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Facteurs et indices de stabilisation et d’urbanisation à Usumbura (Ruanda-Urundi)

Published online by Cambridge University Press:  17 August 2016

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Dans une remarquable étude sur l’urbanisation, la détribalisation et la stabilisation, J. Clyde Mitchell souligne le danger qu’il y a de confondre l’usage de ces termes. Il propose : « que l’on ne parle de « stabilisation » que dans le cas des Africains établis à demeure en ville; que le mot «urbanisation» désigne le développement de normes et de modes de comportement particuliers aux régions urbaines, et que «détribalisation» s’il faut recourir à ce terme, soit employé en principe dans le sens de : abandon des normes de comportement tribales en faveur des normes occidentales».

La confusion des termes risque en effet d’entraîner une assimilation des concepts, alors que rien n’indique que l’Africain installé de façon durable en ville serait détribalisé dans le sens qu’il ne reconnaîtrait plus l’autorité de son ancien chef coutumier ou aurait rompu les contacts avec sa famille restée au lieu d’origine. Rien ne prouve non plus a priori que l’indigène qui a rompu ces liens pour se fixer en ville, ait adopté des modes de comportement d’inspiration occidentale.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Université catholique de Louvain, Institut de recherches économiques et sociales 1961 

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Footnotes

*

Chercheur de l’Institut pour la Recherche Scientifique en Afrique Centrale.

References

(1) Mitchell, J. Clyde, Urbanisation, détribalisation et stabilisation en Afrique méridionale : Comment les définir et les mesurer, dans Aspects sociaux de l’industrialisation et de l’urbanisation en Afrique au Sud du Sahara, UNESCO, Paris 1956, pp. 741 et sv.Google Scholar

(2) p. 745.

(3) Ibidem, p. 757. Il ne s’agit évidemment que d’une intention exprimée, que l’avenir pourra modifier.

(4) McCulloch, Merran, A social survey of the African population of Livingstone, The Rhodes-Livingstone Paper n° 26, Manchester University Press, 1956, pp. 57 et sv.Google Scholar

(5) Wirth, L., Urbanism as a way of life, The American Journal of Sociology, vol. XLIV, July 1938, No 1, p. 1 et sv.Google Scholar

(6) Le ménage a été défini comme l’ensemble des gens qui, habitant la même parcelle d’habitation, prennent au moins un repas par jour ensemble. Le chef de ménage est le propriétaire, celui qui paie le loyer, ou celui dont les autres membres du ménage reconnaissent l’autorité. — Il n’y a évidemment pas équivalence entre les chefs de ménage et l’ensemble des adultes quant aux caractéristiques testées.

(7) Voici les résultats obtenus :

Age : Classes 15 à 19 ans, 20 à 24, 25 à 29, 30 à 34, 35 à 44, 45 à 54, 55 et plus; 6 degrés de liberté; valeur de X2 correspondant au seuil de probabilité 5% = 12,6; valeur de X2 trouvée : 5,2.

Peuple d’origine : Rundi, Rwanda, Bembe, Luba, Rega, Vira, Tétela et divers; 7 degrés de liberté; P = 5% pour X2 = 14, 1; valeur de X2 trouvée : 12,6.

Territoire de naissance : Usumbura, Urundi, Ruanda, Kivu, autres; 4 degrés de liberté; P = 5% pour X2 = 9,5; valeur de X2 trouvée : 2,1.

Durée de séjour : Moins d’un an, de 1 à 5 ans, plus de cinq ans; 2 degrés de liberté; P = 5% pour X2 = 6,0; valeur de X2 trouvé : 1,2.

(8) Voir une bonne description des quartiers d’Usumbura dans Baeck, L., Etude socio-économique du centre extra-coutumier d’Usumbura, Bruxelles, Académie Royale des Sciences Coloniales, 1957, pp. 24 et sv.Google Scholar

(9) Lux, A., Migrations, accroissement et urbanisation de la population congolaise de Luluabourg, dans Zaire, vol. XII, nos 7 et 8, 1958, p. 684.Google Scholar

(10) Ubembe : le pays des Bembe, en langue swahili. Même formation : Uvira, le pays des Vira; Uganda, le pays des Ganda; Urundi, le pays des Rundi. Cette dernière forme swahili tend à être remplacée par l’équivalent vernaculaire Burundi.

(11) Il est peut-être significatif que 71% des Rwanda d’Usumbura soient des Tutsi, alors qu’ils représentent 17% seulement de l’ensemble de la population du pays. Au contraire, l’émigration en Uganda est un phénomène hutu. Voir notamment Richards, A.I. Ed., Economic Development and Tribal Change, Heffer & Sons Ltd, Cambridge, p. 163 : sur deux cents immigrants interrogés dans des camps de l’Uganda, un seul se disait Tutsi.Google Scholar

(12) Nous prenons ici la ville dans un sens large, Usumbura étant rejoint sous ce vocable par toutes les agglomérations importantes des environs : Bukavu, Albertville, Kindu, Luluabourg, Elisabethville, Jadotville, Kolwezi, Léopoldville, Stanleyville, Kampala, Mombassa, Dar es-Salam et Kigoma, tandis que des centres mineurs comme Kigali, Uvira ou Baraka sont exclus. Voir à propos des villes d’Afrique centrale : Denis, J., Le phénomène urbain en Afrique centrale, Bruxelles, Académie Royale des Sciences Coloniales, 1958, pp. 29 à 44.Google Scholar

(13) A. Lux, op. cit., p. 828 : «La présence en ville joue un grand rôle dans la promotion scolaire. Celle-ci à son tour est un facteur d’urbanisation : directement, parce qu’elle incite les gens à se stabiliser en ville et à élargir leur expérience urbaine; indirectement, parce qu’elle ouvre l’accès à des catégories de revenus élevés qui cherchent à se dépenser en ville». — Admirablement documenté sur les autres points du raisonnement, A. Lux admet sans démonstration que l’instruction incite les gens à se stabiliser en ville.

(14) McCulloch, Merran, op. cit., p. 61.Google Scholar

(15) Il s’agit d’ailleurs le plus souvent d’une coutume tronquée, avec paiement d’un simulacre de dot.

(16) Voir, à propos du mariage en ville, l’étude de P. Clement, dans : Effets sociaux de l’urbanisation à Stanleyville : rapport préliminaire de l’équipe de recherche, aux pp. 415 et sv. dans Aspects sociaux de l’industrialisation et de l’urbanisation en Afrique au Sud du Sahara, op. cit.

(17) Les missionnaires tentent de décourager ces unions mixtes parce que, disent-ils, elles ne résistent pas lorsque le couple doit abandonner la ville où il s’est marié.

(18) Comhaire, J.L., Economic change and the extended family, dans The Annals, Volume 305, May 1956, p. 47.Google Scholar

(19) Wirth, L., op. cit., p. 11.Google Scholar

(20) The problem of stability and change in African culture, dans Bascom, W. R. & Herskovits, M.J., Editors, Continuity and Change in African Cultures, The University of Chicago Press, 1959, p. 6.Google Scholar

(21) Mitchell, J. Clyde, op. cit., p. 745 : «Il me semble que la première chose à faire, en ce qui concerne la sociologie urbaine en Afrique, est de définir les rapports, si tant est qu’il en existe, entre la stabilisation et l’urbanisation ».Google Scholar