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A Propos du Nom Del'oasis de Koufra Chezles Gégraphes Arabes Du XIe et du XIIe Siècle
Published online by Cambridge University Press: 22 January 2009
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Dans une étude publiée en 1939 et traitant d'une oasis appelée S. b.rū par le géogrphe arabe al-Bakrī (1067–8) et D.b.r par l'auteur anonyme du Kitāb al-Istibsār fī 'agā’ib al-amsār (1191), oasis dont le centre porte le nom de Ŝ.b.rū dans le traité géographique d'al-Idrīsī (1154), nous avons essayé d'identifier ce lieu avec le groupe d'oasis de Koufra de nos cartes. Selon toute vraisemblance, Koufra était, dans le haut Moyen Age, une étape sur la grande voie saharienne, dont parlent certains géographes arabes médiévaux, à partir d'Ibn al-Fakīh al-Hamadānī (902–3), et qui reliait le pays de Gāna, dans le Soudan occidental, fameux par ses mines d'or, à l'Egypte. Cette voie, qui nous montre que les Egyptiens s'intéressaient depuis longtemps au commerce de l'Afrique occidentale, partait probablement de Koumbi Saleh actuel, ruines situées en Mauritanie du Sud et identifiées par la plupart des savants avec la capitale du royaume de Gāna. Elle passait, ensuite, conformément à un passage de l'ouvrage d'al-Fakīh al-Hamadānī, par les territoires de trois peuples noirs: Kūkū (aussi: Kawkaw), M.r.nda et M.rāwa, et aboutissait au Wabat Mir (« Les Oasis de l'Egypte »), c'est-à-dire a 1'Oasis de Dakhla et de Kharga. De ces trois « peuples » noirs, le premier, à savoir: Kūkū (Kawkaw), n'est pas inconnu aux autres géographes arabes médiévaux qui mentionnent un royaume et une yule de ce nom. Il s'agit du royaume négre, jadis puissant, de Songhaï et de sa capitale Gao située sur la boucle du Niger. A en croire al-Ya'kūbī, géographe et historien arabe, écrivant dans la deuxième moitié du IXe siècle (ii mourut en 897 de notre ère), c'était un important état soudanais dont la puissance égalait, a cette époque, celle du royaume de Gāna.
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- Copyright © Cambridge University Press 1965
References
1 Lewicki, T. Sur l'oasis de Sbeū (Dbr, Shbrū) des géographes arabes », Revue Africaine, N0 378 (1er trimestre 1939), pp. 4564.Google Scholar
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3 Description de l'Afrique par un géographe anonyme du sixième siècle de l'hégire (Kitāb al-Istibsār fī ‘ag’ib al-amsār). Texte arabe publié par Kremer, A., Vienne, 1852, pp. 33–66.Google Scholar
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5 Une semblable hypothèse a été émise par Marquart, J. dans son ouvrage Die Benin-Sammlung des Reichimuseums für Völkerkunde in Leiden (Leyde, 1913, pp. cx–cxv) qui m'était inconnu en 1939.Google Scholar
6 Sur ce géographe voir Brockelmann, C., Geschichte der arabischen Litteratur, t. I, Weimar, 1898, p. 227,Google Scholar et Suppl., t. I, Leyde, 1937, p. 405.Google Scholar
7 Compendium libri Kitâb al-boldan auctore Ibn al-Fakîh al-Hamadhânî. Ed. de Goeje, M. J., Batavorum, Lugdununm, 1885 (=Bibliotheca Geographorum Arabicorum, t. v), p. 68. Ibn al-Fakīh al-Hamadāni a dépouillé largement, dans son traité, les ouvrages géoraphiques arabes provenant du IXe siècle.Google Scholar
8 Sur Koumbi Saleh voir: Cornevin, R., Histoire des peuples de l'Afrique noire, Paris, 1960, p. 243.Google Scholar
9 Marquart, Die Benin-Sammlung, p. xcv–xcvii;Google ScholarDelafosse, M., Haut-Sdnégal–Niger, Paris, 1912, t. II, pp. 71–2 et 240–1.Google Scholar
10 Ibm Wādhih qui dicitur al-fa'qubī, Historiae. Pars prior, ed. Houtsma, M. Th., Batavorum, Lugduni, 1883 (=al-Ja'qubī, Historiae), p. 220.Google Scholar
11 Ibid., l.c. Le manuscrit donne la leçon fautive: au lieu de voir cependant: Marquart, Die Benin-Sammlung, p. lxxviii et p. cix.Google Scholar
