Published online by Cambridge University Press: 05 February 2009
Pour situer théologiquement le problème qui va nous occuper ici, je débuterai par une incursion dans le domaine de l'histoire ecclésiastique. Parmi les nombreux points de divergence qui opposèrent au XVIe siècle Kaspar von Schwenkfeld aux luthériens, l'un d'eux touchait à la manière dont Dieu intervient. Schwenkfeld prétendait que 1'Écriture Sainte ne sait rien des moyens (en allemand Mittel) et parle uniquement du Christ et de sa grâace qu'il distribue librement en Esprit. Les luthériens ripostèrent dans le deuxième épitome de la Formule de Concorde (1580): ‘Reiicimus etiam damnamusque Enthusiastarum errorem, qui fingunt Deum immediate [en allemand, ohne Mittel], absque verbi Dei auditu et sine sacramentorum usu, homines ad se trahere, illuminare, iustificare et salvare.’
page 23 note 1 1489–1561.
page 23 note 2 33 Predigten, III, 49 ss., cité dans Die Bekenntnisschriften der evangelisch-lutherischen Kirche, herausgegeben im Gedenkjahr der Augsburgischen Konfession 1930, 3e éd. (Göttingen, 1956), p. 1097 n. 3.Google Scholar
page 23 note 3 Ibid. p. 779.
page 23 note 4 Conzelmann, H., Die Mitte der Zeit. Studien zur Theologie des Lukas, 5e éd. (Tübingen, 1964) (1ère éd., 1954);Google Scholarvan Unnik, W. C., ‘Luke-Acts, a Storm Center in Contemporary Scholarship’, in Studies in Luke-Acts. Essays presented in Honor of Paul Schubert, éd. Keck, L. E. et Martyn, J. L. (Nashville–New York, 1966), pp. 15–32; U. Wilckens, ‘Interpreting Luke-Acts in a Period of Existentialist Theology’Google Scholar, in ibid. pp. 60–83; Kümmel, W. G., ‘Luc en accusation dans la théologie contemporaine’, in L'Evangile de Luc. Problèmes littéraires et théologiques. Mémorial Lucien Cerfaux, éd. Neirynck, F. (Gembloux, 1973), pp. 93–109.Google Scholar
page 23 note 5 Flender, H., Heil und Geschichte in der Theologie des Lukas, 2e éd. (München, 1968).Google Scholar
page 23 note 6 Gal. iii. 19 s.; I Tim. ii. 5; Héb. viii. 6; ix. 15; xii. 24. Le verbe μεσιτεωω apparaît en Héb vi. 17.
page 24 note 1 CfNiel, H., De la médiation dans la philosophie de Hegel (Paris, 1945), en particulier les pp. 70 ss. qui citent les textes principaux.Google Scholar
page 24 note 2 Cf., pour ne citer qu'un auteur, d'Épinay, Ch. Lalive, Pénétration culturelle et presse religieuse, Sondeos No. 80 (Cuernavaca, Mexico, 1971), p. 0/10.Google Scholar
page 25 note 1 CfSchneider, J., ‘Zur Analyse des lukanischen Reiseberichtes’, in Synoptische Studien. Festschrift Alfred Wikenhauser (München, 1953), pp. 207–29;Google ScholarReicke, B., ‘Instruction and discussion in the travel narrative’, in Studia Evangelica 1, TU 73 (Berlin, 1959), pp. 206–16; P. von der Osten-Sacken, ‘Zur Christologie des lukanischen Reiseberichts’, Ev.Th. XXXIII (1973), 476–96.Google Scholar
page 25 note 2 Cf. II Rois i.
page 25 note 3 Le logion Lc xii. 49 qu'il faut comprendre au sens figuré ne contredit pas notre thèse. Sur Lc ix. 52–6, cf. E. Lohse, ‘Missionarisches Handeln Jesu nach dem Evangelium des Lukas’, Th.Z x (1954), 1–13; J. Goettmann, ‘Le feu du ciel sur la terre’, Bible et Vie chrétienne XXXIII (1960), p. 60 (article d'édification, sans grand intérêt); P. von der Osten-Sacken, art. cit. pp. 484 s. (Luc dissocie la montée à Jérusalem et l'établissement en force du royaume de Dieu).
