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Published online by Cambridge University Press: 02 December 2020
While it is generally acknowledged that Montaigne introduced the concept of “honnêteté” into French cultural life, the significance of the phenomenon has not been fully realized, especially as it concerns our understanding of the Essays. It appears that one aspect of the psychological make-up of “l'honneste homme” has been largely neglected by critics: the fact that “l'honneste homme,” like his precursor, Castiglione's Courtier, is by profession a man of arms. Such was the case with Montaigne himself and this factor should be given more weight in order to achieve a better-balanced interpretation of the Essays. The influence of Stoicism, particularly on Montaigne's thinking about death, has probably been exaggerated. In the early essays dealing with the subject, Montaigne evinces concerns typical of the nobility, the military caste of his age. These concerns will remain his for the rest of his life, though they are more apparent in the early essays than in the late ones. The “evolution” of Montaigne's thought may bear just as much, if not more, on changes of perspective as on changes in the essayist's convictions. It appears that the versatility of “l'honneste homme,” the ability of this “universal” man to adapt to circumstances as the need dictates, may be more appropriate than the concept of “evolution” as a characterization of the development of Montaigne's thought in the Essays.
1 Une version modifiée de cet article a fait l'objet d'une communication, le 29 avril 1966, au congrès de la “Midwest Modem Language Association,” Univ. of Iowa, Iowa City.
2 iii, ii, 783c. Sauf indication contraire, les citations des Essais sont empruntées à l'édition Thibaudet-Rat des œuvres complètes de Montaigne, Bibliothèque de la Pléiade (Paris: Gallimard, 1962). Selon l'usage, je distingue par les lettres a et b les apports de 1580 et de 1588, et par la lettre c les additions postérieures à cette dernière date. Pascal, Pensées 34, éd. Brunschvicg (Paris: Gamier, 1957). Il serait aisé de multiplier les citations convergentes dans les ouvrages précités. En ce qui concerne notre sujet, voir notamment dans les Essais “les belles ames, ce sont les ames universelles, ouvertes et prestes à tout” (ii, xvii, 636a); et “les autheurs se communiquent au peuple par quelque marque particulière et estrangere, moy le premier par mon estre universel, comme Michel de Montaigne, non comme grammairien ou poëte ou jurisconsulte” (iii, ii, 782c). (A l'intérieur des citations, c'est toujours moi qui souligne.)
3 Au sujet de l'influence de Montaigne au 17e siècle, et en particulier sur Biaise Pascal, voir notamment Alan M. Boase, The Fortunes of Montaigne (London: Methuen, 1935); Pierre Villey, Montaigne devant la postérité (Paris: Boivin, 1935); Léon Brunschvicg, Descaries et Pascal, lecteurs de Montaigne (New York: Brentano's, 1944); Paul Laumonier, “Montaigne précurseur du XVII siècle,” RHL, m (1896), 204–217; Frank M. Chambers, “Pascal's Montaigne,” PMLA, LXV (1950), 790–804; et Jean Mesnar, “De la ‘diversion’ au ‘divertissement,‘ ” Mémorial du 1“ congrès international desétudes monlaignistes (Bordeaux: Taffard, 1964), pp. 123–128.
4 Sur Montaigne honnête homme, voir Charles Dédéyan, “Deux aspects de Montaigne,” Bibliothèque d'humanisme et renaissance, vi (1945), 313–327; et surtout Pierre Villey, Les Sources et l'évolution des Essais de Montaigne, 2e éd. (Paris: Hachette, 1933), ii, 452–490. Villey a traité le sujet de “l'honnêteté” dans les Essais avec l'autorité qui lui est coutumière, et je ne me propose pas de reprendre son étude. Mais il semble bien pourtant que tout n'a pas été dit.
