Published online by Cambridge University Press: 18 December 2008
Il est peu d'historiens aujourd'hui qui n'admettent le caractère socialiste de la Commune, ou qu'elle fut à tout le moins l'ébauche d'une révolution socialiste. Nul cependant encore qui ait cherché à traiter vraiment de ce chapitre décisif en la matière que fut l'histoire, pendant les événements de 1870-1871, de l'Association Internationale des Travailleurs à Paris, du rôle exact de l'organisation la plus éminemment ouvrière et socialiste en ces temps. Sur ce rôle, sur cette histoire, que de questions pourtant, d'opinions divergentes, contradictoires! Questions, de nos jours comme autrefois! la première, et non des moindres, pourrait être par exemple résumée en ces conclusions de quelques contemporains, sur lesquelles, selon les cas et leurs goûts, s'appuieront les historiens.
page 3 note 1 Je ne vois aucune étude systématique et substantielle sur le sujet, exception faite du premier travail défricheur accompli par Molok, A., «RaboČie Pariža v dni Kommuny», in: Voprosy Istorii, 1951, n° 3, pp. 3–31Google Scholar (il en existe une traduction française, «Les ouvriers de Paris pendant la Commune», in: Les Cahriers du Communisme, 1951, n° 5 et n° 6). Certaines histoires récentes de la Commune consacrent plusieurs pages, voire un chapitre, au problème, ainsi celle de J. Bru-hat, Dautry, J., Tersen, E., La Commune de 1871, Paris 1960, réédition 1970, pp. 151–159Google Scholar, mais il me semble qu'il reste encore beaucoup à dire. Trop souvent d'pautre part, lorsqu'on parte du rdle de l'lnternationale dans la Commune, c'est d'abord et surtout à celui de Marx, d'Engels, du Conseil général de Londres qu'on s'intéresse. Ainsi le chapitre que consacre I. Bach à «La Première Internationale et la Commune de Paris» dans le recueil collectif La Commune de Paris 1871, sous la direction de E. Jeloubovskaïa, A. Manfred, A. Molok, Moscou 1971, pp. 370–390. Je m'en tiendrai ici à des perspectives et des horizons strictement parisiens.
page 4 note 1 Le texte de Favre a éteé reproduit par Bourgin, G., «La lutte du Gouvernement français contre la Première Internationale», in: International Review for Social History, t. IV (1939), p. 53.Google Scholar Les citations de Tolain et Fribourg sont empruntées à leurs dépositions devant la commission d'enquête désignée pour étudier les événements de 1871 – dépositions qui ne sont pas d'intérêt négligeable mais doivent être utilisés avec prudence –, Enquête parlementaire sur l'lnsurrection du 18 mars 1871 (ci-après désignée par l'abréviation Enquête parlementaire), p. 422 et p. 428. L'édition utilisée ici est celle en un seul volume, Paris, Librairie législative, 1871.
page 5 note 1 Notamment les plaintes nombreuses sur la faiblesse extrême de l'Association exprimées par les membres mêmes de son Conseil fédéral parisien, dont j'évoque quelques-unes un peu plus loin, pour les mois de Janvier à mars 1871.
page 5 note 2 Engels à Sorge, 12 septembre 1874, Correspondance F. Engels – K. Marx et divers, publiée par F. A. Sorge, Ed. Costes, Paris 1950, t. I, p. 204.
page 5 note 3 Dossier Paul Martine aux Archives Historiques du Ministère de la Guerre (ci-après A.H.G.), IVe conseil de guerre, dossier n° 1656. Martine a laissé des Mémoires manuscrits sur la période 1870–1871, conservés à la Bibliothèque Nationale de Paris, Nouvelles acquisitions françaises 12712–12717. Une partie, celle qui commence au 18 mars 1871, vient d'en etre publiée: Paul Martine, Souvenirs d'un insurgé, préface et notes de J. Suffel, Paris 1971; ces souvenirs ne sont pas sans intérêt en ce qui concerne la vie locale dans le XVIIe arrondissement, mais malheureusement nous éclairent assez peu sur les activités de la section des Batignolles, à laquelle son dossier prouve en toute certitude qu'il appartenait. L'auteur oublie – volontairement? - de rappeler ce fait, devenu qu'il est, au moment où il ?crit, vigoureusement nationaliste et antidreyfusard (et cela, c'est un peu une suite du patriotisme des Internationaux de 1871).
page 6 note 1 Quelques miettes pour la période du Siège aux Archives de la Préfecture de Police de la Seine (abréviation A.P.Po.), principalement cote B/a 441. On possede les comptes rendus des séances du Conseil fédéral parisien, complets surtout pour la période janvier-mars 1871, publiés sous le titre Les séances officielles de 1'Internationale à Paris pendant le Siége et pendant la Commune (abréviation Séances officielles), et dont on ne peut plus songer à contester l'authenticité, plusieurs des procès-verbaux originaux multigraphiés ayant été retrouvés aux A.H.G. et aux A.P.Po. Ont été publiés également par les soins de l'lnstitut de Marxisme-Léninisme de Moscou les procès-verbaux des séances du Conseil général de Londres; j'utilise ici l'édition en anglais, Documents of the First International, [t. IV], The General Council of the First International 1870– 1871, Minutes, Moscou-Londres, s.d., (abréviation Minutes 1871). On peut en consulter le texte original à l'lnternationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis. A signaler encore les Lettres de Communards et de militants de la Ière Internationale à Marx, Engels et autres dans les journées de la Commune de Paris en 1871. Présenté et rédigé par J. Rocher, Paris 1934. Je n'ai pu prendre con-naissance de Pervyj International v dni Parižskoj Kommuny. Dokumenty i materialy, Moscou 1941 (en russe seulement).
page 6 note 2 Les archives privées de L. Centner contiennent nombre d'importants documents concernant les activités de B. Malon; je le remercie d'avoir eu l'obligeance de les mettre à ma disposition. Elles viennent utilement compléter d'autres documents sur Malon conservés dans le fonds Descaves de 1'I.I.S.G., qui nous renseigne également sur le rǒle en 1871 d'un certain nombre d'Internationaux.
page 6 note 3 A.H.G., dossiers des Communards passés en Conseil de guerre. J. Maitron a principalement utilisé pour la confection de son Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français (D.B.M.O.F.) les dossiers de recours en grâce de la série BB24 des Archives nationales. Il m'a aimablement communiqué la liste des militants parisiens de l'A.I.T. qu'il avait répertoriés, et je l'en remercie à son tour, liste que, me référant aux dossiers des A.H.G., j'ai un peu allongée, on verra pour quelles raisons, y incluant des militants ouvriers de Chambres syndicales notam-ment. Au prix d'un patient travail, on peut également retrouver un certain nombre d'indications (profession, âge…) touchant des Internationaux qu'on ne connaissait que de nom en dépouillant les listes électorates des quartiers de Paris pour 1871, dont on n'a pas encore eu le souci ou le temps de les rayer, s'ils sont condamnés; elles sont conservées aux Archives du Département de la Seine.
page 7 note 1 Le Manifeste contre la guerre paraît dans le journal Le Réveil, 12 juillet 1870; il n'est alors signé que de 200 militants environ, d'hommes et femmes qui se disent expressément membres de l'lnternationale; J. Maitron, D.B.M.O.F., t. IV, pp. 43–45, n'a retenu que ceux-ci, pour les listes qu'il dresse des Internationaux parisiens. Je ne crois pas qu'il ait eu raison d'écarter une seconde liste de signatures qui paraǐt le lendemain; un sondage approfondi dans cette nouvelle liste montre qu'elle compte un grand nombre de militants dont on sait par ailleurs en toute certitude qu'ils appartiennent à l'A.I.T. D'où le total de 400 que je choisis. O. Testut, avocat policier lyonnais qui s'est fait une spécialité dans la dénonciation des méfaits de l'Association fait en tout cas l'amalgame dans son livre Association Internationale des Travailleurs, Lyon 1870, pp. 315–319 (et de měme dans les listes qu'il a lui-měme dressées, A.P.Po., B/a 441). Le fait měme d'adhérer à une protestation aussi dangereuse n'est-il pas le signe d'un engagement convaincu? Les protestations supplémentaires des diverses sections ont paru, les jours suivants, dans les journaux Le Réveil, La Cloche, La Marseillaise…
page 8 note 1 Recensement fait à partir des annonces parues dans divers journaux, et prin-cipalement La Marseillaise.
