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Entr'aide et Piete : Les associations urbaines au moyen âge

Published online by Cambridge University Press:  22 September 2017

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Un grand sujet, qui, presque entièrement neuf sous l'angle où il a été pris, est traité avec beaucoup de pénétration et de science ; en outre, accompagnant et soutenant l'exposé, un copieux recueil de textes, toujours instructifs, souvent savoureux : le dernier ouvrage de M. Georges Espinas tient pleinement ce que nous sommes habitués à attendre de ce maître des études urbaines médiévales. Certes, le morceau est gros ; plus de onze cents pages, sans compter les pièces justificatives. Un peu comme François Simiand — malgré tant de contrastes de formation et d'esprit — et pour des raisons, en somme, analogues, M. Espinas a l'ellipse en horreur. Son intransigeante probité intellectuelle n'admet pas qu'aucune assertion puisse se produire sans avoir été d'abord éprouvée sous toutes ses faces, précisée dans toutes ses implications, amenée enfin, à coup de retouches verbales successives, le plus près possible de la fuyante vérité.

Type
Questions de Faits et de Méthode
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1944

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References

page 100 note 1. Les origines de l'association : I. Les origines du droit d'association dans les villes de l'Artois et de la Flandre française jusqu'au début du XVIe siècle. Lille, Raoust, 1942 ; 2 vol. in-8°, XXXVIe 1165 et 551 p. (Bibliothèque de la Société d'histoire du droit des pays flamands, picards et wallons, XIV et XV.)

page 100 note 2. Je groupe ici, comme d'habitude, quelques observations sur des points particuliers. Pas d'index au t. I (Histoire) : au t. II (Documents), seulement un index des noms de lieux. Dans un ouvrage aussi ample, c'est rendre la recherche souvent bien difficile. Et un glossaire des noms de métiers et de quelques termes techniques eût été singulièrement utile : même les médiévistes les mieux exercés interpréteront-ils toujours sans peine un langage où abondent les formes et les significations de caractère purement local ? — Au t. I, un assez grand nombre de références non datées ; M. Espinas, qui a, de l'évolution, un sens si aigu, ne m'accordera-t-il pas qu'un texte ne devrait jamais se présenter sans cet élément essentiel de, sa fiche signalétique ? — Les documents n08 34 et 38, rituel et formule de reconnaissance de tenure (par la confrérie de N.-D. des Ardents, envers Saint-Vaast d'Arras), ne iont awumourément pas des actes « d'hommage ». Gardons à ce terme son sens technique, qui est aussi un sens humainement très plein. Je n'aime pas beaucoup, non plus, l'expression de société par « actions », appliquée aux sociétés de meuniers, même avec parts négociables (p. 697) ; qu'on le veuille ou non, le mot évoque invinciblement, à nos esprits, l'idée de la responsabilité limitée. Il ne paraît guère exact de dire que le mot « d'honneur » — dans l'expression « l'honneur de la ville » — comporte nécessairement une implication guerrière (t. I, p. 518 et 528). C'est pour « le honeur des marcheans » que la Hanse marchande de Saint-Omer déclare se fonder (t. I, p. 314). — Notons par contre, à propos de ces problèmes de terminologie, les développements fort instructifs que M. Espinas consacre au mot « ouvrier ». Il serait extrêmement intéressant de rechercher à partir de quelle date ce terme s'est restreint aux salariés ; l'évolution no semble même pas avoir commencé avant la fin du XVe siècle ; mais, aujourd'hui, même le petit artisan, qui, patron, travaille de ses mains, n'en parlera pas moins de « son » ouvrier.

page 101 note 1. Je ne mentionne ici que pour mémoire ce dernier type d'association M. Espinas n'en parle point, sans doute parce que son terrain d'étude ne l'y engageait pas. On sait l'ampleur que prit le « parti » dans les villes italiennes. Mais il se rencontre ailleurs aussi, sous des formes moins rigides : par exemple, è Bordeaux.

page 102 note 1. T. II, n° 226.

