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Du Hirsute Au Hamite: Les Variations Du Cycle De Ntare Ruhatsi, Fondateur Du Royaume Du Burundi*

Published online by Cambridge University Press:  13 May 2014

Jean-Pierre Chrétien*
Affiliation:
C.N.R.S., Paris

Extract

A peine admises dans le monde de l'histoire académique, les sources orales sont vivement contestées par plusieurs spécialistes. L'ouvrage de David Henige, The Chronology of Oral Tradition, en 1974, s'en prend à la “chimère” qu'ont pu nourrir celles-ci, notamment en matière de chronologie, compte tenu du fonctionnement de la tradition orale et de ses contacts récents avec les cultures écrites. L'exemple du Bunyoro auquel, entre autres, il se réfère est particuliè rement éclairant aussi pour le Burundi. Quelles que soient nos convictions, enracinées sur l'expérience et sur les résultats acquis, concernant la richesse des témoignages oraux dans les sociétés de l'Afrique des Grands Lacs, la recherche ne peut que bénéficier de ces critiques radicales si elle en situe la portée exacte. Les problèmes d'interprètation historique sont particulièrement délicats en ce qui concerne les récits de fondation ou d'origine, vu l'ancienneté des faits évoqués et la redondance des traditions, généralement plus discrètes sur les périodes intermédiaires que sur les débuts. Aux difficultés de méthode face à des récits où les faits politiques, religieux, les mythes et la poésie, les localisations spatiales et temporelles s'emmêlent de façon aussi variée que contradictoire, s'ajoutent les problèmes idéologiques étroitement confondus avec les interprètations tirées de ces récits, voire avec les formulations les plus récentes de ces dernières. Idéologies nées des contradictions de la société locale, mais aussi du choc avec les cultures étrangères, musulmanes ou surtout, dans notre cas, occidentales.

Depuis une quinzaine d'années nous sommes préoccupé par ce type de questions dans l'histoire du Burundi et nous avons relevé avec interêt les recherches parallèles sur d'autres anciens Etats de la région, telles qu'elles transparaissent par exemple depuis 1974 dans History in Africa.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © African Studies Association 1981

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Footnotes

*

Cet article reprend pour l'essentiel la communication présentée au colloque tenu à Bujumbura du 4 au 10 septembre 1979 sur “La civilisation ancienne des peuples des Grands Lacs” sous le titre: “Traditions et historiographie sur les origines du royaume du Burundi.” Nous remercions le Centre de Civilisation Burundaise, éditeur des Actes du colloque, de nous avoir permis de publier ici notre texte légèrement modifié.

References

NOTES

1. Henige, D., The Chronology of Oral Tradition. Quest for a Chimera, (Oxford, 1974)Google Scholar; idem, “Reflections on Early Interlacustrine Chronology,” JAH, 15(1974), 27-46. Concernant l'hypercriticisme à l'égard des sources orales et certaines de ses implications idéologiques, voir par ailleurs les comptes-rendus contradictoires du livre Vansina, de J., The Tio Kingdom of the Middle Congo, 1880-1892, (London, 1973)Google Scholar, qu'ont publiés les Cahiers d'Etudes Africaines, 16(1976), 397404 CrossRefGoogle Scholar; 17(1977), 369-78.

2. Nous pensons notamment aux articles Twaddle, de M., “On Ganda Historiography,” (1974), 85100 Google Scholar; Wrigley, C., “The Kinglists of Buganda,” (1974), 129140 Google Scholar; Atkinson, R., “The Traditions of the Early Kings of Buganda: Myth, History and Structural Analysis,” (1975), 1758.Google Scholar

3. Vansina, J., La légende du passé. Traditions orales du Burundi, (Tervuren, 1972).Google Scholar Du même auteur deux synthèses antérieures: Notes sur l'histoire du Burundi,” Aequatoria (1961), 110 Google Scholar et Note sur la chronologie du Burundi ancien,” Bulletin des séances de l'A.R.S.O.M., (1967), 429–44.Google Scholar

4. Chrétien, J.P., “Le Buha à la fin du XIXe siècle. Un peuple, six royaumes,” Etudes d'Histoire Africaine, 7(1975), 938.Google Scholar A noter un thèse d'un historien tanzanien: Mbwiliza, J.F., “The Origins and Development of the Heru Kingdom From About 1750-1930,” (Univ. de Dar es Salaam, 1974)Google Scholar, et la communication du même auteur au colloque de Bujumbura mentionné plus haut: “The Hoe and the Stick: a Political Economy of the Heru Kingdom, ca. 1750-1900.”