page 25 note 4 Cf., à propos de Lc x, D. Gill, ‘Observations on the Lucan travel narrative and some related passages’, H.Th.R. 63 (1970), pp. 204–5.
page 25 note 5 versets, Sur ces, cfMinear, P. S., ‘A note on Lk. xxii. 35f.’, N.T. vii (1964), 128–34, qui critique I'Interprétation de H. Conzelmann et estime que le ⋯λλ⋯ ν⋯ν (v. 36) vise la passion de Jésus et non le temps de l'Église.Google Scholar
page 26 note 1 d'Esaïe, Le targum, édité par Stenning, J. F. (The Targum of Isaiah (Oxford, 1949), pp. 8–11) n'offre cependant pas une interprétation messianique de la colline suprême. Il insiste sur le temple.Google Scholar
page 26 note 2 ‘Damit gewinnt der Faktor der Übermittlung, die Kirche, gesteigerte Eigenbedeutung’, note H. Conzelmann, op. cit. p. 193. Plus loin, l'auteur de Die Mitte der Zeit souligne le rôle d'intermédiaire que jouent les hommes (op. cit. p. 201) et il utilise le terme de Medium à propos de l'Église (op. cit. p. 210).
page 27 note 1 Cf. H. Flender, op. cit. pp. 69–83.
page 27 note 2 Et encore le fait-il en recourant à des interprétations philosophiques et poétiques.
page 27 note 3 Cf. Ac. viii. 8, 40; xvi. 11 s., 14, 20.
page 27 note 4 Cf. Ac. ii. 46; x. 22; xvi. 15; xx. 20.
page 27 note 5 Il en va peut-être de même pour Jésus dont Luc nous dit en Lc iv. 16 qu'il entra dans la synagogue ‘selon son habitude’.
page 27 note 6 Jervell, J. (‘Das gespaltene Israel und die Heidenvölker. Zur Motivierung der Heidenmission in der Apostelgeschichte’, St. Th. XIX (1965), 89) note également ce phénomène, mais il en tire une autre conclusion: Paul attire les païens via Israël; la mission aux paï;ens implique et non pas exclut celle aux Juifs. L'article est repris en anglais dans le recueil cité plus bas à la n. 3 de la p. 37.Google Scholar
page 28 note 1 CfDupont, J., ‘Aequitas Romana. Notes sur Actes xxv. 16’, Rech.S.R. XLIX (1961), 354–85, repris, avec quelques notes complémentaires, in É;tudes sur les Actes des apôtres (Paris, 1967), pp. 527–52.Google Scholar
page 28 note 2 Cfvan Unnik, W. C., ‘Der Ausdruck ἔως ⋯σχ⋯του τ⋯ς γ⋯ς(Apg i. 8) und sein alttestamentlicher Hintergrund’, dans: Stadia Biblica et Semitica Theodora Christiano Vriezen ab amicis, collegis, discipulis dedicata (Wageningen, 1966), pp. 335–49.Google Scholar
page 28 note 3 Dom Dupont estime à juste titre que les mots “jusqu’aux extrémités de la terre' ont une portée théologique autant que géographique. CfDupont, J., ‘Le salut des Gentils et la signification théologique du livre des Actes’, N.T.S. VI (1959–1960), 140 s., repris in Études sur les Actes des apôtres (Paris, 1967), pp. 402 s.Google ScholarSur ces mots, Stanley, D. M., ‘Paul's Conversion in Acts: Why the Three Accounts?’ C.B.Q xv (1953), 318 n. 13, repris in The Apostolic Church in the New Testament (Westminster, 1966).Google Scholar
page 28 note 4 Rengstorf, K. H. (‘Die Zuwahl des Matthias (Apg i. 15 ff.)’, St.Th. xv (1962), 64–5) note que dans le temps qui sépara Pâques de Pentecôte les hommes ont eu selon Luc le devoir d'agir, puisque Dieu n'y intervenait plus ou pas encore.Google ScholarEn fait, cette responsabilité et cette activité humaines s'étendent au-delà de Pentecôte jusqu'à la parousie, comme l'entrevoit du reste Rengstorf, K. H.. Käsemann, E., ‘Amt und Gemeinde im Neuen Testament’, in Exegetische Versuche und Besinnungen, 1, 2e éd. (Göttingen, 1960), p. 112, dit à propos de Paul qu'il ramène les Schwärmer sur la terre en insistant sur la fonctionnalité des charismes plutôt que sur leur caractère surnaturel. Une même intention sous-tend le projet théologique de Luc.Google Scholar
