Published online by Cambridge University Press: 22 January 2009
This article explores the dreams recorded by Ruben Um Nyobe in 1958, shortly before his death during the struggle which the Union des Populations du Cameroun waged against the terms which the French and their local allies sought to impose on Camerounese independence. The struggle should not be categorized in the inflationary rhetoric of African ‘revolutions’. Rather, it should be viewed as a movement of resistance and assertion within the colonial arena, where European authorities controlled certain strategic points while African communities maintained predominance at other locations. In this connection it is important to understand the importance which African communities in southern Cameroun attached to the world of the invisible and the ‘economy of the night’. It was in the invisible world that Africans, and especially those who were considered to be leaders and therapists in their societies, had sought to manipulate the ‘economy of the day’ and the strategic points controlled by the colonial economy and administration since the late 19th century. In this context, the dreams and annotations of Um Nyobe become significant, not as an expression of sexual preoccupations or the residual psychological orientations of his society, but as historical evidence: signs and statements of his effort to control the day, direct the struggle, and bring healing to his community, and acts of political as well as cultural significance. The colonial regime framed and affected the lives of its subjects, even to the point of consciousness and dreams, but at the same time the subjects fashioned their own space, refashioned their institutions, reinterpreted the actions of the regime and continually undermined its authority.
1 Voir, par exemple, Mveng-Ayi, E., ‘Anticolonial rebellions in South-Central Cameroon under German rule, 1887–1907’ (Ph.D. thesis, University of London, 1985)Google Scholar; Austen, R. A., ‘Duala versus Germans in Cameroon: economic dimensions of political conflict’, Revue Française d'Histoire d'Outre-Mer, LXIV (1977), 237;Google ScholarGhomsi, E., ‘Résistance africaine à l'impérialisme européen: le cas des Douala du Cameroun’, Afrika Zamani, 1 (1976)Google Scholar; Bah, M. Thierno, ‘Contribution à l'étude de la résistance des peuples africains à la colonisation: Karnou et l'insurrection des Gbaya (la situation au Cameroun, 1928–1930)’, Afrika Zamani, III (1974), 105–61.Google Scholar
2 Sur ces péripéties, se reporter à Levine, V. T., The Cameroons From Mandate to Independence (Berkeley, 1964);Google ScholarEyinga, A., Introduction à la Politique Camerounaise (Paris, 1984);Google Scholar et surtout, Joseph, R., Radical Nationalism in Cameroon. Social Origins of the UPC Rebellion (Oxford, 1977).Google Scholar Sur la période postérieure, cf. Bayart, J. F., L'Etat au Cameroun (Paris, 1979).Google Scholar
3 Cf. Levine, The Cameroons; Johnson, R. W., ‘The Union des Populations duCameroun in rebellion: the integrative backlash of insurgency’, in Rotberg, R. I. and Mazrui, A. A. (eds.), Protest and Power in Black Africa (New York, 1970), 671–92.Google Scholar
4 Le point de vue officiel du gouvernement français sur la campagne de répression qui aboutit á l'assassinat de Um Nyobè est bien exprimé par le Lamberton, Colonel J., La Pacification de la Sanaga Maritime (Cameroun, décembre 1957–janvier 1959) (Paris, C.M.I.S.O.M., 1960).Google Scholar
5 Cf. Nyobè, R. Um, Le Problème National Camerounais (Paris, 1984) et Ecrits sous Maquis (Paris, 1989).Google Scholar
6 Chaffard, G., Carnets Secrets de la Décolonisation (Paris, 1965)Google Scholar en a publié des extraits dont nous nous servons ici. D'après le Colonel Lamberton, il s'agissait d'une pratique répandue dans les maquis. La plupart de ces carnets tenus par des maquisards se trouvent dans les Archives du Service Historique de l'Armée de Terre à Vincennes (France). Ils ne sont cependant pas ouverts au public.
