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Etude comparative de deux groupes d’anorexiques mentaux examinés dans un service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent

Published online by Cambridge University Press:  28 April 2020

E. Albert
Affiliation:
Service de psychopathologie de l‘enfant et de l‘adolescent (Pr. M. Dugas), Hôpital Hérold, 7, place Rhin-et-Danube, 75935, Paris Cedex 19, France
O. Halfon
Affiliation:
Service de psychopathologie de l‘enfant et de l‘adolescent (Pr. M. Dugas), Hôpital Hérold, 7, place Rhin-et-Danube, 75935, Paris Cedex 19, France
M.C. Mouren-Simeoni
Affiliation:
Service de psychopathologie de l‘enfant et de l‘adolescent (Pr. M. Dugas), Hôpital Hérold, 7, place Rhin-et-Danube, 75935, Paris Cedex 19, France
M. Dugas
Affiliation:
Service de psychopathologie de l‘enfant et de l‘adolescent (Pr. M. Dugas), Hôpital Hérold, 7, place Rhin-et-Danube, 75935, Paris Cedex 19, France
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Résumé

Notre travail a porté sur la comparaison statistique de deux groupes d’anorexiques mentaux de moins de 13 ans et de plus de 13 ans, examinés dans un service de pédopsychiatrie, et répondant aux critères du DSM-III. II met en évidence les éléments suivants.

  1. 1) L’anorexie mentale est peu fréquente chez les enfants de moins de 13 ans par rapport aux adolescents, puisque ce groupe comprend 14 patients sur un intervalle de 7 ans et demi, alors que le groupe des moins de 13 ans comprend 37 patients pour un intervalle de 2 ans et demi.

  2. 2) La proportion de garçons est plus élevée dans le groupe des moins de 13 ans puisque nous retrouvons 5 garçons pour 9 filles, les garçons représentant 35% de ce groupe, et la prédominance féminine est plus nette à la puberté puisque nous comptons 1 seul garçon pour 36 filles, les garçons ne représentant donc que 3%.

  3. 3) Les retards de croissance sont marqués chez les jeunes anorexiques. Dans notre série, ils ne touchent que des garçons (3). L’anorexie est apparue respectivement à 10 ans pour le premier et à 11 ans et demi pour les deux autres. Pour deux patients, la taille définitive est normale. Le troisième patient, à 23 ans, a une taille inférieure à - 2 DS. On peut s’interroger sur l’absence de retard de croissance dans notre série chez les jeunes anorexiques de sexe féminin. L’explication, à notre avis, réside dans l’âge généralement élevé (> 10 ans) de nos anorexiques filles lors du début de la maladie. Leur croissance était déjà bien avancée et la puberté sans doute amorcée. A l’opposé, les garçons qui ont eu un arrêt de croissance étaient plus jeunes et tous prépubères au début de l’anorexie.

  4. 4) Cliniquement, la symptomatologie est plus bruyante dans le groupe des moins de 13 ans avec:

    • – un état prémorbide fait de troubles du comportement alimentaire dans l’enfance;

    • – une perte de poids plus rapide. Elle est souvent inférieure à 25% du poids antérieur mais la cachexie est marquée, le tissu adipeux étant peu abondant avant la puberté. Dans le groupe des jeunes anorexiques, la perte de poids est en général comprise entre 15 et 20%;

    • – un refus d’hydratation associé au refus de nourriture dans 3 cas sur 14, cette particularité n’a pas été observée dans le groupe plus âgé.

    Ces deux dernières constatations mettent en cause les critères DSM-III de l’anorexie mentale pour les jeunes enfants.

  5. 5) En revanche, nous n’avons trouvé aucune différence significative entre les deux groupes concernant:

    • – la prévalence des maladies psychiatriques chez les ascendants et la fratrie: elle est de 17,8% chez les parents du groupe 1, en majeure partie faite de troubles thymiques (16%). Dans la fratrie de nos patients, la pathologie la plus souvent retrouvée est un trouble des conduites alimentaires;

    • – la place de l’anorexique dans la fratrie, le statut social des parents, la situation du foyer parental; l’hyperactivité physique, la survenue de vomissements provoqués, la prise de laxatifs et les plaintes somatiques;

    • – la prévalence de la dépression comme diagnostic associé. Elle est néanmoins élevée dans les deux groupes puisqu’on retrouve 86% d’états dépressifs dans le groupe des moins de 13 ans (12 cas sur 14), 60% d’états dépressifs chez les plus de 13 ans (22 cas sur 37);

    • – la sévérité des stress psychosociaux;

    • – le niveau d’adaptation et de fonctionnement social et scolaire dans l’année écoulée. Dans les difficultés d’adapta tion constatées chez nombre de nos anorexiques, rentrent tout autant les troubles de la relation sociale que des dis torsions cognitives responsables de faibles performances, en dépit d’un surinvestissement de la scolarité et d’efficiences intellectuelles tout à fait satisfaisantes.

  6. 6) Nos conclusions ne sont que fragmentaires en matière de devenir de l’anorexie du fait de l’imprécision de cer taines données recueillies, de la durée relativement brève de la catamnèse (les anorexiques du groupe 1 ont générale ment bénéficié d’un suivi plus régulier et prolongé - 4 ans en moyenne -, que ceux du groupe 2: 2 ans er moyenne), et de la faiblesse de l’échantillon des moins de 13 ans.

    Le poids s’est normalisé dans 78,5% des cas dans le groupe 1 et 54% des cas dans le groupe 2. On constate done que sur le plan symptomatique, il n’est pas très difficile de refaire prendre du poids aux anorexiques.

