Article contents
Circonstances de composition de la seconde epitre aux Corinthiens
Published online by Cambridge University Press: 05 February 2009
Summary
On s'accorde en général pour penser que Paul a envoyé au moins quatre lettres aux Corinthiens. Avant l'envoi de celle figure qui dans le Nouveau Testament sous le nom de ‘premiére’, Paul en adressa une autre, à laquelle il fait allusion en 1 Co 5.9–11: pouréviter les confusions de numérotation, on peut l'appeler Lettre A. Les Corinthiens ont d'ailleurs répondu à cette lettre, par une missive que Paul mentionne en 1 Co 7.1. Envoyée ensuite, certainement après la réception par Paul de la réponse que les Corinthiens lui ont adressée, existe notre première lettre canonique que l'on peut appeler Lettre B. Cependant, entre la première épître canonique et la seconde, il convient d'en intercaler une autre, qui serait donc au moins la troisième (Lettre C), dont il est fait mention en 2 Co 2.3–9 et 7.8–12. La façon dont Paul en parle la fait communément nommer ‘Lettre dans les larmes’. Quant à la deuxième épître canonique, il convient alors de la situer chronologiquement en quatriréme position, et de l'appeler lettre D.
- Type
- Articles
- Information
- Copyright
- Copyright © Cambridge University Press 1997
References
1 Sauf par quelques auteurs aux positions très critiques. Voir par exemple le commentairede Ch. Senft, , La première épître de saint Paul aux Corinthiens (Neuchâtel/Paris: Delachaux et Niestlé, 1979)Google Scholar, qui distingue quatre lettres à l'intérieur de 1 Co. Au contraire, le récent commentaire de Fee, G. D., The First Epistle to the Corinthians (Grand Rapids: Eerdmans, 1987).Google Scholar Historiquement, e'est le commentaire Weiss, de J., Der erste Korintherbrief (MKNT; Göttingen, 9e éd. 1910)Google Scholar, qui proposa le premier système cohérent subdivisant 1 Corinthiens en trois lettres différentes. Pour notre part, nous faisons volontiers nôtre l'opinion de Boer, de M.C., ‘The Composition of 1 Corinthians’, NTS 40 (1994) 229–45CrossRefGoogle Scholar, qui distingue en 1 Co deux phases de rédaction, mais qui pense que les deux parties ont étéexpédiées dans le même envoi: d'abord les chapitres 1–4, rédigés suite aux informations reçues par les gens de Chloé (1 Co 1.11); ensuite les chapitres 5–16, que Paul rédigea lorsqu'il reçut la lettre que les Corinthiens lui écrivirent (1 Co 7.1), portée à Ephése par Stéphanas, Fortunatus et Achaïcusqui lui apportèrent en même temps d'autres nouvelles.
2 Par exemple, le récit des déplacements de Paul et de ses compagnons s'interrompt en 2 Co 2.13, pour reprendre en 2 Co 7.5. Peut-on penser que les réflexions sur le ministère qui s'intercalent au milieu de ce récit ont constitué un développment indépendant? C'est l'opinion Bornkamm, de G., ‘Die Vorgeschichte des sogennanten Zweiten Korintherbriefes’, Gesammelte Aufsätze IV (BEvT; Munich: Kaiser, 1971) 162–94.Google Scholar Avec la majorité des commentateurs, nous pensons que 2 Co 2.14–7.4 constitue plutôt une longue parenthèse par laquelle Paul inter-rompit lui-même son récit, pratique dont il était coutumier.
3 Certains excellents connaisseurs de Paul soutiennent cependant l'hypothèse que ces deux chapitres forment une unité qu'il convient de respecter. Voir par exemple J. Murphy-O'Connor dans la recension qu'il fait du livre Betz, de H. D., 2 Corinthians 8 and 9. A Commentary of Two Administrative Letters of the Apostle Paul (Philadelphia: Fortress, 1985)Google Scholar dans RB 95 (1988) 456.Google Scholar
4 2 Co 2.5–7.