7 Pour des démarches parallèles, se reporter aux études contenues dans Hill, J. D. (ed.), Rethinking History and Myth. Indigenous South American Perspectives on the Past (Chicago, 1988).Google Scholar Voir également les réflexions contenues dans Hunt, L. (ed.), The New Cultural History (Berkeley, 1989).CrossRefGoogle Scholar
8 On utilise la notion de ‘paradigme’ ici dans le sens où l'entend Kuhn, T. S., The Structure of Scientific Revolutions (Chicago, 1962).Google Scholar
9 Contrairement aux autres figures africaines de l'anticolonialisme, Ruben Urn Nyobè est peu connu. Cette méconnaissance est, en partie, liée au sort qui, dans l'histoire des résistances à l'oppression, frappe la plupart des mouvements vaincus. A l'opposé de ce qui se passa avec Cabral en Guinée-Bissau ou d'autres figures de la résistance africaine au Zimbabwe ou au Mozambique, l'expérience tentée par Um de 1955 à 1958 se solda par une défaite militaire. On peut pourtant dire de sa trajectoire personnelle qu'elle résume, à elle seule, celle de tous les autres leaders africains qui s'opposèrent, victorieusement ou non, à l'ordre colonial. Responsable syndical venu à la politique, il dirigea de 1948 à 1951, la section camerounaise du Rassemblement Démocratique Africain (R.D.A.) dont il était un des Vice-Présidents. De 1948 à 1955, il déploya ses talents d'organisateur dans la légalité, en menant, au grand jour, une intense campagne connue sous le nom de Nkaa Kundè, en vue de l'indépendance et de la réunification de l'ex-protectorat allemand. En vertu des traités d'après-guerre qui érigeaient le Cameroun en territoire sous tutelle de l'ONU, il se présenta à trois reprises (1952, 1953 et 1954) devant la Quatrième Commission. Cette intense activité lui valut la profonde hostilité des milieux coloniaux et de leurs soutiens autochtones. A l'instar de Cabral, son militantisme politique fut indissociable d'une énorme activité intellectuelle. Par contre, assassiné en 1958, il ne jouit toujours pas aujourd'hui, dans son pays, de la reconnaissance officielle que valut, à d'autres et ailleurs, le même type de combat.
10 Cf. notamment son Revolt in Southern Rhodesia, 1896–7. A Study in African Resistance (London, 1967).Google Scholar Et ‘Connections between “primary resistance” movements and modern mass nationalism in East Africa’, J. Afr. Hist., IX (1968), 437–54, and 631–42.Google Scholar
11 Pour quelques synthèses récentes et au sujet des débats qui en ont résulté, on lira avec profit les études rassemblées par Crummey, D. (ed.), Banditry, Rebellion and Social Protest in Africa (Portsmouth, 1986);Google ScholarIsaacman, A., ‘Peasants and rural social protest in Africa’, paper commissioned by the Joint ACLS-SSRC Africa Committee for the African. Studies Association Annual Meeting (Atlanta, 1989).Google Scholar
12 Cadre qui, pour l'essentiel, fut délimité par Hegel, F., La Raison dans l'Histoire (Paris, 1972), 245–9.Google Scholar
13 Ainsi que tendent à le montrer les critiques récentes des discours et images sur l'Afrique. Voir, par exemple, Mudimbe, V. Y., The Invention of Africa (Bloomington, 1988).Google Scholar
14 On trouvera chez Young, C., ‘Nationalism, ethnicity and class in Africa: a retrospective’, Cah. d'Et. Afr., XXVI (1986), 421–95, une vue succincte sur ces questions.Google Scholar
15 Voir, à titre d'exemple, ce que je rapporte au sujet du Cameroun dans Mbembe, A., ‘Le Spectre et l' Etat: des dimensions politiques de l'imaginaire historique dans le Cameroun postcolonial’, Revue de la Bibliothèque Nationale, XXXIV (1989), 2–13.Google Scholar Ou encore dans ‘L'Etat-historien’, in Um Nyobè, Ecrits sous maquis, 10–42. Pour d'autres discussions, cf. aussi Lonsdale, J., ‘African pasts in Africa's future’, Canadian J. Afr. Studies, XXIII (1989), 126–46.Google Scholar
16 Cooper, F., ‘Mau-Mau and the discourse of decolonization’, J. Afr. Hist., XIX (1988), 313–20.CrossRefGoogle Scholar
