Published online by Cambridge University Press: 02 December 2020
Il existe une tradition theologique—peu connue aujourd'hui—d'après laquelle la lune est un des symboles de l'Eglise Catholique. Nous nous proposons de faire appel à cette tradition pour expliquer certains textes du XVIe siècle qui sont restés généralement obscurs ou qui le sont devenus, car il est probable que les allusions qui s'y trouvent étaient facilement comprises des contemporains.
1 Migne, Patr. Lat., ccxix, Col. 674.
2 Ibid., xxxiii, Col. 209.
3 Ibid., xxxvi, Col. 132.
4 Ibid., xxxvi, Col. 908.
5 Ibid., ccx, Col. 259.
6 Apkorismi hieroglyphici, ed. per Henricum Schvaalenberg, sed. ed. [Leipzig?](1606), p. 268.
7 Appeles Symbolicus (Amstelaedami & Gedani, 1699), p. 121.
8 Theodori Bezae Vezelii Poemata varia [Geneva] (1597), p. 259.—C'est Mr. J. Hutton qui a bien voulu attirer mon attention sur les emblemata de Th. de Bèze.
9 Cf. Marcel Françon, “Marot au Châtelet,” M.L.N., lv (1940), 1–8.
10 Cf. M. Chassaigne, Et. Dolet (Paris, 1930).
11 Henry Morley, Clement Marot and other studies (London, 1871), i, iv. Les litres que des éditeurs modernes ont donnés à certaines pièces de Marot sont sujets à caution. Même après l'édition des oeuvres de Marot par Guiffrey et Plattard, on attend encore une édition critique satisfaisante.
12 Ibid., pp. 174–175.
13 O. Douen, Clêment Marot et le psautier huguenot (Paris, 1878), p. 65, n. 2.
14 Oeuvres complètes de Melin de Soinct-Gelays, éd. revue, annotée & publ. p. P. Blanchemain (Paris, 1873), i, 73.
15 Ibid., pp. 75–76, n. 21.
16 Ibid., pp. 73–74, n. 1.
17 Bonaventure des Périers, Le Cymbalum Mundi, p.p. F. Frank (Paris, 1873), p. 114, n. of the P. 45.
18 Ibid., p. 115, n. of the P. 47.—Sur Bonaventure des Périers, cf. A. Lefranc, ‘Rabelais et les Estienne. Le Procès du Cymbalum de Bonaventure Des Périers,’ Revue du seizième siècle, xv (1928), 356.—L. Febvre, ‘Une histoire obscure. La publication du Cymbalum Mundi.’ id., xvii (1930), 1.—Dans les Modern Language Notes, lix (1944), i, je lis la mention: L. Febvre, Origène et Des Périers ou l'énigme du Cymbalum Mundi (1942).—Quand N. Bourbon écrit à Marguerite enceinte. ‘Ce n'est pas Lucine, c'est Christ qui te secourra,’ ne fait-il pas allusion à l'Eglise Catholique en même temps qu‘ à la déesse qui présidait aux accouchements? (H. Hauser, Etudes sur la Réforme française [Paris, 1909], p. 34).—Cf. N. Borbonii Nugarum libri octo (Basileae, 1540), p. 73. Non Lucina ferat, sed tibi Christus, opem.
19 J.-P.-Abel Jeandet, Pontus de Tyard (Paris, 1860), p. 91—Comme Chariteo, Maurice Scève donna à l'héroine de sa Délie l'un des noms de la lune. Cf. J. Vianey, Le pétrarquisme en France au XVIe siècle (Montpellier, 1909), pp. 59–60. Ronsard, comme Pontus de Tyard, emploie le nom Pasithée, et se sert, au sujet de cette héroine, de comparaisons astronomiques. Cf. H. Vaganay, ‘Quatre noms propres dans la littérature. Délie, Philothée, Ophélie, Pasithée,‘ Revue de Littéralure comparée, xv (1935), 279–288.
20 J. Roy-Chevrier, Chalon métallique (Chalon-sur-Saône, 1919), dans les Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône, 2e série, t. viii (t. xvi de la collection), pp. 41–42.—B. Guégan (Oeuvres poétiques de Maurice Scève [Paris, 1927], p. lxxii, n. 1) se demande si, dans sa devise Pontus me sequitur, Tyard fait allusion à la Délie de Maurice Scève.
