Lorsque, plongé dans mon activité au service du Comité international de la Croix-Rouge, je songe au travail accompli depuis le début des hostilités, c'est le souvenir de l'été 1940 qui apparaît avec le plus d'intensité. Nous sommes en pleine bataille de France, un nombre immense de prisonniers de guerre afflue vers les camps. C'est dimanche, une délégation d'une grande Puissance arrive à Genève sans s'être annoncée. La misère est infinie, qu'il faut secourir au plus vite. Il ne s'agit pas des populations civiles qui s'enfuient sur les routes, car le Comité s'est déjà mis en rapport télégraphiquement à leur sujet avec toutes les Sociétés de Croix-Rouge du monde entier. Non, c'est de soldats qu'il s'agit, plus d'un demi-million de prisonniers massés sur un espace exigu.