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Etat et conditions des esclaves a Gumbu (Mali) au XIXe siecle1
Published online by Cambridge University Press: 22 January 2009
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Gumbu du Sahel (Mali) est un gros village (environ 5.000 habitants) d'agriculteurs sédentaires, situé à la limite Nord de la zone de culture sèche du mil, au contact des Maures pasteurs nomades du Sahara. Il occupe le centre d'une cuvette sablonneuse relativement fertile qui permet, sur des terres fumées par les troupeaux des éleveurs, une production excédentaire de mil et de coton destinée traditionnellement à l'échange avec les nomades.
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- Copyright © Cambridge University Press 1973
References
2 En 1965, les hooro représentaient 60.7 pour Cent de la population; les ñaxamala, 15 pour cent et les descendants d'esclaves 24 pour cent.Google Scholar
3 Meillassoux, C., Doucoure, L., et Simagha, D., Légends de la dispersion des Kusa (Epopée Soninké) (IFAN, Dakar: Initiations et Etudes Africaines, 1967).Google Scholar
4 Archives Nationales du Sénégal (Dossiers K).Google Scholar
5 Notice Géographique et Historique du Cercle de Goumbou (1902). Archives Bamako.Google Scholar
6 On attribue communément àa leurs anciens maîtres les descendants d'esclaves résidant encore à Gumbu. Cette actuelle répartition dont nous donnons le détail plus bas (voir tableau) ne reflète pas exactement celle d'autrefois car ces woroso sont parmi ceux qui conservent quelque lien, d'obligés, avec les families hooro les moms pauvres.Google Scholar
7 Auxquelles se joignirent quelques irréguliers de Gumbu à titre personnel.Google Scholar
8 La composition des populations sahélo-soudaniennes, le brassage et Ia dispersion des clans, l'étendue des alliances, permettaient en effet à un hoore d'être protégé sur une aire très étendue. Il devait de ce fait nécessairement passer entre les mains des commerçants pour être réduit en esclavage, circonstance qui, le réduisant à l'état de marchandise, affectait sa condition sociale de façon irréversible. (Meillassoux, Voir, L'évolution du commerce africain depuis le XIXe siècle en Afrique de l'Ouest (Introduction), Oxford University Press pour l'I.A.I. (Londres, 1971).Google Scholar
9 Monteil, Ch., ‘Fin de siècle à Médine (1898–1899)’, BIFAN, XXVIII, 1–2 (B) (1966), 100.Google Scholar
10 Pollet, E., and Winter, G., La Société Soninké (Mali, Djahunu), Ed. de l'Institut de Sociologie, Université Libre de Bruxelles (1971), 243.Google Scholar
11 Monteil, op. cit. 114.Google Scholar
12 Mazillier, D'après, 1894 (Arch. Dakar, K 14), le captif peut être vendu mais seulement en dernière extrémité. La vente non motivée du captif est généralement considérée comme une mauvaise action.Google Scholar
13 Certains voient là un système de filiation matrilinéaire qui, dans des sociétés patrilnéaires, serait propre aux esclaves. En réalité, il n'y a filiation d'aucune sorte, le matrilignage suppose en effet le déplacement de droits paternels sur le frère de la mére, ce qui n'est aucunement le cas pour les esclaves.Google Scholar
14 Meilassoux, Doucoure et Simagha, op. cit. (1967), §566.Google Scholar
15 Monteil, op. cit. 113.Google Scholar
16 Pollet et Winter, op. cit. (1971), 243.Google Scholar
17 C'est aussi parce qu'il n'a pas de progéniture (socialement) que l'esclave n'est pas vulnéerable aux menaces qui pèsent sur la descendance et qui sont associées à la manipulation de certains sortilèges ou de certains philtres (comme par exemple celui qul protégeait des blessures par le fer).Google Scholar
18 Riesman, P., Société et Liberté chez les Peuls Djelgôbé de Haute-Volta, Thèse de 3e Cycle E.P.H.E., VIe section (1970), 138–9.Google Scholar
19 de Sardan, J. P. Olivier, Système des relations économiques et sociales chez les Wogo (Niger), Mémoires de l'Institut d'Ethnologie, III. Institut d'Ethnologie (Paris, 1969), 32 s.Google Scholar
20 Cette situation est aussi interprétée par les esclaves comme la confusion des biens du maître et de l'esciave, ce qui les entraîne à considérer que Ic fait de prendre le bien de leur maître n'est pas un vol de leur part.Google Scholar
21 diya (hasaniya): entente par laquelle lea parties s'accordent pour partager les amendes dues en cas de crimes commis par leurs ressortissants.Google Scholar
22 S'il vole hors de la maison de son maître, il peut être fouetté, mis aux fers ou avoir l'oreille coupée en tout ou partie; s'il bat ou blesse un kama (maître), il eat ligoté, étendu sur le sol et battu éventuellement jusqu'à perte de connaissance; s'il viole une femme hoore ou s'il tue un kama, il peut être mis à mort.Google Scholar
23 Monteil, C. (op. cit. 82–172)Google Scholar mentionne une coutume par laquelle les esclaves qui voulaient changer de maître allaient infliger une blessure (généralement l'incision de l'oreille) au cheval ou à l'enfant de celui auquel li voulait appartenir. Le maître, comprenant ce geste, donnait l'esclave coupable en réparation à la victime. Cette couturne semble avoir existé vers le bassin du Sénégal plutôt que dans le Wagadu. Elle n'entraînait pas cependant nécessairement le transfert de l'esclave: au Gajaga, on m's relaté le cas d'un maître qui donna un autre esclave en dédommagement et punit cruellement celui qui s'était livré à ces voies de fait.