    Le comportement alimentaire est satisfaisant chez 9 sujets du groupe 1 (64%) et 19 sujets du groupe 2 (51%)

    L’apparition ou le retour des règles est observé chez 6 filles sur 9 du groupe 1 (66,6%) et 20 filles sur 36 dt groupe 2 (55,5%).

    L’évaluation de l’état mental de nos sujets (elle concerne 12 sujets du groupe 1 sur 14, 2 n’ayant pas répondi aux questions posées) montre qu’une patiente présente une anorexie mentale chronique avec des épisodes récurrent; de dépression majeure, qu’une autre patiente a fait un épisode de dépression délirante et qu’une troisième peut êtri considérée comme schizophrène. Six sujets souffrent d’une anxiété chronique avec manque de confiance en soi e phobie sociale pour l’un d’entre eux. Les 3 derniers ont un fonctionnement satisfaisant dans tous les domaines Comme on le voit, l’anorexie mentale est une maladie grave dont le pronostic est réservé. Cependant l’évolution ne nous a pas semblé différente dans les deux groupes concernant les paramètres comportementaux. Il faut cepen dant souligner qu’à deux exceptions près, les anorexiques de moins de 13 ans avaient débuté leur maladie immédia tement avant la puberté ou tôt après son début.

Summary

Summary

Our study involved a statistical comparison of two groups of patients with ano rexia nervosa (according to DSM-III criteria) - below the age of 13, above the age of 13 - who were examine at a child and adolescent psychiatry clinic. It showed the following resuits.

1)

1) Anorexia nervosa is not very frequent among children who are less than 13 years of age, in comparison with) adolescents; indeed the younger group comprises 14 patients over a period of 7.5 years, whereas the older group includes 37 patients over a period of 2.5 years.

2)

2) The proportion of boys is higher in the younger group (below 13) since we find 5 boys and 9 girls, boys repre senting 35% of this group; the predominance of girls over boys is more clear at puberty since we have one boy; for 36 girls, with boys representing only 3% of the older group.

3)

3) Growth delays are marked in young anorexic patients. In our series, only boys were affected by it (3). The age of onset was 10 years for the first one and 11.5 for the other 2. Two patients had reached their final height which was normal. The third patient had a height below - 2 SD at age 23. One can question the absence of growth delay in our younger female series. In our opinion, the reason is that our anorexic girls were older than 10 year. of age at the time of onset of the illness. Their growth was then well-advanced and they were likely to have started their puberty. In contrast, those boys with growth arrest were all prepubertal at the time of onset of the anorexia, disorder.

4)

4) The clinical symptomatology is more spectacular in the younger group:

– a premorbid State characterized by eating problems during early childhood;

– a rapid weight loss. Weight is often below 25% of the previous one but thinness is pronounced, as there is little fat tissue before puberty. In the young group, the weight loss is generally between 15 and 20%;

– in 3 cases out of 14, hydration refusal was associated with food refusal; this particulur symptom was not observed in the older group. These last two observations challenge the appropriateness of DSM-III criteria for anorexia nervosa in young children.

5)

5) In contrast, there was no significant difference between the 2 groups regarding:

the frequency of psychiatric disorders among parents and siblings: 17,8% in parents of group I, primarily affective disorders (16%). Eating disorders was the most often diagnosed pathology among our patients’ siblings;

the position of the anorexic patient within the sibling System, the social status of parents, the situation of the parental home;

physical hyperactivity, occurrence of induced vomiting, use of laxatives and Somatic complaints;

prevalence of depression as an associated diagnosis; it is fairly high in both groups since we find 86% with depression in the younger group (12 out of 14) and 60% in the older group (22 cases out of 37);

severity of psychosocial stress;

the level of adjustment and of academic and social functioning during the past year. Among the various adjustment problems observed in many of our anorexic patients, we find social relationship problems as well as cognitive distortions which lead to poor academie achievement in spite of adequate intellectual potential and overinvolvement in scholl work.

6)

6) Our conclusions concerning the outcome of anorexia are incomplete because of a lack of precision in some of the data collected, the relatively brief duration of follow-up (patients front group I generally benefited front a more regular and prolonged follow-up - an average of 4 years - than patients front groupe 2 - average of 2 years) and because of the sampling weaknesses of the younger group.

Weight returned to normal in 78.5% of the cases of group 1 and 54% of the cases of group 2. We noted that it is relatively easy to produce weight gains in anorexic patients.

Eating behavior was adequate in 1 subject of group 1 (64%) and 19 subjects of group 2 (51%).

Appearance or reappearance of menses are observed in 6 girls out of 9 in group 1 (66.6%) and 20 girls out of 36 in group 2 (55.5%).

An evaluation of our subjects mental status (only 12 out of 14 subjects were involved since 2 did not respond to our questions) shows that one female patient presents with chronic anorexia nervosa, involving recurrent episodes of major depression; another female patient had a delusional episode of depression; a third one can be considered as being schizophrenic. Six subjects suffer from chronic anxiety with lack of self-confidence and social phobia for one of them. The last three function adequately in all areas. As we can see, anorexia nervosa is a serious illness with an uncertain prognosis. However, there did not seem to be any difference between the two groups with regard to the evolution of the disease (front a behavioral standpoint). However, we should stress that except for 2 cases, anorexic patients below the age of 13 had been affected by the disorder right before puberty or soon after its beginning.

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Article original
Copyright
Copyright © European Psychiatric Association 1988

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References

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