21 A. Hulubei, L'églogue en France au XVIe siècle (Paris, 1938), pp. 467–572 —D'après Dreux du Radier (Mémoires historiques … des reines et régentes de France [Amsterdam, 1776], iv, 473–474), les satiristes avaient prétendu que le cardinal de Lorraine avait avec Diane de Poitiers ‘des liaisons qui allaient au delà au delà de l'amitié.’ (Cf. H. Noel Williams, The brood of false Lorraine [London, s.d.], i, 79–80.—G. Guiffrey, Lettres inédites de Diane de Poytiers [Paris, 1886]).
22 Claudii Roiletti Beluensis varia poemata (Paris, 1556), f. 127 vo.
23 Ibid., f. 130. Cf. les armes et la devise de Charles de Lorraine: Te stante, virebo: Cadente, peribo (F. Charbonnier, La poésie française et les guerres de religion [Paris, 1920], p. 179).
24 Sur le ‘signum triciput,‘ cf. E. Panofsky, Hercules am Scheidewege (Leipzig-Berlin, 1930), pp. 1–35.
25 Œuvres de François Rabelais, ed. A. Lefranc (Paris, 1922), iv, 345.—Cf. ibid., n. 9 and ibid., v, 244 (iii, 32) et v, 233 (iii, 30): ‘Voyez comment la lune ne prent lumiere ne de Mercure ne de Mars […]; elle n'en reçoit que du soleil, son mary.’ Cette comparaison est empruntée à Plutarque: Préceptes matrimoniaux (cf. Œuvres de Rabelais, ed. A. L., t. v, p. 244, n. 6).—On peut se demander si le ‘maistre Jehan Lunel, docteur en théologie,’ dont parle Rabelais dans l'édition de Pantagruel par Fr. Juste, à Lyon, en 1533, ne désigne pas l'Eglise. Il n'est pas prouvé que le nom de Lunel n'était pas une simple invention et qu'il appartenait à un personnage ecclésiastique, car, s'il existe bien un prélat de ce nom, la démonstration de Léon Dorez n'est pas absolument convaincante (Cf. Revue des Bibliothèques, direct. E. Chatelain et L. Dorez, 15° année [Paris, 1905], pp. 1–42).
26 Op. cit., i, 288–289.—D'autres exemples montrent que la lune peut designer un élément de stupidité ou d'humeur fantasque. Ainsi Gringore, dans Le jeu du Prince des Sotz et de Mere Sotte donne à un prelat le nom de Seigneur de la lune:
Un personnage s'adresse à ses collègues en ces termes:
Il semble que les évangélistes se moquaient des catholiques en faisant allusion aux chapeaux dont les catholiques couvraient leurs oreilles d'âne:
J. P. Camus s'est aussi servi de ce Symbole de la lune (ou, ici, de diane) pour désigner l'Eglise Catholique: ‘to have Di na for his hire, that is, to be maintained at the expense of the Daughter of Jacob and Sion the Church’ (A True Tragical History of two Illustrious Italian Families couched under the Names of Alcimus and Vannoza, written in French by J. P. Bishop of Belley … [London, 1677], p. 2).—C'est Diana, n'est-il pas vrai, qu'il faut lire sous la désignation Di · na. La seule edition française que nous ayons pu consulter est celle-ci: Alcime par. J.-P. Camus (Paris: librairie religieuse de Pouget-Coulon, 1858); mais, à la p. 16 de cette édition, le passage qui se rapporte à Di-na est simplement omis, sans signe indiquant que le texte original a été tronqué.—Camus, disciple fidèle de St. François de Sales, semble se comparer à la lune et le saint au soleil (Cf. A. M. Boase, The fortunes of Montaigne [London, 1935], p. 145); et Victor Hugo disait: ‘les religions, lunes de Dieu’ (Cf. A. Viatte, Victor Hugo et les illuminés de son temps [Montreal, 1942], p. 160).—La lune a ainsi servi de symbole avec des significations très variées; mais il est remarquable que c'est un symbole qu'on emploie surtout quand il s'agit de personnages d'Eglise ou de questions religieuses.
27 Libre à A. Thérive de parier des ‘ineptes bouquins de M. Romain Rolland’ (Du siécle romantique [Paris, 1927], p. 185).