page 29 note 1 Sur le Christ médiateur, cf., outre les excursus dans les commentaires à l'épître aux Galates et à la première à Timothée, Hegermann, H., Die Vorstellung vom Schöpfungsmittler im hellenistischen Judentum und Urchristentum (Berlin, 1961) etGoogle ScholarVanhoye, A., ‘La notion de médiation et son dépassement dans le Nouveau Testament’, Studia Missionalia XXI (1972), 245–64. Si le livre de Hegermann insiste sur la participation du Christ à la création dans le christianisme hellénistique, particulièrement dans Col. et chez Paul, l'article du P. Vanhoye souligne l'œuvre rédemptrice de Jésus-Christ telle que Paul, Jean et l'auteur de l'épître aux Hébreux la conçoivent.Google Scholar
page 29 note 2 Contre Franzmann, M. H., ‘The Word of the Lord grew. The historical character of the New Testament Word’, Concordia Theological Monthly xxx (1959), 564–5, qui insiste sur l'activité persévérante du Christ élevé.Google Scholar
page 29 note 3 Il est le représentant de Dieu (Lc ix. 48); il annonce la parole de Dieu (Lc v. 1); il pardonne à la place de Dieu (Lc v. 17–26).
page 29 note 4 Cf. H. Flender, op. cit. pp. 43–55.
page 29 note 5 CfSchneider, G., ‘Lk i. 34, 35 als redaktionnelle Einheit’, B.Z. xv (1971), 255–9, qui estime que Luc ajoute les vv. 34–7 à un récit traditionnel formé des vv. 26–33 et 38, récit qui s'appuyait luimême sur un christologoumenon ancien d'origine judéo-hellénistique.Google Scholar
page 29 note 6 CfLaurentin, R., Structure et Théologie de Luc i–ii (Paris, 1957).Google Scholar
page 30 note 1 Cf. les textes recueillis par Potin, J., La fête juive de la Pentecôte, 2 vol. (Paris, 1971). La théologie juive était aussi consciente de l'insuffisance du Temple à recevoir la présence de Dieu, comme l'atteste l'un des textes étudies par le P. P. Grelot, ‘Deux Tosephtas targoumiques inédites sur Isaïe lxvi (Planches xlv–xlvi)’, R.B. LXXIX (1972), 511–43.Google Scholar
page 30 note 2 CfKlein, G., Die Zwölf Apostel. Ursprung und Gehalt einer Idee (Göttingen, 1961), p. 159.Google ScholarDans un article plus récent, Lundgren, S. (‘Ananias and the Calling of Paul in Acts’, St.Th. xxv (1971), 117–22) rejette à partir d'Ac. ix. 26 s. l'importance rédactionnelle que G. Klein attribue à la médiation d'Ananias. Ananias doit seulement baptiser et guérir Paul ainsi qu'authentifier la révélation faite directement par le Seigneur à Paul. L'auteur nous semble négliger les mots κα⋯ λαληθ⋯σετα⋯ σοι ὅ τ⋯ σε δεῑ ποιεῑν (Ac. ix. 6) et κα⋯ πλησθῇς πνε⋯ματος ⋯γ⋯ου (Ac. ix. 17).Google Scholar
page 30 note 3 Seules affirmations explicites, le texte long de Lc xxii. 19–20 et Ac. xx. 28. Cf. F. Bovon, ‘Le salut dans les écrits de Luc. Essai’ R.Th.Ph. 3e série XXIII (1973), 298–301.
page 31 note 1 Lc xix. 38b paraît contredire notre interprétation de Lc ii. 14. Mais comme l'a montré P. von der Osten-Sacken, art. cit. pp. 489 s., ce verset, à cet endroit, doit empêcher une interprétation «terrestre’ de la royauté du Christ. Cf. l'analyse proposée au vingt-huitième congràs de la SNTS à Southampton (1973) par J. H. Davies, ‘The acclamation in Luke xix. 38’ (à paraître).
