) Cfr spécialement Dupriez, L. H., Des mouvements économiques généraux, Louvain, 1951, dont sont extraites les citations qui suiventGoogle Scholar.
(2) Difficultés provenant de l'hétérogénéité, de la carence ou de la contrariété des sources statistiques.
Difficultés provenant de la confusion des stades de fabrication, soit que les usines traitent des minerais ou déjà du plomb brut, soit qu'elles se bornent aux opérations de fusion ou aillent jusqu'au raffinage et à la désargentation; dans la mesure du possible, on s'est efforce de constituer des séries de production sur base du plomb réduit à partir de minerais ou de sous-produits ou déchets plombifères, excluant le plomb en provenance d'usines traitant les plombs d'oeuvre pour désargentation, ainsi que le plomb de seconde fusion. Ainsi, les doubles-comptes ont-ils pu être évités. Malheureusement, ce type de production, relativement homogène en ce qui concerne son origine, ne l'est plus si l'on considère son traitement: il comprend également le plomb d'œuvre dont la désargentation est confiée à une entreprise ou un pays différent, et le plomb marchand qui a subi, au sein du même groupe, les opérations de grillage et de réduction, d'affinage et de désargentation. Les mêmes difficultés ont été rencontrées aux Etats-Unis où les économistes ont dû renoncer à l'étude de la productivité dans la métallurgie du plomb.
Difficultés provenant de l'union étroite entre la production de plomb et celle de l'argent. Ainsi même, avant 1800, le plomb était généralement obtenu comme un résultat de la recherche de l'argent. Pratiquement, l'incidence de l'argent sur l'évolution de la métallurgie du plomb, pour les périodes considérées n'a pas été retenue. Au cours du XIXe siècle, le prix de l'argent est resté stationnaire, puis a décliné rapidement à partir du monométallisme (1876). Les circonstances étant telles, il n'apparaît pas qu'il ait pu jouer, dans l'expansion fondamentale, un rôle important dans la production du plomb, si ce n'est pour de petites usines réduisant les minerais qu'elles tiraient du sol,' et qui ont pu se voir dans l'obligation de fermer leurs installations à la suite de la baisse de l'argent. D'autre part, les minerais sont devenus de moins en moins argentifères. L'influence de l'argent a décru au fur et à mesure du temps. Ainsi, à l'heure actuelle, les chiffres d'affaires de la plus importante société productrice de plomb, en Europe, ne comportent pas pour plus de 4 % d'argent en valeur. Une étude d'ensemble de la métallurgie du plomb et de l'argent pourrait-elle du moins être entreprise? Au prix de difficultés tout aussi grandes, apparemment, puisque la production de l'argent n'a pas sa seule origine dans la galène, d'où plomb et argent sont extraits, mais qu'elle est également associée au traitement du cuivre, du zinc etc.
Difficultés provenant de ce que de nombreuses sociétés joignent à la production du plomb celle, par exemple, du zinc ou du cuivre, de métaux jeunes, ou encore, comme jadis, d'argent extrait de plombs d'œuvre. Les opérations de traitement ne sont pas toujours confondues, mais les relevés séparés des facteurs de production sont impossibles.
(3) Cfr particulièrement l'étude de de la Saudée, E. de Bivort, Les rythmes séculaires d'expansion des industries houillères européennes dans leurs rapports avec les prix et les coûts de production, Bull, de Vlnst. de Rech, écon., nov. 1939 Google Scholar; et celle de Bezy, F., Les évolutions longues de l'industrie du zinc dans l'ouest européen 1840-1939; Bull, de Vlnst. de Rech. Econ. et Soc, févr. 1950 Google Scholar.
(4) Un recent article de J. Guitton apporte une justification supplémentaire à la présentation du mouvement long considéré à l'état brut — et non comme une déviation par rapport à une tendance séculaire —et à la philosophie que cela suppose selon la voie tracée, comme il le dit, par L. H. Dupriez. « Il y a, il y aura toujours des mouvements courts et des mouvements longs, des mouvements saisonniers et des mouvements séculaires par exemple. Mais ce qui paraît avoir cessé d'être intellectuellement rentable, c'est d'affirmer que l'on va isoler du mouvement total considéré comme impur un mouvement plus pur (...) et surtout qu'on va pouvoir expliquer par des procédés autonomes, se suffisant à soi, tel ou tel type de mouvement dissocié de tel autre ». (« Les attitudes scientifiques en face des mouvements économiques », Bulletin d'information et de documentation de la Banque Nationale de Belgique, févr. 1959).
(5) En général, les irrégularités dans le cours d'une évolution se marquent d'autant plus que l'on passe du tout à la partie, d'un ensemble plus vaste à un ensemble plus restreint. Les courbes mondiales sont toujours plus stables que les courbes nationales, les coûts comparatifs et les déplacements qu'ils provoquent n'agissant qu'à l'échelon national.