5. Un écho récent de ces polémiques dans La chronologie du Burundi dans les genres littéraires de l'ancien RwandaKagame, de A., Etudes rwandaises, 12 (Mars 1979), 130.Google Scholar

6. Cf. Oliver, R. et Mathew, G., History of East Africa, t. I, (Oxford 1963)Google Scholar et Oliver, R. ed., The Cambridge History of Africa, 3, (Cambridge, 1977).CrossRefGoogle Scholar En 1963 (183) la carte de l'expansion hinda portait un point d'interrogation en ce qui concerne le Burundi; en 1977, la carte équivalente (633) présente comme une certitude cette expansion jusqu'au Buha et au Burundi. On peut aussi y observer qu'entre temps la flèche entre le Nkore et le Karagwe a changé de sens: signe de progrès dans la recherche ou de l'incertitude qui continue à régner dans l'analyse du phénomène hinda? De Heusch, L., Le Rwanda et la civilisation tion interlacustre, (Bruxelles, 1966), 6467 Google Scholar se rallie également à la thèse de l'origine hinda des rois du Burundi.

7. Anonyme, Essai d'histoire du Burundi,(Bujumbura, s.d. [1958]).Google Scholar

8. Coupez, A., “Texte ruundi n° 2,” Aequatoria (1958), 8197.Google Scholar Une enquête du Centre de Civilisation Burundaise, à Bisoro le 21 septembre 1979, a permis de réengistrer, 25 ans après, ce récit tel que Ruvugazinaniwe l'a conservé. La comparaison des deux variantes est éclairante sur le style des traditions burundaises: fidèlité à la trame générale et aux noms propres qui articulent l'action, mais non conformité à la lettre. La présentation du “texte oral” découpé en séquences numérotées par A. Coupez donne une fausse impression de rigidité. de Masasu dans, Texte La légende du passé, 7479.Google Scholar Nous donnons en annexe la traduction de la fin du récit que nous avons enregistré à Rutovu, le 9 septembre 1971. La comparaison entre ces deux variantes recueillies à treize ans de distance (la première le 17 juillet 1958) est également intéressante, 77-78).

9. Combretum molle ou Bridelia atroviridis, selon Rodegem, F.M., Dictionnaire rundi-français, (Tervuren, 1970).Google Scholar

10. Toponyme plus authentique pour désigner la “crête Congo-Nil,” faisant référence à la grande forêt dite de la Kibira qui couvrait autrefois tous ses sommets. Cf. Chrétien, J.P. & Nkurunziza, F.X., “La géographie en kirundi,” Culture et Société, (janv. 1979), 7075.Google Scholar

11. Voir, Légende, 8187 Google Scholar; nos propres enquêtes (auprès de Banteyamanga, Ntibanga, Mihindano, Singira en 1971), celles de E. Mworoha (Sinzobakwira en 1971 et 1972) et celles du Centre de Civilisation Burundaise à Mpinga en 1977 et 1978. Tableau des sources orales en annexe.

12. Par exemple Ntavugayambona, d'une famille responsable du tambour dynastique Karyenda, Vansina, d'après, Légende, 200 Google Scholar; ou Ruzuba, lui même muhanza, à Gishubi (enquête du Centre de Civilisation Burundaise, 1976). Quant à Rvugazinaniwe, réinterrogé, comme on l'a vu, en 1979, il précise qu Ntwero lui-même était de ce clan, ce qui est logique à partir du moment où on présente une tradition selon laquelle Ntare était le petit-fils de celui-ci.