5 2 Co 11.5, 22–3.
6 Ce caractère composite ne fait cependant pas l'unanimité. L'une des dernières études parues à ce sujet plaide en faveur de l'unité de l'épître: Bieringer, R., Lambrecht, J., Studies on 2 Corinthians (Leuven: Peeters, 1994) 131–79.Google Scholar
7 Le démon est nommé ‘Beéliar’ en 2 Co 6.15. Béliar ou Bélial existait à Qumrân comme nom de la puissance du mal en 1QS X.21; CD IV.13; 1QM XV.3 etc. Pour les autres écrits du judaïsme ancien, citons Jubilés 1.20; XV.33; Testament de Ruben IV.ll; Testament de Siméon V.3 etc. Parmi les exégètes qui voient en 2 Co 6.14–7.1 la lettre précanonique, citons: Hurd, J. C., The Origin of I Corinthians (New York: Seabury, 1965)Google ScholarSchmithals, et W., Die Gnosis in Korinth (Göttingen, 1966).Google Scholar D'autres auteurs considèrent que le passage en question n'est pas paulinien, voire que con contenu s'oppose à la pensée de l'apôtre. Gunther, Ainsi J., St. Paul's Opponents and Their Background: A Study of Apocalyptic and Jewish Sectarian Teachings (NovTSup; Leyde: Brill, 1973).Google Scholar
8 Cette opinion a été pour la première fois émise par Hausrath, A., Der Vier-Capitel-Brief des Paulus an die Korinther (Heidelberg: Bassermann, 1870).Google Scholar Elle a été maintes fois reprise depuis.
9 Ac 20.31.
10 Un autre passage de la seconde épître aux Corinthiens est parfois allégué à l'appui de cette prétendue visite intérimaire. Il s'agit de 2 Co 2.1, où Paul écrit: ‘Je ne retournerai pas chez vous dans la tristesse.’ Rien dans le texte n'oblige cependant à le comprendre comme si Paul avait déjà séjourné chez les Corinthiens ‘dans la tristesse’. Au contraire, se trouvant dans la tristesse lorsqu'il rédige 2 Co 2.1, l'apôtre préfere ne pas retourner maintenant à Corinthe pour ne pas ternir le bon souvenir qu'il a conservé de la visite d'évangélisation.
11 Ac 20.2.
12 Ac 20.3.
13 Une présentation critique des différentes hypothèses élaborées jusqu'ici sur les circonstances de composition de l'épître, notamment la question de l'existence ou non d'unevisite intermédiaire entre la rédaction de la première épître canonique et celle de la seconde, se trouve dans le récent commentaire Thrall, de M., The Second Epistle to the Corinthians 1 (ICC; Edinbourg: T. … T. Clark, 1994) 49–74.Google Scholar
14 2 Co 1.1.
15 Ce qui n'exclut pas des emplois occasionnels de la première personne du singulier, le ‘je’ intervenant dans des formules principalement rhétoriques: ‘J'en suis témoin’ (2 Co 8.3); ‘Je nele dis pas comme un ordre’ (2 Co 8.8); ‘C'est un avis que je donne’ (2 Co 8. 10); ‘Tite, mon compagnon et mon collaborateur auprès de vous’ (2 Co 8.23).
16 2 Co 9.4,11.
17 Barrett, C. K., The Second Epistle to the Corinthians (Black's N.T. Commentaries; Londres, 1973);Google ScholarFurnish, V. P., II Corinthians (The Anchor Bible; New York: Doubleday, 1984).Google Scholar
18 Visite dont le récit existe en Ac 18.1–18.
19 1 Co 16.1–4.
20 2 Co 2.12–13.
21 De 2 Co 1–8, il faut sans doute soustraire le corps étranger constitué par 2 Co 6.14–7.1, difficile à intégrer aux développements qui l'entourent.
22 2 Co 8.22–4.
