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A son retour d'exil en 1880, Vaillant ne voit, dans un avenir immédiat, qu'une tâche principale: l'organisation d'un grand parti socialiste national, se donnant pour but premier la conquête du pouvoir politique. Nominalement lié à l'organisation blanquiste issue de la proscription londonienne, le Comité révolutionnaire central, il s'établit loin de Paris pour se vouer à l'organisation du parti dans son département du Cher; c'est le premier témoignage de son désaccord avec les représentants d'idées, de tactiques devenues à ses yeux surannées: c'étaient celles du Second Empire. Pour cette tâche d'organisation il a craint d'abord de s'allier avec Jules Guesde, le passé de celui-ci étant trop équivoque. Mais Vaillant se rend compte bientôt qu'entre Guesde et lui existe une communauté certaine d'esprit touchant cette œuvre immédiate d'organisation; dans les années quatre-vingts, les rapports entre les deux hommes se resserrent jusqu'à atteindre, au moment de la crise boulangiste, le niveau d'une véritable unité d'action. Au cours des années quatre-vingt-dix, après le départ du C.R.C. des éléments entraînés dans l'aventure boulangiste par Henri Rochefort, Vaillant dirige son parti vers une organisation ouverte et active sur une triple base: action politique sous toutes ses formes, y compris l'usage de toutes les fonctions électives; action économique de toute espèce; action démocratique, création d'un mouvement de masse entraînant, dans le courant socialiste, les forces vives de la nation. Poursuivant constamment cette forme d'action il s'éloigne des «doctrinaires» du P.O.F. pour trouver, pendant quelques années, en Jaurès un compagnon de lutte avec lequel il s'est senti sûrement plus d'affinités.
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- «Diaspora» et Retour: II Retour
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- Copyright © Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis 1972
References
page 408 note 1 Pendant les années quatre-vingts, bien que Vaillant donne son adhésion au C.R.C, ses désaccords avec les blanquistes restaient nombreux et profonds. Cf. J. Howorth, Edouard Vaillant and the unification of the French socialist party (Thèse à paraître en 1972).
page 408 note 2 Lié aux bakouninistes en 1872, aux radicaux en 1876, Guesde vient de passer au marxisme.
page 408 note 3 Vaillant est conseiller municipal de Paris (1884–93) et député de la Seine (1893– 1915).
page 408 note 4 En 1893 Vaillant lance une campagne en faveur de la démocratic directe.
page 409 note 1 Le lien entre matérialisme et idéalisme sur le plan philosophique, entre objectivisme et subjectivisme sur le plan politique, bien que conçu d'une façon différente par les deux hommes, explique en partie cette liaison assez précaire.
page 409 note 2 Dubreuilh, L., «A la mémoire d'Edouard Vaillant», in: L'Humanité, 22 décembre 1915.Google Scholar
page 409 note 3 AprEgrave;s la Commune Marx a voulu se débarrasser de la Premiére Internationale dont il estimait le rôle historique terminé à caus des événements de 1870–71 et, à cause des dissentiments internes, il ne croyait pas le moment propice pour la réorganiser sur un niveau politique. Vaillant, au contraire, pensait que c'eétait précisément le bon moment pour relancer l'organisation comme l'avant-garde politique du prolétariat international. En outre, Marx voulait s'occuper plutôt de l'Allemagne, où les conditions politiques exigeaient une espèce d'alliance avec la bourgeoisie contre l'hégémonie prussienne. Vaillant craignait beaucoup I'influence de cette tactique en France où, après la Commune, une telle alliance était devenue impensable.
page 410 note 1 Au commencement de l'exil l'influence psychologique de la Commune avait été tres profonde et Vaillant rêvait d'un «prochain retour offensif de la Révolution» –lettre à J.Ph.Becker du 25 août 1871, Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis, Fonds Becker, D 59.
page 410 note 2 Internationale et Révolution. A propos du Congrès de la Haye, Londres 1872, brochure expliquant le retrait de 1'Internationale des membres vaillantistes; Aux Communeux, Londres 1874, déclaration des réfugiés français. Les deux manifestes, bien que contenant des idées mélangées de marxisme et de blan-quisme, témoignent au fond d'une large connaissance des théories marxistes.
page 410 note 3 Engels décèle, cependant, dans le manifeste de 1874 «'influence incontestable de Vaillant» qui a amené les Français a une adhésion «au programme actuel du communisme allemand.»
