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La réévaluation du yen 1971: estimation de son impact et analyse de son caractère “structurel”

Published online by Cambridge University Press:  17 August 2016

Jean Y.C. Park*
Affiliation:
Assistant de l'U.C.L., Institut de Recherches Economiques
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L' anne'e 1971; la crise monétaire internationale plus lancinante que jamais, l'afflux massif de dollars vers l'Europe et, en particulier, vers l'Allemagne fédérale, la déclaration de “programme de défense du Yen en 8 points” au mois de juin, l'inconvertibilité du dollar proclamée par le Président des Etats-Unis le 15 août, l'instauration du double marché des changes dans certains pays d'Europe, la décision de laisser flotter le Yen à la fin du mois de septembre, l'accord Smithonian et l'alignement multiple du change. Le Yen est réévalué, au milieu du mois de décembre de 16,88 %.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Université catholique de Louvain, Institut de recherches économiques et sociales 1973 

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Footnotes

*

Je tiens à remercier le Prof. F. Bezy, le Prof. P. Lowenthal et Jean Verly dont les critiques et l'aide furent très précieuses à la rédaction de cet article.

References

(1) Ce chiffre de 6,493 millions de dollars pour le surplus de la balance des paiements pour l'année 1972 est de loin inférieur, il est vrai, à celui de l'année 1971 qui est de 14,285 millions de dollars mais qui est essentiellement dû à un afflux massif de “hot money” à la suite de la déclaration du Président des Etats-Unis. Il est cependant très supérieur à la moyenne du surplus de ces trois dernières années 1968-1970, 1,201 million de dollars.

(2) Ce chiffre ne compte pas le surplus du mois de décembre 1972 qui est attendu très élevé à cause d'un boom de contrats exceptionnel pour des pétroliers de grand format. The Japan Economie Journal, vol. II, n° 525, 8 janvier 1973 Google Scholar.

(3) L'éventualité s'est confirmée depuis que nous avons rédigé cet article, qui ne tient pas compte de la réévaluation de facto du Yen intervenue à la suite de son flottement et de la dévaluation du dollar le 12 février 1973.

(4) C'est le cas notamment de “Japan Economie Research Center” qui a publié récemment ses prévisions de dix-huit mois (d'octobre 1972 à juin 1974) avec la réévaluation hypothétique de 8,3 % au courant du premier trimestre de l'année 1973.

(5) Chan Lec, J.H. (1971), “Intercountry Cost and Price Comparaison” in Staff Papers, IMF, vol. XVIII, n° 2 Google Scholar.

(6) Park, Y.C., “Le commerce extérieur du Japon: quelques considérations en marge de la réévaluation du Yen 1971”, Bulletin de l'IRES, n° 3Google Scholar.

(7) Les variations du taux de change après la décision de laisser flotter le Yen sont les suivantes: fin septembre 346 Yens/1 dollar, fin octobre 333 Yens/1 dollar, fin novembre 329 Yens/1 dollar, début décembre 319 Yens/1 dollar.

(8) L'ancien taux de change (360 Yens/1 dollar) est resté inchangé de 1949 à décembre 1971.

(9) Les effets “normaux” d'une dévaluation sur la balance commerciale sont attendus au cas où la somme des élasticités à l'égard des prix relatifs des demandes nationales (c'est-à-dire les importations) et étrangères (c'est-à-dire les exportations) est supérieure à l'unité; les effets “pervers” se réalisent lorsqu'elle est inférieure à l'unité. Il s'agit du théorème de “Marshall-Lerner”. Cfr Kindelberger, C.P. (1963): “International Economics”, 3e ed., Richard Urwin, Inc., chap. 9Google Scholar.

(10) Kindelberger, C.P. op. cit., chap. 10. Machlup, H. (1964): “International Monetary EconomicsGeorges Allen & Unwin, Ltd. London, chap. VIIIGoogle Scholar.

(11) L'approche dite ‘d'absorption’, présentée par Alexander S.S. n'est pas une approche du revenu, contrairement à ce que l'auteur en prétend. En effet, il y a dans cette approche des effets des prix et des effets du revenu. Cfr Alexander, S.S. (1952): “Effect of a Devaluation on a Trade Balance”, Staff Papers, IMF, vol. II.Google Scholar Bye, M. (1965): “Relations économiques internationales”, 2ème ed., Dalloz, chap. IV, section 3Google Scholar.

(12) Tsiang, S.C. (1961) “The role of Money in Trade-Balance Stability: Synthesis of the Elasticity and Absorption Approaches”, in American Economic ReviewGoogle Scholar.

(13) N.R.I. (1972) Quarterly Economic Review, vol. 2, n°4 Google Scholar.