23 On notera également l'hypothèse intéressante proposée par le commentaire Martin, de R. P., 2 Corinthians (WBC; Waco: Word Books, 1986)Google Scholar, à savoir que 2 Co 9 serait un billet envoyé peu après 2 Co 8 non pas à l'Eglise de Corinthe mais aux autres Eglises d'Achaïe. En 2 Co 9.2, Paul écrit en effet que c'est l'Achaïe (et non pas Corinthe seule) qu'il veut donner en exemple aux Macédoniens. Contre cette hypothèse, on peut cependant faire remarquer que le pronom de la seconde personne du pluriel employé en 2 Co 9.1 est peu conciliable avec un élargissement des destinataires par rapport à 2 Co 8. Voir la critique de l'opinion de Martinpar Thrall, Second Epistle to the Corinthians, 42 n. 284.
24 Rm 15.25–6.
25 1 Co 16.4.
26 Ac 20.2–3. La valeur historique des Actes des Apôtres mérite toujours d'être critiquée: l'auteur construit des scènes ou en aménage l'ordonnance en fonction de son projet d'historienet de théologien. Lorsqu'il se contente cependant de donner une indication chronologique ou d'indiquer un itinéraire dont il ne tire aucun parti rédactionnel particulier, il n'y pas de raison de suspecter l'exactitude historique de son témoignage.
27 2 Co 13.2.
28 Ac 20.4–6.
29 Sopatros fils de Pyrrhus, de Bérée, n'est pas nommé ailleurs dans le Nouveau Testament; le texte occidental des Actes des Apôtres change son nom en Sosipatros, l'identifiant ainsi au personnage nommé en Rm 16.21. Aristarque est un Macédonian de Thessalonique; son nom est mentionné en Ac 19.29; 20.4; 27.2; Col 4.10; Phm 24. Secundus est inconnu par ailleurs. Un problème textuel se pose également pour Gaïus, présenté par les manuscrits alexandrins comme originaire de Derbé (derbaios) en Lycaonie; le texte occidental le qualifie au contraire de douberios, c'est-à-dire soit originaire de la ville de Doubéros en Macédoine, soit de la tribudes Dobères; il n'est sans doute pas possible de l'identifier avec le Gaïus de Corinthe (1 Co 1.14) chez qui Paul résidait lorsqu'il écrivit l'épître aux Romains (Rm 16.23); mais est-ce le même que le Gaïus nommé en Ac 19.29? Timothée, originaire de Lystres, est universellement connu. Tychique et Trophim sont des Asiates (plus précisément des Ephésiens selon le texte occidental des Actes); le premier est aussi nommé en Ep 6.21–2; Col 4.7–8; 2 Tm 4.12; Tt 3.12; et le second, en Ac 21.29 et 2 Tm 4.20. Deux au moins de ces sept noms figurent dans la listedes gens qui se trouvent auprès de Paul lorsque celui-ci rédige l'épître aux Romains (Rm 16.21-–3). Qu'ils aient quitté Corinthe en même temps que lui n'a rien d'invraisemblable.
30 Selon J. Murphy-O'Connor, c'est à Corinthe même que ce travail éditorial aurait été accompli, la collection rassemblée comprenant l'épître aux Romains, les deux épîtres canoniques aux Corinthiens et l'épître aux Galates. Murphy-O'Connor, J., Paul et l'art épistolaire (Paris: Cerf, 1994) 183–4.Google Scholar Quant à l'hypothèse que la seconde épître aux Corinthiens, tout en étant composite, regroupe des billets successifs dans leur ordre chronologique de composition, elle est actuellement défendue par de nombreux auteurs. Voir par exemple Légasse, S., Paul apôtre (Paris: Cerf, 1991) 179–84Google Scholar; Thrall, , Second Epistle to the Corinthians, 74–7Google Scholar. L'apport original de la présente étude porte simplement sur le fait que 2 Co 10–13 aurait été rédigé après le séjour en Grèce mentionné en Ac 20.2, communément appelé ‘visite de la collecte’, qui constituerait alors la seconde visite de Paul à Corinthe.
- 1
- Cited by