page 8 note 2 Sections de Belleville, du Panthéon, de la Rive gauche, de la Sociale des Ecoles, de Vaugirard, cependant que paraissent rester solides au combat par exemple les sections des Batignolles (XVIIe), de l'Est (alors Xe), de Montmartre (XVIIle), de Montrouge (XIVe), du Faubourg Saint-Antoine (XIe), de l'Hǒpital-Saint-Louis (Xe arrondissement), notamment lorsqu'il s'agit de protester contre la guerre. Ceci pourrait ětre déjà une première approche pour une étude que nous tenterons à diverses reprises plus loin: la force de l'enracinement des groupes intemationaux dans un certain nombre de quartiers. La Section allemande est entree en decomposition du fait de la guerre; voir à ce sujet l'article de G. Langkau ci-dessous.
page 9 note 1 Rive gauche, mais aussi dans l'Est populaire de Paris: il semble que ce soit le cas des sections de la Villette et du Combat (XIXe), ou de Belleville (XXe).
page 9 note 2 A.H.G., dossier Franquin, IIIe conseil, n° 400.
page 9 note 3 On possède par exemple le carnet d'adhérent d'Ernest Mélin (A.H.G., Ve conseil, n° 548); il a payé en tout et pour tout sa cotisation pour le mois d'avril 1870 … au mois d'aoǔt. Et l'on pourrait multiplier les exemples.
page 9 note 4 Marmite, La, Restaurant coopératif de l'Union sociale […] Rapport de la commission d'initiative, Paris, Imprimerie Jean Allemane, 1894.Google Scholar Cette piéce rarissime est conservée au Musée social, à Paris, cote 5103.
page 10 note 1 C'est une question qui a été posée déjà lors du Colloque de 1964 pour le centenaire de l'lnternationale, que de savoir le nombre des adhérents du mouve-ment, notamment à Paris, et à qui l'on devait accorder ce titre. J'ai déjà alors affirmé qu'aucune raison ne me semblait convaincante pour rejeter hors du sérail les membres de syndicats affiliés à la chambre fédérale (Rougerie, J., «Les sections françaises de l'A.I.T.», in: La Premiére Internationale, l'institution, l'implantation, le rayonnement, C.N.R.S., Paris 1968, pp. 93–127).Google Scholar J'ai donné (p. 124) une énumé;ration, complétée depuis, de ces syndicats; il serait fastidieux de la continuer ici. Je cite cependant les 20 corporations qui ont formellement donné leur adhésion à l'A.I.T.: Raffineurs, Imprimeurs sur étoffes, Cordonniers, Chapeliers, Chaudronniers, Ferblantiers, Fondeurs en fer, Mécaniciens, Taillan-diers, Tourneurs sur métaux, Menuisiers, Peintres en bǎtiment, Marbriers, Bi-joutiers, Céramistes, Balanciers, ouvriers des Instruments d'Optique et Précision, Dessinateurs, Lithographes, Relieurs. Ceci pour contribuer encore à donner une idée des milieux professionnels où l'lnternationale obtient une audience privi-légiée.
A l'appui de cette identification que je crois devoir faire entre Internationaux expressément désignés et syndiqués, ce texte emprunté à 1'International Tho-machot, «Les Chambres syndicales ouvrières», in: La Commune, Revue socialiste (Genève), juillet 1874: «Une grande partie des chambres syndicales adhéra à l'A.I.T.; l'autre n'y adhéra pas pour deux raisons: la première parce que les Chambres syndicales suivant le meme but que l'Association, il était plus prudent de ne pas en ětre corporativement, le gouvernement cherchant à supprimer l'lnternationale; la seconde parce que la plupart des membres qui en faisaient partie appartenaient à des sections de leurs quartiers.»
page 11 note 1 Tolain a «trahi», chacun le sait, mais nombre de ses anciens compagnons des débuts, des «Gravilliers» de la plus vieille souche, ont été des militants les plus efficaces de la Commune, le menuisier Pierre Charbonneau, commandant d'armement et d'habillement de la XIVe légion de la Garde nationale, le menuisier encore Ferdinand Félix, syndiqué, garde national au 136e bataillon, l'un des animateurs de la section de Montrouge, le tailleur de pierres Henri Myard, secrétaire de la měme section, garde au 103e, délégué à l'assistance pour le XIVe arrondissement… Ce ne sont que quelques exemples entre beaucoup. Pindy, le mutuelliste, membre de la Commune, a été en dépit de certaines calomnies, l'un des combattants les plus acharnés de l'insurrection.
page 11 note 2 Fribourg, E. E., L'Association Internationale des Travailleurs, Paris 1871.Google Scholar Voir aussi sa déposition dans Enquête parlementaire.
page 11 note 3 A.H.G., dossier Jaclard, Ve conseil, n° 700. Le fondeur E. Duval, blanquiste, est aussi l'un des meilleurs Internationaux de vieille souche. II a fait adhérer son syndicat en bloc à l'A.I.T. dès 1868, et à nouveau en 1870.
page 13 note 1 Toutes ces citations sont empruntées pěle-měle à divers manifestes et proclamations de l'lnternationale qu'on trouvera par exemple dans O. Testut, Association Internationale des Travailleurs, passim. Le texte d'E. Varlin est emprunté à un article de La Marseillaise, 11 mars 1870. Plus généralement, en ce qui concerne le programme et les buts de 1'Association en 1869–1870, voir mon rapport dans La Première Internationale, op. cit., notamment pp. 114–115. Les extraits qui suivent du programme du 5ème Congrès sont publiés par Le Rappel, 5 septembre 1870; on semble avoir considéré à cette date que, malgré la guerre, ou plutǒt la guerre prenant fin avec la chute de l'Empire, le Congrés allait se tenir, età Paris!
page 14 note 1 Il est impossible de s'en tenir, pour les raisons dites plus haut, à la dèclaration pour le moins étrange de Fribourg, Enquête parlementaire, p.428: «Le 4 septembre, j'étais à la place de la Concorde; je connais tout le personnel, j'ai rencontré cinq personnes appartenant à 1'Internationale…»
page 14 note 2 Le Rappel, 6 septembre.
page 15 note 1 Lefrançais, G., Etude sur le mouvement communaliste, Neuchâtel 1871, p. 64.Google Scholar Plus générai'ement, sur le 4 septembre et les jours qui suivirent, et particuliére-ment le rô1e qu'y tint l'lnternationale parisienne, voir Dautry, J. et Scheler, L., Le Comite central républicain des vingt arrondissements de Paris (ci-aprés Le Comité central), Paris 1960Google Scholar, introduction, ainsi que Rougerie, J., «Quelques documents nouveaux pour l'histoire du Comité central des vingt arrondissements», in: Le Mouvement Social, n° 37 (1961), pp. 3 et suivantes.CrossRefGoogle Scholar
page 15 note 2 Le Rappel, 8 septembre.
page 15 note 3 Ces renseignements sont puisés dans les principaux journaux républicains du moment, Le Rappel, I.e Réveil, Le Combat.
page 16 note 1 Déposition du Colonel Lavigne, Enquête parlementaire, p. 380.
page 16 note 2 Voir les différentes proclamations de la Commission municipale du XIe dans Les Murailles politiques françaises depuis le 4 septembre 1870, Paris 1874, t. I, passim, et notamment p. 35.
page 17 note 1 «Trois lettres inédites de K. Marx», présentées par M. Rubel, in: L'Actualité de l'Histoire, 1958, n° 25, p. 26.
page 17 note 2 J. Dautry et L. Scheler, Le Comité central, introduction.
page 18 note 1 Lettre sans date conservée dans le fonds Descaves à 1'I.I.S.G.
page 19 note 1 Le texte de l'affiche rouge est reproduit dans la plupart des histoires de la Commune. Voir par exemple, avec commentaires, Dautry, J. et Scheler, L., Le Comité central, pp. 32–35.Google Scholar
page 19 note 2 Bibliothèque nationale, Paris (ci-après B.N.), Lb11 298. J'ai reproduit le texte en son entier dans «Quelques documents nouveaux», art. cité, pp. 7–8. L'inter-prétation ici proposée se vérifie amplement à la lecture de la lettre de Bachruch et de Vaillant à Becker du 21 septembre 1870, publiée en annexe à l'article de G. Langkau (Doc. VIII).
page 20 note 1 Le Réveil, 16 septembre 1870. Serraillier préside la séance du Comité de Défense, autre nom souvent porté au départ par les Comités de vigilance.
page 21 note 1 La Patrie en Danger, 13 octobre.
page 21 note 2 Ibid., 16 octobre.
page 24 note 1 B.N., Lb57 646. Un peu plus tard, les Internationaux vont s'efforcer également de remettre sur pied la Chambre fédérate des Sociétés ouvrières; convocation signée du bronzier A. Theisz à une réunion le 10 novembre, publiée dans Le RéVeil, 11 novembre: «Au milieu des agitations où se débat leur avenir, leur existence même, les sociétés ouvrières ne sauraient montrer moins de fermeté que sous l'Empire. Les derniers évenements ayant démontré d'une façon absolue que les travailleurs seuls peuvent exercer une influence efficace sur les destinées de la République et sur l'organisation du travail, une plus longue abstention les rendrait responsables de l'avortement des réformes que leurs sociétés ont reven-diquées dans le passé…» Les travailleurs seuls: ceci confirme le sens nouveau que rinternationale entend donner à son action. Cet appel sera répété à plusieurs reprises en novembre et décembre: signe que, du cǒté des sociétés ouvrières, il n'a pas rencontré beaucoup d'écho?