13. Légende, 100-104, Zuure, B., L'âme du Murundi (Paris, 1932), 269–70.Google Scholar Ruvugazinaniwe place clairement l'origine de Ntwero en Imbo: vers Rumonge, nous disait-il encore en septembre 1979. Un autre vieillard interrogé à Bisoro lors de cette même enquête du Centre de Civilisation Burundaise, Pierre Simbaruhije, nous raconta la venue de Kiranga au Burundi en précisant, comme d'autres conteurs mentionnés par Vansina, (Légende, 104)Google Scholar, que le héros du culte du kubandwa venait du Bushi. Ces traditions qui vont à l'encontre du schéma général selon lequel tous les traits culturels venaient du nord ont l'intérêt de mettre en valeur l'importance des liens avec les pays de l'ouest (bassin du Zaïre). Plusieurs participants au colloque de Bujumbura de septembre 1979 ont mis l'accent sur cet axe ouest - est, par exemple Pierre Smith (“Personnages de légende”) signala l'existence chez les Bakomo de statuettes montrant une divinité de la fécondité appelée aussi Kiranga.

14. Légende, 106-10. J. Vansina voit dans Jabwe le dernier représentant d'une dynastie ancienne des Babibe. L'hypothèse est séduisante, mais ne nous semble pas réellement prouvée. On notera aussi le paradoxe, du moins aux yeux des visions simplistes de la société burundaise, que représente le rôle de ce lignage tutsi dans un rituel agraire et dans les traditions sur l'éleusine.

15. Légende, 70-74 (récit de Ruteye); Zuure, , L'âme, 266–69.Google Scholar Ruteye était le gardien du “tombeau” de Mutaga Mbikije à Ramvya, donc un membre important de ce groupe de ritualistes funéraires appartenant au lignage des Bajiji et qu'on appelait les Banyange. Mais nous avons montré ailleurs que, normalement, c'était la lignée responsable du “tombeau” de Mutaga Senyamwiza (le roi Mutaga du cycle précédent) qui aurait dû prendre en charge en 1915 Mutaga Mbikije: Chrétien, J.P. & Mworoha, E., “Les tombeaux des bami du Burundi: un aspect de la monarchie sacrée en Afrique orientale,” Cahiers d'Etudes Africaines, 10(1970), 7475.CrossRefGoogle Scholar Le vieux Sekere, de la première lignée, voyalt en Ruteye un usurpateur et, dans cette situation, ce dernier semble avoir cultivé l'amitié du grand chef Baranyanka installé dans la région par l'administration beige depuis 1921 (cf. Legende, 71-242). Quant à Rusukiranya (transcrit Rusurikana dans Zuure L'ame, 269), il se présentait aussi comme un des Banyange, bien qu'il fût du lignage des Banyagisaka: il était effectivement très lié à Ruteye, d'après Smets, G., “Funérailles et sépultures des bami et bagabekazi de l'Urundi,” Bulletin de l'Institut Royal Colonial Belge, (1941), 214 et 221.Google Scholar Le professeur Smets eut recours aussi à ses services lors de sa mission au Burundi en 1935, sans doute sur les conseils de Baranyanka qui l'accueillit au nord-ouest Cf. Trouwborst, A.A., “L'oeuvre de Georges Smets (1881-1961),” (colloque de Bujumbura, sept. 1979).Google Scholar

16. Légende, 69-74; cf. aussi les témoignages de J.B. Baramagara (enquêtes de J.P. Chrétien et de E. Mworoha).

17. Mworoha, E., Peuples et rois de l'Afrique des lacs. Le Burundi et les royaumes voisins au XIXe siècle, (Dakar, 1977), 96101.Google Scholar Outre les récits publiés dans Légende J. Vansina nous a fait bénéficier de quelques textes inédits. Nous le remercions très vivement pour son aide.

18. Voir la carte ci-jointe où les lieux de collecte sont situés dans les limites des arrodissements actuels du Burundi (1979) et la liste correspondante des personnes interrogées. Noter que les 11 versions de la Kanyaru ne sont données que par 9 témoins.

