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Gustave Moynier et les sociétés de la Paix

Published online by Cambridge University Press:  19 April 2010

André Durand
Affiliation:
André Durand, ancien délégué général du CICR, a publié notamment Histoire du Comité international de la Croix-Rouge. De Sarajevo à Hiroshima, Institut Henry-Dunant, 1978, et le Comité international de la Croix-Rouge, Fondation Jean Monnet pour l'Europe, Centre de Recherches européennes, Lausanne, 1980. Il est l'auteur de nombreux articles sur l'histoire du Mouvement, dont plusieurs ont paru dans la Revue. Le présent article est extrait d'une biographie de Gustave Moynier, actuellement en cours de rédaction.

Extract

Dès la fondation de la Croix-Rouge, le problème de ses rapports avec la guerre a été posé. L'on pouvait en effet se demander si le fait d'institutionnaliser la protection des victimes de la guerre, et de créer un domaine réservé où la violence n'aurait pas accès, ne pourrait pas être considéré comme une reconnaissance officielle de la guerre, comme l'acceptation tacite du recours à la force. Et même, certains se sont demandé si le fait de réglementer la guerre sans chercher à la supprimer ne servait pas les desseins de ceux qui, responsables militaires et politiques de la belligérance, pourraient désormais se prévaloir de l'alibi d'une «guerre propre» pour se blanchir devant l'opinion publique et devant l'histoire.

Type
Review Article
Copyright
Copyright © International Committee of the Red Cross 1996

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References

1 Le général Dufour, au cours d'une longue carrière militaire, avait été nommé à quatre reprises commandant en chef de l'armée fédérale; Gustave Moynier, simple soldat dans le régiment genevois, avait accompli cinq semaines de service actif sur la frontière du Rhin, lors de l'affaire de Neuchâtel (1857); Henry Dunant, qui avait obtenu la nationalité française en 1859, était double national franco-suisse et depuis lors était dispensé de service militaire; les docteurs Maunoir et Appia, en cas de conflit, auraient sans doute été appelés dans le service de santé.

2 Compte rendu de la Conférence de Genève, 26–29 octobre 1863, p. 8.

3 Fondée à Londres le 14 juin 1816, la Peace Society joua un rôle important dans le développement des sociétés de la Paix sur le continent européen. À l'histoire de la Peace Society est associé le nom de Henry Richard (1811–1888), rédacteur du journal Herald of Peace et secrétaire de la société pendant près de 40 ans. Pour l'histoire du pacifisme on consultera l'ouvrage récent de Grossi, Verdiana, Le pacifisme européen: 1889–1914, Bruylant, Bruxelles, 1994.Google Scholar

4 Gustave Moynier fut nommé le 14 décembre 1886 par le Tribunal civil de Genève expert pour le partage des papiers laissés par le comte de Sellon après sa mort, conjointement avec Louis Dufour, archiviste d'État, et Théophile Dufour, juge à la Cour de justice et à la Cour de cassation, directeur des Archives d'État (1877–1885) et directeur de la Bibliothèque publique et universitaire (1885–1900).

5 Victor Hugo, discours d'ouverture, Congrès de la Paix, Paris, 21 août 1849.

6 Voir Le Temps, 26 avril 1867. Frédéric Passy (1822–1912), auteur de nombreux ouvrages d'économie, partisan convaincu du pacifisme et de l'arbitrage, défenseur de l'idée d'une Fédération européenne, créateur en 1889, avec William Randall Cremer de l'Union interparlementaire, S'était déjà élevé, en 1859, contre la guerre de Lombardie.

7 Publié dans les livraisons de la Bibliothèque de la Paix éditée par les soins de la Ligue internationale et permanente de la Paix.

8 Annales du Congrès de Genève, préface par Jules Barni, Genève, Vérésoff et Garrigues, 1868, pp. 6–7.

9 Lemonnier, Charles, La vérité sur le Congrès de Genève, Berne et Genève, Vérésoff et Garrigues, 1867, pp. 56.Google Scholar

10 L'Institut national genevois avait été fondé en 1852, sur une initiative de James Fazy, à cette date président du Conseil d'État de Genève, qui en fut le premier président. Il comprenait alors trois classes: industrie, commerce et agriculture; sciences morales et politiques; beaux-arts, musique et lettres.

11 Étaient également membres du Comité central les Genevois Amédée Roget et le notaire Albert Wessel, respectivement membres du parti démocratique et du parti indépendant. Dans la délégation allemande, relevons le nom d'Armand Goegg, qui avait quitté l'Allemagne à la suite des troubles révolutionnaires de 1848. Son fils, Egmond (ou Edmond) Goegg, installé à Genève, sera plus tard membre de la Société genevoise d'utilité publique, qu'il présidera à plusieurs reprises, notamment en 1906, lorsqu'il recevra au Palais de l'Athénée, au nom de la Société, les délégués à la Conférence diplomatique pour la révision de la Convention de Genève du 22 août 1864.

12 Voir Lemonnier, Charles, op. cit. (note 9), pp. 1214Google Scholar; Aeschlimann, Willy, «Garibaldi à Genève», dans Almanack du Vieux Genève, 1963, pp. 2325Google Scholar, et «Garibaldi au Congrès de la Paix et la presse valaisanne», id., 1964, pp. 25–28; et la presse genevoise de cette époque.