page 24 note 2 L'étude de la reconstitution des sections ou de la formation de nouvelles a été faite principalement à partir des annonces publiées dans les journaux, notam-ment Le Rappel, Le Réveil, La Patrie en Danger, Le Combat… J'ai tenté de ras-sembler en un tableau qu'on trouvera en pp. 22–23 toutes indications concernant l'existence des sections, ainsi que d'en dresser une carte (p. 27).
page 25 note 1 G. Lefrançais, Etude, op. cit., p. 90.
page 25 note 2 Minutes 1871, Meeting of the Council February 28, p. 140. Serraillier, parti à Paris le 7 septembre, de retour à Londres le 22 février, présente au Conseil général un rapport extrêmement (voire excessivement) critique sur la situation de l'A.I.T. dans la capitale pendant son séjour.
page 25 note 3 Ainsi la déclaration de la section du Panthéon, publiée dans Le Combat, 16 octobre, et La Patrie en Danger, même jour (le premier journal est de tendance «jacobine», le second, on le sait, l'organe de Blanqui): «La section du Panthéon de 1'Internationale s'est réunie le jeudi 13 octobre courant, rue d'Assas, 3, et s'est reconstituée. Sur la proposition du citoyen Melliet, les huit citoyens dontles nomssuivent ont été désignés pour faire des démarches auprès des membres des an-ciennes sections, afin de les engager à réorganiser ces dernières et à nommer des délégués auprès du Conseil fédéral, afin de reconstituer ou de compléter ce dernier. Les huit citoyens élus sont: Rocher, Beaufils, Melliet, Leblanc, Chautard, Chardon, Vergniaux et Vésinier…»
page 26 note 1 Sur tous les débats et proclamations du Comité pendant les mois de septembre et d'octobre, voir Dautry, J. et Scheler, L., Le Comité central, pp. 47–120Google Scholar, et les compléments que j'y apporte dans «Quelques documents nouveaux», art. cité, pp. 8–14, notamment un projet d'appel révolutionnaire de Lefrançais à des élections «spontanées».
page 28 note 1 Les Actes du Gouvernement de la Défense nationale du 4 septembre 1870 au 8 fe Vrier 1871, Enquête parlementaire faite par l'Assemblée nationale, Paris 1875, t. III, p. 400, déposition de Henri Martin, maire provisoire du Xe arrondisse-ment.
page 28 note 2 La Patrie en Danger, 13 octobre.
page 29 note 1 Séances officielles, p. 56. A noter cependant un essai des Internationaux de la section des Batignolles pour s'emparer de la mairie du XVIIe, le 31 octobre (A.H.G., dossier E. Clément, IVe conseil, n° 864).
page 30 note 1 Sur ce processus général de «structuration» du mouvement, Rougerie, voir J., Paris libre 1871, Paris 1971, pp. 73Google Scholar et suivantes, «Vers la formation d'un parti socialiste révolutionnaire».
page 30 note 2 Il existe aux A.H.G. un projet de statuts de l'Association républicaine du VIe arrondissement, corrigé de la main de Varlin, qui y ajoute notamment ces mots «Section de l'Internationale». Pièce non cotée.
page 30 note 3 A.H.G., carton Ly 22. Comptes rendus des séances du Club depuis sa fondation jusqu'au début du mois de janvier, date à laquelle le Club disparaît, dans des circonstances qu'on verra plus loin.
page 30 note 4 On n'a que quelques indications éparses. Le 20 novembre, le Club du XIIIe ad-met 144 membres sur 185 candidats; il comptera au total un peu moins de 200 adhérents. Selon Le Rappel, 29 octobre, lors de la reconstitution de la section de Vaugirard en cette fin du mois (25 octobre), «après l'historique de l'Association fait par les citoyens Malon et Combault, plus de 200 membres ont été admis». La section des Batignolles a sûrement plus de 100 membres, puisque Mégy (A.H.G., IIIe conseil, dossier n° 660) y est inscrit le 3 octobre sous le numéro 142 et est en-suite titulaire d'une carte portant le n° 120. On ne peut guère ajouter de foi à l'indication de Testut (A.P.Po., B/a 441, pièce 6478) selon laquelle au 28 Janvier 1871, l'Association compterait exactement 28.000 affiliés: on se demande à quelles sources on a pu puiser un chiffre aussi précis, qui ne concorde guère avec les appréciations, au même moment, des membres du Conseil fédéral parisien sur la «ruine» de l'lnternationale.
page 31 note 1 Notamment les Bijoutiers, les Doreurs sur bois, les Opticiens, les Ebénistes, les Cordonniers, les Bronziers, les Mécaniciens, les Serruriers, les Charpentiers, les Typographes (dont une fraction seulement fait partie de l'A.I.T.)… Encore les appels à des réunions toujours «d'urgence» qu'ils font paraître dans divers jour-naux républicains ne semblent-ils pas, sauf rares exceptions, avoir rencontré beaucoup d'écho. Une chambre syndicale aussi importante que celle des Chape-liers (un millier de membres) a décidé le 7 octobre de se mettre en sommeil et de ne plus percevoir de cotisations jusqu'à la «délivrance de l'oppression étrangère»: annonce dans La Patrie en Danger, 9 octobre.
page 31 note 2 C'est ce qui ressort des indications données au Conseil fédéral, notamment au cours de la séance du 12 janvier 1871. Séances officielles, p. 20. Voir plus loin p. 56.
page 32 note 1 La Résistance, Organe démocratique et social du XIVe arrondissement, 20 brumaire 79 (10 novembre 1870). Si elle n'en est pas tout à fait l'organe, cette feuille a de solides accointances avec la section de l'A.I.T. de Montrouge.
page 32 note 2 A.H.G., affiche sur papier rouge, pièce non cotée.
page 33 note 1 J. Rougerie, «Quelques documents nouveaux», art. cité, pp. 15–24. Assistent notamment aux séances Pindy, Babick, E. Vaillant (qui propose même, le 23 novembre, «que le club central devienne une section de l'Internationale», ce à quoi s'oppose E. Chatelain, de la section du Panthéon: «il dit que presque tous les membres du comité central appartiennent isolément à des sections de l'Internationale»).
page 33 note 2 La Patrie en Danger, 28 et 29 novembre.
page 33 note 3 A.P.Po., B/a 441, pièce 6511, et La Patrie en Danger, 26 novembre (il n'est pas indifférent que le texte soit publié dans le journal de Blanqui: c'est le signe qu'il existe encore des liens entre les blanquistes et ce second (ou «vrai») Conseil fédéral). Je reproduis le document in extenso dans Paris libre 1871, pp. 54–58.Google Scholar Il est signé pour la Fédération des sections parisiennes par Bestetti, Frankel, Franquin, Hamet, Malon, Tolain; pour la Chambre fédérale par Lazare Lévy, Minet, Pindy, Pottier, RouveyroUes, Theisz. – Deux autres documents encore aux A.P.Po., même cote, concernent la publication qu'on envisage d'un journal: pièces 6539 (Appel aux sections et aux sociétés ouvrières, 26 novembre) et 6541 (Procès-verbal de la Commission d'examen du Journal à fonder par l'Internatio-nale, 18 décembre 1870).
page 35 note 1 A.P.Po., B/a 439, pièce 4853, rapport de «l'agent n° 13».
page 36 note 1 Enquêite parlementaire, p. 344. Egalement les Mémoires d'André Léo, fonds Descaves.
page 36 note 2 Du 8 janvier au 4 février 1871.
page 36 note 3 A.H.G., pièce non cotée.
page 37 note 1 La Patrie en Danger, 28 novembre.
page 37 note 2 Ibid., 5 décembre.
page 37 note 3 «Quelques documents nouveaux», art. cité, pp. 24–26, et Paris libre 1871, pp. 59Google Scholar et suivantes. Serraillier, rapport cité, Minutes 1871, pp. 140–141.
page 39 note 1 A.P.Po., B/a441, pièce 6623.
page 39 note 2 On peut ranger probablement parmi les sécessionnistes la section Richard-Lenoir (celle-ci proteste vigoureusement, le 4 février, contre l'inertie du Conseil fédéral, protestation reproduite par J. Dautry et L. Scheler, Le Comité central, p. 167, note 2), et, compte tenu de leurs absences qui paraissent significatives aux séances du Conseil fédéral en janvier et février, la Sociale des Ecoles, les Gobelins, Ivry et Bercy (sections de «rive gauche»), les sections des Récollets, Poissonnière et Vertbois. Séances officielles, liste des présents, passim.