19. Ni Ntare yavuye mu rutare, “C'est Ntare qui est venu de la grosse pierre” ( Zuure, , L'âme, 494)Google Scholar; cf. aussi Légende, 97. Mais d'autres évoquent la couleur blanche (igitare) de certaines vaches. On ne fait pas d'étymologies avec des jeux de mots. On pourrait penser à “… Pierre, sur cette pierre je bâtirai…”! Selon C. Ehret (correspondance écrite), le radical -tale du groupe linguistique bantu des Grands Lacs serait à mettre en rapport avec un radical sud-kouchitique taali, l'un et l'autre désignant le lion. En kirundi, le lion est plus communément appelé intambwe. Nsoro évoque les galets de rivière (ubusoro, selon Rodegem) mais aussi le jeu de trictrac, ikibuguzo ou igisoro. A Bisoro précisément, lieu de résidence de Ruvugazinaniwe, on vous montre un damier naturel découpé dans des rochers où Jabwe et Nsoro étaient censés jouer au gisoro. Jabwé peut dériver de kujaba, “troubler l'eau.” Le substantif umujabu, “le galet,” peut s'intégrer à cette imagerie, au moins par assonance (sinon étymologiquement, vu la différence de hauteur sur le a). On retrouve le thème des galets (ubusoro) dans la rivière dans les déclamations de Mitimigamba en l'honneur de Ntare Rushatsi (Cf. Rodegem, F.M., Anthologie rundi, Paris, 1973, 336337).Google Scholar Nous remercions Jan Vansina pour ses remarques pertinentes concernant le terme Jabwé.

20. de Nyankana, Récits et de Ruteye, , Légende, 83 et 71.Google Scholar

21. Sur les guerres Rugamba, de Ntare, voir Légende, 205–08.Google Scholar Kagame, A., dans son Abrégé de l'ethno-histoire du Rwanda (Butare, 1972)Google Scholar, propose de distinguer entre Nsoro Nyabarega opposé à un “Ntare III Kivimira” au XVIIe siècle et Nsoro Nyamugeta adversaire de “Ntare IV.”

22. Enquête du Centre de Civilisation Burundaise à Kuntega, le 22 septembre 1977.

23. Légende, 119-22.

24. Voir les cartes Ndayishinguje, de P., L'intronisation d'un mwami (Nanterre, 1977)Google Scholar ou Gahama, de A., La reine mère et ses prêtres au Burundi (Nanterre, 1980).Google Scholar

25. Légende, 97-98; Sinzobakwira (enquêtes E. Mworoha); Baranyanka, 1957 (collection Vansina); Baramagara, Ijene, le 13 juillet 1967.

26. Chrétien, Voir J.P., “Les années de l'éleusine, du sorgho et du haricot dans l'ancien Burundi. Ecologie et idéologie,” African Economic History, no 7 (spring 1979), 7592.Google Scholar

27. Schumacher, P., “Ruanda,” thèse inédite, mlcroédition du manuscrit, Anthropos, (1958), 141–42.Google Scholar Extrait traduit par nous en annexe.

28. Kagame, A., Inganji Kalinga (Kabgayi, 1943-47, 2e éd. 1959), II, VI, 20.Google Scholar

29. Kagame, Un abrégé: Mibambwe Mutabazi aurait été le beaupère de Mashira. Cela se serait situé au milieu du XVe siècle selon Kagame, au milieu du XVIe siècle selon Vansina, , L'évolution du royaume rwanda des origines à 1900, (Brussels, 1962).Google Scholar

30. Coupez, A. & Kamanzi, T., Récits historiques rwanda (Tervuren, 1962), 142170 Google Scholar, récits n° 6 (consacré à Mashira) et 7 (Mashira et Karemera roi du Bugesera).

31. C'est ce Remera qui aurait, selon Baranyanka, donné son nom à Karemera, Indépendamment de cette reconstruction plus logique qu'historique, on notera la richesse symbolique du terme remera, du verbe kuremera, être lourd, pesant, de poids. Beaucoup de sites historiques portent ce nom: le roi Mwezi Gisabo a été déposé après sa mort à un lieu dit Remera, etc. Un arbre avec lequel on faisait des tambours s'appelait umuremera (Kigelia aethiopica, selon le Dictionnaire de Rodegem).

