L'article propose de questionner la production discursive des normes (les discours tenus sur les façons de parler d'autrui ou de soi-même) sous l'angle de la multipolarisation des espaces de référence. Il rend ainsi dans un premier temps compte d'enquêtes épilinguistiques effectuées dans trois configurations urbaines distinctes: 1. le discours sur l'accent de Rouen, forme linguistique identitaire et en même temps stigmatisée, 2. le discours sur le cauchois d'Yvetot (le cauchois est une des variétés du normand), et 3. le discours sur les langues à Rennes (entre autres, autour de la langue française et des langues bretonnes). Dans un second temps, après avoir rappelé les propositions théoriques concernant la spatialité en sociolinguistique urbaine, il présente une modélisation inédite de l'espace urbanisé pour tenter de mieux saisir les spécificités des dynamiques discursives impliquées par la culture urbaine. Il commente, en regard avec le concept de nivellement, les conceptualisations qui sont à la base d'une telle approche, et notamment la centralité linguistique comme processus producteur de normes et son corollaire quasi dichotomique, le confinement linguistique, comme processus vecteur de contre-norme.