page 40 note 1 On n'en trouve aucune trace, et il me paraícaront peu probable, à moins de la dé-couverte de sources inédites, qu'il s'agisse, comme le disent les historiens russes (Minutes 1871, p. 512, note 126) du Conseil fédéral «dissident» animé par Beslay, Kin, Lacord, Lucipia…, auquel je faisais allusion plus haut. C'est ici une autre scission. Le point reste évidemment à discuter.
page 40 note 2 Séances officielles, p. 60, procès-verbal du 15 février 1871. «Serraillier. – Le conseil général de Londres n'a jamais eu assez de renseignements du C[onseil] F[édéral] pour connaître la situation de la branche française de l'lntemationale. Il est urgent de reconstituer et l'lntemationale et le conseil fédéral, puis de nommer des secrétaires qui correspondent immédiatement avec l'étranger et avec le conseil général.»
page 40 note 3 Frankel en dit quelques mots au début de la séance du 5 janvier 1871, Séances officielles, pp. 3–4. Plus intéressante l'observation faite le 19 par Chalain, Séances officielles, pp. 34–35; elle permet de se rendre compte, au moins pour une part, de la signification de la scission, que Chalain paraît considérer comme un retour aux anciennes pratiques, á ce que j'ai appelé «l'ancienne politique»: «La section de l'Est fomente chez nous la discorde. […] On a fait dans les arrondis-sements des conseils de vigilance. Cela a pu être utile en son temps, mais au-jourd'hui il est urgent que tous viennent se grouper au sein du Conseil fédéral.» Serraillier en effet – d'autres textes le prouvent – ne semble pas partisan d'un mouvement des travailleurs seuls.
page 40 note 4 Séances officielles, p. 60. «Serraillier. – Une fusion de tous les dissidents est indispensable. D'accord avec la section de l'Est, plusieurs sections ont nommé un nouveau conseil fédéral; toutes offrent de le faire siéger ici et de le fondre avec vous, si vous voulez marcher enavant.»
page 41 note 1 Sur la participation des Internationaux du XVIIe, voir par exemple Foulon, M., Eugène Varlin, relieur et membre de la Commune, Clermont-Ferrand 1934, p. 47:Google Scholar «Trois cents Internationaux, conduits par [Varlin] et Malon, la bannière de 1'Internationale déployée avec la belle devise: Pas de droits dans devoirs, pas de devoirs sans droits, défilèrent stoïques et silencieux sous les fenětres de l'Hǒtel de Ville.» Le fait est confirmé par les papiers Malon du fonds Descaves de I'I.I.S.G.; la section des Batignolles a même eu un mort, Léon Bousquet. Celle des hommes du XIIIe, estimée également à 300 manifestants, est attestée par une protestation signée notamment d'Internationaux comme A. Beauchery, M. Tardif, Ch. Limousin, N. Gerdy, Fabre, publiée dans Le Cri du Peuple, 28 février 1871, n° 7.
page 41 note 2 J. Dautry et L. Scheler, Le Comité central, donnent les comptes rendus de plusieurs séances communes, 4, 6, 10, 11, 12 février, pp. 160–194, ce qui vient combler une lacune à ces dates dans les Séances officielles.
page 41 note 3 Serraillier en donne un résumé bref et quelque peu confus – mais, confuse, la situation l'était particulièrement, une dizaine de listes au moins se réclamant plus ou moins de 1'Internationale – dans son rapport au Conseil général, Minutes 1871, p. 141. Les Mémoires (inédits pour cette période) de Martine ne sont pas d'une très grande clarté non plus en ce qui concerne le XVIIe arrondissement et ne disent rien de ce qui s'est passé à la section des Batignolles.
page 42 note 1 Compte rendu de la réunion des trois sections dans La République des Travailleurs, 4 février, voir en annexe le document pp. 88–89.
page 42 note 2 Le Mot d'Ordre, 6 février.
page 42 note 3 L'original de cette piéce, publiée dans la presse, se trouve dans le fonds Descaves de l'I.I.S.G.
page 44 note 1 Séances officielles, p. 56.
page 45 note 1 Séances officielles, p. 37 (Rouveyrolles), p. 55 (Frankel).
page 45 note 2 Ibid., p. 48.
page 48 note 1 Copie dans le dossier Lacord aux A.H.G., IVe conseil, n° 1475.
page 48 note 2 Séances officielles, p. 48.
page 48 note 3 Ibid., p. 68. On a déjà parlé plus haut du retour de Serraillier.
page 47 note 1 Ibid., pp. 105–122, le texte des nouveaux statuts. On trouvera commodément pour comparaison, le texte des anciens statuts dans O. Testut, Association Internationale des Travailleurs, pp. 117–120.
page 48 note 1 Ibid., p. 66 et p. 71, procés-verbal du 22 féVrier.
page 48 note 2 La définition de Theisz dans Séances officielles, p. 57, procés-verbal du 15 février 1871. Celle d'Goullé dans, H., Dautry, J. et Scheler, L., Le Comité central, p. 165Google Scholar; elle est prononcée au cours d'une séance commune, le 4 féVrier, de l'lnter-nationale et de la Délégation des vingt arrondissements, au moment de la préparation des élections du 8 féVrier.
page 48 note 3 Séances officielles, p. 57 (Avrial), p. 67 (première citation de Frankel). La seconde citation de Frankel dans J. Dautry et L. Scheler, op. cit., p. 191, séance commune du 22 février.
page 49 note 1 Le Cri du Peuple, 1er mars (édition du matin).
page 50 note 1 Séances officielles, pp. 83 et 86. L'intervention de Goullé qui suit, ibid., p. 126.
page 50 note 2 A.P.Po., B/a 439, pièce 4853, rapport déjà cité du «n° 13». On a plusieurs autres témoignages, quoique douteux, sur ce fait que ce serait à Vaugirard qu'est née l'idée d'une fédération de la Garde nationale; déposition du maire Corbon, Enquête parlementaire, p. 448: «Je crois même que c'est dans mon arrondisse-ment qu'est née la pensée de faire une fédération de la garde nationale et de prendre les délégués en dehors des hommes ayant un grade»; Lanjalley, P. et Corriez, P., Histoire de la Révolution du 18 mars, Paris 1871, p. 13Google Scholar: «Quelques citoyens habitant le XVe arrondissement […], émirent l'avis qu'il serait bon d'établir un lien entre les gardes nationaux. Dans ce but, ils rédigèrent un appel adressé aux divers bataillons, leur demandant d'envoyer des délégués afin de se renseigner sur l'association projetée, pour laquelle ils avaient adopté la forme fédérative, d'après le conseil de M. Chalain (de l' Internationale).» Tout cela ne concorde pas exactement avec d'autres renseignements qu'on possède sur les origines de la Fédération de la Garde. Néanmoins, il y aurait peut-être à tenir compte sérieusement de tels documents.
page 51 note 1 J'en donne la liste dans Paris libre 1871, pp. 96–98. On peut considérer comme Internationaux Arnaud et Dupont (IIIe), Clémence et Demeule (IVe), Chouteau (VIe), Babick (Xe), Assi, Mortier (XIe), Géresme (de la Chambre syndicate des Chaisiers, XIIe), les trois représentants du XIIIe, Fabre, Paty, Pouillet, Avoine (XIVe), Varlin (XVIIe), Josselin (XVIIIe) et pour le XXe Maljournal et Bouit (chambre syndicale des Brossiers). Paty est cependant douteux.
page 52 note 1 Autre exemple, celui de la section de l'Est: «A.I.T., Section de l'Est. Les membres de l'A.I.T. sont invités à se rendre en armes à l'Etat-major du Comité central. Paris, le 18 mars 1871.» A.P.Po., B/a 441, pièce 6572.
page 52 note 2 Séances officielles, p. 126. Le cas de Malon est particulier et montre bien le désarroi dans lequel se trouvent, devant le mouvement du 18 mars, bien des Internationaux. Il rentre à peine de Bordeaux, où il a courageusement donné sa démission de l'Assemblée. Mais, adjoint au XVIIe, il signe avec ses collègues une protestation contre l'invasion, le 21 mars, de la mairie des Batignolles par un certain nombre de gardes nationaux, dont Malzieux, qui est de sa section. Malon mettra plusieurs jouis à se rendre compte de la portée du mouvement. Le «parti Marx», comme on dira plus tard, lui rappellera aigrement, au moment des gran-des querelles au sein de l'A.I.T., cette hésitation et l'apposition de sa signature à cette protestation. Voir à ce sujet les documents en annexe.