5 Ouvrage rédigé de 1508 à 1516, et publié en 1528.
6 On sait que le Parfait courtisan est composé sous forme de dialogues, oò l'auteur présente assez souvent des points de vue opposés. Mais certains arguments, tels que le suivant, sont néanmoins des arguments dominants: “Je veulx doncques que ce nostre Courtisan soit nay gentilhomme, et de noble maison. Pour autant qu'il est moins reprochable a ung roturier faillir de faire opperations vertueuses, que a ung noble, lequel s'il se desvoye du chemin de ses predesesseurs, souille le nom de sa race: et non seullement n'acquiert riens, mais perd ce qui estoit ja acquis.” Le Courtisan de messire Baltazar de Castillon [traduit par Jacques Colin], nouvellement reveu et corrige [par Etienne Dolet et Mellin de Saint Gelais] ((Lyons]: François Juste, 1538), i, [14], f° xxii, verso. Sauf indication contraire, toutes les citations du Parfait courtisan sont empruntées à cette édition. Les chiffres arabes entre crochets renvoient aux numéros des paragraphes, en lesquels il est aujourd'hui d'usage de répartir le texte de l'ouvrage. Voir aussi i, [17], f° xxv, verso: “j'estime que la principalle, et vraye profession de Courtisan doibve estre celle des armes, laquelle je veulx qu'il face sur tous vivement, et qu'il soit congneu entre les aultres pour hardy et esprouvé, et loyal a celluy qu'il sert”; et I, [44], f° iv, recto: “… tenant en effect les armes pour sa principalle profession, et pour aornemens d'icelles toutes aultres bonnes conditions.”
7 C'est ainsi que les Essais décrivent Etienne de la Boétie, “le plus grand [homme] que j'aye conneu au vif… et le mieux né … un'ame pleine et qui montroit un beau visage à tout sens” (ii, xvii, 643a).
8 Selon M. Maurice Magendie, on suit Montaigne au 17e siècle, lorsqu'on attache moins d'importance à la naissance, dans les caractérisations de l'honnête homme. Voir La Politesse mondaine et les théories de l'honnêteté, en France au XVII“ siècle de 1600 à 1660 (Paris: Alcan, 192S), i, 388–390. Au sujet de l'influence que Montaigne a exercé sur le concept de ”l'honnêteté,“ pendant cette période, lire au même tome de l'ouvrage précité les pages 335–338 et 386–401.
9 ii, xvii, 640c. On pourrait multiplier les citations. C'est bien entendu ce caractère “bien né” de l'honnête homme, qui explique les reproches qu'on a fait à la pédagogie de Montaigne, de ne pas former la volonté. “Excellente peut-être pour une nature droite, elle laisse le maître désarmé devant une nature rebelle.” Villey, Les Sources, ii, 254.
10 xxv, 139a. Pour éviter l'accumulation des notes “ibid.,” je n'indique les références de ce genre qu'à la suite du dernier passage cité.
11 On se souvient que l'essayiste le décrit “surpassant tantost la somptuosité et pompe Persienne, tantost l'austérité et frugalité Lacedemonienne; autant reformé en Sparte comme voluptueux en Ionie” (i, xxvi, 167a).
12 “1. Exercise, activité, action; 2. Exercise fait en vue d'un apprentissage” (Lexique de l'Édition municipale).
13 1, 291c. Cf. i, 244a: “Plutarque diet d'avantage, que de paroistre si excellent en ces parties moins nécessaires, c'est produire contre soy le tesmoignage d'avoir mal dispencé son loisir et l'estude, qui devoit estre employé à choses plus nécessaires et utiles. De façon que Philippus, Roy de Macédoine, ayant ouy ce grand Alexandre, son fils, chanter en un festin à l'envy des meilleurs musiciens: N'as tu pas honte, luy dict-il, de chanter si bien?” Le parfait courtisan, par contre, doit être bon musicien, savoir lire les partitions musicales, et jouer de divers instruments (i, [47], f° lvii, recto).
14 iii, iii, 798–79%. Il convient de préciser mieux qu'on ne le fait de coutume que dans le texte précité, selon toute apparence, le mot de Socrate se rapporte particulièrement aux limitations que son milieu impose à l'essayiste, et non pas à celles que lui impose la conditon humaine en général.
15 Ibid. Cf. F. de Caillière, Le Traité de la fortune des gens de qualité (1661), p. 210: “Il n'y a que les esprits universels agréables à tout le monde, parce qu'ils ont l'avantage de se transformer sans peine comme des Prothées … de sorte qu'ils semblent nés pour toutes les professions de la vie civile.” Cité par Alan M. Boase, p. 318.
16 II n'y a “chose plus remarcable en Socrates quece que, tout vieil, il trouve le temps de se faire instruire à baller et jouer des instrumens, et le tient pour bien employé.
