Les auteurs des Conventions de La Haye de 1899 et de 1907 se préoccupaient, en reprenant les travaux de Bruxelles de 1874, de donner une forme conventionnelle et précise au droit coutumier réglant la conduite de la guerre, notamment sur terre. Ils se rendaient compte qu'une codification totale n'était pas réalisable à l'époque; mais ils ne voulaient pas admettre qu'en dehors des règles conventionnelles, les belligérants auraient un droit illimité à se prévaloir de ce qu'on a appelé «la raison de guerre » et à accorder partout la prépondérance aux intérêts militaires, réels ou prétendus.

Au cours des années qui précédèrent le second conflit mondial, on vit surgir, sous l'influence des conceptions politiques et des progrès de la technique, une nouvelle théorie de la guerre, qui bouleversa singulièrement les idées admises jusqu'alors. Ceux qui la soutiennent, faisant table rase des regies juridiques limitant la liberté d'action des belligérants, estiment que ces derniers doivent mettre en jeu tout leur potentiel, afin de briser la volonté de l'adversaire; ils conçoivent le théâtre des hostilités comme débordant le territoire strict des belligérants, sans distinction des personnes, et la guerre prolongeant ses effets après la clôture des hostilités.