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Le Comité international de la Croix-Rouge et l'assistance humanitaire: analyse d'une politique

Published online by Cambridge University Press:  19 April 2010

David P. Forsythe
Affiliation:
David D. Forsythe est professeur et directeur du Département de sciences politiques à l'Université de Nebraska-Lincoln (USA). Il est l'auteur de Humanitarian Politics: The International Committee of the Red Cross, Johns Hopkins, 1977, et d'analyses plus courtes sur le OCR et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

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Dans les conflits armés et les situations d'urgence complexes actuels, les civils sont plus nombreux à souffrir que les combattants2. Après la guerre froide, il était possible de délimiter des zones de troubles où les civils enduraient de grandes souffrances; mais on pouvait aussi circonscrire une zone de stabilité où fonctionnait un système complexe d'assistance humanitaire visant à alléger les souffrances des civils. Les médias mettaient l'accent sur la souffrance mais, jamais auparavant dans l'histoire, un tel kaléidoscope d'acteurs de l'humanitaire s'était efforcé de fournir des secours d'urgence lors de conflits armés ou de situations d'urgence complexes.

Type
Review Article
Copyright
Copyright © International Committee of the Red Cross 1996

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References

2 Selon des sources de la Croix-Rouge, «pendant la Première Guerre mondiale, ils [les civils] représentaient 15% des victimes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ce pourcentage a passé à 65%. Aujourd'hui, ils sont 90%.» «Campagne mondiale pour la protection des victimes de la guerre», RICR, no 789, mai-juin 1991, p. 327. Voir également le «Rapport sur les catastrophes dans le monde», Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (éd.), Genève, 1994, p. 34. — «Situations d'urgence complexes» est un terme vague utilisé par les Nations Unies pour éviter le débat sur la distinction entre les conflits armés et les autres situations. Il implique, au minimum, l'effondrement de l'ordre public, des souffrances humaines et l'absence de contrôle de la situation par le pouvoir, quel qu'il soit.

3 Panni une vaste documentation sur le Mouvement, voir en particulier deux publications récentes: Bugnion, François, Le Comité international et la protection des victimes de la guerre, CICR, Genève, 1994Google Scholar; et Hutchinson, John, Champions of charity: War and the rise of the Red Cross, Westview Press, Boulder, 1996.Google Scholar

4 Leaning, Jennifer, «When the system doesn't work: Somalia in 1992», dans Canili, Kevin (éd.), A framework for survival: Health, human rights, and humanitarian assistance in conflicts and disasters, Basic Books for the Council on Foreign Relations, New York, 1993.Google Scholar

5 Voir également Roberts, Adam, «Humanitarian war: Military intervention and human rights», paru dans International Affairs, 69/3, juillet 1993, pp. 429450.CrossRefGoogle Scholar

6 Ce schéma est tiré de l'ouvrage de Minear, Larry et Weiss, Thomas G., Mercy under fire: War and the global humanitarian community, Westview Press, Boulder, 1995.Google Scholar

7 Rapport d'activité, CICR, Genève, 1995. Les chiffres du CICR séparent l'assistance d'autres catégories, telles que le «soutien opérationnel aux délégations» et la «gestion»; il est donc difficile de se faire une idée globale du coût des opérations d'assistance.

8 Harroff-Tavel, Marion, «L'action du Comité international de la Croix-Rouge face aux situations de violence interne», RICR, no 801, mai-juin 1993, p. 211.Google Scholar

9 Illingworth, Montieth, «Remedies for an ailing world: An interview with Doris Schopper», paru dans Hemispheres, United Airlines, Chicago, juin 1995, pp. 1924.Google Scholar

10 Natsios, Andrew S., «NGOs and the UN system in complex humanitarian emergencies», dans Weiss, Thomas G. and Gordenker, Leon (ed)., NGOs, the UN and global governance, Lynne Rienner Publishers, Boulder, 1996, p. 73.Google Scholar

11 Thierry Hentsch en fait un récit particulièrement bien documenté dans Face au Blocus: La Croix-Rouge internationale dans le Nigeria en guerre (1967–1970), Institut universitaire de hautes études internationales, Genève, 1973. Le CICR avait obtenu de Lagos la permission de voler à ses risques et périls. Après l'annulation de cette autorisation, il a continué de participer à des vols de nuit, dans lesquels les avions de la Croix-Rouge se mêlaient à des avions transportant des munitions destinées aux forces biafraises. Ce pont aérien n'était donc pas une opération totalement neutre. Mais le CICR se préoccupait du sort des civils dans l'enclave biafraise et devait concurrencer Joint Church Aid (ICA), une coalition d'organismes de secours peu soucieux des subtilités du consentement de l'État ou de la neutralité. Si le CICR s'était retiré plus tôt, il aurait laissé à JCA l'assistance en temps de guerre et aurait perdu une bonne partie du soutien de l'opinion publique en Europe et en Amérique du Nord, qui était pro-biafraise.