page 31 note 2 CfComblin, J., ‘La paix dans la théologie de saint Luc’, Eph.Th.L. XXXII (1956), 439–60, qui montre que pour Luc la paix entre les nations importe autant que la paix entre les hommes et Dieu.Google Scholar
page 31 note 3 Schulz, S., ‘Gottes Vorsehung bei Lukas’, Z.N.W. LIV (1963), 104–16.Google Scholar
page 31 note 4 Haenchen, E., Die Apostelgeschichte, neu übersetzi und erklärt, 12e éd. (3e éd. par l'auteur) (Göttingen, 1959), P 308.Google Scholar
page 31 note 5 Cf. Justin, Dialogue avec Tryphon, 8.
page 31 note 6 πρ⋯γνωσις, Ac. ii. 23; προορ⋯ʓω, Ac. iv. 28.
page 31 note 7 βουλ⋯, Ac. ii. 23; iv. 28; xiii. 36; xx. 27.
page 31 note 8 Cf. Lc viii. 39; Ac. ii. 22; xiv. 27; xv. 4, 12; xvii. 24; xix. 11; xxi. 19. Cette activité divine est exprimée quelquefois par un verbe au passif accompagné de ὐπ⋯ suivi d'une désignation de Dieu ou de l'un de ses agents: cf. Lc x. 22; Ac. x. 33, 41; xvi. 6; xxvi. 6.
page 32 note 1 ῥ⋯μα, Lc i. 37 s.; ii. 15, 29; iii. 2; Ac. x. 37.
page 32 note 2 ⋯πισκοπ⋯, Lc xix. 44; ⋯πισκ⋯πτομαι, Lc i. 68, 78; vii. 16; Ac. xv. 14.
page 32 note 3 Sur le thème des Actes comme confirmation de l'Évangile, on lira l'important article van Unnik, de W. C., ‘ “The Book of Acts”, the Confirmation of the Gospel’, N.T. IV (1960), 26–59.Google Scholar
page 32 note 4 Cf. I'interprétation des termes πνε⋯mu;α et σοφ⋯α comme activité de Dieu en l'homme, donnée par Glombitza, O., ‘Zur Charakterisierung des Stephanus in Act vi and vii’, Z.N.W. LIII (1962), 238–44. Établir, comme le fait l'auteur, un lien entre la sagesse d'Eacute;tienne et la volonté de Dieu exprimée dans la Tora ne nous paraît pas correspondre aux préoccupations de Luc.Google Scholar
page 32 note 5 CfWilson, S. G., The Gentiles and the Gentile Mission in Luke–Acts (Cambridge, 1973).CrossRefGoogle Scholar
page 32 note 6 Dans son article, ‘The casting of lots at Qumran and in the Book of Acts’, N.T. III (1960), 245–52, W. A Beardslee suppose que Luc a transformé en un véritable tirage au sort (Ac. i. 15–26) ce qui n'était dans la tradition qu'une expression métaphorique. Luc aurait agi ainsi, en raison de son amour des interventions divines visibles. J'ajouterais: certes visible, l'intervention de Dieu est ici encore indirecte.
page 32 note 7 Cf. Lc xviii. 27.
page 32 note 8 Ac. i. 16; iii. 18, 21; iv. 25; xxviii. 25.
page 32 note 9 Cf. Ac. ii. 22; x. 36.
page 32 note 10 Cf. Lc i. 70; Ac. ii. 22; vii. 25; x. 36; xv. 7, 12; xviii. 9; xix. 11; xxi. 19.
page 32 note 11 Cf. Lc vii. 16–17.
page 33 note 1 Cf. Legum Allegoriae 1, 21–30, 36–8.
page 33 note 2 καρδíα, Lc.i 51; ii. 19, 51; vi. 45; viii. 12, 15; x. 27; xii. 34; xvi, 15; xxiv. 25; Ac. ii. 37; v. 3; viii. 21.
page 33 note 3 Cf. Lc ii. 35 (les débats du cœur seront déVoiles); Lc v. 22 (Jésus connaît les débats du cœeur); vi. 8; ix. 47.
page 33 note 4 Cf. ⋯⋯ν μ⋯ τις ⋯δηγ⋯σει με, Ac. viii. 31.
