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La “Muse et Grace” De Voltaire. (Le Conte De Fées En France Vers 1750)

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Jacqueline de La Harpe*
Affiliation:
University of California

Extract

Non, Muse et Grâce, il faut que vous vous accoutumiez à vous entendre dire naïvement qu'il n'y a rien dans le monde de plus aimable que vous, et qu'on voudrait passer la vie à vous voir et à vous entendre.“ Celle à qui Voltaire adressait1 ce galant badinage est la Charmante Iris des Epîtres xxxv (1732) et L (1736?):

      Charmante Iris, qui sans chercher a plaire
      Savez si bien le secret de charmer . ..

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1939

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References

1 Correspondance (Moland), 29 octobre 1732.

2 Histoire des imaginations extravagantes de M. Oufle (Amsterdam, 1710).

3 Barbier, Voir E. J. F., Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV (Paris, 1849), ii, 135 (avril 1738).Google Scholar

4 de Cléry, Rue, paroisse Saint Eustache. Cette rue nous est connue par les frères Corneille; en 1674, nous y voyons Fontenelle en séjour chez ses oncles.Google Scholar

5 Les renseignements fournis par les contemporains sur les dates de naissance et de mort de Mademoiselle de Lubert ne sont guère précis. Chaudon-Delandine, Nouveau Dictionnaire historique (Lyon, 1804), la fait naître au début du siècle; le Cabinet des Fées (Amsterdam, 1786) vers 1710; d'après le premier, elle serait morte en 1780 plus que sexagénaire, d'après le second avant 1779. L'annotateur (Clogenson) à la lettre de Voltaire ci-dessus citée donne des précisions: Mlle de Lubert est née à Paris le 17 décembre 1702, et est morte “munie des sacrements” le 20 août 1785 à Argentan où sa tombe se voit à l'entrée du cimetière.

6 Belot, Mme, née Octavie Guignard. Restée veuve fort jeune encore, avec seulement soixante livres de rentes, elle se mit—par économie—au lait pour toute nourriture, vendit sa rente pour 1200 livres qu'elle employa à apprendre l'anglais afin de gagner sa vie par le moyen de la traduction. Elle débuta dans la carrière littéraire par des Réflexions d'une provinciale sur le Discours de J.-J. Rousseau touchant l'inégalité des conditions (1756).—Elle mourut en 1805.Google Scholar

7 Tome 33. Lionnette et Coquerico; Glacé et Etincelante; La Princesse Camion.—Peau d'ours et Etoilette figurent au tome 35 de la collection des Voyages imaginaires (Amsterdam, 1789) et sont attribués à Mlle de Lubert par l'éditeur (p. x).

8 Lycée, viii, 22.

9 Comme c'est le cas, par exemple, dans les contes de Mme de Murat et de Mlle de La Force.

10 La composition “en tiroir” en est une preuve irrécusable.

11 Pourtant Mlle de Lubert nous assure que La Princesse Couleur-de-rose—qu'elle qualifie d'ailleurs de “badinage”—lui a coûté plus d'une année.

12 Mme d'Aulnoy.

13 Mlle de La Force.

14 Mlle Lhéritier.

15 Mme d'Auneuil.

16 Le chevalier de Mailly.

17 Contes moins contes que les autres (1698).

18 Ce passage a son écho dans les notices postérieures (voir Michaud, Biographie générale) et jusque dans M. E. Storer, La Mode des Contes de Fées, 1685–1700 (Paris, 1928), p. 193 en note, où l'auteur, à propos de Mlle de Lubert, n'hésite pas à déclarer: “C'est un fort mauvais auteur de Contes de Fées lorsqu'elle se fie à elle-même.”

19 Tome 37, p. 170.

20 Ces citations sont toutes deux tirées de La Princesse Camion. Chaudon fait erreur en les déclarant extraites de Léonille.

21 On trouve, bien entendu, quelques exemples du contraire; ainsi, la phrase suivante: “Mais peut-on se défendre d'un si fâcheux souvenir, quand on n'est pas assuré encore d'un bonheur qu'on souhaite assez pour craindre qu'il ne nous échappe?” (Le Prince Glacé.)

22 Nous lui devons également La Veillée Galante de Mlle de Lubert, un tout petit volume qui met en scène cinq filles de village et leurs “amants”: on passe la veillée à filer et à dire des contes. Les récits sont entrecoupés de chansons et d'airs variés pour lesquels Mlle de Lubert a fait jusqu'à la notation musicale. Il y a là deux vaudevilles—dont l'un sous forme de bergerie—, des airs à chanter (“tendre amour ...”), une musette, un branle; on se retire enfin sur ces paroles:

“Mais l'amour est, à mon avis,
Semblable à ces beautés à qui tout rend les armes;
Plus il est simplement mis,
Et plus on lui trouve de charmes.“

Dans le conte de Blanche-Rose, on trouve également de la musique notée pour le choeur d'un marchand.

23 Ainsi la couleur de rose semble avoir délogé la couleur du temps du siècle précédent:

“Oiseau bleu, couleur du temps,
Vole à moi promptement.“ (Mme d'Aulnoy, L'Oiseau bleu.)

24 “Roi et Reine, leur dit une fée, votre malheur nous a fait pitié. Ne croyez pas que les grandeurs dispensent des maux attachés à la vie humaine; vous devez connaltre par expérience que plus le rang est élevé, et plus on en éprouve de sensibles.”

25 A notre avis, la sévérité du jugement de M. E. Storer, que nous avons rapporté plus haut (en note 18) ne se justifie pas, quelque nombreuses que soient les réserves que nous avons cru devoir faire.

26 Tome 33, p. 7.

27 On se rappelle que les contes de fées étaient proscrits de Saint-Cyr de peur que la morale n'y fût point assez évidente.

28 Lettre du 20 octobre, 1732.

29 xxxiii, 7–8.