page 102 note 2. Voir Thomas, P., Textes historiques sur Lille et le Nord, t. II, p. 285 Google Scholar ; cf p. 218. M. Espinas ne semble pas avoir fait le rapprochement avec la lettre du bailli de Lille (t. II, p. 405, ligne 31).

page 102 note 3. La curieuse confrérie de « li jone home à marier de le ville de Lens » (t. I, p. 939 et suivantes) répond à un type de groupement par classes d'âges, souvent étudié par les folkloristes et, avec des arêtes « institutionnelles » généralement moins précises, très répandu dans beaucoup de nos rampagnes

page 103 note 1. T. II, p. 138, n° 73.

page 103 note 2. T. II, p. 124, n° 68. A Lille, dans la saietterie, d'organisation tardive, métier et confrérie ont des administrations séparées (t. I, p. 799 et suiv.). Le fait, dans le Nord, est trés exceptionnel ; ailleurs, peut-être moins.

page 104 note 1. Sur ces guildes, voir dans les Mélanges d'histoire sociale, t. II, 1942, l'article de M. E. Coornaert, Des confréries carolingiennes aux gildes marchandes. Les guildes anglo-saxonnes sont, je crois, à mettre à part ; institutions d'entr'aide souvent étrangères au commerce, elles répondent à l'organisation d'une société à la fois peu « vassalisée » et où le mouvement des prix n'avait pas pénétré. Par ailleurs, M. Espinas (t. H, p. 319) semble penser que les tguildes marchandes, originairement, avaient compris des artisans. Est-ca certain ?

page 104 note 2. Comme, d'ailleurs, les communes elles-mêmes. La ville n'est pas née dans une atmosphère de conformisme religieux.

page 104 note 3. Ajoutons que ces franches lippées ne furent pas nécessairement éclipsées, plus tard, par les dévotions. Elles continuèrent de tenir une grande place dans la vie de beaucoup de confréries. Cf., par exemple, sur les marchands de vins d'Arras, les textes cités t. I. p. 140. On traitait d'affaires au banquet en même temps qu'on y faisait « somptueuse dépense » et qu'on s'y donnait le plaisir de « mélodyes », exécutées par des ménestrels.

page 104 note 4. La charité Saint-Nicolas de Saint Orner était expressément une caritas mercatorum (t. I, p. 239). Le cas de celle de Béthune est moins net. Mais, puisqu'on connaît par les actes les noms d'un certain nombre de ses dignitaires, il eut été intéressant de rechercher s'ils appartenaient au milieu des grands marchands.

page 104 note 5. Des Marez allait jusqu'à placer les « débuts » des charités arrageoises au Xe siècle. C'est une hypothèse dépourvue de toute preuve. D'autre part, c'est à tort, je crois, que M. Espinas range, parmi les premières manifestations du mouvement des confréries, les fraternités de prières entre monastères attestées à Saint-Bertin dès le IXe siècle. Il s'agit d'une institution purement monastique ; on ne voit aucune raison pour qu'elle se soit jamais étendue aux milieux laïques.

page 105 note 1. Je pense au texte, si plein d'enseignements, que M. R. Marquant a publié dans son livre sur La vie économique de Lille nous Philippe-le-Bon, p. just. n° 15.

page 105 note 2. M. Espinas indique aussi, comme cause du développement des associations, la dissolution progressive de la famille de type patriarcale. L'hypothèse est intéressante. Ne se heurte-t-elle pas à l'extraordinaire persistance des « faides » familiales, dans les Pays-Bas de la fin du moyen âge ?

page 106 note 1. Introduction à l'histoire de la pratique religieuse en France, t. I (M. Le Bras renvoie à son cours, malheureusement inédit, sur les confréries).

page 106 note 2. T. II, n° 211 ; cf. les autres bans lillois. n08 184, 187, 217.

page 106 note 3. Ici encore, les textes ne craignent pas d'avouer la même dualité de motifs, qui a déjà été signalée plus haut : « désirans le bien et exaucement du dit mestier de caudrelier, ensamble la décoration du Saint Sacrement et procession de la dite ville ». disent, par exemple, en 1497, les échevins de Lille (t. II, p. 485).