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Published online by Cambridge University Press: 02 December 2020
Malgré l'obscurité voulue, “ce poème troublant et mystérieux” (qui parut d'abord dans La Plume du ler-15 aoÛt 1903) n'est pas sans nous livrer des clefs à son interprétation. Dans l'étude qui suit nous essaierons d'apprendre ce Larron d'Apollinaire dans son propre réseau lexique, thématique et psychologique qui retient son identité. Nous tâcherons de le saisir en flagrant délit pour connaître le motif et le but de son crime. Aux fruits qu'il vole nous connaîtrons le voleur qui, par son i dentité même, justifiera son crime.
Note 1 in page 325 Toutes les indications de page renvoient, sauf avis contraire, à l‘édition de la Pléiade des Œuvres poétiques d'Apollinaire (Paris, 1956). Copyright Gallimard. “Le Larron” reproduit avec la gracieuse permission de l‘éditeur.
Note 2 in page 325 Notes de la Pléiade, p. 1048.
Note 3 in page 326 “Alcools et le Symbolisme,” La Revue des Lettres Modernes, Nos. 85–89 (1963), pp. 5–40.
Note 4 in page 326 Guillaume Apollinaire: Alcools, i (Paris: SDDS, 1956).
Note 5 in page 326 Les trois doivent dater d'à peu près la même époque, peut-être bien “fin de siècle.” Ils se ressemblent déjà par la forme, ce quatrain alexandrin à rimes croisées qu'affectionnait le jeune Apollinaire.
Note 6 in page 326 Marcel Adéma, Apollinaire le mal-aimé (Paris: Pion, 1952), p. 7.
Note 7 in page 326 On s'étonne de l'admission ouverte de cette douleur dans un article de critique d'art par Apollinaire qui écrit: “On ne peut pas transporter partout avec soi le cadavre de son père. On l'abandonne en compagnie des autres morts. Et, l'on s'en souvient, on le regrette, on en parle avec admiration. Et, si l'on devient père, il ne faut pas s'attendre à ce qu'un de nos enfants veuille se doubler pour la vie de notre cadavre. Mais, nos pieds ne se détachent qu'en vain du sol qui contient les morts.” (Cité d'après Adéma, p. 99.)
Note 8 in page 327 “Le Roi-Lune,” Le Poète assassiné (Paris: Gallimard, 1947), p. 128.
Note 9 in page 327 Giovanni Moroni, p. 142.
Note 10 in page 327 “Le Retour” s'appellera “La Dame” dans Alcools (p. 127). Il est ébauché dans “La Clef” (p. 557).
Note 11 in page 328 “Parmi les oiseaux et les lunes/Qui hantent le dessous des mers / … Le noyé cherche la chanson / Où s'était formé son jeune âge, / Ecoute en vain les coquillages / Et les fait choir au sombre fond. (”Haute Mer,“ Gravitations.) Est-ce que ce poème de Supervielle orphelin n'est pas très proche du ”jardin marin“ d'Apollinaire?
Note 12 in page 328 V. ma “Blanche Neige” dans FR, avril 1966.
Note 13 in page 328 V. encore “1 tout petit oiseau qui n'a pas de queue” dans “Eventail des saveurs” (p. 298). M. Décaudin verrait là un signe d'amour plutôt que d'une insuffisance. (Lettre du critique à l'auteur.)
Note 14 in page 328 Notamment Jean-Paul Weber, Genèse de l'œuvre poétique (Paris: Gallimard, 1960), pp. 459–463.
Note 15 in page 329 M. Carmody a trouvé ici, comme moi, ce qu'il appelle un “word cluster.” Il signale dans son étude (The Evolution of Apollinaire's Poetics: 1901–1914, Berkeley: Univ. of California Press, 1963), p. 11, l'évolution qui va de pendre (“Palais”: “Pendez vos têtes aux patères”) à couper. (Il cite le soleil cou coupé de “Zone.”)
Note 16 in page 329 “Le Palais” figure avec “Le Larron” dans le Vers et Prose de 1912.
Note 17 in page 330 Saint Genet comédien et martyr (Paris: Gallimard, 1952), p. 16.
Note 18 in page 330 Dans “A travers l'Europe” (1914) on lit encore: “Je me mis à pleurer en me souvenant de vos enfances” et “Sur la robe ont chu des pétales / Deux anneaux d'or près des sandales / Au soleil se sont allumés.” Le hareng saur qui ronge la ronde maison de l'enfance n'est donc plus pour Apollinaire le simple divertissement spirituel qu'il était une fois pour Charles Cros.
Note 19 in page 331 La liste des pseudonymes d'Apollinaire est singulièrement impressionnante. “Qui es-tu, demande Michel Butor, Wilhelm ou Guillaume? D'où viens-tu?” (“Monument de rien pour Apollinaire,” NRF, no. 147, mars 1965). “Qui es-tu donc?” demande l'acteur du Larron.
Note 20 in page 331 Chapitre d'un roman projeté par Apollinaire avec des amis.
Note 21 in page 331 “Compliments” que faisait au poète Georges Duhamel au moment de la parution d'Alcools. On devrait d'ailleurs se demander pourquoi Apollinaire, qui n'était point juif, chante tant d'Israélites sympathiques dans ses œuvres. Ne seraientce pas tous des Jules Weil, pères-nourriciers?
Note 22 in page 332 The Letters of John Keats, éd. Buxton Forman (London: Oxford Univ. Press, 1942), p 228.
Note 23 in page 332 C'est ce qu'Apollinaire précise pour Madeleine. V. Tendre comme le souvenir (Paris: Gallimard, 1952), p. 24. N'oublions pas que dans “Le Larron” il y a “cette furtive ardeur des serpents qui s'entr'aiment”! Voilà ce qui semble une simple allusion erotique et qui renvoie tout de même à des choses plus profondes et plus lointaines.