page 52 note 3 J'ai, tenté de décrire ce climat de «révolution incertaine» dans Paris libre 1871, p. 112Google Scholar et suivantes. Malon, évoqué dans la note précédente, et la plupart des Internationaux, n'apercevaient guère où l'on allait. Encore vers une dangereuse «aventure»?
page 53 note 1 Séances officielles, p. 132, procès-verbal du 23 mars, pour l'intervention de Frankel. La proclamation de l'A.I.T., pp. 145–152; elle est reproduite dans toutes les histoires de la Commune.
page 53 note 2 Celui-ci continue de se réunir tous les mercredis, mais l'on n'a plus de lui que des textes très brefs: 12 avril, exclusion du «sieur Tolain», pour avoir «déserté sa cause de la maniére la plus lâche et la plus honteuse» – continue, Tolain de siéger á Versailles (Séances officielles, p. 165)Google Scholar; réunion extraordinaire du 20 mai pour trancher la question de savoir si les Internationaux qui ont rejoint les rangs de la «minorite» de la Commune ont eu raison d'agir ainsi (Séances officielles, pp. 193–194). On trouve les memes textes, et quelques autres qui ne sont pas tou-jours de grand intérêt (séance du 12 avril réclamant 1'élection des juges de paix) dans le journal La Révolution politique et sociale dont il est question ci-après, hebdomadaire du 2 avril au 15 mai 1871.
page 54 note 1 En avril les sections Stephenson, Malesherbes, Duval; en mai La Glacière, section des Ivryens, section Flourens, section des Acacias.
page 54 note 2 J'ai déjà évoqué son cas plus haut, pendant la période du Siège. Elle est représentée au Conseil fédéral en Janvier notamment par 4 délégués. Les anciens statuts de la Fédération des sections portaient que «Une section comprenant 50 membres au plus est représentée par 1 délégué; – […] de 501 à 1.000 par 4…» Aux termes des nouveaux statuts de mars, 4 délégués représenteraient de 301 à 600 membres. Sont dans le meme cas l'Ecole-de-Médecine et la section Richard-Lenoir. Mais il ne s'agit que d'une hypothèse ici très incertaine: il est fort possible qu'on ne respecte pas expressément les statuts. Pour sa part Testut, toujours probablement excessif, propose pour l'ensemble des sections en mars 1871 le chiffre de 60.000 membres, A.P.Po., B/a 441, pièces 6573-6574.
page 54 note 3 Témoignage de J.-B. Larrigaudière au cours du procès d'E. Sévin, membre de la section des Batignolles, A.H.G., IVe conseil, no 1762.
page 54 note 4 Je complète légèrement ici le chiffre et la liste des 189 membres donnée par J. Maitron, D.B.M.O.F., t. IV, p. 49. Après l'échec de la seconde affiche rouge, le Club du XIIIe a disparu, et probablement aussi, momentanément, la section du Panthéon, comme en témoignent sa longue absence de représentation au Conseil fédéral, et ce communiqué paru dans Le Cri du Peuple, 23 mars 1871: «Les réunions publiques de l'A.I.T. des Travailleurs [sic] du XIIIe arrondissement ayant été interrompues depuis longtemps par suite de persécutions de la police, auront lieu ce soir et les jours suivants, avenue de Choisy, 190.» En fait le mouvement de «rive gauche», plus exactement – puisque subsistent toujours les sections des Gobelins et la Sociale des Ecoles – le Panthéon et le XIIIe se reforment, en s'unissant, dès la fin de février. Les membres du club et ceux de la légion garibaldienne se reconstituent fin février et début mars en une section qui porte provisoirement le nom de La Glacière (Le Vengeur, 27 février, Le Cri du Peuple, 6 mars). Presque immédiatement après (Le Vengeur, 11 mars) «Plusieurs membres de la Société Internationale (Section du Panthéon) viennent de faire voter à l'unanimité la fusion des sections du Ve et du XIIIe arrondissement. Ces deux groupes porteront le titre de: sections réunies des Ve et XIIIe arrondissement.» Bientôt – titre significatif – cette petite fédération, avec pour secrétaire Tardif, devient Sections du Panthéon et du Droit au Capital réunies (A.P.Po., B/a 439, pièce 5257), puis on ne dit plus que Section du Panthéon et du XIIIe réunies, dont les assemblées deviennent régulières début avril, et finalement section du XIIIe. Une autre section de La Glacière, probablement sa filiale, naîtra en mai. Ces remarques pour mettre un peu de clarté dans les comptes inexacts qu'on fait souvent des sections sous la Commune, en se servant, mal, des indications recueillies (mais non chronologiquement) par J. Maitron, D.B.M.O.F., t. IV.
page 55 note 1 Le Cri du Peuple, 22 mai 1871.
page 56 note 1 Séances officielles, p. 20.
page 56 note 2 La République des Travailleurs, 24 janvier.
page 57 note 1 Ainsi, dans le XVIIC, la liste Chalain, E. Clément, Faillet, Ch. Gérardin, Var-lin, qui se présentent tous comme «de l'Internationale». Cela permet de vérifier l'appartenance à l'A.I.T., un peu douteuse, de Clément, membre de la Chambre syndicate des Cordonniers, et de Ch. Gérardin. En revanche, dans le IVe, G. Le-français se désigne comme «membre de l'Internationale», alors que d'abondants témoignages prouvent qu'il n'en était pas, tandis que ses co-listiers le sont (sauf Arnould); on considérera de ce fait que c'est une liste homogène de l'A.I.T. qui passe dans I'ararrondissement.
page 59 note 1 Laliste qu'il donne, pp. 134–135 de son livre est, alphabétiquement, la suivante: Assi, Avrial, Beslay, Chalain, Clémence, V. Clément, Dereure, Duval, Frankel, Gérardin, E. Langevin, Lefrancais, Malon, Pindy, Theisz, Vaillant, Varlin, élus le 26 mars; il y ajoute, parmi les élus des élections complémentaires du 16 avril, Andrieu, Cluseret, Johannard, Longuet, Pottier, Serraillier (p. 158). – Il n'y a pas de preuve de l'appartenance de V. Clément à l'Association, moins encore, on vient de le dire, de celle de Lefrançais. Je ne vois pas de raison de dénier le titre à Amouroux, Babick, Champy, Chardon, E. Clément, Demay, C. Dupont, Des-camps, J. Durand, Fruneau (immédiatement démissionnaire pour raisons de santé), Ch. Gérardin, Géresme, Martelet, Melliet, H. Mortier, Oudet, Puget, Verdure, Vésinier. On peut même ajouter Pillot et Régère, membres très probables de la section du Panthéon. Tous sont ou membres de sections, Martelet par exem-ple, de celle de Montrouge, Verdure, secrétaire-correspondant de la section du Faubourg-du-Temple…, ou (et le plus sou vent en même temps) syndiqués à des sociétés ouvrières affiliées à la Chambre fédérate ou à l'lnternationale.
page 59 note 2 Ce sont celles indiquées ci-dessus, A.H.G., dossiers individuels; J. Maitron, D.B.M.O.F.; listes électorales.
page 60 note 1 Sur les activités de celui-ci pendant la Commune (et les réflexions désabusées qu'elle lui inspire), voir ses Notes pour servir à l'Histoire de la Commune de Paris en 1871, édition établie par M. Rubel et L. Janover, Paris 1971. C'est à tort que les éditeurs mettent en doute son appartenance à l'A.I.T.; on a cependant affaire en l'occurrence, et bien qu'il ait appartenu à la «minorité» de la Commune, à; un homme qui paraît avoir été bien plus un radical révolutionnaire, ne voyant la possibilité de la réussite d'une révolution que si elle se place sous la direction intelligente des classes moyennes, des couches nouvelles et intermédiaires, qu'un authentique socialiste.
page 61 note 1 Dans le XVIIe, la mairie reste plus que jamais fief d'Internationaux, qui peuplent à peu près exclusivement la commission municipale mise en place par les élus à la Commune: le secrétaire délégué en est le dessinateur Bozier, L. E.; Martine, P.s'occupe du recensement et de la statistique, le tailleur de pierre G. Davoust de l'assistance, l'architecte Dianoux du bureau du travail, le graveur sur métaux J. Sassin du logement, le comptable Bonnefont des subsistances… Voir en annexe le document IV, pp. 93–99.Google Scholar
Dans le XIIIe ont repris place, sous la direction de Lucipia, secrétaire général, la plupart des membres de la commission municipale provisoire du siège. A la tête du XIe, le doreur sur bois Claudius Favre, l'ébéniste Magdonel, le maçon F. David dit «Prolétaire» (il anime le Club des Prolétaires, installé dans l'église Saint-Ambroise, et son journal Le Prolétaire), le professeur H. Guillaume, l'hor-loger-bijoutier Mizeret, le mécanicien J. Baux… Il serait fastidieux de multiplier les exemples.
