L'auteur de cet article s'intéresse au concept de la neutralité de l'action humanitaire. Il examine les tensions qui peuvent surgir entre la théorie et la pratique, et pose un regard particulier sur la position du CICR. La neutralité, au sens des Principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, impose le devoir de »s'abstenir de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d'ordre politique, racial, religieux et idéologique«. Le CICR a toujours poursuivi cette ligne de conduite qu'il considère fondamentale pour le succès de son activité humanitaire, même si pour d'autres la neutralité est un obstacle. L'auteur constate que l'usage que le CICR fait de ce principe est en fait plus dynamique et politiquement plus fin qu'on ne le pense généralement. Une réflexion permanente sur le concept clé de la neutralité est nécessaire, mais il ne faut pas oublier que ce qui est bon pour le CICR ne l'est pas nécessairement pour d'autres organisations internationales, qu'elles soient gouvernementales ou non.