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Le signe de la mangeoire et des langes

Published online by Cambridge University Press:  05 February 2009

Jacques Winandy
Affiliation:
N.D. d'Hurtebise, 6870 Saint-Hubert, Belgium

Extract

On ne trouvera pas dans les pages qui vont suivre une analyse détaillée du récit de Luc, ni un essai de reconstitution des étapes supposées de sa rédaction. Il nous suffira, dans cet ordre d'idées, de noter que le message adressé aux bergers, comme, du reste, les apparitions angéliques elles-mêmes, relèvent incontestablement d'un procédé littéraire hérité de l'Ancien Testament. Il s'agit, en somme, d'une mise en scène dramatique destinée à sou-ligner l'origine divine d'une intuition, d'une perception des choses qui, dans le cas présent, va âtre au coeur du récit et lui donnera tout son sens. Il n'y a pas lieu de la prendre à la lettre, ni, par conséquent, de se demander si et comment les bergers ont pu entrevoir quelque chose de la signification attribuée par l'ange à la mangeoire et aux langes.

Type
Short Studies
Copyright
Copyright © Cambridge University Press 1997

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References

1 Où, cependant, le messager céleste - l'ange de Yahvè — se confond, dans les textes anciens, avec Yahvè lui-même. Voir Gn 16.7–13; 21.17–19; 22.11–12, 15ss; 31.11, 13; Ex 3.2ss; Nb 22.22–35; Jg 2.1–4; 6.11ss; 13.3ss.

2 Ces observations n'entament en rien, faut-il le dire, l'historicité foncière du récit, ni sa vraisemblance. Les nouvelles se propagent vite, dans un village, et la naissance, à Bethléem, d'un descendant de David ne pouvait pas ne pas y éveiller une curiosité teintée d'espérance.

3 On la trouvait déjà dans Lm 4.20 (LXX) et dans les Psaumes de Salomon 17.32, mais en raison, soit d'une erreur de lecture, le des manuscrits ayant été lu κυριоς au lieu de κυριоυ, soit d'une correction d'origine chrétienne inspirée par le texte de Luc. On peut toutefois se demander, à propos de cette seconde explication, si ce n'est pas plutôt Luc qui leur a emprunté cette appellation, dans laquelle il aurait vu une expression heureuse de l'enseignement qu'il voulait donner.

4 A Textual Commentary on the Greek New Testament (United Bible Societies, 1975) 132.Google Scholar

5 II apparaît pour la première fois dans la 26e édition de Nestle–Aland (1979). Son omission dans les éditions antérieures est d'autant plus difficile à justifier que le nombre et la qualité des témoins cités en sa faveur ne laissent place à aucune hésitation.

6 L'interprétation selon laquelle il s'agirait d'un signe auquel on reconnaitra l'enfant est celle qui se présente spontanément à l'esprit. Elle paraît bien impliquée dans la traduction donnée par la Bible de Jérusalem (édition 1973): ‘Et ceci vous servira de signe’; traduction adoptée par la Synopse de L. Deiss (Bruges: Desclée De Brouwer, 1975). Voir aussi Die Gute Nachricht … in heutigem Deutsch (Stuttgart: Deutsche Bibelgesellschaft, 1982)Google Scholar: ‘Geht und seht selbst: Er liegt in Windeln gewickelt in einer Futterkrippe – daran könnt ihr ihn er-kennen’.

7 Sous un revêtement littéraire différent, le mot a le même sens de confirmation dans Gn 9.12 ss; 17.11; Jg 6.17; 1 S 14.10; 1 R 13.3; Ps 86.17; Is 7.14; 19.20; Jr 44.29.

8 Le sens qu'il faut donner ici à ϕτνη, celui de ‘mangeoire’ ou de ‘crèche’, est indubitable. Si, en effet, Luc avait voulu, aux versets 7 et 12, parler d'une étable, il aurait employé l'article: , comme il dit, dans le premier cas: , ‘dans la chambre d'accueil’. S'il le fait au verset 16, c'est qu'alors il s'agit d'une mangeoire bien déterminée, celle dont il vient d'être question.

9 Evangile selon S. Luc (EBib; Paris: Gabalda, 1921) 75.Google Scholar

10 Das Evangelium nach Lukas (Berlin, 1963)Google Scholar, cité par Legrand, L., ‘L'Evangile aux bergers’, RB 75 (1968) 169.Google Scholar

11 Lecture de l'Evangile de Luc (Tournai: Desclée, 1982) 39.Google Scholar

12 Dans, Mélanges Dominique Barthélemy (OBO 38; 1981) 609.Google Scholar

13 Etudes sur l'œeuvre de Luc (Sources Bibliques; Paris: Gabalda, 1978) 47.Google Scholar

14 L'Evangile selon S. Luc, 1–9 (Lausanne: Labor et Fides, 1991) 125.Google Scholar

15 ‘L'Evangile aux bergers’ (ci-dessus, note 10) 172. On pourrait encore citer ici R. Laurentin, qui dans son étude pourtant si fouillée Structure et Théologie de Luc 1–2 (EBib; Paris: Gabalda, 1957)Google Scholar ne fait qu'une brève allusion à la mangeoire (p. 106), et n'y voit pas autre chose qu'un des nombreux indices de l'obscurité dont Dieu a voulu entourer l'enfance de son Fils.