“Cettuy-cy s'est veu en ecstase, debout, un jour entier et une nuict, en presence de toute l'armée grecque, surpris et ravi par quelque profonde pensée. Il s'est veu, le premier parmy tant de vaillants hommes de l'armée, courir au secours d'Alcibiades accablé des ennemis, le couvrir de son corps et le descharger de la presse à vive force d'armes” (iii xiii, 1089–90 b/c).
17 “Je le trouvay (dict-il) après la route de nostre armée, luy et Lâchez, des derniers entre les fuyans …. Je remerquay premièrement combien il montroit d'avisement et de resolution au pris de Lâchez, et puis la braverie de son marcher, nullement different du sien ordinaire, sa veue ferme et réglée, considérant et jugeant ce qui se passoit autour de luy, regardant tantost les uns, tantost les autres, amis et ennemis, d'une façon qui encourageoit les uns et signifioit aux autres qu'il estoit pour vendre bien cher son sang et sa vie à qui essayeroit de la luy oster” (iii, vi, 8776).
18 iii, xii, 1030–316. Nous avons indiqué (sup., n. 6) la place qu'occupe le métier des armes dans l'état d'honnête homme. Notons aussi que dans une variante manuscrite raturée, de l'Exemplaire de Bordeaux, Montaigne avait écrit au sujet de la Boétie: “Je lisois sous sa robe longue une vigur soldatesque” (ii, xvii, 643c). Voir en outre le passage des Essais oò Montaigne adopterait volontiers pour lui-même la vie de “L. Thorius Balbus, gallant homme, beau, sçavant, sain … mourant enfin en bataille, les armes à la main, pour la defense de son pais” (iii, vii, 875c).
19 II semble que, sous un certain rapport du moins, les termes “honneste homme” et “homme de guerre” soient presque synonymes: “La plus contraire qualité à un honneste homme, c'est la délicatesse et obligation à certaine façon particulière; et elle est particulière si elle n'est ploiable et soupple. Il y a de la honte de laisser à faire par impuissance ou de n'oser ce qu'on voit faire à ses compaignons. Que telles gens gardent leur cuisine. Partout ailleurs il est indecent;mais à un homme de guerre il est vicieux et insupportable, lequel, comme disoit Philopoemen, se doit accoustumer à toute diversité et inégalité de vie” (iii, xiii, 10616).
20 Les Bibliothèques francoises de la Croix du Maine et de Du Verdier (Paris: Saillant et Nyon, 1772), ii, 130.
21 Cité dans The Essays of Michel de Montaigne, traduits et annotés par M. Jacob Zeitlin (New York: Knopf, 1934), i, 300.
22 Œuvres complètes, éditées par Ludovic Lalanne (Paris: J. Renouard, 1869), v, 92–93.
23 Les Essais de Montaigne, étude et analyse (Paris: Mellottée, 1930), p. 111. Il s'agit des essais, “Si le chef d'une place assiégiée doit sortir pour parlementer” (i, v); “L'heure des parlements dangereuse” (i, vi); “Cérémonie de l'entrevue des rois” (l, xiii); “Un trait de quelques ambassadeurs” (l, xvii); “De la bataille de Dreux” (i, xlv).
24 iiii, 226; iii, ix, 9406. A cette occupation, aussi “plaisante” que “noble,” il consacre une page de son essai “De l'expérience” (m, xiii, 1075–766/c), se qualifiant de “soldat volontaire” qui participe aux actions de guerre, selon qu'il le juge opportun. En 1574, il avait rallié l'armée royale du Poitou, réunie pour combattre les Huguenots. En 1580, il avait assisté au siège de La Fère oò son ami, M. de Gramont, avait été tué par un boulet. Les propos de l'essayiste donnent à penser qu'il avait plus d'une fois été témoin de scènes guerrières: “Jay veu assez de gens encourager leurs troupes …” (ii, xxix, 687a); “j'ay veu beaucoup de gens de guerre incommodez du desreiglement de leur ventre” (iii, xiii, 10636); “entre les difiîcultez de la guerre [je] compte ces espaisses poussières dans lesquelles on nous tient enterrez au chault tout le long d'une journée” (iii, xiii, 10846); “il m'est advenu plus d'une fois d'oublier le mot du guet que j'avois trois heures auparavant donné ou reçu d'un autre” (ii, xvii, 634a/e). Dans “De l'exercitation” (ii, vi, 355a), il ne manque pas de noter qu'il ne portait point d'armure, lors de la chute de cheval qui faillit lui coûter la vie. Mais avant d‘être jeté à terre, et de s‘évanouir, il avait dégainé son épée, probablement pour se défendre (ibid., p. 353a). Lorsqu'il reprit ses esprits, “la premiere pensée qui me vint, ce fut que j'avoy une harquebusade en la teste: de vray, en mesme temps, il s'en tiroit plusieurs autour de nous” (ibid., pp. 353–354a).
