Hostname: page-component-586b7cd67f-g8jcs Total loading time: 0 Render date: 2024-11-22T13:59:32.048Z Has data issue: false hasContentIssue false

L’observation et la mesure en psychiatrie sont-elles soumises aux idéologies du moment ?

Published online by Cambridge University Press:  16 April 2020

P. Boyer*
Affiliation:
University of Ottawa, K1Z7K4Ottawa, Canada

Abstract

Core share and HTML view are not available for this content. However, as you have access to this content, a full PDF is available via the ‘Save PDF’ action button.

Par analogie avec une connaissance générale, une connaissance scientifique peut être définie comme une croyance vraie (vraie renvoyant en sciences à empiriquement vérifiée) et justifiée (c’est-à-dire compatible avec le modèle théorique dans laquelle elle doit s’inscrire) [3]. Ainsi « historiquement » la vitesse de la chute des corps est indépendante de leur masse (mais pas de leur forme) ce qui a été empiriquement vérifiée (depuis Toricelli à la tour de Pise) et s’inscrit logiquement pour nous dans la théorie de référence (lois newtoniennes de la gravitation). Le problème est de savoir quel est le moteur déterminant d’une découverte scientifique : est-ce l’évolution des méthodes et des techniques (qui permet de raffiner le dispositif expérimental et donc de vérifier ou d’invalider des phénomènes jusque-là invérifiables ou non isolables) ou est-ce l’évolution des théories (la fameuse « rupture » épistémologique qui invite elle-même à revoir tout le dispositif expérimental) ? Une tendance actuelle serait (peut-être par méfiance envers les théories) de faire davantage confiance aux dispositifs expérimentaux. Ainsi l’imagerie cérébrale moderne permettrait de « canaliser » les théories connexionistes en évitant des débordements invérifiables. La « mode » serait de faire par trop confiance à la complexification technique. L’évaluation et la mesure en psychiatrie feraient également partie des dispositifs pseudo-expérimentaux permettant d’occulter l’« absence » de théorie sous-jacente. Le recours systématique à l’évaluation et à la mesure se situerait donc en droite ligne de la foi empirique « aveugle » (le fameux néokraepelinisme du DSM) qui aurait totalement évacué la possibilité de théoriser notre domaine (les théories « pragmatiques » étant un cache-misère). Pourtant Koyré avait estimé que ce n’est jamais l’expérience qui initie une découverte ou un changement de perspective mais une rupture radicale de plan théorique [2]. Peut-être a-t-on trop négligé (ou caricaturé à l’extrême) les bases théoriques de la mesure qui ne consisterait pas qu’en un seul effet de mode [1].

Type
Session thématique: Le DSM-5 – les principales nouveautés
Copyright
Copyright © European Psychiatric Association 2013

References

Références

Bech, P.Clinical psychometrics. Oxford: Willey-Blackwell: 2012 10.1002/9781118511800CrossRefGoogle Scholar
Koyré, A.Études d’histoire de la pensée scientifique. 3e éd1985 Gallimard ParisGoogle Scholar
Schlik, M.Théorie générale de la connaissance. Paris: Gallimard, coll. « Bibliothèque de philosophie »: 2009Google Scholar
Submit a response

Comments

No Comments have been published for this article.