12 Sur les Arinda ou Ama (dont l'origine est d'ailleurs assez mystérieuse) et sur leurs migrations, voir: Chapelle, J., Nomades noirs du Sahara, Paris, 1957, p. 74 (carte) et pp. 73, 80, 329–330, 357 et 353. Voir aussi:Google ScholarNachtigal, G., Sahara und Sudan, Berlin, 1879–1889, t. 1, p. 442, 462 et t. II, p. 169 et suivantes.Google Scholar
13 Lewicki, Sur l'oasis de Sbrū », p. 63. Marquart, J. (Die Benin-Sammlung, pp. cxiv–cxv) rapproche, lui-aussi, Marinda (il prononce ce nom Maranda) de la tribu toubou d'Arinda, sans avoir cependant expliqué le M initial. R. Mauny (Tableau géographique de l'Ouest Africain au Moyen Age, 1961, p. 339) identifie Marinda avec Marendet, point d'eau important situe au sud d'Agadès.Google Scholar
14 Al-Ja'qubī, Historiae, p. 220; Marquart, Die Benin-Sammlung, pp. lxxvii–lxxviii et passim. Marquart propose la leçon al-Marw.Google Scholar
15 Bibliotheca Geographorum Arabicorum ed. de Goeje, M. J., t. VIII, Batavorum, Lugduni, 1892, p. 345; Marquart, op. cit., pp. cvii–cviii.Google Scholar
16 Peut-être pourrait-on rapprocher le nom de Marū ou Marāw de celui de l'enneri (oued) Maru situé dans le massif de Tibesti, à proximité du rocher de Tomadon, site oú l'on effectuait des sacrifices et oú il y avait une frontière entre deux clans. Voir à ce propos, Tubiana, M.-J., Survivances préislamiques en pays zaghawa, Paris, 1964, p. 175.Google Scholar
17 Die Benin-Sammlung, pp. cvii et cxi. D'après Marquart, le peuple de Marāwa, qui habitait, selon ce savant, dans l'oasis de Koufra, n'a rien de commun avec les Marwīyīn du Kitāb al-Buldān d'al-Ya'kū;bī.Google Scholar
18 Nous ne prétendons pas apporter, dans cet article, des conclusions définitives sur la voie qui rattachait l'Egypte à Ġāna, dans le haut Moyen Age: trop de problèmes demeurent obscurs, trop de données nous mariquent. Des recherches, qui sont en cours, nous permettront peut-être de préciser le tracé exact de cette voie et d'ajouter ainsi une page importante à l'histoire de l'Afrique ancienne et médiévale. Il est probable que le développement du trafic caravanier en provenance du Soudan occidental et suivant un tracé qui passait par O. Kharga, par O. Koufra, par Tibesti, par Kaouar, par Aïr et par Gao coïncide avec la misc en usage, en Egypte, des chameaux porteurs, le grand fait économique qui commence vers le Ier siècle de notre ère, mais qui n'atteindra son plein développement qu'au bout peut.être de deux à trois siècles, et qui transforma la vie des populations du Sahara. Voir sur ce dernier sujet: Demongeot, E., « Le chameau et l'Afrique du Nord romaine », Annales (Economies - Sociétés - Civilisations), t. xv, N° 2, mars–avril 1960, pp. 209–247.Google Scholar
19 Opus geographicum auctore Ibn Hauka1, ed. Kramers, J. H., fasc. 1, Lugduni Batavorum, 1938, pp. 153–156.Google Scholar
20 Ibid., p. 153. Il parait que la piste qui rattachait jadis les oasis de Dakhla et de Kharga à celle de Koufra passait par le point nommè Abu Ballas (situé S.W. de Dakhla) où l'on a découvert des centaines de jarres provenant d'une époque postérieure au Ier siècle avant notre ère et portant des marques qui ressemblent aux blasons des clans toubous. Abu Ballas semble avoir été un dépôt d'eau des caravanes qui traversaient lc Désert pour parvenir à Koufra et ensuite à Ġāna. Voir sur ce sujet: Lewicki, « Sur l'oasis de Sbrū », p. 54, n. 44 et p. 61.Google Scholar
21 Lewicki, op. cit. p. 63.Google Scholar
22 Ibid. pp. 59–60.
23 Ibid. p. 6.
24 EI-Bekri, Description, texte arabe, pp. 15–17; traduction française, pp. 38–40.Google Scholar
25 Sur cette signification du mot ggazā'ir voir Dozy, R., Supplément aux dictionnaires arabes, 2e éd., t. I, Leide-Paris, 1927, p. 192.Google Scholar
26 Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères. Traduction de l'arabe par le Baron de Slane. Nouvelle édition publiée sous la direction de Casanova, P., t. I, Paris, 1927, p. 7.Google Scholar