16 ‘Reflections on the Sign of the Manger’, CBQ 29 (1967) 87101.Google Scholar

17 ‘The Meaning of the Manger: the Significance of the Shepherds’, Worship 50 (1976) 528–38.Google Scholar

18 XIV. Tertia autem die nativitatis Domini egressa est Maria de spelunca et ingressa est stabulum et posuit puerum in praesepio et bos et asinus adoraverunt eum. Tunc adimpletum est quod dictum est per Isaiam prophetam dicentem: ‘Cognovit bos possessorem suum et asinus praesepe domini sui’ (Edit. Ch. Michel, dans la coll. Hemmer-Lejay, Paris: A. Picard, 1911, I, 104).Google Scholar

19 Texte traduit d'après le grec de la Septante, puisque c'est vraisemblablement à cette version que Luc aurait pensé, si l'on suppose qu'il a fait lui-même le rapprochement en cause.

20 ‘Reflections on the Sign of the Manger’, 100.

21 L'Evangile de Luc (Roma: Pont. Universita Gregorianà, 1985) 94.Google Scholar

22 ‘The Meaning of the Manger’, 534; voir aussi 537. Dans le même sens, V. Fusco: ‘Ormai non pesa più l'ira di Dio su un popolo peccatore, pieno di iniquità (Is 1,4), incapace di riconoscere il suo Signore (Is 1,3); con la riconciliazione apportata dal Cristo Salvatore (Lc 2,11.13s), i pastori, depositari del messagio gioioso rivolto a tutto il popolo, riconoscono nel fanciullo della mangiatoia il loro Signore e Salvatore (cf. vv. 15–20)’ (Il messagio e il segno. Riflessioni esetiche sul racconto lucano della natività, dans Parola e Spirito. Studi in onore di S. Cipriani 1 (Brescia: Paideia, 1982) 325–6.Google Scholar

23 Les points de contact ne manquent pas, on le sait, entre Luc et Jean. Ils portent à croire que le premier a connu au moins quelque chose de la tradition johannique; tradition dont on ne peut nier qu'elle tire son origine des dires d'un témoin oculaire, le disciple bien-aimé.

24 ‘L'Evangile aux bergers’ (ci-dessus, note 10) 172.

25 Etudes sur les Evangiles synoptiques (Louvain, 1985) 1.130.Google Scholar Le P. Dupont a bien voulu me confier qu'il avait maintenant abandonné cette interprétation.

26 De carne Christi, 5.1: ‘Qu'y a-t-il de plus indigne d'un Dieu et dont il doive plus rougir? Est-ce de naître ou de mourir? … D'être couché dans une crèche, ou déposé dans un tombeau?’ (trad. J. P. Mahé, SC 216, 227).

27 ‘St Luke's Genesis’, JTS NS 7 (1957) 28, n. 1.Google Scholar

28 ‘The Manger at Bethlehem: Light on St Luke's Technique from Contemporary Jewish Religious Law’, in Studio. Evangelica (TU 112) 8694; of. 90–2.Google Scholar

29 L'Evangile selon saint Luc. Analyse rhétorique (Paris: Cerf, 1988) 36.Google Scholar

30 Voir l'art. ‘Crèche’ du Dictionnaire encyclopé'dique de la Bible (Turnhout: Brepols, 1987) 315.Google Scholar Cet article attribue cependant une portée qu'il n'a pas au mot luteum appliqué à la crèche par S. Jérôme (Analeeta Maredsolana 3,2,393). Tel qu'il figure dans son contexte, ce mot ne peut guère avoir gardé son sens premier de ‘fait de boue’ ou ‘d'argile’. II a plutôt celui, figuré de ‘pauvre’, ‘misérable’.

31 Voir l'art. Tombe, 2. Forme', dumême dictionnaire, 1272.

32 On n'oubliera pas, cependant, qu'en Lc 24.12 – verset dont l'authenticité lucanienne est largement admise aujourd'hui –, il est question, non plus de ινδών, mais d'θνα, comme chez Jean 19.40; 20.6–7. Ce mot, avec son pluriel et son sens précis de ‘petits linges’, offre un parallélisme encore plus net avec les langes.

33 ‘Il avait été emmailloté, et le voilà qui, ressuscité, se débarrasse (littéalement: ‘se désemmaillote’) de ce qui avait servi à son ensevelissement’ (Oratio XXIX, 19: PG 36.100). Voir aussi Romanos le Mélode (6e siècle), Hymnes, 4.40.1 (SC 128.383).

34 ‘La notice de Lc 2,19 sur l'attitude de Marie, aussi bien que celle du v. 51, nous apparaît ainsi comme ayant une fonction littéaire précise: signifier au lecteur que la portée des événements qui lui sont racontés sera manifestée par la suite du récit’ (J. Dupont, Etudes sur les Evangiles synoptiques, 1.109).