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Sacramentum dans les plus anciens textes chrétiens

Published online by Cambridge University Press:  23 August 2011

Christine Mohrmann
Affiliation:
Nijmegen University, Holland

Extract

Il pourrait sembler superflu de dire que je n'ai pas la prétention d'éliminer par ces lignes les mystères qui enveloppent μυστήριον et sacramentum, deux termes hérissés de difficultés et dont l'évolution sémasiologique est loin d'être claire. Je voudrais présenter seulement quelques remarques qui sont le fruit d'études sur le grec et le latin des chrétiens et qui pourraient contribuer à la solution du problème de l'équivalence de μυστήριον — sacramentum. Or, ces études nous révèlent de plus en plus des tendances générales, voire des règles, d'après lesquelles les deux grandes langues de l'antiquité classique ont évolué sous l'influence exercée par le Christianisme. Sans entrer dans le détail je voudrais donner quelques suggestions d'ordre général, inspirées par l'étude des procédés qui déterminent l'établissement du vocabulaire technique du grec et du latin des chrétiens.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © President and Fellows of Harvard College 1954

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References

1 Voir Bornkamm chez Kittel, Theologisches Wörterbuch zum neuen Testament, vol. 4, p. 809 ss.; D. Deden, Le mystère paulinien, Eph. theol. lov. 13, 1936, p. 403 ss.; Nock, A. D., Hellenistic Mysteries and Christian Sacraments, Proceedings of the Seventh Congress for the History of Religions, Amsterdam, 1951, p. 53Google Scholar ss.; id. Mnemosyne, Ser. IV, vol. 5, 1952, p. 177 ss.; pour la théorie de Dom Odo Casel selon laquelle la langue de saint Paul aurait été profondément influencée par la langue des mystères, je renvoie au dernier article, postume, de Casel: Zur Kultsprache des hi. Paulus, Arch. f. Liturgiewiss. 1, 1950, p. 1 ss., où l'on trouve les références aux autres publications de Casel sur ce sujet. J'espère discuter ailleurs la thèse soutenue dans cet article.

2 Voir entre autres: Harnack, A., Militia Christi, Tübingen, 1905, p. 33 ss.Google Scholar; Lietzmann, H., Festschrift Hauck, Leipzig, 1916, p. 34 ss.Google Scholar; id., Rhein. Mus., 1916, p. 282 ss.; von Soden, H., Zeitschr. f. d. neut. Wissensch. 12, 1911, p. 188Google Scholar ss.; De Ghellinck, J., De Backer, E., Poukens, J., Lebacqz, G., Pour l'histoire du mot “Sacramentum,” I, Les Anténicéens, Louvain-Paris, 1924Google Scholar (Spicilegium sacr. Lovaniense, 3) ; Reitzenstein, R., Die hellenistischen Mysterienreligionen, Leipzig, 1927, p. 192 ss.Google Scholar; Odo Casel, Theol. Rev. 24, 1925, c. 41 ss.; id., Jahrb. f. Liturgiewiss. 8, 1928, p. 225 ss.; Sainio, Matti A., Semasiologische Untersuchungen über die Entstehung der christlichen Latinität, Helsinki, 1940, p. 75Google Scholar ss.

3 Voir p. 151–152 de cet article.

4 Cette idée a été dernièrement mise en évidence par Adolf Kolping, Sacramentum Tertullianeum, Münster, 1948Google Scholar.

5 Voir p. ex. Mohrmann, , Latin vulgaire. Latin des chrétiens, Paris, 1952, p. 30Google Scholar ss.

6 Bull, de la Soc. de Ling. 21, 1919, p. 126 s.

7 Ant. u. Christent. 2, 1930, p. 268 ss.

8 Dodger, ib. p. 271, fait à propos de ce passage l'observation exacte: “sacramentum militiae, was hier natürlich nicht mit Militäreid, sondern mit Militärweihe zu übersetzen ist.”

9 Voir Doelger Ant. u. Christent. 4, 1934, p. 188 ss.

10 Sacramentum est devenu aussi un terme technique de la langue du droit, où il a perdu son sens “sacré,” en adoptent celui de “caution.” Cette évolution nʼa pas eu de répercussion dans le latin des chrétiens.

11 Voir p. 143–144 de cet article.

12 Il est remarquable de voir que la Vulgate, après avoir traduit μνστήριον par mysterium dans 1, 26: Τὸ μυστήριον τὸ ἀποκεκρυμμένον ἀπὸ τῶν αἰώνων καὶ ἀπὸ τῶν γενεῶν, le traduit ici par sacramentum: quibus voluit Deus notas facere divitias gloriae sacramenti huius in gentibus, quod est Christus in vobis spes gloriae (οἰς ἠθέλησεν ὁ θεὸς γνωρίσαι τί τὸ πλοῦτος τῆς δόξης τοῦ μυστηρίον τούτου ἐν τοῖς ἔθνεσιν, ὄ ἐστιν χριστὸς ἐν ὐμῖν ἡ ἐλπὶς τῆς δόξης). Cf. ce que je dis, à la p. 152, sur la tendance à distinguer entre mysterium et sacramentum: mysterium ayant de préférence un sens abstrait et théologique, sacramentum un sens plutôt sacral. — En ce qui concerne le sens de “union sacrée,” on pense à l'unitatis sacramentum qui se trouve si souvent chez Cyprien, comme par exemple: Ep. 69, 9: denique quam sit inseparabile unitatis sacramentum … declarat … scriptura divina; ib. 59, 2: copulati Sacramento unitatis; De cath. eccl. un. 7: unitatis sacramentum, vinculum concordiae: le chiasme met en évidence le parallélisme de sacramentumvinculum.

13 Voir Vigiliae Christianae 1, 1947, p. 125 ss.

14 Mohrmann, Voir, Note sur doxa, Mélanges Debrunner, Berne, 1954Google Scholar.

15 Voir Bornkamm, O. c., p. 831 ss. — Cet auteur met trop l'accent — me semblet-il — sur l'influence exercée par les mystères païens.

16 Mohrmann, Voir, Les origines de la latinité à Rome, Vigiliae Christianae 3, 1949, p. 67CrossRefGoogle Scholar ss. et 163 ss.

17 Voir p. 148–149 de cet article.

18 Voir Ad mart. 3; De corona 11; De idol, 19; Scorp. 4.

19 Voir Vigiliae Christianae 6, 1952, p. 109 ss.

20 Voir ib. 7, 1953, p. 221 ss.

21 Le P. C. Couturier, qui a entrepris récemment une enquête sur l'emploi du mot sacramentum dans l'ensemble de l'oeuvre de s. Augustin (dans: Rondat, H., Le Landais, M., Lauras, A., Couturier, C., Etudes augustiniennes, Paris, 1953, p. 161332Google Scholar) a bien eu raison de faire rentrer tous les textes relevés dans trois catégories seulement, à savoir: rite, symbole, mystère.

22 Botte, Vori Dom Bernard, Ambroise de Milan, Des Sacrements, Des Mystères, Paris, 1949, p. 34 et 108Google Scholar.