12 Larry Minear et Thomas G. Weiss, op. cit. (note 6). Voir également Minear, Larryet al., Humanitarian Action in the former Yugoslavia: The U.N.'s Role 1991–1993, Occasional Paper #18, Brown University, Watson Institute, Providence, RI, 1994, pp. 43, 78.Google Scholar

13 Pour une analyse équilibrée, voir Minear, Larry, Humanitarianism under siege: A critical review of operation lifeline Sudan, Red Sea Press, Trenton, NJ, 1991Google Scholar; et Deng, Francis M. et Minear, Larry, The challenges of famine relief: Emergency operations in the Sudan, Brookings, Washington, 1992.Google Scholar

14 Bugnion, , op. cit. (note 3), p. 364Google Scholar, citant Jacques Freymond: Le CICR «ne peut ignorer cet ensemble de règles qu'il a contribué lui-même à établir et dont il demande le respect par les États

15 Voir aussi Mars, William De, «Contending neutralities: Humanitarian Organizations and war in the Horn of Africa», dans Chatfield, Charles, Pagnucco, Ron and Smith, Jackie (eds), Solidarity beyond the State: The dynamics of transnational social movements, Syracuse University Press, Syracuse, 1996.Google Scholar

16 Bugnion, , op. cit. (note 3), pp. 946948.Google Scholar

17 Girod, Christophe, Tempête sur le désert: le Comité international de la Croix-Rouge et la guerre du Golfe 1990–1991, Bruylant, Bruxelles, 1994, p. 28.Google Scholar

18 En ex-Yougoslavie, à peu près à la même époque, le CICR a accepté une protection militaire afin de garantir la libération et l'échange de prisonniers, mais pas pour les secours destinés aux civils. Le HCR a accepté la protection militaire de la FORPRONU pour fournir son assistance.

19 eaning, dans Canili, , op. cit. (note 4), p. 108.Google Scholar

20 Minear, et al., op. cit. (note 12), p. 31.Google Scholar

21 CICR, The role of the ICRC in relief operations, mars 1994, document non publié, lecture autorisée.

23 ICRC, Emergency appeal, 1995, p. 155.Google Scholar

24 Voir en particulier Leaning, dans Canili, , op. cit. (note 4), pp. 114117.Google Scholar

25 Oliver, Thomas W., The United Nations in Bangladesh, Princeton University Press, Princeton, 1978.Google Scholar Dans cette situation et pendant un certain temps, le coordonnateur des Nations Unies pour les secours était un ressortissant suisse qui était également membre du OCR. Il n'était pas toujours évident de savoir si la personne en question représentait les Nations Unies ou le CICR lorsqu'elle dirigeait les activités de secours.

26 Weiss, Thomas G. (ed.), Humanitarian emergencies and military help in Africa, Macmillan, for the International Peace Academy, Londres, 1990.CrossRefGoogle Scholar

27 Minear, Larry et Weiss, Thomas G., op. cit. (note 6), p. 118.Google Scholar

28 MSF ne s'orientait pas sur les conflits armés et ne s'intéressait guère, initialement, aux questions relatives à l'assentiment des Etats. Physicians for Human Rights était particulièrement intéressé par la médecine légale, tandis que le CICR refusait de coopérer dans des poursuites pénales afin de faciliter son action à l'intérieur des pays. Quelle que fût sa diplomatie discrète, le CICR ne cherchait pas non plus à mobiliser l'opposition au sujet des abus de la déontologie médicale en relation avec les détenus. Sur le dernier point, voir Stover, Eric, The open secret: Torture and the medical profession in Chile, American Association for the Advancement of Science, Washington, juillet 1987Google Scholar, et Bloche, Gregg, Uruguay's military physicians: Cogs in a system of State terror, American Association for the Advancement of Science, Washington, mars 1987.Google Scholar

29 Rony Brauman, «The Médecins sans frontières experience», dans Canili, op. cit. (note 4), chapitre 13.

30 OCR (Division des Secours), Handbook for donors: Technical guidelines for donations in kind to ICRC relief operations, CICR, Genève, septembre 1989.Google Scholar

31 Tansley, Donald D., Rapport final: Un ordre du jour pour L. Croix-Rouge, Institut Henry-Dunant, Genève, 1975, pp. 22Google Scholar, 23, 53, 73, 76, 122–23. Il convient de signaler que le présent auteur était conseiller de ce groupe d'experts et qu'il a rédigé une partie du rapport.

32 Caratsch, Claudio, «Humanitarian design and political interference: Red Cross work in the post-Cold War period», dans International Relations, no 11/4, avril 1993, p. 308.Google Scholar M. Caratsch, un vice-président du CICR, a ajouté alors que cela représentait davantage que ce que le OCR faisait normalement pour la presse et que les journalistes trouvaient que, souvent, les communiqués de presse du CICR n'étaient pas suffisamment «excitants», p. 312.

