Published online by Cambridge University Press: 16 August 2021
Le formalisme platonicien a survécu tant bien que mal jusqu'au XIXe siècle. L'échafaudage des Idées, dominé par le bouquet flétri du Beau, du Bien et du Vrai, s'écroula alors sous les coups des philosophes qui l'avaient miné depuis deux siècles. La cangue du platonisme cesse de peser sur les épaules du spiritualisme occidental. Du relativisme à l'existentialisme, en passant par Bergson, la tentation d'un absolu et d'un éternel stériles s'efface et le temps n'apparaît plus, selon le mot de Bergson, comme la petite monnaie de l'éternité. Le temps n'est plus la faiblesse de l'homme par rapport à Dieu. Dieu étant mort, le temps représente la dignité de l'homme par rapport aux choses. L'existentialisme chrétien lui-même considère Dieu moins comme éternel que comme présent.
1 Alcools, 21.e éd. (Paris: NRF, 1941), pp. 54-57. M. Roger Shattuck met justement en relief cette recherche de l'individualité authentique dans son introduction au choix d‘œuvres d'Apollinaire qu'il a publié récemment. Il ne développe pas toutefois les considérations temporelles qui se dégagent de “Cortège” et du “Brasier” et leurs incidences sur la technique. Il considère de plus la recherche du plus pur soi-même comme constante chez Apollinaire, ce qui rend peu compréhensible l‘évolution de ce dernier.
2 Préludant au fameux “Je est un autre” et l'expliquant, cette critique se trouve dans la première des deux “lettres du voyant.” Cf. Lettres de la vie littéraire d'Arthur Rimbaud (Paris: NRF, 1931), p. 54.
3 Cf. Jules Laforgue, Œuvres complètes (Paris: Mercure de France, 1921), II, 58.