24 Cette situation ‘d'exodoulie’ préparait la notion de ‘citoyenneté’. (Cf. Benvéniste, E., Le Vocabulaire des institutions indo-européennes, Ed. de Minuit, (Paris, 1969), I, 359.)Google Scholar
25 Toute prétention à la condition d'homme libre était autrefois réprimée au Jafunu (Pollet et Winter, op. cit. (1978), 249), telle par exemple celle de porter des vêments de coton, que l'lon punissait d'une bastonnade comme pour lea Sura dana l'Inde des Veda).Google Scholar
26 Dans un récit épique recueilli auprès de Djiri Silla, gesere de Yerere, alors que le héros hoore tue 100 ennemis à chacun de ses gestes, son esciave n'en tue que 99 car 'il ne faut pas que l'esclave et le maître soient également glorifiés’. On trouvera un rappel identique de l'infériorité de l'esclave dans le texte de Seydou, C. (Ed.), 1973 (Siliâdmaka et Poullori (récit épique peul, raconté par Tinguidji),Google ScholarCoin, A., 1973 (Classiques Africains, no. 13), recueilli au Niger.Google Scholar
27 Les descendants d'esclaves interrogés prétendent que même un saarido (né en captivité) pouvait recouvrer la condition d'homme libre s'il parvenait à se faire reconnaitre par la famille de ses parents. Ce dernier cas toutefois est théorique, car on connaît peu d'exemples de fuite de saarido ou de woroso.Google Scholar
28 Voir les termes d'un tel pacte dans Meillassoux, Doucouré, Simagha, op. cit. 70 s.Google Scholar
29 Le cas des esclaves de confiance, ou favoris (mbenja), sur lesquels on s'attarde volontiers pour illustrer la douceur de l'esclavage africain, ne touche qu'une très petite proportion des esclaves, probablement inférieure à 5 per cent. Nous traitons ici d'abord de Ia condition du plus grand nombre, du komaxu dans sa généralité.
30 Cette organisation a été décrite en détail par Pollet, et Winter, (‘L'organisation sociale du travail agricoles des Soninke (Diahunu Mali)’, Cah. Et. Africaines, VIII, 4 (32), (1968), 509–4)CrossRefGoogle Scholar, pour les Soninke du Diafumu et plus brièvement par Monteil (op. cit. 115) pour le Gajaga. Elle repose sur les mêmes principes qu'au Wagadu.Google Scholar
31 Parfois dit foroba (bamana: foro: champ; ba: grand).Google Scholar
32 La même démarche se reproduira parfois après 16 heures, pour une heure, au profit du puîné du successeur.Google Scholar
33 Ce sont les deux modes d'exploitation du travail agricole, relevés par Marc Bloch en Europe médiévale (Bloch, M., ‘Comment et pourquoi finit l' esclavage antique’, Annales (Economies-Sociétés-Civilizations), II, (01–03 1947), 30–44; II, 2 (avril-juin, 1947), 161–70).CrossRefGoogle Scholar
34 Cf. Mazillier, ‘Rapport sur Ia captivité clans les Cercies du Soudan’, Archives Nationales du Sénégal, K14 (1894), 7 s., Arch. Dakar, dossier K 25, pp. 238–40. Monteil, op. cit. 115 Pollet et Winter, op. cit. (1971), 245 s.Google Scholar
35 J'ai vu les cicatrices de B. Coulibaly qui, adolescent, avait été battu au sang et obligé, malgré ses blessures, de travailler.Google Scholar
36 Il semble, à Ia lecture de Ia plupart des auteurs, que le processus d'émancipation est lié quasi-automatiquement au nombre de générations passées en servitude. Les renseignements recueillis tant a Gurnbu que parmi d'autres populations bamana ou soninke ne nous permettent pas cette interpretation étroitement juridique.Google Scholar
37 Voir annexe ou 1. Un muude de mu pièce environ 2 kg 250Google Scholar
38 100 muudu ou 1 pièce de Guinée est la somme que, Monteil, selon (op. cit. 113), un esciave gui ne travaille pas, donne annuellement à son maítre.Google Scholar
39 Voir annexe II.Google Scholar
40 II s'agissait aussi peut-être du solde des prestations dues pour l'émancipation.Google Scholar
41 Ces obligations, parfois réciproques d'ailleurs, sont remplies généralement dans le cadre de laada (arabe = haada), ou conventions nouées entre les parties.Google Scholar
42 Meillassoux, C., (1972), ‘Les origines de Gumbu du Sahel: 1. L'histoire des kusa; II. Le partage des terres et du pouvoir’, Bull. IFAN, B, XXXIV (1972), 2.Google Scholar
43 Le cas de Sillâmaka et de Poullori illustre cet attachement dans un autre contexte ethnique (Seydou, C., op. cit.).Google Scholar