17 Et ce, quoiqu'en pensent Marcum, J., The Angolan Revolution, 2 vols. (Cambridge, 1969, 1978);Google ScholarBarnett, D., Peasant Types and Revolutionary Potential in Colonial Africa (Richmond, 1973);Google ScholarFanon, F., Toward the African Revolution (New York, 1968);Google ScholarChabal, P., Amilcar Cabral. Revolutionary Leadership and People's War (New York, 1983)Google Scholar; ou lui-même, A. Cabral, Revolution in Guinea. An African People's Struggle (London, 1974);Google ScholarIsaacman, A., Mozambique. From Colonialism to Revolution, 1900–1982 (Boulder, 1983);Google ScholarSaul, J. (ed.), The State and Revolution in Eastern Africa (New York, 1979).Google Scholar
18 Expression reprise de Castoriadis, C., L'Institution Imaginaire de la Société (Paris, 1975). 179.Google Scholar
19 En dehors du cas récent de L'Ethiopie, L'exemple de ‘révolution sociale’ le plus souvent cité en Afrique est celui du Rwanda. Nul ne peut nier qu'une mutation institutionnelle quasi-décisive eut lieu dans cet ancien royaume où les lignes de la stratification sociale tendaient à épouser les ‘identités’ ethniques, et où les effets de la scolarisation missionnaire, de l'introduction des cultures de rente, bref, de l'arrangement colonial eurent un impact corrosif sur les institutions de clientage et d'assujettissement. Mais les jacqueries (quelles qu'en soient l'intensité et l'amplitude) ne sont pas des ‘révolutions’. Mieux, le cas rwandais évoque davantage un processus de captation des ‘instruits’, leur main-mise sur les ressources de l'Etat légué par la colonisation, puis leur ‘refus d'amplifier et de radicaliser la mobilisation populaire’ antérieure qu'autre chose. De par ses résultats, il n'est guère fondamentalement différent des autres exemples de ‘transformisme’ ou de ‘révolution passive’ que J. F. Bayart croit déceler ailleurs en Afrique. Voir, L'Etat en Afrique. La Politique du Ventre (Paris, 1989), 227–56.Google Scholar Au sujet des notions elles-mêmes, cf. Gramsci, A., Selections from the Prison Notebooks (New York, 1989), 58, 97, 105–20, 128f., 206, 227 et 279.Google Scholar Sur le cas rwandais, voir, récemment, Newbury, C., The Cohesion of Oppression (New York, 1988).Google Scholar
20 A titre d'exemple, et dans son examen des racines de la guerilla au Zimbabwe, T. O. Ranger insiste lourdement sur la contradiction entre les intérêts des Africains et ceux du capitalisme colonial. Cette contradiction crée, à ses yeux, les conditions de l'émergence d'une conscience paysanne (peasant consciousness), in Peasant Consciousness and Guerrilla Warfare in Zimbabwe (Harare, 1985).Google Scholar J. Lonsdale met, quant à lui, l'accent sur les processus de différenciation interne, l'impact des crises fiscales du capitalisme colonial, la concentration foncière et l'exode des Kikuyu, , in ‘A state of agrarian unrest: colonial Kenya’, Past and Present Conference. Agrarian Unrest in British and French Africa (London, 1982), 3–10.Google Scholar
21 Encore importe-t-il de tenir compte des variations régionales, des trajectoires locales qu'emprunta la pénétration du capitalisme, ou des types de cultures de rente et de la manière dont elles refaçonnèrent les vécus indigènes. Voir, pour le cas du coton par exemple, ce que rapporte Isaacman, A. et al. , ‘Cotton is the mother of poverty: peasant resistance to forced cotton production in Mozambique, 1938–1961’, Int. J. Afr. Hist. Studies, XIII (1980), 581–615.CrossRefGoogle Scholar
22 Encore faut-il distinguer entre les différentes phases de l'implantation coloniale, et entre les différents régimes d'accumulation qui leur furent associées. Sur la phase ‘primitive’, et sur la productivité par la terreur qui lui fut constitutive, voire, à titre d'exemple, ce que rapporte Coquery-Vidrovitch, C., Le Congo au Temps des Compagnies Concessionnaires (1898–1930), (Paris, 1972), 171–219.Google Scholar
23 B. Jewsiewicki utilisait même, à une certaine époque, la notion de ‘ totalitarisme’ pour caractériser l'univers colonial beige au Congo, in ‘African peasants in the totalitarian colonial society of the Belgian Congo’, in Klein, M. A. (ed.), Peasants in Africa (Beverly Hills, 1980), 45–76.Google Scholar
