Published online by Cambridge University Press: 06 February 2009
Tous les efforts qui se sont poursuivis depuis le début de ce siècle pour tenter de simplifier l'orthographe du français ont paru sombrer dans l'indifférence générale et se solder par autant d'échecs. On pourrait donc croire que les Français et les francophones en général sont satisfaits de leur orthographe ou qu'en tout cas, ils ne désirent pas que soit reposé le problème de la graphie de leur langue. Or, il semble bien qu'il n'en soit rien. Si l'opinion publique, inconsciente de l'existence d'un problème parce que ne distinguant pas entre langue et graphie, n'est pas touchée, le monde des éducateurs, aussi bien ceux de l'enseignement du second degré que les instituteurs, s'est montré ces dernières années fort sensible aux critiques dont l'orthographe a été l'objet. Dans les contacts qui se multiplient et s'intensifient, à l'heure actuelle, entre linguistes professionnels et enseignants avides de “recyclage”, la question de l'orthographeest celle qui paraît susciter l'intérêt le plus vif. Sensibilisés par l'insuffisance flagrante des résultats obtenus par tous les efforts faits pour inculquer l'orthographe à leurs élèves, instituteurs et professeurs prennent conscience du fait que l'orthographe française est inadaptée aux conditions du monde d'aujourd'hui, à supposer que le système graphique du français, qui doit tant de ses traits à l'intervention de beaux-esprits, ait jamais, depuis quatre cents ans, été adapté aux besoins réels de la société française. Pour être sûr que l'ensemble de la population scolaire qui doit poursuivre des études au-delà des éléments ait acquis un maniement simplement satisfaisant de l'orthographe, il faudrait probablement que, pendant cinq ans, la moitié du temps disponible à, l'école soit consacré à, des exercices visant à, ce but.