page 410 note 4 Voir lettre à Andreas Scheu du 27 août 1877, reproduite en annexe (document I).
page 410 note 5 Voir sa réaction au Congrès de Paris de 1876 dans Les Syndicaux et leur Congres, ainsi que ses lettres à A. Scheu à l'I.I.S.G.
page 410 note 6 E. Vaillant, «Le 18 Mars», in: Républicain socialiste du Centre, 16 mars 1884.
page 412 note 1 Ces problémes sont traités à fond dans la thèse citée plus haut.
page 412 note 2 «I1 nous semble que pour des socialistes il n'est pas douteux que, alors qu'au-ront disparu ces privilèes, ces classes, dont l'existence a produit ce qu'on entend par Etat, Gouvernement, et dont les modifications se manifestent par des changements correspondants de ces institutions, produits de ces distinctions de classes [….] et garantie de leur maintien, ces institutions disparattront d'elles-mêmes, leurs fonctions sociales n'existant plus. […] Mais pour réaliser cette éemancipation des travailleurs, cette abolition des classes […] il est nécessaire que la bourgeoisie soit dépossédée de son privilège politique, au moyen duquel elle maintient tous les autres. Il faut que dans une période de dictature révolutionnaire le prolétariat emploie pour son affranchissement cette puissance jusqu'ici dirigée contre lui […] Et seulement alors, quand il aura fait table rase de ces institutions, de ces privilèges qui constituent la société actuelle, cette dictature du prolétariat cessera comme étant sans objet, l'abolition de toute classe faisant disparaître de soi le gouvernement d'une classe.» Internationale et Révolution, p. 5. Le texte de cette brochure se trouve dans Etudes de Marxologie, Série S, n° 8 [Cahiers de 1'I.S.E.A., n° 152, août 1964], pp. 163–176.
page 412 note 3 Voir «18 Mars», in: Le Parti Socialiste, 10 mars 1892, et «Vive la Commune», in: La Petite République, 18 mars 1895. En fait, en mars 1871, Vaillant a con-seillé et une attaque immédiate contre Versailles et un assaut sur la propriété.
page 412 note 4 Vaillant, E., «Anniversaire», in: Le Petit Sou, 15 mars 1901.Google Scholar
page 412 note 5 Il tient surtout à saluer le «milieu révolutionnaire et enthousiaste qui […] avait fait, en ces inoubliables et admirables semaines, du peuple de Paris en armes, d'abord pour la garde de ses armes, et contre la réaction et les provocations de Versailles, puis de plus en plus pour l'émancipation ouvrièpre et la Révolution, un peuple de combattants et de citoyens». La Revue Blanche, mars 1897, p. 72.
page 412 note 1 Howorth, Voir J., «La propagande socialiste d'Edouard Vaillant», in: Le Mouvement Social, n° 72 (septembre 1970), pp. 110–113.Google Scholar
page 412 note 2 Voir interview à Xavier de Ricard, in: Le Parti Socialiste, n° 6, 2 août 1891, et son discours du 16 octobre 1908 au Congrès S.F.I.O. de Toulouse, pp. 159–160. Des extraits de ce discours sont reproduits dans l'ouvrage indispensable sur Vaillant: celui de Maurice Dommanget, Paris, La Table Ronde, 1956, pp. 374–76.
page 412 note 3 «Je suis ni de la majorité, ni de la minorité car je n'ai pu trouver un groupe d'hommes avec lequel je puisse marcher.» Journal officiel de la Commune du 17 mai. Dans la lettre à Becker déjà citée il déclare que celui avec qui il a «marché le plus d'accord» fut Tridon, blanquiste dissident qui appartint à la «minorité».
page 412 note 4 Marx, K., La Guerre civile en France, Editions sociales 1968, p. 65.Google Scholar
page 412 note 5 «Nos Girondins», in: Le Tocsin populaire du Berry, 24 février 1900. Aussi: «au moment où les invertébrés du socialisme, les fédéralistes retournent spontanément aux formes inférieures de l'organisation, il importe, à l'anniversaire de la Commune que […] nous nous rendions compte de la nécssité d'achever notre œuvre de concentration. [L']unité, c'est la vraie revanche de la Commune.» – «Commune et Unité», in: Le Petit Sou, 13 mars 1902.