24 Terme emprunté à M. Foucault, dans le sens où il entend ‘l'ensemble constitué par les institutions, les procédures, analyses et réflexions, les calculs et les tactiques qui permettent d'exercer cette forme bien spécifique, bien que complexe, de pouvoir, qui a pour cible la population, pour forme majeure de savoir l'économie politique, pour instrument technique essentiel les dispositifs de sécurité’. Cf. Foucault, M., ‘La gouverne-mentalité’, Magazine littéraire, 269 (1989).Google Scholar
25 Cette dimension est fort bien rendue par le roman africain colonial. Voir, à titre d'exemple, Oyono, F., The Old Man and the Medal, tr. Reed, J. (London, 1967).Google Scholar
26 Sur ce genre de conceptualisation, se référer aux travaux de Goffman, E., La Mise en Scène de la Vie Quotidienne (Paris, 1973).Google Scholar Ou encore Les Rites d'Interaction (Paris, 1974).Google Scholar
27 D'autant plus que l'extorsion des surplus, la disposition des espaces et des biens, l'extraction du travail et des ressources fiscales, la répartition des contraintes, bref, la construction de l'inégalité, les modalités de l'échange et de la production participaient, simultanément, de rapports de pouvoir. Voir, sur ces questions, les études de Berman, B., ‘Structures and process in the bureaucratic states of colonial Africa’, Development and Change, XV (1984), 161–202CrossRefGoogle Scholar; Berman, B. J. & Lonsdale, J. M., ‘Crises of accumulation, coercion and the colonial state: the development of the labor control system in Kenya, 1919–1929’, Can. J. Afr. Studies, XIV (1980), 55–81Google Scholar; and their ‘Coping with the contradictions: the development of the colonial state in Kenya, 1895–1914’, J. Afr. Hist., XX (1979), 487–505.Google Scholar
28 Ceci est bien mis en évidence par la plupart des études portant sur la sociologie historique des conversions africaines au christianisme. Voir, par exemple, Simensen, J., ‘Religious change as transaction: the Norwegian Mission to Zululand, South Africa, 1850–1906’, in Petersen, K. H. (ed.), Religion, Development and African Identity (Uppsala, 1987), 85–104.Google Scholar
29 Voir, par exemple, ce que rapporte Fernandez, J. W. au sujet des rapports entre les Fang et les Européens, ‘Fang representations’, in Curtin, P. D. (ed.), Africa and the West. Intellectual Responses to European Culture (Madison, 1972), 4–48.Google Scholar Sur un plan comparatif, et concernant le caractére intime de la tyrannie qui résulte de ce type de relations, lire Sider, G., ‘When parrots learn to talk, and why they can't: domination, deception and self-deception in Indian-White relations’, Comp. Studies Soc. Hist., XXIX (1987), 3–23.CrossRefGoogle Scholar
30 Sur ce genre de questions, cf. Boudon, R., La Place du Désordre (Paris, 1985).Google Scholar
31 Sur ce genre de conceptualisation, se référer à Certeau, M. de, L'Invention du Quotidien. Arts de Faire (Paris, 1980), 9–52.Google Scholar
32 Giddens, Voir A., Central Problems in Social Theory. Action, Structure and Contradiction in Social Analysis (Berkeley, 1983), 49–130.Google Scholar
33 Cf. Brunschwig, H., Noirs et Blancs dans I'Afrique Noire Française (Paris, 1983).Google Scholar
34 Sur ce genre d'arguments, se référer à Taussig, M. T., The Devil and Commodity Fetishism in South America (Chapel Hill, 1980).Google Scholar Lire aussi, dans une perspective plus generale, Appadurai, A. (ed.), The Social Life of Things. Commodities in Cultural Perspective (Cambridge, 1986), 3–63 notamment.CrossRefGoogle Scholar
35 Cf. Lonsdale, J., ‘La pensée politique kikuyu et les idéologies du mouvement mau-mau’, Cah. d'Et. Afr., XXVII (1987), 320–57.Google Scholar
36 Lan, Voir D., Guns and Rain. Guerrillas and Spirit Mediums in Zimbabwe (Berkeley, 1985)Google Scholar
37 Faute de reprendre ici l'ensemble des péripéties qui l'y conduisirent, le lecteur est renvoyé a l'inestimable étude de Joseph, Radical Nationalism.
38 Pour un exposé succinct des vues freudiennes du rêeve, lire Freud, S., The Interpretation of Dreams (Harmondsworth, 1976).Google Scholar Voir, en appui, Ole Andkjaer Olsenet Koppe, S., Freud's Theory of Psychoanalysis, trans. Delay, J. C. and Pedersen, C. (New York, 1988), 155–78.Google Scholar On trouvera chez Ey, H. (ed.), L'Inconscient (Paris, 1966), 257–89Google Scholar, une critique vigoureuse de certaines de ses théories.