(6) Conformément à notre conception de base, la production métallurgique ne comprend normalement pas ce type de production, sauf pour la Grande-Bretagne à partir de 1945, étant donné son importance relative.
(7) Les productions sidérurgiques belge et française manifestent sembla-blement ces mouvements longs. Il semble d'ailleurs que «les mouvements longs s'accusent d'autant plus que le marché national est plus étroit » ( Dupriez, L. H., Des mouvements économiques généraux, t. II, p. 76)Google Scholar. En Belgique, les mouvements de la production sidérurgique correspondent sensiblement aux phases des prix généraux; en France, ils sont plutôt en rapport avec les prix mêmes de la fonte. Ainsi, comme pour la Grande-Bretagne et l'Allemagne, l'industrie métallurgique du plomb s'apparente sous cet angle aux caractères généraux de l'expansion industrielle nationale, encore que les mouvements soient plus brusques et que les ressources minières locales constituent un facteur très particulier.
(8) G. Imbert estime que le minimum du Kondratieff doit se situer en général entre 1933 et 1935 et non 1939. Selon l'auteur, si J. Schumpeter et L. H. Dupriez ont fixé jadis la date de la fin du 4e Kondratieff en 1939, c'était faute de recul suffisant pour pouvoir interpréter les dernières données statistiques.
(9) Voici quelques rythmes de tendances logarithmiques.
Grande-Bretagne, sur prix de gros, 1803-1833: —0,9 %; 1835-1853: + 0,6%; 1853-1872: — 1,1 %; 1873-1893: — 1,6%; 1853-1903: —0,9%; 1893-1916: + 1 %; 1924-1934: —6,4%; 1934-1957: + 3,4%.
Allemagne, sur prix de gros, 1801-1837: + 1,7%; 1837-1893: — 1 %.
France, sur coût de la vie, 1857-1884: —3%; 1884-1925: + 1,8%; 1926-1935: — 11 %; 1933-1957: + 4,3 %.
Etats-Unis, sur coût de la vie, 1884-1907: 0,5%; 1907-1933: —2%; 1933-1957: + 3,1 %.
(10) En général d'ailleurs, comme l'écrit M. HAGOPIAN, «l'industrie extractive du plomb est relativement peu coûteuse; le traitement du minerai ne demande qu'une quantité réduite de charbon; ce traitement s'effectuant habituellement sur place, on évite ainsi les transports toujours onéreux. La question du combustible et celle des transports auront donc moins d'influence sur la formation des prix courants du plomb que sur ceux de l'acier ou même du zinc » ( Hagopian, M., L'évolution des marchés mondiaux des principales matières premières après la grande-guerre, Paris, 1941, p. 255)Google Scholar.
(11) Op. cit., t. I, pp. 232-233, t. II, pp. 76-77.
(12) The London Metal Exchange, Londres, 1958, pp. 60–61 Google Scholar.
(13) Baudhuin, F., Histoire économique de la Belgique 1914-1939, Bruxelles, 1944, pp. 47 à 51 Google Scholar.
(14) La Société Generale Metallurgique De Hoboken, Livre du Centenaire, pp. 38 à 42 Google Scholar.
(15) Documents de l'Union des Métaux non ferreux, Bruxelles.
(16) F. Bezy, Op. cit., p. 44.
(17) En général, sur le développement de la place de Londres, consulter: The London Metal Exchange, Londres, 1958 Google Scholar.
(18) L. H. Dupriez, Op. cit., t. I, pp. 457 à 460.
(19) Materials Survey, Lead, Washington, May 1951 Google Scholar.
(20) En 1932, I. Hogbom estimait que le problème de la rareté n'avait pas encore atteint le plomb ni le zinc.
(21) The President's Materials Policy Commission, Resources for freedom, 5 vols, Washington, 1952 Google Scholar.
(22) « Il est certes difficile de se faire une idée précise de l'ampleur des opérations de stockage stratégique et de l'influence sur les marchés des métaux non ferreux. Il est toutefois probable que la politique américaine, en stimulant la demande mondiale des métaux non ferreux, ait incité à des agrandissements de capacités de production pour des métaux qui, en temps normaux, tendent déjà à dépasser la consommation industrielle et ait aggravé la pénurie de ceux qui, tels le cuivre et l'aluminium, ont fait l'objet d'une demande croissante de la part de l'industrie ». ( L'évolution des marchés mondiaux des matières premières au cours des dix dernières années; Bulletin d'information et de documentation de la Banque Nationale de Belgique, févr. 1959, p. 112.Google Scholar)
(23) De toute façon, on aurait tort d'imputer au fonctionnement des bourses de métaux les hauts et les bas dont on souffre; bien au contraire, ces bourses amortissent les à-coups, soit que les affaires soient traitées directement, soit, plus généralement, que les cours qui y sont fixés servent de base à l'établissement des prix conclus en dehors de leur intervention immédiate, du fait que l'on sait qu'on y pourrait toujours recourir. ( Metallgesellschaft, 1958, pp. IX et X)Google Scholar.