(14) Junz, H.B. et Rhomberg, R.R. (1965) “Prices and Export Performance of Industrial Countries, 1953-1963”, in Staff Papers, IMF, vol. XII, n° 2 Google Scholar.

(15) Kiritani, T., (1971) “Changement du taux du change et ses effets sur la balance des paiements - étude économétrique” in Nihon no Boeki (commerce extérieur du Japon). Negishi, T et Watabe, F. (eds) Iwanami Shoten Google Scholar.

(16) Kaneko, T.Comments on the article of T. Kiritani” in Nihon no Boeki, op.cit. pp. 143147 Google Scholar.

(17) Si on tient compte du phénomène d'accélération du taux de croissance de l'exportation japonaise de l'année 1971 qui est due à des circonstances exceptionnelles, ce taux aurait été plus important mais ne changera guère notre conclusion.

(18) Contrairement à son succès sur le marché américain, le Japon n'a pas réussi, au moins jusqu'à présent, à envahir les marchés européens. L'absence de liens politiques, la longue distance, l'absence des matières premières des pays d'Europe, l'étroitesse du marché pris individuellement, la ressemblance de structure d'exportation entre le Japon et les pays d'Europe sont autant de difficultés auxquelles le Japon est confronté.

(19) Les prix de gros américains augmentent seulement de 2,9 % en 1972 par rapport à 4,6 % de l'année 1971.

(20) L'alignement multiple des changes à la fin de décembre 1971 se présente comme suit:

(21) Il est à remarquer que l'imputation du taux de réévaluation entre prix à l'exportation et prix domestiques est foncièrement différente selon la taille des entreprises. Les petites entreprises, généralement sous-traitantes de grandes entreprises, sont généralement plus touchées que les grandes entreprises par une hausse de prix à l'exportation. Elles sont obligées, dans beaucoup de cas, de l'imputer à leur prix domestique et de compenser cette baisse par un allongement des horaires de travail ou par une augmentation des quantités produites, au moins à court terme.

(22) Les prix à l'importation en monnaie japonaise baissent par rapport au prix de juillet-septembre 1971, de 0,4 %, de 5,4 % et de 7,5 % respectivement pour le deuxième trimestre de 1971 et le premier et le second trimestres de 1972. Bank of Japan, Economic Statistics Monthly, n° octobre 1972.

(23) Cfr infra, partie II, sect. 3.II.

(24) Taux de croissance annuel de PNB réel aux prix du marché

Source: OCDE “Comptes Nationaux des pays de l'OCDE”

(25) Le dualisme économique se définit comme une coexistence, dans une économie, d'un secteur traditionnel de technique élémentaire et d'organisation familiale de la production et d'un secteur de technique moderne, “capital intensive” et d'organisation plus complexe, et plus perfectionnée. Pour désigner le caractère dualiste de l'économie japonaise, K. Ohkawa préfère le terme “structure différentielle” au terme “dualisme”. Cfr Ohkawa, K. et Rosovky, H. (1965) “A Century offapansse economic growth” in Lockwood, W.W. (ed.) “The state and economic enterprise in JapanPrinceton University Press Google Scholar.

(26) En effet, la naissance du dualisme japonais remonte à la réforme de Meiji des années 1870. A ce sujet, Broadbridge insiste sur les origines politiques, culturelles, techniques et en même temps financières du dualisme économique du Japon. Broadbridge, S.Industrial Dualism in Japan”, London 1966, chap. IGoogle Scholar. Pour une version opposée, cfr Taira, K.Economic Development and the Labor Market in Japan”, Columbia University Press, 1970, Pour une vue synthétique du dualisme japonaisCrossRefGoogle Scholar, cfr Shinohara, M. (1970) “Formation and Transition of the Dual Economy” in Shinohara, M. “Structural Changes in Japanese Economic Development”, Kinokuniya, Tokyo, 1970Google Scholar.

(27) La persistance du dualisme préoccupe beaucoup des économistes japonais qui éprouvent un certain sentiment de honte face à ce qu'ils considèrent être une inefficacité économique et face au problème social qu'elle implique.

(28) Une des premières tâches du gouvernement des Forces Alliées au lendemain de la guerre fut de dissoudre complètement les Zaibatsu (clans financiers) qu'ils considéraient l'un des principaux responsables du militarisme japonais. Il n'empêche que, dès les années 50, les anciens Zaibatsu surgirent de nouveau, souvent sous étiquette différente mais toujours sous les mains des mêmes familles.

Brochiers (1962), “Les groupes financiers dans la capitalisation japonaise d'après guerre” in “Tiers Monde” Tome III, n° 2Google Scholar.