39 Tronchon, Lire J., L'Insurrection Malgache de 1947. Essai d'Interprétation Historique (Paris, 1986).Google Scholar
40 Cf. Mannoni, O., Psychologie de la Colonisation (Paris, 1950), 50–4.Google Scholar
41 Voir sa critique de Mannoni dans Black Skin, White Masks, trans. Markmann, C. L. (London, 1968), 83Google Scholar et ss. Pour le reste, cf. Les Damnés de la Terre (Paris, 1961), 42–3.Google Scholar Pour une utilisation similaire des catégories du transfert, dans l'imaginaire et le symbolique, de problémes qu'on ne parvient pas à résoudre dans la réalité, lire Althabe, G., Oppression et Libération dans l'Imaginaire. Les Communautés Villageoises de la Côte Orientate de Madagascar (Paris, 1982).Google Scholar
42 Fanon s'inspire, en grande partie, d'un ouvrage de Naville, P., Psychologie, Marxisme, Matérialisme, 2d. éd. (Paris, 1948).Google Scholar
43 Voir, en particulier, de Rosny, E., Healers in the Night, trans. Barr, R. R. (New York, 1985)Google Scholar; Laburthe-Tolra, P., Initiations et Sociétés Secrétes au Cameroun. Les Mystéres de la Nuit (Paris, 1985).Google Scholar
44 Dugast, I., Inventaire Ethniqae du Sud Cameroun, Mémoires de l'lnstitut Français d'Afrique Noire, Centre du Cameroun (1949), en propose une classification. Consulter aussi C. Tardits (dir.), Contribution de la Recherche Ethnologique à I'Histoire des Civilisations du Cameroun, 2 tomes (Paris, 1981).Google Scholar
45 Pour une approche de type structuraliste de ces différentes sphéres, en terme de ‘reciprocité’ et de ‘spirale’, cf. MacGaffey, W., Religion and Society in Central Africa. The Bakongo of Lower Zaire (Chicago, 1986), 42–89.Google Scholar
46 Sur la complexité de la notion de ‘personne’ et pour un état de la question, se reporter à Riesman, P., ‘The person and the life cycle in African social life and thought’, African Studies Review, XXIX (1986).Google Scholar
47 Lire à ce sujet M. Hebga, ‘Le concept de métamorphose d'hommes en animaux chez les Basa, Duala, Ewondo, Bantu du Sud Cameroun’, Thése de doctorat de 3e cycle de philosophie, Université de Rennes, 1968.
48 Amato, F., ‘Croyances bassa’, Le Monde Non-Chrétien (numéro de juillet—septembre 1967, 13–55)Google Scholar laisse bien supposer - bien que de facon fort superficielle - comment les principales institutions politiques et les principaux lieux de puissance chez les Basa (le Ngee, Ngambi, Koo, Leb Liémb, Njek…) étaient étroitement associés à cet ordre. Lire aussi Nicol, Y., La Tribu des Bakoko (Paris, 1929).Google Scholar
49 Voir les annotations de Bayiga, A., ‘L'homme-qui-voit-la-nuit et l'existence du Basa. Un essai sur un aspect de l'existentialisme africain’, Thése en sciences religieuses, Université de Strasbourg, 1966.Google Scholar
50 Sur ce genre de considération, voir Godelier, M., L'Idéel et le Matériel (Paris, 1981).Google Scholar
51 ‘Amasser’ au sens de ‘produire des choses’ et ‘produire des gens’. Mais aussi en tant que cela impliquait des rapports spécifiques entre la valeur des ‘choses’ et celle des ‘gens’. Sur ce genre d'interprétations, cf. l'étude de Miller, J. C., Way of Death. Merchant Capitalism and the Angolan Slave Trade, 1730–1830 (Madison, 1989), 40–139.Google Scholar
52 On trouvcra un aperçu des développements sur la côte au milieu du XIXè siècle chez Wirz, A., ‘“La Rivière du Cameroun”: commerce précolonial et contrôle du pouvoir en société lignagère’, Revue Française d'Histoire d'Outre-Mer, CCIX (1973), 171–95;Google Scholar et Austen, R., ‘The metamorphoses of middlemen: the Duala, Europeans, and the Cameroon hinterland, ca. 1800–ca. 1960’, Int. J. Afr. Hist. Studies, XVI (1983), 1–12 notamment.CrossRefGoogle Scholar
