Published online by Cambridge University Press: 17 August 2016
L'article applique à la micro-économie une distinction classique en philosophie du langage, celle des propositions analytiques et synthétiques. Un article ultérieur la rapprochera de la distinction épistémologique des connaissances a priori et a posteriori. On commence par reprendre les définitions principales de l'analytique et du synthétique, et l'on rejette les objections célèbres que Quine a dirigées contre elles. On montre ensuite comment ces définitions opèrent sur la théorie des biens Giffen et des biens substituts. La distinction de l'analytique et du synthétique permet de clarifier des options que les micro-économistes laissent implicites, au risque de tomber dans des pièges sémantiques; en l'occurrence, elle vient renforcer la critique déjà faite de la définition hicksienne des substituts. A titre annexe, on montre que la méthodologie économique identifie incorrectement les propositions analytiques aux tautologies, et les propositions synthétiques à celles qui sont testables.
This article applies to microeconomics a classic distinction of the philosophy of language, i.e., that between analytical and synthetic propositions. A further article will combine it with the epistemological distinction between a priori and a posteriori knowledge. We start by reconsidering the main definitions of the analytical and the synthetic. We rebut Quine's famous objections against them, and then show how they operate on the theory of Giffen goods and substitute goods. The distinction makes it possible to clarify decisions that microeconomists leave implicit, at the risk of falling into semantic traps. In the particular instance, it reinforces the existing critique of Hicks's definition of substitutes. As an secondary contribution, we show that economic methodology wrongly identifies analytical propositions with tautologies, and synthetic propositions with testable ones.
L'auteur remercie A. Barberousse, P. Gochet, H. Igersheim, J.S. Lenfant et deux rapporteurs anonymes pour leurs précieux commentaires sur les versions précédentes de ce travail. Il a tiré profit des discussions menées avec le Groupe de recherche en épistémologie, dont il remercie particulièrement l'organisateur, Robert Nadeau (Université du Québec à Montréal, septembre 2003). Il a de plus bénéficié d'échanges utiles avec R. Bradley et D. Gillies sur l'analytique, et avec J. Chipman et W. Hildenbrand sur la micro-économie du consommateur.
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