page 33 note 5 Sur cette béatitude cf. J. Dupont, Les Béatitudes 1, Bruges–Louvain, 19582, pp. 257 ss., qui estime que Luc ne l'a pas omise intentionnellement. Il se fonde surtout sur les mots ‘ceux qui ont le cœur pur’, qui en effet n'avaient rien pour déplaire à Luc. A la n. 5 de la p. 258, il ajoute que le thème de la vision de Dieu ne devait pas davantage effrayer le troisième Évangéliste. Il se réfère aux nombreuses visions décrites dans l'œuvre de Luc et à l'apparition de Dieu à Abraham, signalée en Ac. vii. 2. Pour notre part, nous croyons au contraire que Luc était hostile à l'idée de la vision de Dieu par les croyants.
page 34 note 1 Lemaire, A. (Les ministères aux origines de l'Église. Naissance de la triple hiérarchie évêques, presbytres, diacres (Paris, 1971), p. 70) a attiré l'attention sur 1'expression d'Ac. xxi. 11 par laquelle le prophète Agabus introduit son oracle: ‘Ainsi parle l'Esprit Saint.’ Cette formule ressemble au début des oracles de l'Ancien Testament, mais – pouvons-nous ajouter – à la différence des prophétes vétérotestamentaires, Luc n'ose pas affirmer l'immédiateté du locuteur divin en écrivant: ‘Ainsi parle le Seigneur Dieu.’ Cf. Ac. xiii. 2.Google Scholar
page 34 note 2 Cf. Ac. xx. 17–21. Sur ce texte, cf. l'article de O. Betz dont l'attention se porte sur d'autres aspects. Cf. Betz, O., ‘Die Vision des Paulus im Tempel von Jerusalem’, in Verborum Veritas. Festschrift für Gustav Stählin (Wuppertal, 1970), pp. 113–23.Google Scholar
page 34 note 3 Cf. G. Klein, op. cit. pp. 158 s.
page 35 note 1 Easton, B. S. (Early Christianity, the Purpose of Acts and Other Papers (London, 1955), p. 62) note que les Douze apôtres, done l'autorité de Jérusalem, remplissent une fonction médiatrice à l'égard des autres prédicateurs, de Paul en particulier. Ces derniers tiennent leur message et leur autorité des Douze et non directement du Seigneur.Google Scholar Certains travaux récents vont dans une autre direction. Ils estiment que Luc part de l'expérience immédiate du Saint-Esprit faite de son temps dans les Églises pour remonter à Jésus et à son message. L'intérêt de Luc pour les effusions charismatiques de l'Esprit aux origines de l'Église serait un indice de cette méthode catéchétique de Luc. Cf. J. Borremans, ‘L'Esprit Saint dans la catéchàse évangélique de Luc. Leçon pour l'annonce de Jésus-Christ dans un monde sécularisé’, Lumen Vitae xxv (1970), 103–22; Lebeau, P., ‘Renouveau charismatique, nouvelle Pentecôte’, Choisir XIV (1973), no. 166, pp. 22–6.Google Scholar
page 35 note 2 Cf. Philon, De decalogo, 46–7. Le Midrash sur la Parole de Dieu qui précède le Décalogue (Ex. xx. 1–17) dans plusieurs recensions du Targum insiste aussi sur la visibilité de la Parole de Dieu. Cf. J. Potin, op. cit. 1, 74, 81 ss., 259 ss.
page 36 note 1 A juste titre, H. Schürmann remarque que Luc distingue nettement l' ⋯ρχ⋯ de l'Eacute;glise de l'époque post-apostolique. L'époque post-apostolique ne connaît la parole de Dieu que par l'intermédiaire de la paradosis apostolique, par la médiation done des premiers témoins. Cette distinction, lourde de conséquences, est aux yeux de l'exégète allemand l'oelig;uvre d'un théologien éminent. Cf. H. Schürmann, ‘Das Testament des Paulus für die Kirche, Apg. xx. 18–35’, dans: Unio Christianorum. Festschrift für Erzbischof Lorenz Jaeger (Paderborn, 1962), pp. 108–46, repris dans: Traditionsgeschichtliche Untersuchungen zu den synoptischen Evangelien. Beiträge (Düsseldorf, 1968), pp. 310–40. Le passage en question se trouve aux pp. 322 ss. du recueil.