page 62 note 1 Avoine, Bouit, Fabre, Chouteau, Gougenot, Hanser, Houzelot, Lacord, Mal-journal, Prud'homme, Patris.
page 62 note 2 Enquête parlementaire, déposition Fribourg, p. 429.
page 62 note 3 Vésinier le mal-aimé, dit, parce que bossu, «Racine de buis», International qui a trouvé le moyen d'avoir des démêlés, dès 1865, à la fois avec les Parisiens
page 63 note 1 A.H.G., interrogatoire de H. Dubois, Ve conseil, n° 150.
page 64 note 1 Pour les pourcentages de références (ceux de 36.000 arrêtés répertoriés par le Général Appert), Rougerie, voir J., Paris libre 1871, pp. 258–259.Google Scholar
page 65 note 1 Voir «Les ennemis du Communard» dans mon Procès des Communards, pp. 198 et suivantes.
page 66 note 1 Pétition de la Chambre syndicale des Mécaniciens in: La Marseillaise, 5 fé vrier 1870.
page 67 note 1 La Révolution politique et sociale, 23 avril 1871.
page 68 note 1 Amouroux, A. Arnaud, Champy, Chardon, E. Clement, Demay, Dereure, C. Dupont, J. Durand, Ch. Gérardin, Géresme, Johannard, E. Oudet, Martelet, L. Melliet, E. Pottier, E. Vaillant, Verdure, Vésinier. J'y joins encore Pillot et Régère. Frankel a voté pour le Comite de Salut public, mais avec réserves et rejoindra ensuite les rangs de la minorité, comme fera probablement J. Durand. N'ont pas pris part au vote les Internationaux Assi, Chalain, Descamps, Mortier, Puget. Cluseret, non compris dans les 78, est alors en prison.
page 68 note 2 La Révolution politique et sociale, 8 mai 1871.
page 69 note 1 Ibid., 9 avril 1871.
page 69 note 2 Ibid., suite d'articles publiés sous le titre «Etudes collectivistes» à partir du n° 2. Dans le n° 4, sous le titre «Ce que nous voulons», Nostag donne également un bref résumé du système qu'il imagine. Proudhon n'avait rien de «rousseauiste», et s'en prend vigoureusement à Jean-Jacques dans La Capacité politique des classes ouvrières.
page 70 note 1 Ibid., 16 avril, «Du rôle de l'Etat au point de vue économique». L'article est seulement signé des initiales A.S., mais on voit mal de qui d'autre il pourrait s'agir que d'Auguste Serraillier, d'autant que 1'auteur – qui a fréquenté Marx – commence à résumer les principales thèses marxistes en matière économique et surtout d'origine du capital. Le texte s'achève par un «à suivre», mais n'aura pas de suite. A-t-il déplu? A souligner que Serraillier appartient à la «minorité».
page 71 note 1 carton, A.H.G. Ly 11. Voir le texte à peu près dans son intégralité dans mon Paris libre 1871, pp. 175–176.Google Scholar
page 71 note 2 Ibid.
page 71 note 3 On commence seulement à étudier sérieusement ce problème de la nature de l'Etat pendant la Commune. Sur l'attitude populaire à ce sujet, qui n'est pas sans influer sur les positions de la minorité et des Intemationaux, voir De-couflé, A., La Commune de Paris (1871)Google Scholar, révolution populaire et pouvoir révolution-naire, Paris 1969. Et c'est seulement en cette année 1971 qu'a paru une étude réellement sérieuse sur le problème du fédèralisme: Greenberg, L.M., Sisters of Liberty, Marseille, Lyon, ParisGoogle Scholar and the Reaction to a Centralized State, 1868– 1871, Harvard University Press, Cambridge, Massachusetts, 1971. On regrettera seulement ici que l'auteur n'ait pas prêté davantage attention aux réactions ouvrières face à ce problème, et surtout à celles des Intemationaux.
page 72 note 1 Cette commission est composée de Minet, Teulière, E. Roullier, Paget Lup icin, Serraillier, Loret, H. Goullé, E. Moullé, Lazare Lévy. Journal Officiel, 5 a vril 1871.
page 72 note 2 La commission d'initiative précédente ayant été liquidée le 24 avril, le Conseilfédéral parisien en délègue le 3 mai une autre auprès de Frankel, composèe de Hamet, Martin, Nostag, Goullé, Compas, qu'elle complète le 10 par Armand Lévy et Beauchard. Séances officielles, p. 174 et p. 183.
page 73 note 1 Voir Procès des Communards, pp. 217–219; Paris libre 1871, pp. 242–244.Google Scholar Dans l'un et l'autre de ces deux livres, je tente, autour notamment de ces projets ouvriers, de définir ce qu'a été le socialisme de 1871.
page 74 note 1 Travaillent pour la Commune les Coupeurs de chaussure (atelier du Xe), la société des Cuirs et Peaux, Vorbe et Maréchal, fondeurs, la société coopérative des Fondeurs (ateliers des XIe et XVe), la société des Fondeurs en suif, l'As-sociation de Mécanique de précision Boissière (XVIIe), l'Association coopérative de la métallurgie (XIe), Fragerolles, Optique et précision, l'Association générale des ouvriers Tailleurs (pratiquement un atelier par quartier ouvrier), l'Association générale typographique Berthélémy. A.H.G., Ly 11.
page 75 note 1 A.H.G., IVe conseil, dossier de Nathalie Lemel, n° 688, par exemple. N. Lemel, relieuse, elle-même de 1'Internationale, est également une animatrice de l'Union des Femmes. Sur cette organisation, Thomas, voir E., Les Pétroleuses, Paris 1963;Google ScholarSchulkind, E., «Le rôle des femmes dans la Commune de 1871», in: 1848, Revue des Révolutions contemporaines, n° 185 (1949), pp. 15–29.Google Scholar – J'ai donné dans Paris libre 1871 des extraits des Statuts généraux des Associations produc-tives fédérées de Travailleuses, associations mises sur pied par l'Union, p. 183. L'article Ier précise que «Tout membre d'une association productive de l'Union des Femmes est par là même membre de 1'Association Internationale des Travail-leurs…». Mais à la date – mai – où les statuts sont rédigés il est peu probable que fonctionnent déjà beaucoup d'associations productives fédérées.
page 75 note 2 Il ne peut y avoir guère de doute quant à l'origine internationaliste de ce décret. C'est Avrial qui le propose à la Commune. J'ajoute qu'on retrouve dans le fonds Descaves de 1'I.I.S.G. le texte d'une convocation à une réunion extraordinaire du Conseil fédéral parisien, précisément pour le dimanche 16 avril (les séances habituelles se tiennent le mercredi); ne serait-ce pas alors qu'on a discuté du projet? Et l'on a songé à en élargir les dimensions: à la séance du 4 mai de la Commune, Vésinier propose (Procès-verbaux de la Commune de Paris, édition par G. Bourgin et G. Henriot, t. II, p. 149, original du texte aux A.H.G., Ly 11): «1° la réquisition, après inventaire et indemnité ultérieure fixés par des experts, de tous les grands ateliers […], de leurs outils, matières premières, agencements locaux; 2° Cession provisoire de ces ateliers aux associations ouvrières qui en feront la demande; 3° Adjudication des fournitures de la Commune à ces associations ouvrières; 4° Ouverture d'un crédit necessaire à ces associations; 5° La Commission du travail et d'échange est chargée de l'exécution du présent.» On ne sait quelle suite a eue cette proposition qui continue, dans le droit fil, le décret du 16 avril.
page 76 note 1 La Révolution politique et sociale, 23 avril, n° 4. Ce texte, signé de Jacobi, A. Beauchery, A. Boudet, a été communiqué à la première commission d'initiative, qui en a discuté favorablement dans sa séance du 21 avril (A.H.G., Ly 11).
page 76 note 2 Le Cri du Peuple, 19 avril; La Sociale, 23 avril.
page 76 note 3 La Sociale, 29 avril.
page 76 note 4 Murailles politiques, t. II, p. 466; Journal Officiel, 10 mai 1871.
page 77 note 1 Journal Officiel, 25 avril 1871.
page 77 note 2 Sans compter l'Union des Femmes et la Chambre syndicale des Lithographes contactée par Bertin (A.H.G., Ly 11), les sociétés des Bijoutiers, Boulonniers-Cloutiers, Chaudronniers, Cuirs et peaux, Ebénistes, Fondeurs en suif, Mécani-ciens, Serruriers en bâtiment, Tailleurs et Coupeurs Tailleurs, Tapissiers. En revanche les Coupeurs et Brocheurs pour chaussures ont décliné I'invitation à donner suite au décret du 16 avril «s'en remettant, pour son exécution, à un temps plus opportun» c'est-à-dire attendant la fin de la guerre civile (La Sociale, 2 mai 1871). Pour les fondeurs en suif par exemple le travail qu'ils obtiennent de la Commune aux Abattoirs de La Villette est le point de départ de ce processus contagieux que j'ai décrit; ils écrivent à la Commission du Travail: «La concurrence que pourrait faire la Société coopèrative briserait le monopole des patrons, les travailleurs trouveraient par ce moyen 1' indépendance qui leur fait défaut…» (A.H.G., Ly 11).