53 La plupart des mythes et narrations fondatrices des Basa font une large place à des ‘entrepreneurs de la nuit’ répondant à ces critères. C'est le cas de Modè Sop, Pem Njé Ntomb, Bilong bi Nlèp, Ngog Bilon, etc. Voir, à titre d'exemple, un récit recueilli par Mboui, J. et Ngijol, P., ‘Ngog Bilon: poeme recueilli d'Otto Nkoma’, Bulletin de l'Association pour les Recherches et Etudes Camerounaises, 1 (1965).Google Scholar
54 Sur ces aspects éthiques chez les Basa, cf. Biya, R. Ndebi, Etre, Pouvoir et Génération. Le Système Mbòk chez les Basa du Sud Cameroun (Paris, 1985).Google ScholarHaessig, Lire aussi J., ‘Eléments du droit coutumier bassa’, Abbia, 4 (1963).Google Scholar
55 On trouvera, à cet égard, des développements substantiels chez Janzen, J. M., Lemba, 1650–1930. A Drum of Affliction in Africa and the New World (New York, 1982).Google Scholar Voir aussi quelques indications chez Bonnafé, P., Nzo Lipfu, le Lignage de la Mort. La Sorcellerie, Idéologic de la Lutte Sociale sur le Plateau Kikuya (Paris, 1978).Google Scholar
56 Lire, dans cette perspective, l'étude de Fields, K., ‘Political contingencies of witchcraft in colonial Central Africa: culture and state in Marxist theory’, Can. J. Afr. Studies, XVI (1982).Google Scholar
57 Cet affrontement s'exprima sous divers angles, et est bien retraduit par le roman camerounais colonial. Voir, par exemple, Beti, Mongo, Le Pauvre Christ de Bomba (Paris, 1958).Google Scholar De façon plus déterminante, et sur la volonté d'extirpation des ‘coutumes’ indigènes, lire Boulaga, F. Eboussi, Christianisme sans Fétiche. Révélation et Domination (Paris, 1981).Google Scholar
58 Voir, par exemple, ce que rapporte R. Austen au sujet de la Mission Baptiste sur la côte dans ‘Hegemony without control: the Duala, Europeans and the littoral hinterland in the era of legitimate/free trade, c. 1830–1884’, unpublished manuscript, 20–4.
59 Sur la dimension politique de ces processus, cf. Bayart, J. F., ‘Régime de parti unique et systèmes d'inégalité et de domination au Cameroun: esquisse’, Cah. d'Et Afr., XVIII (1978), 6–13 notamment.Google Scholar
60 Cette gestion de la montée de l'Etat et de l'économie marchande au niveau local est très bien documentée chez Guyer, J. I., Family and Farm in Southern Cameroon (Boston, 1985), 33–64.Google Scholar
61 Avec ce qu'un tel passage impliquait en termes d'exploitation des indigènes par la bureaucratie coloniale et les milieux marchands d'une part, et d'autre part de réaménagement des systèmes locaux d'inégalité. Pour le premier aspect exclusivement, cf. Kaptué, L., Travail et Main-d'oeuvre dans le Cameroun sous Mandat Français, 1916–1952 (Paris, 1986);Google ScholarGeschiere, P., ‘European planters, African peasants, and the colonial state: alternatives in the mise en valeur of Makaland, Southeast Cameroon, during the Interbellum’, African Economic History, XII (1983).Google Scholar Sur les deux versants, voir de nouveau Guyer, J. I., ‘Head tax, social structure and rural incomes in Cameroon, 1922–37’, Cah. d'Et. Afr., XX (1980), 305–29Google Scholar, et ‘Depression and the administration in South-Central Cameroun’, African Economic History, X (1981).Google Scholar
62 Voir notre interprétation du mythe de Njab Makòn, in Mbembe, A., La Naissance du Maquis dans le Sud Cameroun (1920–1960).Google ScholarEsquisses d'une Anthropologic Historique de l'Indiscipline (à paraître).