page 36 note 2 CfDuquoc, Ch., Christologie. Essai dogmatique, I, L'homme Jésus (Paris, 1972), p. 256.Google Scholar
page 36 note 3 Dibelius, M., Die Formgeschichte des Evangeliums, dritte, durchgesehene Auflage mit einem Nachtrag von G. Iber, hrsg. von G. Bornkamm (Tübingen, 1959), p. 202. Dans son essai, G. Voss insiste lui aussi sur le caractère exemplaire du Christ lucanien.Google ScholarCfVoss, G., Die Christologie der lukanischen Schriften in Grundzügen (Bruges, 1965), pp. 111—26 et 171.Google Scholar
page 37 note 1 Ph. H. Menoud et N. Brox ont noté tous deux que chez Luc les témoins sont situés entre la révélation et l'Église contemporaine. Menoud, H., [Jésus et ses témoins. Remarques sur l'unité‘ de l'œuvre de Luc’, Eglise et Théologie XXIII (1960), 15;Google ScholarBrox, N., Zeuge und Märtyrer. Untersuchungen zur frühchristlichen Terminologie (München, 1961), p. 58.Google Scholar
page 37 note 2 Ces precédés ont été étudiés récemment par Plümacher, E., Lukas als hellenistischer Schriftsteller. Studien zur Apostelgeschichte (Göttingen, 1972); et parGoogle Scholarvan Unnik, W. C., 'Éléments artistiques dans l'évangile de Luc’, dans: L'Évangile de Luc. Problèmes littéraires et théologiques. Mémorial Lucien Cerfaux, éd. Neirynck, F. (Gembloux, 1973), pp. 129–40.Google Scholar
page 37 note 3 A la suite d'une exégèse de Lc iv. 25–7 parfois contestable, L. C. Crockett conclut à bon droit que pour Luc le dessein de Dieu ne se limite pas à la conversion des païens, mais vise la réconciliation dans l'Église des païens et des Juifs. Cf. L. C. Crockett, ‘Luke iv. 25–27 and the Jewish-Gentile relations in Luke–Acts’, J.B.L. LXXXVIII (1969), 177–83. Nous ne pouvons admettre ni la position de J. C. O'Neill selon lequel Luc a opté pour Rome en décrochant définitivement l'Église du judaïsme, ni celle inverse de J. Jervell qui judaïse excessivement Luc au point d'en sous-estimer l'ouverture de l'Évangile aux païens. CfO'Neill, J. C., The Theology of Acts in its Historical Setting (London, 1961). La seconde édition de 1970, que nous n'avons pas sous la main, ne paraît pas modifier cette position, si l'on se réfère au compte-rendu de H. Conzelmann dans la Th.L.Z. XCVI (1971), col. 584 s.: etGoogle ScholarJervell, J., Luke and the People of God. A New Look at Luke–Acts (Minneapolis, 1972). Il s'agit d'un recueil qui contient divers articles déjà publicés et plusieurs inédits.Google Scholar
page 37 note 4 Cf. Ac. xxii. 25–9 et xxiii. 6.
page 37 note 5 Dans un article récent, F. V. Filson interprète le voyage de Jérusalem à Rome comme une mise en question de l'hégémonie de Jérusalem. Jérusalem reste cependant un centre important pour les Chrétiens, mais elle a perdu sa primauté. Le centre de gravité se déplace vers Rome en raison de l'endurcissement des chefs juifs. CfFilson, F. V., ‘The Journey-Motif in Luk–Acts’, dans: Apostolic History and the Gospel. Biblical and Historical Essays Presented to F. F. Bruce (Exeter, 1970), pp. 68–77.Google Scholar
page 38 note 1 Peut-on aller encore plus loin et appliquer à la théologie de Luc ce que H. Niel dit de la philosophic de Hegel? ‘Selon le mot de Hegel elle est la médiation de la contradiction dans laquelle l'homme se débat, pris entre la nécessité d'affirmer l'absolu en tant que tel et la nécessité d'enserrer cette affirmation dans les cadres de la finitude.’ H. Niel, op. cit. p. 67.