La reprise très vive qui s’est manifestée depuis le début de l’automne dernier, dans le mouvement des affaires et dans les prix, a renversé la nature des préoccupations, tant des industriels que des pouvoirs publics. La vivacité du redressement a , en effet, posé une série de problèmes semblables à ceux que l’on rencontre en période de haute conjoncture, à savoir pénurie de matières premières et difficultés d’alimentation des usines, manque de main-d’œuvre qualifiée, hausses de prix déroutant les acheteurs, retards de livraison des commandes, etc… Aussi les problèmes que soulève la résorption du chômage et qui n’ont, hélas, pas disparu, prennent-ils des aspects fort différents de ceux qu’ils revêtaient il y a peu de temps.

Cette situation n’est point particulière à la Belgique et nous pouvons nous réjouir d’être entraînés dans un mouvement beaucoup plus vaste de reprise économique : ceci donne une assise plus solide à notre essor. A ce titre nous devons notamment prendre en considération la contribution apportée à l’équilibre monétaire général par les dévaluations de septembre, qui ont fait disparaître les plus graves discordances de prix pesant encore sur les affaires; elles ont certes contribué à faire du renouveau récent ce qu’il a été. Mais nous devons aussi nous garder de minimiser l’influence exercée sur la fermeté de l’expansion générale par le pouvoir d’achat nouveau que viennent d’acquérir les pays d’outremer : la hausse des céréales, des denrées coloniales et des matières premières leur a rapporté récemment des sommes considérables, que la hausse des prix des produits fabriqués n’absorbe qu’eu partie.