Kai, Dokusen Bunseki Kenkyu (ed) “Nihon No Dokusen Kigyo” (Des Entreprises Monopoles du Japon), Shin Nihon Shuppansha 1969 Google Scholar.

(29) L'imputation des progrès économiques sous forme d'amélioration des salaires s'est fait attendre très longtemps au Japon. C'est un fait très important dont on doit tenir compte pour comprendre le processus particulier du développement économique du Japon. Il fait l'objet d'une thèse en cours au sein de l'Institut de Recherches Economiques de l'Université Catholique de Louvain.

(30) Les économistes de tendance marxiste japonais appellent ce type d'exportation “blood export drive”. Selon eux, il s'agissait de transferts vers les consommateurs étrangers de l'exploitation de pauvres travailleurs japonais, par le jeu de la compétitivité. Shinohara, M. (1961) “Le secret de la croissance élevée de l'économie japonaise” (en japonais). Lecture 3, pp. 3343, Nihon Keizai Shimposa Google Scholar.

(31) Lewis, N.A. (1954) “Economic Development with unilimited Supplies of Labor” in Manchester of Economics and Social Studies, vol. 22, n° 2 Google Scholar, Fei, J.C.H. et Ranis, G. (1964) “Development of the Labor Surplus Economy: Theory and PolicyHomewood Richard Irwin Inc. Google Scholar

(32) Il faut remarquer que cette notion du transfert de la main-d'oeuvre abondante du secteur agricole vers le secteur non agricole du modèle Fei & Ranis est trop générale pour être applicable dans une réalité historique concrète. Cela est surtout vrai dans une économie comme celle du Japon où il y a une dichotomie stricte et où il n'y a pas de vase communicant à l'intérieur même du secteur industriel, entre le marché de la main-d'oeuvre qualifiée et le marché de la main-d'oeuvre non qualifiée, ou entre le marché des ouvriers des petites et moyennes entreprises et celui des grandes entreprises. Cfr. Shinohara, M. “Formation and Transformation” op. cit.

(33) Minami, R. (1970) “Futher Considerations on the Turning Point in the Japanese Economy”, partie I, in Hitotsubashi Journal of Economics, fev., Partie IIGoogle Scholar in H.J.E. L'auteur délimite avec des critères quantifiables très détaillés, au nombre de sept, le “turning point” de l'économie japonaise dans les premières années de 1960.

(34) Nombre absolu et relatif de la population active dans le secteur primaire au Japon

(35) Minami, R. (1972) “Transformation of the Labor Market in Postwar Japan”, in Hitotsubashi Journal of Economics, vol. 13, n° 1 Google Scholar.

(36) Blumenthal, T., (1968) “Scarcity of Labor and Wage Differentials in the Japanese Economy, 1958-64” in Economic Development and Cultural change, 17(1)CrossRefGoogle Scholar.

(37) Salaires différentiels pour le Japon et les Etats-Unis: Japon 1970, Etats-Unis 1958

Source: Pour le Japon cfr tableau IX: pour les Etats-Unis, Shinohara M. “Formation and Transition of the Dual Economy”, op cit p. 308. Selon ce tableau, la structure salariale interdimensionnelle du Japon de 1970 n'est qu'à peine plus ouverte que celle des E.U. en 1958.

(38) Taux de croissance annuels de l'industrie manufacturière:

Source: “Handbook of Economy” (en japonais) 1972. Economic Planning Agency, Japan. Le taux de croissance exceptionnel de la période 1946-1951 est dû à des facteurs de la reconstruction après la guerre. Cfr Shinohara M. “Growth and Cycles in the Japanese Economy”, Kinokunyia, Tokyo, 1962, chap. I.

(39) Shinohara, M. (1970) “Japan Industrial Level in International Perspective” in Structural Changes in Japans Economic Development, Kinokunyia, Tokyo Google Scholar.

(40) La part de l'investissement dans le PNB: (%).

Source: Bank of Japan “International Comparaison of Statistics”, 1971

(41) Broadbridge, S.Industrial Dualism in Japan” op.cit., p. 32 Google Scholar “A good illustration of this concentration of investment is that in the four years from 1959-1962, 90 % of the funds allocated from the counter-part fund for fixed investment in private industry went to these four sectors. They also absorbed 43 % of all loans made for fixed investment by the commercial banks for every branch of enterprise, including agriculture, over much the same period”.

(42) Part de l'industrie lourde et chimique dans les pays développés en 1961. Allemagne: 63,8 %; U.S.A.: 62,5 %; Grande-Bretagne: 62,6 %; France: 71,8 %; Italie: 55,9 %.

(43) Maizels, A., (1963) “Industrial Growth and World TradeCambridge, Eng. Google Scholar.