44 Leurs descendants comptaient, en 1965, 53 membres sur plus de 1000 descendants d'esclaves résidant à Gunibu.Google Scholar
45 Circonstances différentes de celles du Jafunu selon Pollet et Winter, op. cit. (1971), 247.Google Scholar
46 Nous réservons ici le terme d'affranchissement à l'institution qui permet à l'esclave de changer d'état, l'émancipation éeant le processus par lequel l'esclave se libère de la tutelle économique et sociale du maître à l'intèrieur de son état.Google Scholar
47 Boyer, G., Un peuple de l'ouest africain, les Diawara, Dakar, Mém. IFAN, no. 29 (1953), 7–136.Google Scholar
48 Meillassoux (1972), op. cit.Google Scholar
49 Lea esciaves de ñaxamala ne sont néanmoins pas castés.Google Scholar
50 A ces différentes catégories d'esclaves, s'ajoute à Gumbu le cas particulier des kome gallu (galle: enclos), qui sont des kome xooro Venus de chez lea Jawara du Kingi lors des guerres intestines qui ravagèrent cette population (sans doute vers 1800) et accueillis à Gumbu par Bugari Dukure, qui leur étendit sa protection (karefa ou xarafa) et lea instaila dans un de sea hameaux. Ces kome horonto ou anoblis, sont considérés comme les doyens des esciaves et peuvent à ce titre quémander tous leurs congénères sauf les kome du komo. Les kome gallu sont les obligés des Dukure envers qui ils n'ont aucune obligation de travail ni de fourniture. Ils doivent comme n'importe quel client, assister leur patron, lui rendre d'éventuels services en retour de sa protection et d'une aide matérielle éventuelle. Ils ne peuvent, eux non plus, épouser les femmes hooro. Leux condition s'apparente à celle des kome xoore, avec lesquels ils fraient et s'allient mais auxquels us sont considérés comme supérieurs, supériorité qui est expliquée par le fait qu'ils n'ont été ni captures, ni achetés’. Les komo gallu s'assimilent à un type d'esclave que nous avons rencontré parmi d'autres populations soninké, tels par exemple les wanukunke du Gajaga, ou les jonkuruke du Jafunu (Pollet et Winter, op. cit. (1971), 240).Google Scholar
51 Sauf en ce qui conceme les kome gallu.Google Scholar
52 Meillassoux, C., ‘Le commerce pré-colonial et l'esclavage à Gumbu’ in L'évolution dii commerce africain depuis le XIXe s. en Afrique de l'Ouest.Google Scholar
53 Un esclave valait à Gumbu 1/15 à 1/20 de cheval; 1/2 à 2 barres de sel; I à 7 pièces de guinée et 3 colliers de corail; à Sikasso, on donne comme prix: 6 ½ à 10 pièces de guiée pour un homme sain; 7 à 8 pour une femme puère Ct féconde, 3 à 4 pour un garçon non circoncis.….Google Scholar
54 Pollet, Voir et Winter, op. cit. (1971), 250–6, pour tin bon résumé de l'histoire de l'émancipation obligatoire dans cette région.Google Scholar
55 Les voisins des Gumbuke, les peul samburu, s'étaient entendus avec l'administration française pour garder leurs esciaves émancipés à condition de pouvoir se débarrasser sur eux des corvées!Google Scholar
56 Bouche, D., ‘Les villages de liberté en A.O.F.’, Bull. IFAN, II (1949), 491–540; 12 (1950), 135–214.Google Scholar
57 Lors de la dernière circoncision solennelle de Gumbu (qui eut lieu à Lellaga en 1965), les jeunes woroso défilaient a leur rang, coiffés du bonnet qui désigne leur état.
58 Meillassoux, C., ‘A class analysis of the bureaucratic process in Mali’, J. Development Studies, 6, 2 (01. 1970), 97–110.CrossRefGoogle Scholar
59 Le tama était originairement une pièce de monnaie dont on donna Ie nom à la quantité de coton tissé de valeur équivalente. Cette quantité dépendait cependant des qualités locales et des prix pratiqués en différents lieux de telle sorte que le tama ne désigne pas partout la même longueur de tissu. Il vane de 7 m, 50 à plus de 20 métres de bande de coton.Google Scholar
60 Calcul basè sur le tama de Nioro (valant so coudées plus 20 empans). Il fallait I gidde de coton (poids équivalent à 2 kg environ, selon Boyer, op. cit. III) pour tisscr I tama.Google Scholar
61 A Gumbu mes informateurs estiment qu'un tisserand peut tisser 21/2 à 3 tama. de 40 coudées par jour.Google Scholar
62 Meilassoux, op. cit. (1971), Introduction.Google Scholar
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