Published online by Cambridge University Press: 28 April 2020
Afin d'évaluer la fréquence et les manifestations de la dépression à l'adolescence, une enquête a été réalisée auprès de 744 lycéens (439 garçons et 305 filles), âgés de 14 à 23 ans, et appartenant à 15 établissements d'enseignement du second degré du département du Nord. La première partie de l'enquête a consisté en la passation de deux autoquestionnaires: la version française de l'échelle CES-D (Center for Epidemiologic Studies-Depression Scale); et un questionnaire destiné à recueillir un certain nombre de renseignements concernant la situation sociodémographique du sujet, son état de santé et celui de ses parents, son mode de vie, ses relations familiales, son degré d'insertion scolaire et sociale. La deuxième partie a consisté en un examen clinique semi-standardisé visant à repérer les adolescents présentant un épisode dépressif majeur selon les critères diagnostiques du DSMIII-R. Sur les 728 lycéens examinés, 32 (18 garçons et 14 filles) présentaient un épisode dépressif majeur (soit une prévalence de 4,4%). Les critères diagnostiques du DSMIII-R les plus discriminants pour l'identification des adolescents déprimés ont été, par ordre d'importance décroissante: l'humeur dépressive, la diminution de l'intérêt ou du plaisir, l'agitation ou le ralentissement psychomoteur, la diminution de la capacité à réfléchir ou à se concentrer, et les idées récurrentes de mort. Le score moyen obtenu à la CES-D chez les adolescents déprimés apparaît très significativement supérieur à celui obtenu chez les adolescents non déprimés (28,9 ±8 vs 13,5 ± 8,2). Enfin, parmi les variables étudiées, certaines apparaissent significativement associées à la dépression; difficultés scolaires, problèmes de santé multiples et variés, attitudes particulières vis-à-vis du poids et de l'alimentation, problèmes de sommeil, conduites antisociales. Des problèmes de santé, en particulier d'ordre psychiatrique, sont aussi plus fréquemment retrouvés chez les parents des adolescents déprimés. En conclusion, cette étude montre que la dépression, dans sa forme typique, n'est pas rare à l'adolescence mais qu'elle est aussi souvent méconnue. C'est dire la nécessité de là rechercher devant tout problème psychopathologique survenant à l'adolescence. C'est dire aussi l'intérêt des études épidémiologiques visant à préciser la phénoménologie de la dépression à cet âge de la vie.
This study investigates the prevalence and manifestations and correlates of major depressive disorders in a population of high school students. The sample for this investigation consisted of 744 high school students (439 males and 305 females), aged 14 to 23 years (mean age: 17.2 ± 1.5 years), attending 15 colleges in the North of France. Data for the study were obtained by means of the French version of the Center for Epidemiologic Studies-Depression Scale (CES-D) and by means of a questionnaire devised for the study in order to investigate sociodemographic, behavioral, medical and environmental factors associated with depression. Assessment of major depressive episodes according to the DSMIII-R criteria was performed by medical doctors using a semi-structured interview. Sixteen students refused to participate. In the 728 remaining students, 32 (18 males and 14 females) had a major depressive episode which is a prevalence of 4.4%. The strongest discriminators (DSMIII-R criteria) in identifying the depressed students were, in descending order, depressed mood, loss of interest or pleasure, psychomotor agitation or retardation, diminished ability to think or concentrate, recurrent thoughts of death. The mean CES-D score was significantly higher in depressed than in non-depressed students (28.9±8 vs 13.5±8.2 respectively; P<0,0001). Depressed students often complained of chronic somatic problems and insomnia, were dissatisfied with their body shape and often followed a specific diet. They also used psychostimulant substances. They were backward students and displayed antisocial behavior. They believed that relations with their parents were strained and often had no friend. Diagnosis of major depressive episode is also significantly associated with some family history disorders including depression, anxiety disorders, suicide attempts, alcohol and tranquillizer abuse and chronic organic disease. These data show that depression in its typical form is not rare in adolescents but is frequently underdiagnosed. They also show that it is often associated with other disorders, highlighting the need for epidemiological studies in order to specify the phenomenology of depression in this age group.
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