32. Coupez, Voir et Kamanzi, , Récits historiques, 222–53Google Scholar; Vansina, , Légende, 8384.Google Scholar

33. Murama: Voir note 9. Murinzi, l'érythrine, Erythrina abyssinica. Umuganza: Ocotea michelsonii.

34. Gorju, J., Face au royaume hamite du Ruanda, le royaume frère de l'Urundi (Brussels, 1938), 105–08.Google Scholar

35. Légende, 55-68.

36. Le roi du Burundi Ruganzu de Ngoma qui attaque le roi du Rwanda et le battit par la ruse” [récit de Mansuet Kabuturo, Musigati, nov. 1978], Culture et Societé, n° 2, (janv. 1979), 98–101 et 106.Google Scholar

37. Coupez, A., “Texte ruundi: les rois du pays ruundi et les hommes venus les premiers,” Zaïre, 11(1957), 623–36.Google Scholar

38. Par exemple aucune publication n'existe sur le Bushubi. En ce qui concerne les légendes relatives aux Bacwezi et à Ruhinda, dont on parle tant et sur lesquels on a si peu de versions authentiques, le colloque de Bujumbura de septembre 1979, a émis le voeu d'un effort urgent de collecte, si c'est encore possible.

39. Roscoe, J., The Banyankole, (Cambridge, 1923), 24.Google Scholar De Heusch, L., dans son Rwanda, 263 Google Scholar, rapproche également ce haut fait de Kyomya de ceux de Binego venant à l'aide de son pere Ryangombe.

40. Légende, 100-03. Le “Rwanda de Ndanyoye” évoqué dans cette version figure aussi dans les traditions rwandaises pour désigner le Rwanda originel dit “Rwanda de Gasabo” (cf. Kagame, A., Abrégé, 48).Google Scholar

41. Henri Sinzobakwira, enquête d'Emile Mworoha, Mukenke, 23 décembre 1971. Sinzobakwira, ancien sous-chef au Bugufi, la province du nord-est du Burundi rattachée au Tanganyika Territory en 1919, avait longtemps milité pour la récupération de cette province.

42. De Heusch, Rwanda. Mais l'hypothèse qu'il y développe (51) concernant l'imposition par les Bahinda de leur propre interdit, celui du singe tumbili, sur celui, plus ancien, des Bayango ou des Bazirankede, le singe nkende, achoppe sur une faille linguistique, car la source qu'il utilise ( Cory, H. et Hartnoll, M., Customary Law of the Haya Tribe [London, 1945]Google Scholar, tableaux annexes des clans) mêle les indications en ruhaya et en kiswahili. Or nkende, terme répandu dans les langues de la région, et tumbili, terme swahili, désignent tous les deux le cercopithèque, un petit singe gris verdâtre. Il existe certes des variétés différentes de cercopithèques, mais l'opposition des termes ne reflète ici qu'une différence de langues et non de taxinomie zoologique.

43. Cf. Chrétien, J.P., “Le passage de l'expéditlon d'Oscar Baumann au Burundi (sept.-oct. 1892),” Cahiers d'Etudes Africaines, 8(1968), 4895.CrossRefGoogle Scholar

44. Publié à Bois-le-Duc en 1903, Voir notamment les articles “Dynastie,” “Histoire” et “Wahinda,” 179-82, 286-88, 628-30. Cf. Trouwborst, A.A., “De beoefening van de etnografie van Burundi tijdens de duitse bezetting (1890-1916),” Africa-Tervuren, 1979, 1, 410.Google Scholar

45. Speke, J.H., Les sources du Nil (Paris, 1865), 214–18Google Scholar; Schweinfurth, G. & Ratzel, F. ed., Eine Sammlung von Reisebriefen und Berichten Dr Emin Pascha's (Leipzig, 1888), 379–80.Google Scholar

46. Par exemple Gitara au sud de Mwaro; Gatara sur la haute Ruvubu, Tara sur un versant de la colline royale de Mbuye (où résidait la vestale Muka Kiranga), etc.

47. Stuhlmann, Franz, Mit Emin Pascha ins Herz von Afrika (Berlin, 1894), 713–15.Google Scholar

48. L'association Bahima-Bacwezi apparait dans Johnston, Harry, The Uganda Protectorate (London, 1902), 2:594–96Google Scholar; J. Czekanowski, Ethnographie, t. I zu Mecklenburg, de A.F. Hzg, Wissenschaftliche Ergebnisse der Deutschen Zentral-Afrika-Expedition 1907-1908 (Leipzig, 1917), 5155 Google Scholar; Gorju, J., Entre le Victoria, l'Albert et l'Edouard, (Rennes, 1920), 5061.Google Scholar

49. Voir l'extrait donné en annexe, Dictionnaire, 179.

50. Paru à Bruxelles en 1938.

51. Entre le Victoria, 146-54.

52. Ibid, 151. Il s'agit d'une réminiscence de la Relatione del Reame di Congo et delle circonviaine contrade Pigafetta, de F. & Lopes, D. (trad. Bal, W., [Louvain, 1965], 135)Google Scholar Ce Monemugi censé atteindre “le Nil entre les deux lacs” est assimilé à l'Unyamwezi.

