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Published online by Cambridge University Press: 16 April 2020
La pratique psychiatrique est amenée à intégrer de plus en plus de moyens spécialisés d’évaluation des capacités cognitives des patients schizophrènes. Évaluer ces facultés revêt un intérêt tout particulier du fait de leurs corrélations significatives, même partielles, avec le pronostic fonctionnel, autrement dit le handicap. De plus, les mesures des capacités cognitives sont directement en lien avec les moyens de remédiation cognitive dont l’intérêt thérapeutique est établi. En tant que domaine particulier du traitement de l’information, un nombre croissant de travaux a mis en lumière les spécificités neurofonctionnelles des processus permettant de comprendre les états mentaux et affectifs d’autrui. Sous les intitulés de reconnaissance émotionnelle, perception sociale, représentations partagées, prise de perspective, théorie de l’esprit, ou empathie sont identifiés des processus et des représentations dont la faillite impacte les capacités relationnelles des patients. Au stade actuel des connaissances, il n’existe pas de consensus sur les moyens de mesure pertinents et leur éventuelle hiérarchisation à des fins cliniques. Des propositions de batterie sont en cours d’évaluation et de déploiement. Pour aller plus avant, à l’encontre du réductionnisme scientifique prédominant, nous développons ici l’idée qu’aux côtés des évaluations fondées sur des mesures de construits cognitifs sociaux distincts et validés par les neurosciences sociales, de nouvelles méthodes sont à concevoir pour tester les capacités d’interaction sociale. Une approche « naturalistique » fondée sur la multi-modalité, la contextualisation et la mise en situation est rendue possible avec le développement des techniques de réalité virtuelle. Celles-ci constituent une voie prometteuse pour concilier deux besoins scientifiques apparemment contradictoires : d’une part, le besoin de complexifier les stimuli sociaux en les rendant réalistes, interactifs, partiellement prévisibles, et immersifs, et d’autre part, le besoin d’assurer la réplicabilité et la standardisation des mesures. Notre propos s’appuiera sur les résultats à mi-parcours du projet ANR COMPARSE.
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