Déclaration de liens d’intérêts
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Published online by Cambridge University Press: 15 April 2020
L’incidence de l’anorexie mentale masculine est estimée aux alentours de 0,18/100 000 habitants/an à partir des registres d’admission en psychiatrie mais la prévalence est incertaine en raison du peu d’études en population générale avec des résultats allant de 0 à 0,09 %. La conduite anorexique chez le garçon associe restriction alimentaire, hyperactivité physique, vomissements et abus de laxatifs. Les garçons anorexiques sont imprégnés d’images masculines de sveltesse, obtenues à grand renfort de musculation et de pratique sportive. Les complications somatiques (anémie, hypotension, ostéoporose) classiquement décrites chez les filles sont également présentes chez les hommes. L’âge de début du trouble alimentaire se situe entre 16 et 19 ans, ce qui fait de cette maladie une pathologie de l’adolescence. L’évolution est le plus souvent longue. Il est classique de retenir le chiffre d’un garçon pour dix filles mais la seule étude en population générale retrouve des chiffres beaucoup plus élevés. Un sur deux en ce qui concerne les formes complètes ou partielles un quart pour les seules formes complètes. Les aspects comportementaux plaident pour une similitude entre l’anorexie mentale masculine et féminine même si les formes anorexiques restrictives pures sont plus rares. Les plaintes des hommes au sujet de leur poids, de leur forme corporelle sont assez différentes de celles de femmes anorexiques. Ils expriment un désir de perdre leur « graisse » afin de parvenir à une définition classique de l’homme musclé. Ainsi, l’anorexie mentale existe aussi chez les hommes. Son expression symptomatologique est très proche des formes féminines, mais diffère par quelques aspects, entre autres par l’obsession d’un corps musclé. Il existe moins de travaux chez les garçons. Sur le plan narcissique, il semblerait que la fragilité identitaire soit plus grande, ce qui a fait penser que l’anorexie mentale masculine était plus fréquemment un équivalent psychotique. Au niveau œdipien, les identifications sexuées apparaissent plus complexes. Il existerait en effet chez ces garçons, des difficultés d’identification masculine importante et à une crainte du féminin en eux même. À partir de l’étude de 15 cas d’adolescents et de jeunes hommes souffrant d’anorexie mentale, se dégagent deux profils psychopathologiques. Certains semblent présenter une organisation névrotique fragile marquée par un complexe d’Œdipe inversé. D’autres au contraire semblent utiliser le symptôme anorexique comme un dernier rempart contre l’effondrement psychotique. Ainsi, l’anorexie mentale du garçon pourrait nous révéler que certains hommes utilisent leur corps comme support de leur identité sexuée. La fragilité identitaire ainsi révélée doit être masquée par un corps qui renvoie une image de soi supportable qui vient réparer le vide de la construction psychique, le défaut de symbolique. Cependant, cette problématique fait écho, à notre avis à l’évolution sociétale qui tend à nier les différences hommes/femmes, faire disparaître la notion de genre au profit d’un narcissisme tout puissant.
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
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