53. Kintu, héros fondateur du Buganda, serait un descendant de chrétiens (ibid, 102).

54. Gorju, J., “Quinze jours en montagne,” Les Missions catholiques, (1928), 185–87.Google Scholar

55. Siriba, P., “La colonisation et la tribalisation au Burundi,” (thèse, Institut catholique, Paris, 1977), 138.Google Scholar

56. Rusizira Amarembe, mensuel qui parut de 1940 à 1954. Pio Canonica (1876-1943) était arrivé au Burundi depuis 1906. Sous le Mandat il incarnait surtout la mission de Bukeye qu'il avait fondée en 1927, en plein domaine royal.

57. Coupez, A., “Texte ruundi: les rois du pays ruundi et les hommes venus les premiers,” Zaïre, 6(1957), 623–36.Google Scholar Joseph Rugomana était un notable instruit très proche de la Cour de Mwambutsa et qui collabora souvent avec les enquêteurs européens. Cf. Rodegem, F.M., “La fête des prémices au Burundi,” Annales du Musée Royal de l'Afrique centrale, Sciences Humaines, n° 72 (1971), 207.Google Scholar

58. Simons, E., Coutumes et institutions des Barundi, (Elisabethville, 1944), 142–45.Google Scholar Schumacher, P., “Urundi,” Aequatoria (1949), 129–32.Google Scholar Adriaenssens, J.B., Histoire du Ruanda-Urundi, (multigraphié, 1951).Google Scholar Bourgeois, R., Banyarwanda et Barundi, I, L'ethnographie (Brussels, 1957), 114 et 181–92.Google Scholar

59. Meyer, H., Die Barundi (Leipzig, 1916), 178–94.Google Scholar

60. Rusizira Amarembe (janv. 1944), 12.Google Scholar

61. Sasserath, J., Le Ruanda-Urundi, Etrange royaume féodal (Brussels, 1948).Google Scholar

62. Sur Baranyanka, des allusions dans le livre cité ci-dessus. Voir aussi nos articles: Une révolte au Burundi en 1934. Les racines traditionalistes de l'hostilité à la colonisation,” Annales E.S.C., (1970), 16781717 Google Scholar; “Féodalité ou féodalisation du Burundi sous le Mandat belge,” à paraître dans les Mélanges offerts au professeur Henri Brunschwig. Un exemple analogue d'acculturation entre les traditions détenues par les autorités “coutumières” et les efforts de synthése de missionnaires ethnologues au Kazembe: cf. Reefe, T.Q., “Traditions of Genesis and the Luba Diaspora,” History in Africa, 4(1977), 190–93.CrossRefGoogle Scholar

63. “Le triomphe de Karyenda” èquivalent de “la souveraineté de Kalinga,” Karyenda et Kalinga étant les tambours dynastiques respectifs de chacun des deux pays. La première édition de l'ouvrage de Kagame est de 1943-1947.

64. Kagame, A., “Le code ésotérique de la dynastie du Ruanda,” Zaïre (1947), 364–86Google Scholar, notamment 379.

65. Sur les traditions existant au Burundi concernant les Benerwamba et les Barenge cf. Vansina, J., Légende, 123–24 et 169–70.Google Scholar

66. Hiernaux, J., “Note sur une ancienne population du Ruanda-Urundi, les Reenge,” Zaïre (1956), 331–60.Google Scholar Version recueillie entre 1953 et 1955. Kayijuka fréquentait alors régulièrement l'I.R.S.A.C. à Astrida, en tant qu'in formateur de J.J. Maquet (communication de J. Vansina).