27 Chapelle, Nomades noirs du Sahara, pp. 76–7.Google Scholar
28 Ibid. p. 48.
29 Kitāb al-Iştibār, pp. 33–36.Google Scholar
30 Pays dans la Tunisie du Sud embrassant les oasis de Touzer, Nefta, el-Oudiane et al-Hamma.Google Scholar
31 Lewicki, «Sur l'oasis de S.brū », p. 60, n. 82.Google Scholar
32 Kowaiski, T., Relatio Ibramacr;him ibn fa'kūb de itinere slavico, quae traditur apud al BekrīGoogle Scholar, Kraków, 1946, pp. 72–74.Google Scholar
33 Edrīsī, Description, texte arabe, p. 41; traduction française, pp. 48–9.Google Scholar
34 Lea manuscrits de l'ouvrage d'al-Idrīsī donnent des variantes et
35 Cette « vile » est peut-être identique à un villagé ruiné visité par G. Rohlfs et qui se trouve au pied d'une montagne de l'oasis de Bou-Zeima.Google ScholarLewicki, Voir, «Sur l'oasis de Sbrü », pp. 57–8.Google Scholar
36 Voir à ce propos Enzyklopädie des Islām, 1er éd., t. II, p. 498.Google Scholar
37 Sur cette oasis, qui constituait jadis une étape importante sur la route menant de la côte de la Tripolitaine vers la ville fezzanaise de Zawīla (Zuila), voir: el-Bekri, Description, texte arabe, p. 12, et traduction française, pp. 30–1.
38 Lewicki, « Sur l'oasis de Sbrü », pp. 51–2.
39 Bibliotheca Geographorum Arabicorum, t. v, p. 68, 1. 4.
40 Penderel, H. V. G. J., « The Gilf Kebir », Geographical Journal, t. lxxxiii, pp. 449–456.Google Scholar
41 Opus geographicum auctore Ibn Haukal, ed. Kramers, , p. 156.Google Scholar
42 Kitāb al-Istibsār, p. 34, 1. 6–7; el-Bekri, Description, trad. franç., p. 37, n. 3.
43 Opus geographicum auctore Ibn Haukal, p. 155, 1. 10; el-Bekri, Description, texte arabe, pp.14 et 15; traduction française, pp. 36 et 37. Dans l'oasis de Bahnasā il y avait une population copte au XIIIe siècle encore, soit à l'époque où écrivait Abū Sālih, l'auteur de l'Histoire des monastères d'Egypte.
44 Opus geographicum auctore Ibn Haukal, ed. Kramers, , pp. 153–156.Google Scholar
45 Ibid. p. 1. 23–4 et p. 154, 1. 4–5 Le pays des Oasis, en arabe ‘amal Wāh, eat déjà mentionné comme district indépendant du Califat abbaside par al-Fazārī, un géographe et astronome arabe écrivant dana le dernier quart du VIIIe siècle de notre ère. D'apr`s un passage de son ouvrage cité par al-Mas'ū;dī (956 de notre ère), les dimensions de cette province étaient insignifiantes: soixante sur quarante parasanges. Voir: Macoudi, Les prairies d'or. Texte et traduction par C. Barbier de Meynard Ct Pavet de Courteille, Paris, 1861–1877, t. IV, p. 39.Google Scholar
46 Kitāb al-Istibşār, p. 34, 1. 6; Edrīsī, Description, texte arabe, p. 43, traduction française, p. 51.Google Scholar
47 Opu, geographicum auctore Ibn Haukal, ed. Kramers, , p. 155, 1. 23; Edrīsī, Description, texte arabe, p. 44, traduction française, p. 52.Google Scholar
48 El-Bekri, texte arabe, p. 121; traduction française, pp. 30–1.Google Scholar
49 Opus geographicum auctore Ibn Haukal, ed. Kramers, , p. 155, 1. 15–16.Google Scholar
50 Crum, W. E., A Coptic Dictionary, Oxford, 1962, p. 827a: « farmstead, hamlets». La translitération de mots coptes cités dana cet article est celle de Till, W. G., Koptische Grammatik, Leipzig, 1955, p. 40.Google Scholar
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52 Ibid. l.c. D'après un ouvrage inédit d'A. Czapkiewicz concernant la toponymie de I'Egypte moderne, le mot subrā (subra) est d'origine araméen.
53 Lewicki, T., ‘Une langue romane oubliée de l'Afrique du Nord, Observations d'un arabisant’, Rocznik Orientalistyczny, t. xvii, 1951–1952, Kraków, 1953, p. 436.Google Scholar
54 Ibid. l.c.
55 Ibid. p. 434.
56 Sur Ce mot copte voir Maspero, Wiet, op. cit. p. 110.
57 Lewicki, ‘Une langue oubliée de l'Afrique du Nord’, p. 436.
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- Cited by