63 Comme ce fut le cas lors de la construction du chemin de fer, à N'Jock. Cf. ce qu'en dit Buell, R., The Native Problem in Africa (London, 1928).Google Scholar
64 Ainsi que le pensent, parfois de façon très simpliste, un certain nombre d'épigones de Scott, J.. Sur ses thèses, lire directement ses ouvrages: The Moral Economy of the Peasant. Rebellion and Subsistence in Southeast Asia (New Haven, 1976)Google Scholar, et Weapons of the Weak (New Haven, 1985).Google Scholar
65 On peut prolonger dans ce sens les réflexions de Kopytoff, I. (ed.), The African Frontier. The Reproduction of Traditional African Societies (Bloomington, 1987), 3–86.Google Scholar Ou encore celles de Feierman, S., Peasant Intellectuals: Anthropology and History in Tanzania (Madison, 1990), 94–119.Google Scholar
66 Se référer aux travaux de Mallart-Guimera, L., Ni Os, ni Ventre (Paris, 1981)Google Scholar; Mboui, J., ‘Médecine et magie chez les Basa du Sud-Cameroun’, Actes de la Société Linéenne de Bordeaux, 102, 15 (1965);Google ScholarLogmo, B., ‘Médecine traditionnelle chez les Basa du Cameroun: Approche anthropologique et perspectives éducatives’, Thèse d'Etat en Médecine, Université de Bordeaux, 1975;Google ScholarBiya, Ndebi, ‘Etude ethnolinguistique de Mbak dans les rites et croyance basa’, Mémoire de maîtrise d'ethnologie, Université de Strasbourg, 1974–1975.Google Scholar
67 On retrouve cette interprétation aussi bien chez le politique Um Nyobè, Problème National Camerounais et Ecrits Sous Maquis que chez l'entrepreneur religieux J. Thong Likeng. Sur ce dernier, cf. Nwel, P. Titti, Thong Likeng, Fondateur de la Religion Nyambe-Bantu (Paris, 1986).Google Scholar
68 Sur ce genre d'approche de la maladie, cf. Augé, M. (ed.), Le Sens du Mal. Anthropologie, Histoire, Sociologie de la Maladie (Paris, 1984);Google ScholarFainzang, S., ‘L'Intérieur des Choses’. Maladie, Divination et Reproduction Sociale chez les Bisa du Burkina (Paris, 1986).Google Scholar
69 En ce qui concerne le Sud-Cameroun, on peut valablement penser que le mouvement de Thong Likeng participa de ce genre de communauté thérapeutique. Cf. Nwel, Thong Likeng.
70 Des ‘carnets’ du même genre furent souvent retrouvés parmi d'autres insurgés de l'U.P.C. Le traitement des rêves semble avoir été une activité largement répandue dans le maquis. Certains les 'racontaient’ oralement. Ceux qui savaient écrire les annotaient par écrit. On peut consulter ceux de Um, écrits de sa main, aux Archives du Service Historique de l'Armée de Terre (Vincennes, France). Chaffard, G., Carnets Secrets de la Décolonisation, tome 2 (Paris, 1967), 412–19Google Scholar, en a publié quelques extraits que nous utilisons ici.
71 En ce qui concerne les conditions de l'entrée de Um dans le maquis, nous renvoyons le lecteur à Joseph, , Le Mouvement Nationaliste an Cameroun (Paris, 1986).Google Scholar
72 Cf. ‘Extrait des carnets intimes d'Um Nyobé’, le samedi 10 mai, paragr. I. Pour la suite des notes, nous nous contenterons d'indiquer la date et le numéro du paragraphe.
73 Le jeudi 6 mars, paragr. 3: ‘Il y a trois ans…je faisais ma première conférence sur la 9e session de l'ONU’. dans, VoirProblème National Camerounais, 227–57Google Scholar, le texte de son intervention devant la Quatrième Commission.
74 Le jeudi 20 mars, paragr. 1.
75 Le dimanche 25 mai, paragr. I: ‘Je n'ai pu dormir…’, précise-t-il.
76 Le samedi 12 juillet, paragr. I: ‘Il y a soixante-quatorze ans, le Kamerun était acculé à devenir protectorat de l'Allemagne'.
77 Le samedi 25 Janvier, paragr. 3.
78 Le mercredi 12 mars, paragr. 3: ‘Leader [nom attribué à son fils né dans le maquis], pour la première fois s'est levé tout seul dans son lit après s'être réveillé’. Cet enfant semble avoir pris une grande importance dans sa vie sous maquis puisqu'il revient à plusieurs reprises dans ses notes. Um rapporte aussi bien ses pleurs que le premier anniversaire de sa naissance. Ainsi, le vendredi 25 juillet: ‘L'enfant a beaucoup pleuré cette nuit et ce matin’. L'idée, manifestement, est que l'enfant, parce qu'il voit loin, est porteur de présage et que l'on peut, en interprétant adéquatement les signes qu'il émet, prévoir ce qui risque d'arriver.
79 Ainsi, par exemple le mardi 14 Janvier, paragr. 4: ‘Fatigué. Maux de tête’. Ou encore le mercredi 15 Janvier, paragr. 2: ‘Maux de tête toute la journée’.
80 Le jeudi 16 janvier, paragr. 4: ‘Mon coeur tremble’, Ou encore le samedi 22 février, paragr. I: ‘A 13h55, j'ai ressenti un frisson de peur’.