25 Sur Montaigne et le métier des armes, voir Joseph-Fortuné Revol, Montaigne et l'art militaire (Paris: Chapelot, 1911); A. Armaingaud, “Montaigne et la guerre,” Revue politique et parlementaire (1919), pp. 186–196, 304–315; Jean Plattard, Montaigne et son temps (Paris: Boivin, 1933), pp. 155–160; et Donald M. Frame, Montaigne: A Biography (New York: Harcourt, Brace, 1965), pp. 116–120.
26 Le Hérault de la noblesse de France (Rheims: [sans mention d'éditeur], 1578), f° vi, recto.
27 Les deux livres de la noblesse civile, traduits par le Seigneur de la Guillotière (Paris: Jacques Kervez, 1549), ii, f° lxi, verso: “C'est grand'chose de contenner la mort, et exposer de bonne volonté sa propre vie pour le bien commun.” Edmond Huguet, dans son Dictionnaire de la langue française du seizième siècle, donne au terme “contenement” le sens de “contenance,” “attitude.” Je crois qu'il convient d'y ajouter le sens de l'anglais “contempt,” mot appartenant au français du seizième siècle, et auquel Huguet donne le sens de “mépris” de “dédain.”
On ne trouve pas le verbe “contenner” dans le dictionnaire d'Huguet. Vu son contexte, et en raison de la signification probable de “contenement,” je lui donnerais le sens de “mépriser,” de “dédaigner.”
28 “Alors le seigneur Gaspard. Je pense (dist-il) que la musicque avecques plusieurs aultres vanitez soit aux dames convenable, et peradventure a aulcuns qui ont semblance d'homes, mais non a ceulx qui véritablement sont homes. Lesquelz ne doibvent par délices effeminer leurs couraiges, et par telz moiens les induire a craindre la mort” (i, [47], f° lvii, verso).
29 Édition municipale, I, xx, 110a (texte 88).
30 i, xiv, 56a. J'attache une importance particulière à ce que les deux passages précités se trouvent au cœur des essais “Que le goust des biens et des maux dépend en bonne partie de l'opinion que nous en avons” (i, xiv), et “Que Philosopher c'est apprendre à mourir” (i, xx). On sait que ces deux essais ont beaucoup fait pour attirer sur Montaigne l'étiquette de “stoïcien” ou “d'humaniste stoïcien.” A mon sens, il y a lieu de repenser toute cette question-là à la lumière du rôle qui revenait à l'essaviste dans la société de son temps.
31 i xx, 88a: “Je trouve que j'ay plus affaire à digérer cette resolution de mourir quand je suis en santé, que quand je suis en fièvre. D'autant que je ne tiens plus si fort aux commoditez de la vie, à raison que je commance à en perdre l'usage et le plaisir, j'en voy la mort d'une veuë beaucoup moins effrayée.
32 “Il n'est rien qu'on doive tant recommander à la jeunesse que l'activité et la vigilance. Nostre vie n'est que mouvement” (iii, xiii, 1074J).
33 i xiv, 58a; i, xx, 85a. Je ne doute pas qu'on puisse trouver des “sources” aux passages précités, dans les Lettres à Lucilius, de Sénèque. Mais cela n'infirme nullement mon opinion que Montaigne y exprime un point de vue qui lui est propre. Voir mon article qui doit paraître dans Studies in Philology, “Emendations des emprunts dans le texte des essais dits ‘stoïciens’ de Montaigne”: “Une bonne partie des rapprochements de Villey sont des plus convaincants.