(44) Shinohara, M. (1968) “Patterns and Changes in Postwar Growth” in Okhawa, Klein “Economic Growth” Yale University Press Google Scholar.

(45) La théorie de Singer-Prebish met en lumière l'importance toute particulière de l'évolution de la demande mondiale qui défavorise des pays sous-développés, dont la principale source de l'exportation est les matières premières dont la demande mondiale ne cesse de diminuer. Cfr Higgins, B.Economic Development: principles, problems and policies”, London, 2 ed., pp. 281289 Google Scholar.

(46) Bhagwati, J. (1958) “Immiserizing Growth: A Geometrical Note” in Review of Economic Studies, vol 25 CrossRefGoogle Scholar.

(47) Kojima, K. (1968) “Japan's Interest in the Pacific Trade Expansion: PAFTA Reconsidered” in Hitotsubashi Journal of Economics, vol. 9, n° 4 Google Scholar,

(48) A propos de différents éléments de la compétitivité, cfr Mc Greeham, J.M. (1968) “Competitivenes: A Survey of Recent Litterature” in Economic Journal, vol. LXXVIII Google Scholar.

(49) Pour la thèse en faveur des prix à l'exportation comme mesure de compétitivité Junz, et Rhomberg, R.R. (1965) “Prices and Export Performance of Industrial Countries” in Staff Papers, vol. XII, n° 2 Google Scholar. Pour la thèse opposée, cfr Stern, R.M. et Zupnick, E. (1962) “The Theory and Measurement of Elasticity of Substitution in International Trade”, in Keyklos, fascicule 3CrossRefGoogle Scholar.

(50) A ce sujet, une littérature abondante: Fiorchheimer, K. (1947) “The Role of Relative Wage Differences in International Trade” in Quarterly Journal of Economics CrossRefGoogle Scholar; Stern, R.M. (1962) “British and American Productivity and Comparative Costs in International Rate” in Oxford Economic Papers, vol. 14, n° 3 CrossRefGoogle Scholar. Waeher, H.(1968)

(51) La part des petites et moyennes entreprises dans la valeur totale d'exportation était: 1951: 59,4 %; 1957: 53,7 %; 1960: 56,9 %; 1965: 44,6 %; 1970: 39,5 %. Source: “White Paper on the Small and Medium Enterprises” (en japonais) 1960 et 1971.

(52) Distribution respective selon les types d'industrie dans la valeur totale des exportations des petites et moyennes entreprises:

Source: “White Paper on the Small and Medium Enterprises” (en japonais) 1971.

(53) Shinohara, M. “The Japan's Industrial Level…”, op.cit.

(54) Shinohara, M. (1962) “Relative Production Level” in “Growth and Cycles in the Japanese Economy” Kinokuniya, Tokyo Google Scholar.

(55) Kanamori, H. (1966) “Economic Growth and the Balance of Payement” in Postwar Economic Growth in Japan, Komiya (ed) University of California Press Google Scholar.

(56) Le Japon entra, en 1953, au GATT et devint, en 1964, membre de l'OCDE.

(57) Houthakker, et Magee, , (1969) “Income and Price Elasticities in World Trade” in Review of Economics and Statistics, vol. 51 CrossRefGoogle Scholar.

(58) L'élasticité de l'exportation japonaise au revenu mondial de ces auteurs est plus élevée que celui de Nomura Institute, cfr. tableau I.

(59) Economie Survey of Japan (1970-1971) EPA Japan.

(60) Comparaison internationale de la productivité agricole en 1968 (en $ et en %)

Source: “Economie Survey of Japan” 1969-1970 EPA Japan

(61) Kojima, K. (1972) “Nontariff Barriers to Japan's Trade” in Hitotsubashi Journal of Economics, vol 13, n°1 Google Scholar.

(62) Watabe, F.Nihon no Boeki Seisaku” (Politique du commerce extérieur du Japon) in Nihon no Boeki, op.cit., pp. 151177 Google Scholar.

(63) Kojima, K.Nontariff Barriers to Japan's Trade” op.cit., p. 10 Google Scholar.

(64) Cfr foot note (52)

(65) La nouvelle politique appelée “mixed policy” est bien décrite dans “Economic Survey of Japan 1971-1972” (en japonais). Elle consiste à harmoniser la politique de “croissance” et la politique de “bien-être” social. C'est la première fois dans l'histoire économique japonaise que cette dernière est mise en accent. Il est intéressant de noter que le livre du premier ministre japonais Tanaka, K. a connu un boom sensationnel ces derniers mois. Il s'appelle comme par hasard: “Remodelage de l'Archipel du Japon” (16ème édition en sept. 1972).