page 77 note 3 Sur ce que j'appelle le socialisme de 71, voir plus largement Procès des Communards, pp. 217–232; Paris libre 1871, pp. 173–190 et 234–247.
page 77 note 4 Le Conseil fédéral paraît n'avoir gardé que peu de contacts avec l'étranger, et moins encore avec le Conseil général de Londres, en dépit des quelques lettres que Serraillier parvient à expédier à sa femme, de celles envoyées par E. Dimitrieff à H. Jung, et des deux lettres écrites par Frankel à Marx pour lui demander conseil, le 30 mars et le 25 avril 1871 (pubiées dans Lettres de Communards et de militants de la Ière Internationale, op. cit.). Le 1er mars, le Conseil, par la voix de Frankel, se préoccupait de la situation en Autriche, où venait de se rendre Bachruch (Séances officielles, p. 79). Naturellement, le second Siège de Paris est pour beaucoup dans cet isolement. Nostag, encore lui, se préoccupe de ce pro-bléme de 1'internationalisme dans un éditorial de La Révolution politique et sociale, 16 avril, «Patrie-Humanité»:
«La Patrie, un mot, une erreur! l'Humanité, un fait, une vérité! […] L'utopie d'Anacharsis Cloots devient vérité. La nationalité – erreur – résultat de la nais-sance, – est un mal, détruisons-le. Naître ici ou là, seul fait du hasard, des circonstances, change notre nationalité, nous fait amis ou ennemis; répudions cette loterie stupide. […] Que la patrie ne soit plus qu'un vain mot. […] La France est morte, vive l'humanité!»
On se demande si Marx eut tellement apprécié la référence à «l'utopie d'A. Clootz». Et si l'on glose volontiers avec lui sur ce fait admirable que la Commune sut accueillir des étrangers dans son sein et à son service, particulièrement Frankel, que penser dès lors de cette lettre du 24 avril à la Commune du mécani-cien et International de vieille souche G. Drouchon (A.H.G., Ly 11)?
«Désigné pour faire partie de la Commission d'initiative du Travail et de l'Echange, j'avais cru de mon devoir d'y venir travailler. Depuis de longues années, j'avais pu étudier les besoins et les aspirations de mes concitoyens et le moment me semblait venu de rédiger les cahiers du Travail.
Aujourd'hui, la Commune a délégué au ministère des Travaux publics un de ses membres non naturalisé français et depuis peu habitant Paris.
Il m'est impossible de continuer mon concours pour ce service.
Pour organiser le travail, il ne s'agit pas d'avoir des idées plus ou moins abstraites, il faut connaître le peuple au nom duquel vous agissez et avoir les mêmes intérêts que lui. […]
Vive la République! Vive la Commune!» Marx a décidément raison: les Français sont de naturel réellement chauvin.
page 78 note 1 Minutes 1871, pp. 152–153.
page 78 note 2 Ibid., p. 158.
page 79 note 1 On trouvera des extraits plus complets de ce manifeste dans mon Procés des Communards, pp. 170–171
page 79 note 2 Démocratie directe! n'est-ce pas son souci que l'on retrouve dans la Déclaration de la minorité du 15 mai? «Quant à nous, nous voulons, comme la majorité, l'accomplissement des rénovations politiques et sociales; mais, contrairement à sa pensée, nous revendiquons, au nom des suffrages que nous représentons, le droit de répondre seuls de nos actes devant nos électeurs, sans nous abriter der-rière une suprême dictature que notre mandat [souligné par moi] ne nous permet d'accepter ni de reconnaître.»
page 80 note 1 Séances officielles, pp. 36–37, procès-verbal du 19 janvier 1871.
page 81 note 1 L'orthographe des documents manuscrits a fait l'objet de quelques rectifications, en vérité la plupart du temps minimes. J'ai de même procédé à quelques rares corrections lorsque l'oubli d'un mot, sa déformation, pouvaient entraîner certaines difficultés de compréhension des textes.
page 81 note 2 Collection particulière L. Centner. Ce manifeste ne peut être qu'une réponse à la proclamation du 5 septembre du Comité de Brunswick du parti eisenachien, Manifest des Ausschusses der social-demokratischen Arbeiterpartei, «An alle deutschen Arbeiter…», où celui-ci proteste contre l'annexion de 1'Alsace-Lorraine et réclame la conclusion d'une paix rapide. Il est parvenu en France, je ne saurais dire par quelles voies. Toujours est-il que La Patrie en Danger de Blanqui reproduit dans son n° 7 du 14 septembre 1870 un texte qui en paraît à la fois une traduction hâtive et une version mutilée: «[…] Une grande nation ne peut pas laisser l'ennemi sur son territoire et conclure une paix honteuse. L'attitude du peuple français dans de telles circonstances est respectable à tous les titres […]. Le peuple allemand doit savoir que son devoir n'est pas d'accabler un peuple frère […]. Travailleurs socialistes allemands, nous qui avons les mêmes aspirations que les travailleurs français, […] c'est surtout à nous de ne pas souffrir que l'honneur du peuple francais et I'intégrité de son territoire soient entamés […]. Les politiciens allemands prétendent que les conditions d'une paix durable sont l'annexion de 1'Alsace et de la Lorraine. Ces misérables mentent […]. Travailleurs allemands, la main sur la poitrine, jurons de ne combattre, de ne travailler que d'un commun accord avec nos frères des autres nations pour l'af-franchissement du prolétariat moderne. Vive la revendication internationale du prolétariat! Nous saluons la République grandissante qui s'éléve […]. Vive la République sociale universelle!» On ne trouve pas dans le texte reproduit par le journal de Blanqui la phrase fameuse qui a tant fait disputer les marxistes et leurs adversaires: «Cette guerre a transféré le centre de gravité du mouvement ouvrier continental de France en Allemagne.»
page 82 note 1 Le 9 septembre les cinq membres du Comité directeur de Brunswick avaient été arrêtés et conduits, en effet «dans les fers», à la forteresse prussienne de Löt-zen.
page 82 note 2 La République des Travailleurs, n° 1, 8 janvier 1871.
page 84 note 1 Nous avons la preuve que bon nombre de ces signataires sont (ou ont été) membres de la section des Batignolles, et peut-être le sont-ils en totalité. On peut en tout cas I'affirmer pour la journaliste et compagne de B. Malon, André Léo (de son vrai nom Léodile Champseix, responsable sûrement du paragraphe sur le problème de la femme), pour Berteault, Chalain, courtier en librairie, Chaté, employé, Coupry, coupeur-tailleur, Davoust (Daoût), ouvrier tailleur de pierres, Huet, maçon, Lanj alley, bientôt l'auteur, avec Corriez, de la première Histoire de la Révolution du 18 mars, Malon, Mangold, professeur de dessin, Elisée Reclus, Sévin, graveur-ciseleur. Sur tous ces militants, consulter J. Maitron, D.B.M.O.F.
page 85 note 1 La République des Travailleurs, n° 2, 15–22 Janvier 1871. Dans ce texte qui se fonde en somme encore sur la «loi d'airain des salaires», depuis Turgot jusqu'à Lassalle, il me semble malgré tout trouver quelques résonances marxiennes: qu'on relise à ce sujet Value, Price and Profit, la conférence prononcée en 1865 devant le Conseil général de l'A.I.T., dont quelques échos ont peut-être transpiré dans les milieux internationaux. Marx cite Smith, qui emploie ce même terme de «graviter».
page 87 note 1 I.I.S.G., Fonds Descaves.
page 87 note 2 La Démocratie pacifique, journal des intérêts des gouvernements et des peuples, publiée en 1843 par Considérant; Le Populaire, journal des intérêts politiques, matériels et moraux du peuple, organe de Cabet, de 1833 à 1835, puis de 1841 à 1850.
page 88 note 1 Aujourd'hui rue Léon Cladel, dans le IIe arrondissement, en effet peu populaire, comme le souligne Brousse.
page 88 note 2 La République des Travailleurs, n° 5, 4 février 1871. La signature B.B. ne me paraît pouvoir être que celle de Benjamin Buisson (frère du protestant et laïc Ferdinand Buisson, qui dirige d'ailleurs en 1870–1871 l'Orphelinat du XVIIe); il a été un temps l'un des délégués au Conseil fédéral de la section des Batignolles.
page 89 note 1 Coll. L. Centner.
page 89 note 2 7bre: lire septembre.