page 413 note 1 Kautsky lui ayant demandé d'écrire un article pour le Vorwärts qui évaluerait les divers ouvrages jusqu'alors consacrés à la Commune, Vaillant lui répond: «je me suis toujours gardé d'articles critiques des livres qui prétendaient être l'histoire de ses hommes et de ses événements». Un tel article l'obligerait de traiter les «questions de personnes» et ceci est le «motif principal» de son refus. Lettre à Kautsky du 6 novembre 1905, I.I.S.G., Fonds Kautsky, D XXII 339.
page 413 note 2 Voir «Guerre et Commune», in: Le Socialiste, 13 mars 1904. Cf. Marx: La Guerre civile, op. cit., pp. 71–72 et 92.
page 414 note 1 Hippolyte Buffenoir, rédacteur aux Droits de l'Homme, radicalisant, ex-ami de Gambetta, membre du groupe du café Soufflot qu'animera plus tard Jules Guesde. Se mêla à la campagne d'Emile Acollas en 1876 et, étroitement lié au parti 1égaliste allemand, se trouve souvent visé par les dards de Vaillant qui exécrait aàcette époque l'avilissement exigé par la participation plus ou moins futile aux jeux électoraux.
page 414 note 2 Internationaliste au plein sans du terme, Vaillant souligne toujours la néces-sité d'ouvrir des moyens de communication entre les partis socialistes des divers pays.
page 415 note 1 Référence è la crise du 16 Mai 1877.
page 415 note 2 Analyse tout à fait marxiste du mouvement historique et dialectique de la lutte des classes.
page 415 note 3 Ici l'on remarquera la méthode révolutionnaire qui, alliant l'étude objective des forces sociales, économiques et politiques à la préparation subjective de la masse populaire, autrement dit de la conscience socialiste révolutionnaire du prolétariat, préconise la mise en marche de la praxis marxiste-léniniste.
page 416 note 1 Attitude qui renaîtra en 1888 pendant la crise boulangiste et aussi en 1899 lors de la constitution du ministère Waldeck-Rousseau/Millerand/Galliffet.
page 417 note 1 Ainsi Vaillant non seulement refuse-t-il d'envisager la tactique associée étroitement avec l'activité blanquiste du Second Empire, mais il choisit même, consciemment, de lutter sur un nouveau terrain avec de toutes autres méthodes.
page 417 note 2 Le texte complet a été publié dans chaque numéro du Parti Socialiste aà partir du 21 février 1892 (n° 35, p. 1). Nous ne donnons ici que la Délaration.
page 417 note 3 Il faut se garder de déceler, dans les références à la «tradition révolutionnaire française» et aux traits nationaux caractéristiques, la prédominance de préoccupations d'ordre «blanquiste». En effet, Vaillant ne fait que constater l'existence de ces traits nationaux, et ne s'occupe point de la question de leurs origines. Mais, étant donné leur existence, il faut choisir specialement les moyens de lutte pour répondre à leurs besoins; autrement dit, il faut adapter le marxisme aux exigences d'une situation française. C'est ici que Vaillant se sépare des doctrinaires du P.O.F.
page 418 note 1 Le seul fait de se réclamer de l'athéisme a pu suffire à classer Vaillant dans le camp blanquiste. Mais comme l'on voit, après ces qualificatifs, Vaillant aborde la question de l'athéisme dans un esprit plus dialectique et «scientifique» que ne l'abordait Blanqui pour qui l'athéisme était vraiment la base philosophique de sa critique sociale.
* Les Congrès de 1'Internationale et les Congrès internationaux socialistes ont voté et nous affirmons avec eux: «La manifestation du 1er Mai; le pacte international 'union des travailleurs et des socialistes de tous les pays; la lutte de classe; la journée de huit heures; la salaire minimum équivalent aux besoins; la législation nationale et internationale protectrice du travail; le combat par tous les moyens contre le militarisme et la guerre, pour la suppression de l'armée permanente, pour la paix internationale; l'abolition du salariat et du patronat, du privilège et du régime capitaliste par la socialisation de la matière et des instruments de production, etc. etc.; enfin l'organisation nationale et internationale de la classe ouvrièparti socialiste; le secrétariat du travail et la périodicité des Congrè;»
Le C.R.C. a ses représentants aux Congrèationaux socialistes et au secrétariat du travail.
page 419 note 1 A cette époque Vaillant ne laissait passer aucune occasion de critiquer ses anciens camarades passés dans le camp rochefortiste.