67. J.B. Baramagara, Ijene, 13.7.1967 et 21.8.1971; H. Sinzobakwira, Mukenke, 23.12.1971 et 7.10.1972 (ce dernier interrogé par E. Mworoha). Voir extraits de Sinzobakwira en annexe (traduits en français par E. Mworoha, que nous remercions d'avoir bien voulu permettre cette publication). Une autre version du même informateur est publiée par Mworoha, E., Peuples, 9899.Google Scholar

68. Rodegem, F.M., Anthologie Rundi (Paris, 1973), 328–44.Google Scholar La source du texte n'y est pas donnée et malheureusement la traduction est très peu satisfaisante, ce qui est étonnant chez un auteur particulièrement compétent en matière de kirundi: la formule Rufuku rwapfukuye igihugu (vue plus haut) est traduite“Ntare le Bref a donné sa grandeur à notre pays,” baragisaba icari kibazanye est traduit “ils lui demandent ce qui était le but de leur voyage” au lieu de “ils lui soumettent l'objet de leur visite,” barakironse (s/ent. Kiranga) gihagaze kuri Ntenderi est traduit “ils reçoivent alors un suppôt que leur amène Ntenderi,” au lieu “ils l'accueillent alors en la personne de Ntenderi possédé par lui (s/ent. Kiranga),” etc.

69. Rusizira Amarembe (avril 1944). On notera que l'étymologie Kami - Bami avait déjà été présentée par J. Gorju dans Entre le Victoria…, à propos d'un clan du Nkore, avec la mention “Kâmi ou Hami” et une allusion à un fils maudit par son père… (34).

70. Ndongozi (Le Guide) avait succédé à Rusizira Amarembe (le Semeur de Paix) en 1954. Voir l'extrait donné en annexe (tiré de Ndongozi, 15.7.1955), à comparer avec Vansina, , Légende, 102.Google Scholar On notera la redondance de ce récit de fondation, puisqu'on est en présence successivement de deux Ntare Rushatsi, le premier ancêtre des Bajiji, et le second étant Muhanza. Là où Vansina écrit “devin et menteur,” il faut comprendre “devin et forgeron”: l'erreur s'explique par une mauvaise lecture (ou une mauvaise audition) du substantif muheshi (et non mubeshi). L'emploi du muheshi au lieu de mucuzi pour désigner le forgeron atteste en tout cas l'origine régionale de cette version, car ce terme n'est employé que vers le nord-est du Burundi.

71. D'après une formule connue d'Evans-Pritchard. Voir notre postface à l'étude de Ndayishinguje, , L'intronisation, 6172 Google Scholar (“La royauté capture les rois”).

72. Chrétien et Mworoha, “Les tombeaux des bami du Burundi;” Gahama, La reine mère.

73. Wrigley, C., “The Story of Rukidi,” Africa, 43(1973), 219–35.CrossRefGoogle Scholar

74. Chrétien, J.P., “Les arbres et les rois,” Culture et Société, 1 (mai 1978), 3547.Google Scholar

75. Chrétien, , “Les années de l'éleusine,” 84.Google Scholar

76. Cf. Miller, J.C., Kings and Kinsmen (Oxford, 1976)Google Scholar: même problème dans l'historiographie des Mbundu. Sur les Grands Lacs cf. Mworoha, Peuples.

77. Hartwig, G.W., The Art of Survival in East Africa: the Kerebe and the Long Distance Trade, 1800-1895 (New York, 1976).Google Scholar

78. Kitching, A.E., “Tribal History and Legends of the Wazinza,” 21.1, 1925 Google Scholar, District Book de Biharamulo. On notera que la référence à Kabarega était également présente dans Ndongozi à propos de l'origine du clan des Bagara. Ivya kera vy'i Burundi (oct. 1957).

79. District Book de Kigoma (S.O.A.S., collection des D.B., vol. 7, 206-07).

80. District Book de Bukoba, “Tribal History,” 1931, 4853.Google Scholar Selon ces traditions du Bushubi les deux dynasties provenaient du Bujiji.

81. Cf. Notre article “Les deux visages de Cham. Points de vue français du XIXe siècle sur les races africaines d'après l'exemple de l'Afrique orientale” in Guiral, P. et Temime, E. eds., L'idée de race dans la pensée politique française contemporaine (Paris, 1977), 171–99.Google Scholar