D'autres, bien qu'ils paraissent à première vue également convaincants, le sont en réalité beaucoup moins, à la réflexion. Tel est, par exemple, le ‘raidissons nous et efforçons nous,’ avec lequel Montaigne affronte la mort (i, xx, 85a), et que Villey a rapproché du ‘adhortare te et indura’ de Sénèque (Lettres, iv).
“Même s'il demeure acquis que les paroles de Montaigne sont en effet très proches de celles de Sénèque, cela ne prouve pas pour autant que l'essayiste fait preuve ici de ‘l'impersonnalité’ qui, selon l'auteur des Sources et l'évolution, constitue le dénominateur commun des premiers essais (il, Ch. ii, passim). Ou bien, si les paroles de Montaigne sont en fait ‘impersonnelles,’ nous nous voyons du coup obligés d'admettre que les Essais sont demeurés ‘impersonnels,’ même après 1588. Voir i, xiv, 58: (a) ‘Il se faut opposer et bander contre la douleur. … (c) Come le corps est plus ferme a la charge en le rouissant, aussi est l'ame.’ Voir aussi ‘je porte en moy mes préservatifs, qui sont resolution [fermeté] et souffrance’ (iii, xii, 10256); ‘Si d'autres vous surpassent [à la guerre] en science, en grace, en force, en fortune, vous avez des causes tierces à qui vous en prendre; mais de leur céder en fermeté d'ame, vous n'avez à vous en prendre qu'à vous’ (iii, xiii, 1076J).”
34 “Je suis engagé dans les avenues de la vieillesse, ayant pieça franchy les quarante ans” (n, xvii, 625a).
35 iii, xii, 1022Î/c. (Sénèque, Lettres, xc.) Voir aussi ii, xxxi, 698J. Cf. Gustave Lanson, Les Essais de Montaigne, p. 221: “… il est certain qu'il y a un point par oò l‘épicurien Montaigne rencontre le poète de la volonté héroïque. Chez l'un et chez l'autre nous trouvons la même estime de la volonté, la même idée que l'homme ne vaut que par elle, et que le bien suprême, c'est la conservation, et la vertu suprême, l'exercice de la liberté intérieure. Parlà, il est réel qu'il y a dans les Essais une veine cornélienne; et il se pourrait bien même que Montaigne ait contribué à former chez Corneille la conception originale d'oò sont sortis tant de chefs-d‘œuvres.”
36 Voir iii, v, 818J: “J'avoy besoing en jeunesse de m'avertir et solliciter pour me tenir en office”; et ibid., p. 8216: “Puisque c'est le privilege de l'esprit de se r'avoir de la vieillesse, je luy conseille, autant que je puis, de le faire: qu'il verdisse, qu'il fleurisse cependant, s'il peut, comme le guy sur un arbre mort.” Cf. Le Courtisan, ii, [16], f° xxxi, verso: “Si comme donc en ung jeune homme la jeunesse reposée, et meure est fort louable, par ce qu'il semble que la legierete, qui est vice peculier de ceste eage, soit attrempee, et corrigée: pareillemen [sic] en ung vieillard la vieillesse verde, et vive faict beaucoup a estimer, car [sic] il semble que la vigueur du couraige soit si grande qu'elle reschauffe et donne force a celle eage froide et débile, et la maintienne au moien estât qui est la meilleure partie de nostre vie …”
37 in, ii, 783, 785, 787J.
38 Plus que les blessures et la mort violente, ce sont les douleurs de la maladie et la mort de vieillesse, qu'il affronte maintenant. Il souffre “doucement les loix de nostre condition” (iii, xiii, 1067b).
39 “Pulchrûmque mori sucurrit in armis.” “Vivere, mi Lucilli, militare est.” (iii, xiii, 1076J; Virgile, Enéide, ii, 317; Sénèque, Lettres, xcvi.) Voir i, xxvi, 146c: “je ne dis les autres, sinon pour d'autant plus me dire.”
40 Voir aussi à ce propos mes articles, parus ou à paraître prochainement: “La Pensée de Montaigne sur la mort a-telle évolué?” MLN, LXXX (May 1965), 307–317; “Emendations des emprunts dans le texte des essais dits ‘stoïciens’ de Montaigne” (Studies in Philology); et “ ‘Evolution’ et esthétique dans les Essais de Montaigne” (Philological Quarterly).