page 89 note 3 L'émeute à laquelle il est fait allusion est évidemment celle du 22 janvier.
page 90 note 1 Malzieux, ouvrier forgeron, secrétaire de la section des Batignolles pendant le Siège; Légalité, fondateur de la même section, avant de participer à la création de celle de Malesherbes, également ouvrier forgeron.
page 90 note 2 I.I.S.G., Fonds Descaves.
page 91 note 1 Il s'agit de la ligne de barricades qui avait été dressée pour délimiter l'étroite zone d'occupation (temporaire) qu'il avait fallu accorder aux Prussiens selon les clauses de I'armistice du 28 janvier: en réalité une petite part de I'ouest bourgeois de Paris, mais comprenant justement une partie du XVIIe arrondissement. J'ai dit d'autre part combien la Garde nationale et son Comité central provisoire avaient craint l'humiliation suprême d'une occupation générale de la Ville.
page 91 note 2 En réalité non pas encore la paix, signée le 10 mai, mais les préliminaires de la paix acceptés par l'Assemblée.
page 91 note 3 Voir également le document suivant: le XVIIe arrondissement était l'un de ceux où les secours populaires avaient été le mieux organisés: subsistances (grâce à la société de la Solidarité dont il est question plus loin), travail (dans l'atelier dirigé par la Veuve Fernandez, dont il a été question plus haut), maladie, indigence, orphelinat; tout ceci essentiellement à l'initiative des membres de l'lnternatio-nale qui peuplaient, régulièrement ou irrégulièrement, la mairie. En l'absence de Malon, député à Bordeaux, Chaté supervisait l'ensemble.
page 91 note 4 Coll. L. Centner.
page 91 note 5 Malon, démissionnaire de l'Assemblée à la suite de l'acceptation des préliminaires de paix, tombé malade, était parti se reposer quelques jours en Limousin. Il n'en revint qu'à la veille du 18 mars. On conçoit qu'à la suite des rapports que lui font ses amis, il ait concu quelques doutes sur la possibilité du mouvement révolutionnaire, auquel il ne se ralliera pas immédiatement.
page 92 note 1 Il s'agit des prisonniers faits le 22 Janvier. On voit que nombre étaient du XVIIe.
page 92 note 2 Un décret du 11 mars 1871 du Général Vinoy, général en chef de 1'armée de Paris, venait de supprimer La Bouche de Fer, de P. Grousset, La Caricature, Le Cri du Peuple de J. Vallès, Le Père Duchêne de Vermersch, Le Mot d'Ordre de Rochefort, et Le Vengeur de F. Pyat.
page 93 note 1 Murailles politiques, t. II, p. 116. Les élus seront, dans l'ordre, E. Varlin, 9.356 voix, L.-E. C1ément, de la Chambre syndicale des ouvriers cordonniers (A.I.T.), 7.121, Ch. Gérardin, graveur, 7.142, Chalain, 4.545, Malon, 4.199 (s'il a si peu de voix et vient en dernier c'est qu'on lui reproche son attitude ambiguë au moment du 18 mars et de l'occupation par les insurgés de la mairie). E. Faillet, le futur biographe de Varlin, porté' sur cette liste n'aura que 3.548 voix. Inscrits: 26.574; votants: 11.394.
page 93 note 2 Une copie de ce règlement se trouve dans le dossier d'E. Bozier aux A.H.G., IIIe conseil, n° 1309. Au sein de cette commission, on peut compter au moins en toute certitude comme Internationaux Bozier lui-même, commerçant papetier, Bonnefont, comptable, Martine, Davoust, J. Sassin, graveur sur métaux.
page 94 note 1 Murailles politiques, t. II, pp. 382–383. C'est dans un tel texte qu'on peut voir combien se mélent, s'entrecroisent en un ensemble indissoluble thèmes nouveaux et langage traditionnel de la Révolution française. Le fait même de procéder à une «reddition de comptes» à ses mandants prouve que 1'International de 1871 respecte le mandat «impératif» qui lui a été confié, conduite et precédé chers aux sans-culottes de 1792–1793. A signaler qu'un texte rigoureusement identique a été publié par les membres de la Commune pour le XVIIIe arrondissement: Journal officiel, 5 mai 1871. Ici encore, l'allusion au paysan, à Jacques Bonhomme, ne peut-être imputable qu'à André Léo, auteur de l'Appel aux Travailleurs des campagnes, avec Malon. Ce sont surtout les Internationaux qui se sont préoc-cupés du problème de la province rurale.
page 96 note 1 On sent bien entendu dans tout ce texte des souvenirs immédiats de 1793; ne retrouve-t-on pas, ou presque les termes du rapport de Barère au Comité de Salut public, le 23 août 1793: «Dès ce moment jusqu'à celui où les ennemis auront été chassés du territoire de la République, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service des armées. Les jeunes gens iront au combat; les hommes mariés forgeront les armes et transporteront les subsistan-ces; les femmes feront des tentes et des habits, les enfants mettront le vieux lingeen charpie, les vieillards se feront porter sur les places publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine des rois et 1'unité de la République.» Mais ce passage précis est bien de membres de l'lnternationale. A la séance du 29 mars 1871 du Conseil fédéral, G. Bertin déclarait textuellement: «Une des plus graves questions qui doivent nous préoccuper, c'est celle relative à l'ordre social. Notre révolution est accomplie, laissons le fusil et reprenons l'outil (souligné par moi). Goullé rétorque qu'il «n'est absolument pas de cet avis; – il faut se tenir sur ses gardes», et pour Hamet: «La garde est facile à établir, le travail l'est moins; prenons nos outils, au premier coup de tambour nous saurons retrouver notre fusil.» Séances officielles, p. 157.»
page 97 note 1 I.I.S.G., Fonds Descaves. Ch. Limousin, ancien «Gravilliers» qu'on classe volontiers comme un «renégat«, a tout de même voulu participer à l'oeuvre sociale de la Commune. Il appartient semble-t-il à la section du XIIIe. Je cite son texte - selon toute probabilité écrit avant le 18 mars –pour qu'on saisisse mieux la façon dont les Internationaux envisageaient la défaite et la «revanche». Trouve-t-on trace ici de «chauvinisme»? il est d'abord question de la République.
page 98 note 1 Entendons évidemment le bulletin de vote mis dans l'urne.
page 99 note 1 Jacoby, vieux militant démocrate allemand, avait été emprisonné le 13 septem-bre 1870 pour avoir attaqué la politique bismarckienne d'annexion. W. Liebknecht et Bebel le furent du 17 décembre 1870 jusqu'au 28 mars 1871, pour la même raison.
page 99 note 2 Le Cri du Peuple, n° 56, 26 avril 1871.
page 100 note 1 Coll. L. Centner.
page 100 note 2 Avec le Louvre, plus connu, Saint Thomas d'Aquin est l'un des ateliers de réparation et de fabrication d'armes les plus importants pendant la Commune.
page 100 note 3 L'entrepreneur de chaussures Godillot, un des plus solides exploiteurs des ou-vriers cordonniers, continue à travailler pendant la Commune pour la Garde nationale. Ce «privilège», laissé à un membre des plus éminents de la «féodalité industrielle» n'a cessé de susciter les protestations des diverses coopératives et de la Chambre syndicale des Cordonniers. André Léo s'en est faite volontiers l'écho dans le journal La Sociale. Plusieurs réunions publiques avaient dès le Siège réclamé la confiscation de la fabrique.
page 100 note 4 On lira ici les compagnies de guerre du 33e bataillon. Celui-ci avait été dissouspour modérantisme. On semble vouloir le reconstituer sur de nouvelles bases.
page 101 note 1 Coll. L. Centner. Les sections prennent le parti de Malon qui vient de signer le manifeste de la «minorité» de la Commune. H. Bardout, président, est ouvrier serrurier.
page 101 note 2 Ibid.
page 101 note 3 Aujourd'hui rue Darcet. Sur le Comité des femmes du XVIIe, voir E. Thomas, Les Pétroleuses, passim.
page 102 note 1 Coll. L. Centner. On trouve aux A.P.Po., B/a 439, pièce 5364, une liste de membres de l'lnternationale «adressée par la Justice militaire», qui ne peut être que celle des membres de la nouvelle section Malesherbes: E. Schmeltz, capitaine au long cours, G. Bonnefont, étudiant, Ch. Légalité, ouvrier serrurier, Pauloin, ouvrier tolier, A. Lebas père, employé, G. Caminade, artiste peintre, F. Lacour, officier, Ch. L'Etienne, voyageur de commerce, A. Lebas fils, employé, A. Schmidt, employé, A. Denneville, employé Ainsi peut-on se faire une idée de ce qu'étaient les membres fondateurs d'une section, qui assurément n'a pas eu grand temps pour étendre son audience.