13 Sur le déroulement du Congrès, voir Annales du Congrès de Genève; Charles Lemonnier, op. cit. (note 9); et Ruchon, François, Histoire politique de Genève (1813–1907), Genève, Jullien, 1953, Vol. II, pp. 231232.Google Scholar

14 Préface de Jules Barni pour Annales du Congrès de Genève, p. VIII.

15 Étaient membres fondateurs les membres qui S'étaient inscrits au cours de la première année et avaient versé une contribution d'au moins cent francs.

16 Frédéric Passy donna deux conférences à Genève sur la guerre et la paix: le 1er décembre 1869, à la salle des Amis de l'Instruction, au Temple unique (actuelle église du Sacré-Cœur), et le 3 décembre, à la salle de la Réformation. Á l'issue de ces confé rences, qui connurent un grand succès, nombre d'auditeurs s'inscrivirent comme sociétaires ou adhérents à la Ligue de la Paix.

17 Fénelon (1651–1715), Dialogues des Morts, Dialogue XVI: «Socrate et Alcibiade».

18 Voir Haggenmacher, Peter, «Guerre juste et guerre régulière dans la doctrine espagnole du XVIe siècle», RICR, no 797, septembre-octobre 1992Google Scholar, et du même auteur, Grotius et la doctrine de la guerre juste, Paris, P.U.F., 1983 (Publications de l'Institut universitaire de hautes études internationales, Genève).

19 Tite-Live, livre IX, I. Cité par Machiavel, Le Prince, ch. XXVI.

20 Op. cit. (note 8), p. 139. Au moment de l'attaque des volontaires garibaldiens contre les États pontificaux, le Comité international entreprit des démarches auprès du Conseil fédéral et de Mgr Mermillod, récemment nommé évêque d'Hébron in partibus, et auxilaire de Genève, pour inciter le Vatican à adhérer à la Convention de Genève du 22 août 1864. (Lettres de Gustave Moynier au président de la Confédération et à Mgr Mermillod du 1er novembre 1867.) Mgr Mermillod donna aussitôt une suite favorable à la requête du Comité. Les Etats pontificaux notifièrent leur adhésion à la Convention le 6 mai 1868.

21 Victor Hugo, Congrès de Lausanne, 4 septembre 1869.

22 Le Congrès de la Paix S'était réuni en 1870 à Bâle, en 1871 à Lausanne, et en 1872 à Lugano. Á partir de 1873, il se réunit régulièrement à Genève.

23 Ligue internationale de la Paix et de la Liberté, Cinquième congrès, Lausanne, 25–29 septembre 1871, quatrième résolution (droit international).

24 Hugo, Victor, La question de la paix remplacée par la question de la guerre — Á MM. les membres du Congrès de la Paix à Genève, Paris, 4 septembre 1874.Google Scholar

25 Élie Ducommun, premier secrétaire du Bureau international de la Paix, et Charles-Albert Gobât, secrétaire du bureau central de l'Union interparlementaire, reçurent con jointement le prix Nobel de la Paix en 1902.

26 Rolin-Jaequemyns, G., «De la nécessité d'organiser une institution scientifique permanente pour favoriser l'étude et les progrès du droit international», Revue de droit international et de législation comparée, Vol. V., 1873, p. 466.Google Scholar

27 Gustave Moynier à Frédéric Passy, mai 1868. La lettre a été publiée dans l'appendice qui accompagnait le compte rendu de la première assemblée générale de la Ligue internationale et permanente de la Paix, tenue le 8 juin 1868 (Bibliothèque de la Paix). Gustave Moynier, qui avait envisagé de la publier à cette époque, l'a finalement reproduite dans un article paru dans RICR, no 126, avril 1901, p. 74.

28 «Die Härten des Krieges und das Völkerrecht, Ein Brief des Präsidenten des internationalen Instituts für Völkerrecht, Herrn Moynier, an den Herausgeber der Deutschen Revue [Richard Fleischer]», Deutsche Revue über das gesamte nationale Leben der Gegenwart, dix-septième année, vol. IV, octobre-décembre 1892, Breslau, pp. 331–339. C'est dans la Deutsche Revue que Henry Dunant fera paraître, en 1899, la traduction allemande de son manifeste pacifiste, «La proposition du tsar Nicolas II».

29 Texte original fiançais, d'après le manuscrit daté d'octobre 1892. CICR, fonds Moynier.

30 En application de ce principe, Gustave Moynier avait demandé au Conseil fédéral de proposer officiellement aux Etats ayant participé à la Conférence diplomatique de Genève de 1868 de ratifier séparément les articles additionnels relatifs à la guerre maritime, qui avaient été unanimement adoptés, en les détachant de l'ensemble du projet de convention. Le Conseil fédéral, estimant qu'une telle décision était de la compétence d'une conférence diplomatique, n'avait pas donné suite à cette proposition.

31 Supra, note 27.

32 Voir à ce sujet: CICR et Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Action en faveur de la Paix, Résolutions concernant la paix adoptées par le Mouvemement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge depuis 1921, Genève, 1986.Google Scholar