81 Ainsi, le mardi 14 janvier, avant-dernier paragr.: ‘A 14 heures. Une fille a quitté le maquis pour toujours’.
82 Le vendredi 17 janvier, paragr. I: ‘A 17h, j'ai appris que Yebel Malip a été tué’.
83 Le mercredi 30 avril, paragr. 3 et 4: ‘A 7h35, rafales de mitraillettes tout près.12h40. Le maquis de garde est envahi. Sonlep a été tué. On a pris des documents. Coeur Vaillant a une balle dans le corps. 20 heures…Nos soldats doivent aller transporter Coeur Vaillant. Un camarade va reconnaître le lieu où se trouvait le maquis attaqué. Peut-être Sonlep n'est-il pas mort’. Puis, le samedi 10 mai: ‘Les camarades envoyés en reconnaissance rapportent de mauvaises nouvelles: Sonlep, Nest[Nestor] et Ndembe sont bien morts’.
84 Le mardi 4 mars, paragr. I: ‘Réveil à minuit. Insomnie’.
85 Le dimanche 27 avril, paragr. 3: ‘Flavoquine’.
86 Ainsi, le mercredi 15 janvier: ‘On m'a présenté des tracts que je me suis occupé de réfuter’. Le samedi 18 Janvier: ‘Termine réponse à l'article du Figaro’. Le mercredi 19 février: ‘Etude en détail des statuts de l'U.P.C.’. Le samedi 15 mars: ‘J'ai passé toute la nuit à lire des livres reçus et à réfléchir’. Pour le reste, cf. son Problème National Camerounais, 318–71; et ses Ecrits sous Maquis, 100–260.
87 ‘Les représentants de l'ONU eux aussi sont des colonialistes’.
88 Sur certaines des circonstances de l'assassinat de Um, se reporter à la pièce contenue aux Archives Nationales du Cameroun sous le titre: 2AC1543, ‘Um Nyobé Ruben. Décès d'Um Nyobé Ruben, 13 septembre 1958. Refuge d'Um Nyobé Ruben’ (1962?).
89 Mbembe, Voir A., ‘Pouvoir des morts et langage des vivants: les errances de la mémoire nationaliste au Cameroun’, Politique Africaine, no. 22 (1986), 37–72.Google Scholar
90 Cf. ce qu'il en dit dans ses Ecrits sous Maquis, 175–85.
91 Cf. Lamberton, J., La Pacification de la Sanaga Maritime… (CM.I.S.O.N., 1961).Google Scholar
92 Devant la Quatrième Commission en 1953, il rapportait ainsi un attentat dont il avait été victime à Foumban lors d'un meeting: ‘Ma propre vie se trouva menacée de temps à autre…La dernière opération consista pour nos adversaires [l'administration coloniale] d'armer une poignée de mercenaires à Foumban en pays Bamoun pour assassiner le secrétaire général de l'U.P.C. et ses amis. La mission fut exécutée, mais elle se solda par un échec; ce ne serait pas invoquer un fait personnel en disant que ceux qui ont eu l'occasion de me voir ici l'année dernière ne m'avaient pas connu porteur de cicatrices sur la tête. Or, ces cicatrices, je les ai ramenées de Foumban comme souvenir de l'action de notre mouvement en faveur de l'unification et de l'indépendance du Cameroun’, in Problème National Camerounais, 217–18.
93 Dugast, Lire I., Monographie de la Tribu des Ndiki (Banen du Cameroun). Vie Sociale et Familiale (Paris, 1960), 36–8.Google Scholar
94 Cf. Laburthe-Tolra, , Initiations et Sociétés Secrètes au Cameroun, 48–9.Google Scholar
95 Sur l'importance de cette référence dans les systèmes de représentation locaux, cf. Mbembe, ‘Des dimensions politiques de l'imaginaire historique’.
96 Freud, Voir S., La Science des Rêves (Paris, 1963)Google Scholar et Le Rêve et son Interprétation (Paris, 1925).Google Scholar
97 Sur I'historicité des rêves et, de façon générale, leur enracinement dans une culture, cf. d'Andrade, R. G., ‘The effect of culture on dreams’, in Hsu, F. L. K. (ed.), Psychological Anthropology (Homewood, 1961), 308–32.Google Scholar En ce qui concerne le rapport entre performance onirique et définition de soi, cf. Stephen, M., ‘Dreaming and the hidden self: Mekeo definitions of consciousness’, in Herdt, G. & Stephen, M. (eds.), The Religious Imagination in New Guinea (New Brunswick, 1989), 160–86.Google Scholar
98 Sur ce genre d'arguments, cf. Taussig, M., Shamanism, Colonialism and the Wild Man. A Study in Terror and Healing (Chicago, 1987).CrossRefGoogle Scholar