33 Voir, par exemple, The Economist, 21 mai 1988, p. 80.

34 Mercier, Michèle, Crimes sans châtiment: l'action humanitaire en ex-Yougoslavie 1991–1993, Bruylant, Bruxelles, 1994Google Scholar; et Christophe Girod, op. cit. (note 17). Ces deux ouvrages ont d'abord été publiés en français. Le premier a également été publié en anglais: Crimes without Punishment, PlutoPress, London, 1995. Mais le second n'a pas été publié en anglais à l'issue d'une protestation diplomatique. La version française du livre de Girod ne contient toutefois pas grand-chose qui justifie sa non-publication en anglais, selon l'opinion de l'auteur. Une personne interrogée à Genève m'a dit: «Une protestation diplomatique ne doit pas être prise à la légère». H est plutôt improbable que beaucoup d'autres organismes de secours, qui insistent sur l'indépendance de l'action en faveur des civils, restreindraient la circulation d'un récit historique à cause du mécontentement d'un État au sujet de son contenu.

35 Hutchinson, , op. cit. (note 3), p. 3.Google Scholar

36 Minear, et Weiss, , op. cit. (note 6), p. 164.Google Scholar

37 CICR, The role of the 1CRC in relief operations, op. cit. (note 21), pp. 12.Google Scholar Voir également Junod, Dominique-D., The imperiled Red Cross and the Palestine Eretz-Yisrael conflict 1945–1952, Kegan Paul International, Londres et New York, 1996.Google Scholar

38 Kent, Tiré de Randolph C., Anatomy of disaster relief: The international network in action, Pinter Publishers, Londres, 1987, p. 173.Google Scholar

39 Minear, et al., op. cit. (note 12), p. 40.Google Scholar

40 Médecins sans frontières (éd.), Populations en danger, MSF-Royaume-Uni, Londres, p. 13.

41 Jan Eliasson, tiré de: Erskine Childers, avec Brian Urquhart, Renewing the United Notions system, The Dag Hammarskjold Insititute, for the Ford Foundaton, Uppsala, p. 255.

42 Après l'exode massif des Rwandais en 1994, divers organismes de secours diver geaient sur la question de savoir s'il fallait fournir des vivres aux camps de réfugiés où les milices opéraient Le HCR a poursuivi ses distributions de vivres, mais MSF a suspendu son action médicale, estimant qu'elle contribuait à une reprise des combats à l'avenir.

43 Mégevand, Béatrice, «Entre insurrection et gouvernement», RICR, no 811, janvier-février 1995, pp. 107121.Google Scholar

44 Croix-Rouge/Croissant-Rouge, janvier-avril 1994, p. 21.

45 Natsios, Andrew S., op. cit. (note 10), pp. 7374.Google Scholar

46 Concernant les décisions prises par le CICR pendant la Seconde Guerre mondiale, voir en particulier Favez, Jean-Claude, Une mission impossible? Le CICR, les déportations et les camps de concentration nazis, Payot, Lausanne, 1988.Google Scholar M. Favez a pu consulter les archives du CICR. Á comparer avec François Bugnion, op. cit. (note 3), qui donne une interprétation plus favorable, mais qui est un cadre du CICR.

47 Dominique-D. Junod, op. cit. (note 37).

48 Freymond, Jacques, Guerres, révolutions, Croix-Rouge, Institut universitaire de Hautes études internationales, Genève, 1976.Google Scholar M. Freymond a été vice-président et président par intérim du CICR.

49 Certains changements sont recensés par Vichniac, Isabelle, Croix-Rouge, les stratèges de la bonne conscience, Alain Moreau, Paris, 1988Google Scholar, mais ce récit comporte quelques erreurs.

50 Voir, par exemple, «Principes directeurs concernant le droit à l'assistance humanitaire», adoptés par le Conseil de l'Institut international de droit humanitaire (San Remo), dans RICR, no 804, novembre-décembre 1993, pp. 548–554.

51 Sahnoun, Mohamed, Somalia: The missed opportunities. US Institute of Peace Press, Washington, 1994, p. 18.Google Scholar Voir également son commentaire qui accuse «l'écrasante bureaucratie des Nations Unies qui, à la différence de la Croix-Rouge, est composée de fonctionnaires plus intéressés par leurs carrières et les avantages accessoires que par le travail dont ils sont chargés», (trad. CICR) tiré de J. Perlez «No easy fix for Somalia», New York Times, 7 septembre 1992, p. Al.

52 Larry Minear, «Making the humanitarian system work better», dans Canili, Kevin (ed)., op.cit. (note 4), p. 243.Google Scholar

53 Cuny, Fred, «Humanitarian assistance in the post-Cold War era», dans Weiss, Thomas G. and Minear, Larry (ed.), Humanitarianism across borders, Lynne Rienner, Boulder, 1993, p. 168.Google Scholar

54 James Ingram, «The future architecture for international humanitarian assistance», dans Weiss, Thomas G. and Minear, Larry, op. cit. (note 53), p. 189Google Scholar et passim.